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CHAPITRE VII.

De l'Humilité, de la Douceur et de la Clémence.

322. L'humilité est une vertu qui, par la considération de nos défauts, nous tient dans un certain abaissement, nous empèche de nous élever contre l'ordre de la Providence, et nous fait rapporter à Dieu seul tout ce que nous pouvons faire de bien. « Humilitas reprimit appetitum, ne tendat in magna præter rationem rectam. «Temperat et refrænat auimum, ne immoderate tendat in « excelsa (1). »

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L'humilité, du moins à un certain degré, est nécessaire à tous : nécessaire aux évêques comme aux simples fideles, nécessaire aux magistrats, aux princes, aux monarques comme au reste des hommes. Quanto magnus es, humilia te in omnibus, et coram Deo invenies gratiam; quoniam magna potentia Dei solius, et ab hu« milibus honoratur. Altiora te ne quæsieris (2). » Cette vertu nous est spécialement recommandée par Jésus-Christ, conjointement avec la douceur: « Discite a me, quia mitis sum et humilis corde; « et invenietis requiem animabus vestris (3). »

L'humilite est la gardienne des autres vertus, parce qu'elle nous inspire la vigilance et la défiance de nous-mêmes, qu'elle nous empêche de nous exposer témérairement au danger de pécher, et que Dieu a promis des grâces particulieres aux humbles : « Humilibus « dat gratiam (4); l'orgueil, la vaine gloire, l'ambition, la présomption, et les autres péchés qui découlent de l'orgueil, sont opposés à la vertu d'humilité.

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323. La douceur est une vertu qui modère les emportements de la colère, tient l'âme dans une assiette calme et tranquille, bannit du cœur tout sentiment d'aigreur, et nous fait traiter le prochain avec bonté, avec cette charité qui soutient tout et supporte tout: Omnia suffert, omnia sustinet (5). »

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Nous devons pratiquer la douceur en tout, et particulièrement

(1) S. Thomas, Sum. part. 2. 2. quæst. 161. art. 1.21, 22.

- (3) Math. c. 9. v. 29. – (4) Jacob. c. 1. V. 6.

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(2) Ecch. c. 3. v. 20,
- (5) I. Corinth. c. 13.

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dans les corrections que le devoir ou la charité nous oblige de faire. ainsi que nous le recommande l'Apôtre : « Si præoccupatus fuerit homo in aliquo delicto, vos qui spirituales estis, hujusmodi instruite in spiritu lenitatis (1). » Un supérieur doit ménager la délicatesse de ceux qu'il est obligé de reprendre, se rappelant qu'il doit faire pour les autres ce qu'il voudrait qu'on fit pour luimême, s'il se trouvait dans le même cas. En montrant de l'humeur, de la dureté, on aigrit le coupable et on ne le convertit pas. Il est permis sans doute de faire des reproctes, des réprimandes quelquefois vives et fortes, suivant l'exigence des cas et le caractere des personnes; mais l'indignation, quelque juste qu'elle soit, ne doit jamais se manifester par des emportements, qui pourraient la faire confondre avec la colere.

324. Si la douceur est nécessaire à tous, elle l'est plus particulièrement encore aux évèques et aux autres ministres de la religion. Voici ce que dit à cet égard le concile de Trente : « Ut se pastores, ⚫ non percussores esse meminerint, atque ita præesse sibi subditis oportere, ut non eis dominentur; sed illos, tanquam filios et fra• tres diligant; elaborentque ut hortando et monendo ab illicitis deterreant; ne ubi deliquerint, debitis eos pœnis coercere cogan- • «tur. Quos tamen si quid per humanam fragilitatem peccare contigerit, illa Apostoli (1. Timoth. c. 4. v. 2.) est ab eis servanda præceptio; ut illos arguant, obsecrent, increpent in omni boni⚫tate et patientia; cum sæpe plus erga corrigendos agat benevo⚫ lentia quam austeritas; plus exhortatio quam minatio; plus cha«ritas quam potestas. Sin autem ob delicti gravitatem virga opus fuerit, tunc cum mansuetudine rigor, cum misericordia judicium, cum lenitate severitas adhibenda est, ut sine asperitate disciplina • populis salutaris ac necessaria conservetur (2).

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325. La colère, qui est un des sept péchés capitaux, est opposée à la douceur, comme la dureté, la trop grande sévérité l'est à la clémence. Cette dernière vertu est une branche de la douceur; elle porte les supérieurs à mitiger les peines que méritent les coupables, et même à leur faire grace, ou à raison de leur retour à de meilleurs sentiments, ou à raison de quelques circonstances extraordinaires. Mais la clémence a des bornes, qu'elle ne peut dépas ser sans dégénérer en faiblesse, sans compromettre l'autorité. Toutefois, s'il était permis de pécher, il vaudrait mieux le faire par excès de douceur que par défaut : « Melius est, comme le disent

(1) Galat. c. 6. v. 1. — (2) Sess. xin. De Reformatione, c. 1.

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plusieurs saints docteurs, Domino rationem reddere de uimia « misericordia quam de nimia severitate (1). »

TRAITÉ DU DÉCALOGUE.

326. Le Décalogue renferme, comme le mot l'indique, les dix commandements de Dieu, que nous expliquerons en suivant l'ordre dans lequel ils ont été promulgués par Moïse (2).

PREMIÈRE PARTIE.

Du Premier précepte du Décalogue.

