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théologie, avait déjà publié un autre volume de vers latins, composé de traductions et d'œuvres originales, qui excita quelque intérêt, moins peut-être par son mérite réel que par le malheur du poète qui était devenu aveugle. Père aveugle, disait-il, j'aurais mieux fait de cacher mes produits.

Versus enim coco patre tegendus erat (1).

Quant à l'autre traducteur du poème sur la Vie du Christ, Jean Montaigu, il n'est connu que par le titre de son livre, et n'a jamais joui d'une notoriété quelconque. Peut-être ignorait-il l'existence du travail de Bastide, hautement approuvé par d'Andilly, quand il publia le sien à Toulouse, en 1664 (2).

Mais c'est trop parler de La Bastide traducteur. Le pieux solitaire voulut un jour voler de ses propres ailes; il chanta non sans succès sa bien-aimée résidence de Bétharram. J'étudierai bientôt cette partie originale de ses œuvres avec plus d'intérêt peutêtre et moins d'ennui, pour mes lecteurs comme pour moi.

LEONCE COUTURE.

(1) Il y avait aussi dans ce volume des vers sur la perfidie des femmes. Voyez le Journal des Sçavans du 29 déc. 1681 qui annonce le Carmen de Christo, traduit 'd'Arn. d'Andilly; Arles, in-8°.-Voici le titre exact donné par le Manuel du Libraire (ubi supra): De vita Christi carmen e gallico D. Arnaldi Andilii latine redditum a Gaspard. de Varadier. Arelate, Mesnier, 1680, in-4o. (Catalogue de La Valiére, për Nyon, 12818.)

(2) Chez Bosc, in-12. (Manuel du Libr.)

LETTRES

D'UN PRÊTRE DU DIOCÈSE D'AUCH

Missionnaire Apostolique en Corée.

Nous commençons aujourd'hui la publication de ces lettres si intéressantes, que plusieurs de nos abonnés réclamaient depuis longtemps.

Si quelques lecteurs ne comprenaient pas la relation de ces pages avec notre cadre historique, nous les renverrions aux actes imprimés de l'un des synodes présidės à Auch par Mgr de Salinis, de vénérable mémoire. Ils y trouveraient, sous le titre d'Actes de l'Eglise d'Auch, un excellent programme d'histoire diocésaine; et dans ce canevas, sur lequel nous reviendrons plus tard, une juste place est réservée aux travaux des prêtres originaires du diocèse dans les Missions étrangères.

Plusieurs de nos compatriotes accomplissent cette œuvre apostolique depuis longues années, et, bien qu'ils aient conservé trop peu de relations dans leur pays, nous espérons leur donner place tôt ou tard dans les pages du Bulletin. Le plus jeune ouvrira la marche. Que M. Alfred Landre, aujourd'hui curé d'Estang, reçoive nos remercîments pour l'extrême complaisance avec laquelle il a mis à notre disposition la correspondance de son frère, en nous laissant le soin de l'extraire ou de la résumer à notre gré. Tout bien pesé, nous croyons n'avoir rien de mieux à faire que de nous effacer aussi constamment que possible pour laisser parler le missionnaire. Rien ne saurait remplacer dignement cette parole à la fois si simple, si émue et si colorée. Nous ne dirons même rien de la personne du jeune prêtre. TOME III.

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Peu de nos lecteurs ignorent son nom et son mérite. Tous apprécieront ici les belles qualités de son esprit brillant et facile, et les tresors mille fois plus précieux de son cœur où les vives affections de la famille et de l'amitié se sont transfigurées, sans rien perdre de leur force, sous le zèle ardent de l'apôtre.

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I

VOCATION ET DÉPART.

FRAGMENTS DE LETTRES.

Paris, Séminaire des Missions étrangères, le 4 octobre 1857.

MON CHER AMI,

C'est aujourd'hui le jour anniversaire de mon entrée au Séminaire des Missions étrangères. Il y a un an que nous nous sommes dit le dernier adieu, un an que j'ai embrassé pour la dernière fois sur la terre notre bien-aimée famille, un an que j'ai quitté ma chère paroisse, un an que je vis d'espérances. J'attendais le retour de Mgr Guillemin pour t'annoncer quelque chose de positif au sujet de ma destination. Il est venu me voir dans ma chambre, m'a longuement parlé d'Auch où il a reçu 1,000 fr. d'aumônes pour sa mission..... Il a bien regretté de ne pas te voir, et s'il avait pensé que j'eusse encore ma famille, il se serait fait un plaisir d'aller passer une journée avec elle. J'ai eu avec Sa Grandeur un entretien secret relativement à mon départ. Si les projets en vue se réalisent, notre voyage se présente sous les plus heureux auspices. Nous nous embarquerions à Marseille, et nous prendrions la voie de l'Egypte et de la mer Rouge....

