Sayfadaki görseller
PDF
ePub

l'empire de Constantinople, en attendant qu'il le détruise tout-àfait. Cette nouvelle corne aura des yeux; ce roi, ce sultan nouveau, fera le voyant, le prophète; mais ses yeux ne seront que des yeux d'homme, sa prophétie sera de l'homme et non pas de Dieu. Il parlera pompeusement pour, sur et contre le Très-Haut; car l'expression originale présente ces trois sens, mais surtout le dernier. Il parlera pompeusement pour le Très-Haut, contre les idolâtres; sur le Très-Haut, avec les Juifs, et contre le Très-Haut, en niant la divinité de son Christ et en attaquant, sur cet article fondamental, la foi des chrétiens. Cette corne, cette puissance, fera la guerre aux saints du Très-Haut et prévaudra sur eux. Le mahométisme ne cessera de faire la guerre aux chrétiens, appelés saints dans le langage de l'Ecriture, et prévaudra sur eux dans tout l'Orient et dans toute l'Afrique. Cette nouvelle corne, ce nouveau roi, s'imaginera pouvoir changer les temps et la loi. Le mahométisme introduira une nouvelle manière de compter les années au lieu de célébrer, ou le samedi avec les Juifs, ou le dimanche avec les chrétiens, il célébrera le vendredi; à la loi de Moïse et à la loi de Jésus-Christ, il substituera l'Alcoran. Cette corne, cet empire, aura ainsi la puissance jusqu'à un temps, deux temps et la moitié d'un temps, c'est-à-dire, dans le langage prophétique, un an, deux ans et la moitié d'une année, ou, comme dit l'apôtre saint Jean, quarante-deux mois ou douze cent soixante jours 1. Or, pour se retrouver dans leurs années lunaires avec les années solaires, les mahométans ont une manière de compter par mois d'années ou cycle de trente ans. Sur ce pied, les quarantedeux mois que doit durer cet empire antichrétien, seraient donc de douze cent soixante ans; et, comme il a commencé vers l'an 622, il finirait vers l'an 1882.

Ainsi que nous l'avons déjà remarqué, on pourrait même, dans ces expressions de Daniel et de saint Jean, un temps, deux temps et la moitié d'un temps, découvrir, pour la puissance mahométane, comme trois périodes : une première d'accroissement, une seconde de lutte, une troisième de décadence. Pendant un temps, douze mois d'années ou trois cent soixante ans, depuis 622 jusqu'à 982, vers la fin du dixième siècle, le mahométisme triompha presque partout sans beaucoup d'obstacles. Pendant deux temps, deux ans d'années ou sept cent vingt ans, depuis la fin du siècle dixième, où les chrétiens d'Espagne commencèrent à repousser les mahométans et firent naître les croisades, jusqu'à la fin du

[blocks in formation]

dix-septième siècle, il y eut une lutte à peu près égale entre le mahométisme et la chrétienté. Depuis la fin du dix-septième siècle, où Charles de Lorraine et Sobieski de Pologne, achevant ce que Pie V avait commencé à la journée de Lépante, brisèrent tout-àfait la prépondérance des sultans, le mahométisme est en décadence. Enfin, il est non-seulement possible, mais très-probable, qu'à dater de cette dernière époque, le commencement du dixhuitième siècle, après la moitié d'un temps, six mois d'années, ou cent quatre-vingts ans, vers 1882, ce soit fait de cet empire antichrétien.

Enfin se tiendra le jugement. Déjà, en Daniel, nous avons vu le Très-Haut, avec ses veillants et ses saints, juger le roi de Babylone. Nous l'avons vu pareillement, dans l'Apocalypse, juger, avec les anges et les saints, Rome idolâtre et ivre du sang des martyrs. Ici nous le voyons jugeant l'empire antichrétien. Lorsque la sentence contre Rome idolâtre s'exécuta par les Barbares, la puissance fut donnée aux saints du Très-Haut, aux chrétiens, qui formèrent dès-lors de nouveaux royaumes, un nouveau genre humain nommé chrétienté. Lorsque la sentence finale s'exécutera contre l'empire antichrétien de Mahomet, alors seront données au peuple des saints la souveraineté, la puissance, la grandeur de tous les royaumes qui sont sous le ciel1.