Le premier précepte du Décalogue est ainsi conçu : « Ego sum • Dominus Deus tuus qui eduxi te de terra Ægypti, de domo servitutis. Non habebis deos alienos coram me. Non facies tibi sculp« tile, neque omnem similitudinem quæ est in cœlo desuper, et «< quæ in terra deorsum, nec eorum quæ sunt in aquis sub terra. « Non adorabis ea, neque coles: Ego sum Dominus Deus tuus for« tis, zelotes, visitans iniquitatem patrum in filios, in tertiam et quartam generationem eorum qui oderunt me; et faciens mise<< ricordiam in millia his qui diligunt me, et custodiunt præcepta « mea (3). »

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Par ce premier commandement, il nous est ordonné de croire en Dieu, d'espérer en Dieu, d'aimer Dieu, et de rendre à Dieu le culte qui lui est dû. Ainsi la foi, l'espérance, la charité, qui sont les trois vertus théologales (4), et la religion, qui occupe le premie rang parmi les vertus morales, appartiennent spécialement au premier précepte du Décalogue.

(1) Voyez, ci-dessus, le no 105. — (2) Exod. c. 20. v. 2, etc. v. 2, 3, 4, 5 et 6. — (4) Voyez, ci-dessus, le n° 281, etc.

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CHAPITRE PREMIER.

De la Foi.

327. La foi est une vertu surnaturelle par laquelle nous croyons fermement tout ce que Dieu a révélé à son Église, parce qu'il est la vérité même. L'objet de la foi comprend toutes les vérités que Dieu nous a révélées; nous connaissons ces vérités comme révélées, par l'enseignement de l'Église, qui est, comme le dit l'Apôtre, la colonne de la vérité, columna et firmamentum veritatis (1). Mais les décisions de l'Église, quoique infaillibles, ne sont point le motif de notre foi; elles ne sont pour nous que le moyen de connaître les vérités de la foi, qui est fondée sur la parole de Dieu. Le motif de la foi est la véracité divine; nous croyons, parce que Dieu, qui est la vérité même, a parlé.

328. La foi est absolument nécessaire au salut; il est impossible, dit l'apôtre saint Paul, de plaire à Dieu sans la foi : « Sine fide impossibile est placere Deo (2). » La foi habituelle que l'on reçoit par le baptême, suffit dans les enfants et dans ceux qui n'ont jamais eu l'usage de raison. Quant à ceux qui sont capables d'une foi actuelle, ils sont obligés de croire tout ce que croit et enseigne l'Église; mais il n'est pas nécessaire que la foi soit explicite ou particulière en tout. A l'exception des principales vérités que personne ne peut ignorer sans danger pour le salut, la foi implicite ou générale suffit aux simples fidèles.

Il est nécessaire, d'une nécessité de moyen, de croire explicitement qu'il y a un Dieu, souverain Seigneur de toutes choses, et qu'il récompense ceux qui le recherchent : « Credere oportet accedentem ad Deum, dit saint Paui, quia est, et inquirentibus se remunerator sit (3). » Il ne peut y avoir de salut pour un adulte, s'il ne croit explicitement en Dieu, à sa providence et à l'existence d'une autre vie, où chacun recevra suivant ses œuvres.

329. La foi explicite aux mystères de la sainte Trinité, de l'incarnation et de la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, est encore nécessaire au salut. Mais il n'est pas certain qu'elle soit néces

(1) II. Timoth. c. 3. v. 15. — (2) Hebr. c. 11. v. 6, (3) Ibidem. /

saire de nécessité de moyen. Il nous paraît même plus probable (1) qu'elle n'est nécessaire que d'une nécessité morale, nécessité de précepte. Cependant, par cela même qu'il y a du doute, on doit se comporter, dans la pratique, comme si la connaissance et la foi explicites des mystères dont il s'agit étaient nécessaires de nécessité de moyen. Une probabilité, quelque forte qu'elle fût, ne pourrait suppléer ce qui serait absolument et indispensablement nécessaire au salut (2).

Tout fidèle est obligé de savoir, et par là même de croire explicitement qu'il n'y a qu'un seul Dieu en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit; que Dieu le Fils, la seconde personne de fa très-sainte Trinité, s'est fait homme pour nous; qu'il est mort sur la croix pour nous sauver; que nous avons une âme qui est immortelle; qu'il y a un Paradis pour récompenser les justes, et un Enfer pour punir éternellement les pécheurs qui mourront dans l'impénitence finale.

330. On est obligé, de nécessité de précepte, de savoir, du moins quant à la substance: 1o le Symbole des Apôtres en entier; 2o l'Oraison Dominicale; 3° les préceptes du Décalogue; 4° ceux des Commandements de l'Église, qui sont communs à tous les fidèles; 5° le sacrement de Baptême, que tout fidèle peut se trouver dans le cas d'administrer, et les sacrements de Pénitence et d'Eucharistie, qu'on est obligé de recevoir, au moins une fois l'an. Quant aux autres sacrements, la foi explicite n'est nécessaire qu'à celui qui les reçoit. Mais la connaissance de ces différents articles a des degrés; elle peut être plus ou moins parfaite, plus ou moins étendue. Toutefois, il n'est pas permis de les ignorer entièrement. Il n'y a qu'un défaut de capacité qui puisse excuser cette ignorance de péché mortel.

331. C'est encore une obligation fondée sur la pratique générale et sur les instructions des premiers pasteurs, de savoir pār cœur le Symbole des Apôtres, l'Oraison Dominicale et la Salutation Angélique; ainsi que de savoir faire le signe de la croix, en prononçant ces mots : Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Mais cette obligation n'est pas telle qu'on ne puisse y manquer sans péche mortel (3). Cependant, les parents, les instituteurs, ceux qui sont chargés de l'éducation des enfants, doivent leur apprendre toutes

(1) L'opinion contraire à celle que nous émettons parait plus probable a S. Alphonse de Liguori. — (2) Voyez, ci-dessus, le n° 92. (3) S. Alphonse de Liguori, Theol. moral. lib. 11. no 3; Mgr Bouvier, de Decalogo, c. 1. art. 1. $2.

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