Ce projet ne se réalisa pas. Le P. Landre, malgré son attachement pour Mgr Guillemin, n'était pas destiné par la divine Providence à seconder les travaux de cet apôtre. Il sut, dans les premiers mois de 1858, que la Corée serait le champ arrosé de

ses sueurs. Nous ne reproduirons pas ses lettres du séminaire français, où les sentiments du fils, du frère, du prêtre éclatent toujours avec la même énergie. Voici quelques lignes prises au hasard :

J'ai reçu une lettre de maman et de C..... Elle est pleine de larmes. On y parle beaucoup de ce mois de juillet si plein de souvenirs de famille. Pauvre mère! Son ange compte ses larmes; un jour elles seront récompensées au centuple. Il ne faudrait cependant pas trop les bercer dans l'espérance que je reviendrai au bout de deux ou trois ans comme elles me le disent, car il est à peu près sur qu'il n'en sera pas ainsi. Il ne faut pas non plus leur dire que je ne reviendrai jamais; je n'en sais rien Dieu seul conduit et ramène le missionnaire.

Nous nous hâtons d'arriver au moment solennel.

Paris, le 19 mars 1858.

Pendant que tu voyayes avec notre excellent ami S..... sur la route bien connue d'Eauze à Montréal, mon cœur est avec toi, mon cher Alfred. Remplace-moi dans cette fête de famille, au milieu de nos amis, dans notre ville natale... J'aurais encore une autre grâce à te demander, mais je crains d'éprouver un refus. Nous quittons Paris dimanche 21, à huit ou neuf heures du soir. Mardi 23, nous irons faire un petit pèlerinage à Notre-Dame de Verdelais. J'espère avoir le bonheur d'y offrir le Saint Sacrifice pour ma famille et mes nombreux amis. Voici donc la demande dont je te parlais tout à l'heure. Il me semble que pour nous épargner de nouvelles douleurs, à l'occasion d'une séparation si pénible, il vaudrait mieux pour toi ne pas venir à Bordeaux. Néanmoins, pour ne pas te contrarier en pareille circonstance, j'ai obtenu de mes directeurs, contrairement à tout usage reçu, d'aller à Verdelais. C'est là, au pied de notre aimable Mère, que nous nous dirons le dernier adieu. Mais, je t'en conjure, ne dis pas un mot de cette entrevue à notre famille. Mon pauvre cœur sera assez navré en pensant qu'à quelques lieues de moi se trouvent d'autres cœurs que j'aime plus que moi-même et que je quitte pour toujours. Il n'a pas besoin d'une nouvelle épreuve. Je suis l'aîné en âge seulement des trois missionnaires qui s'embarquent avec moi. Ils sont joyeux, parce qu'ils sont heureux; je suis heureux

et je suis triste. Je ne me comprends pas; ou plutôt, si, je me comprends. Je sens qu'il y a en moi deux cœurs : celui du frère, de l'ami, du fils, et celui-là ressemble à une mer d'amertume; - l'autre est celui du chrétien, du prêtre et du missionnaire, et celui-là est un océan de joie et de délices.......... A mardi prochain.

-

Nous regrettons de ne pas avoir actuellement sous la main les détails de la dernière entrevue du P. Landre avec son frère et M. l'abbé S. Le commencement de la première lettre datée de Hong-Kong (voyez plus bas), comble un peu imparfaitement cette lacune. Les trois amis restèrent quelques jours ensemble. On pourra juger, par les premières lignes de la lettre suivante, tout ce qu'il y eut d'émouvant dans la séparation.

A Bord du Succès, le 12 avril 1858.

MON CHER ALFRED,

Il faut que la secousse que mon pauvre cœur a ressentie ait été bien forte, puisqu'il en est encore tout ému. Ce dernier embrassement, cet adieu, ce rendez-vous au ciel, ces mots entrecoupés me reviennent souvent à la pensée et me plongent dans un passé plein de chers souvenirs.... Nous avons séjourné huit jours à Pauillac et neuf à l'entrée du golfe de Gascogne. Les vents sont très variables dans ces parages, et la sortie de la Gironde n'est pas sans danger. Mais nous avons affaire à un capitaine prudent et expérimenté. Je puis ajouter qu'il aime les prêtres, et surtout les quatre missionnaires qui se trouvent à son bord. Sa femme, personne très pieuse, est avec lui depuis quinze jours; elle doit nous quitter demain. Le saint jour de Pâques, un de nous a dit la messe à bord; et notre bon capitaine, ému jusqu'aux larmes de cette cérémonie, a transcrit pour sa femme quelques-unes de ses impressions. Il a eu la bonté de me donner une copie de ce morceau. Si je ne jouais un rôle un peu trop actif dans cette narration, je l'aurais envoyée au Courrier du Gers. La voici :

<< Dimanche dernier, jour de Pâques, me trouvant sur le navire le Succès, du port de Bordeaux, j'ai été témoin d'une cérémonie émouvante et dont je ne perdrai jamais le souvenir.

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