En attendant, Dieu se servira de l'hérésie et de la puissance mahométane, pour punir les autres hérésies et puissances, en particulier celles de l'Orient, de l'abus de ses dons et de ses grâces. Pour réconcilier l'homme avec Dieu et les hommes entre eux, le Fils de Dieu se fait homme, expie en sa personne toutes les inimitiés, et établit sur la terre une société spirituelle de foi, d'espérance et de charité, avec un chef visible qui le remplace, et auquel il donne les clés du royaume des cieux. Pendant trois siècles, Rome idolâtre repousse par le fer et le feu l'empire de Dieu et de son Christ, pour se faire adorer elle-même avec ses idoles et ses empereurs : Rome idolâtre, avec ses empereurs et les idoles, sera punie et détruite par le fer et le feu des nations qu'elle était habituée à dominer et à séduire. Pendant trois siècles, les nouveaux rois de Perse, avec leurs mages, au lieu d'adorer dans sa gloire celui que des mages avaient adoré dans son berceau, persécutaient ses adorateurs pour leur faire adorer le feu et d'autres créatures les rois de Perse et leurs mages seront exterminés par le fer et le feu des Arabes. Pendant trois siècles, les empereurs

'Dan., 7, 27.

de Constantinople et les chrétiens de l'Orient, au lieu de professer avec amour la divinité du Christ et l'unité de son Eglise, sont presque toujours à attaquer l'une et à déchirer l'autre par des hérésies et des schismes sans cesse renaissants. Arius nie directement la divinité du Christ, en niant celle du Verbe divin; Nestorius nie la divinité du Christ, en distinguant sa personne d'avec celle du Verbe; Eutychès nie implicitement et la divinité et l'humanité du Christ, en confondant l'une avec l'autre. Au milieu de ces disputes, les empereurs de Constantinople, au lieu de suivre fidèlement les décisions de l'Eglise et de son chef, prétendent bien souvent décider eux-mêmes par l'autorité du glaive. Les empereurs de Constantinople et les chrétiens de l'Orient seront punis par leurs schismes et leurs hérésies mêmes, par leurs schismes et leurs hérésies devenues homme et empire dans la personne de Mahomet; car, dans le fond, le mahométisme consiste à nier la divinité du Christ et à reconnaître au glaive la suprématie de la doctrine.

Cependant l'empereur de Constantinople et les chrétiens d'Orient étaient avertis des calamités qui les menaçaient. Voici ce qu'on lit dans la vie de saint Théodore Sicéote, écrite par un témoin oculaire. L'an 609, on fit des processions dans plusieurs villes de Galatie. Les croix que l'on y portait, suivant la coutume, s'agitèrent d'elles-mêmes d'une manière étrange et sinistre. Le nouveau patriarche de Constantinople en fut alarmé. C'était saint Thomas, qui avait succédé, le vingt-trois janvier 607, à Cyriaque, mort le vingt-neuf octobre de l'année précédente. Il fit donc venir à Constantinople saint Théodore Sicéote, et le pria de lui dire si ce mouvement extraordinaire des croix était véritable. Le saint homme l'en ayant assuré, le patriarche le pressa de lui découvrir ce que signifiait ce prodige. Comme il en faisait difficulté, il se jeta à ses pieds, protestant de ne point se relever qu'il ne l'eût satisfait. Alors saint Théodore lui dit en versant des larmes : Je ne voulais point vous affliger, car il ne vous est point avantageux de savoir ces choses; mais puisque vous le voulez ainsi, sachez que cette agitation des croix nous prédit de grandes et nombreuses calamités. Plusieurs abandonneront notre religion; il y aura des incursions de Barbares, une grande effusion de sang, une grande destruction et des séditions par tout le monde. Les églises seront abandonnées; la ruine du culte divin et de l'empire approche, ainsi que la venue de l'adversaire ou de Satan.

Le patriarche, fondant en larmes, pria le saint de demander à Dieu qu'il l'ôtât de ce monde avant ces désastres. Et comme saint

Théodore voulait retourner en son pays, parce que le temps de sa retraite annuelle approchait, il l'obligea à passer l'hiver à Constantinople, à cause que le bruit courait que la ville allait bientôt être abîmée : il espérait que le saint homme obtiendrait quelque délai. Comme il désira de loger à part, lè patriarche le mit dans un monastère, où il passa les fêtes de Noël en retraite. Cependant le saint patriarche tomba malade, et envoya prier saint Théodore de demander à Dieu qu'il lui accordât la fin de sa vie. Le saint répondit qu'il prierait plutôt que Dieu le conservât pour le bien de son peuple. Mais le patriarche renvoya lui dire : Je vous conjure, mon père, si vous m'aimez comme je vous aime, de prier Dieu qu'il me retire de ce monde et me préserve des périls qui nous menacent; car il m'est impossible de voir les choses que vous avez annoncées. Alors le saint, s'étant mis en prière, lui fit dire par son diacre Epiphane Puisque vous désirez si ardemment d'être délivré et d'aller à Jésus-Christ, je le lui ai demandé et je l'ai obtenu. Si donc vous voulez que j'aille vous voir, j'irai aussitôt; sinon, nous nous verrons avec Jésus-Christ. Le patriarche, comblé de joie, ne voulut pas le tirer de sa retraite, et remit à se revoir au ciel. L'empereur Phocas l'ayant appris, vint visiter le patriarche malade, qui, après avoir donné sa bénédiction à tout le monde, mourut plein de confiance le vingt mars 6101.

Lorsque saint Théodore Sicéote vint à Constantinople', l'empereur Phocas avait la goutte aux mains et aux pieds. Il fit venir le saint homme, qui lui imposa les mains et pria pour lui. L'empereur fut soulagé, et lui recommanda de prier pour lui et pour l'empire. Saint Théodore l'avertit que, s'il voulait que ses prières fussent exaucées, il devait cesser d'affliger les hommes et de verser leur sang 2. Phocas avait bien besoin de cette remontrance, et en profita peu. Contrairement, à sa parole, il avait fait brûler vif le général Narsès, le plus brave et le plus habile qu'il eût pu opposer aux Perses. Cette horrible exécution réveilla dans le patrice Germain l'espoir et le désir de régner; il trama une conspiration avec Constantine, la veuve de Maurice, qui se transporte dans l'église de Sainte-Sophie avec ses filles. C'était en 606. A leur vue, le peuple s'attroupe et prend les armes. Phocas envoie à l'église pour enlever Constantine et ses filles. Le patriarche Cyriaque s'y oppose, et ne les laisse sortir qu'après avoir obligé Phocas de jurer qu'il ne leur serait fait aucun mal. Phocas tient parole et se contente de les renfermer dans un monastère. L'eunuque qui avait servi d'entre

[blocks in formation]

metteur pour la conspiration, périt dans les supplices. Le patrice Germain est obligé de se faire prêtre, et Philippe, beau-frère de Maurice, de se faire moine. L'année suivante, 607, Germain et Constantine, avec plusieurs autres personnages considérables, tramèrent une nouvelle conspiration. Elle fut découverte. Germain fut décapité avec sa fille, veuve du prince Théodose. Constantine eut la tête tranchée avec ses filles, à Calcédoine, dans le même lieu où Maurice et ses cinq fils avaient perdu la vie. D'autres conjurés périrent dans les supplices les plus affreux. Ces exécutions terribles provoquèrent de nouveaux complots, qui provoquèrent de nouvelles exécutions. Enfin, Crispus, le gendre même de Phocas, conspira contre lui, et invita Héraclius, gouverneur d'Afrique, à venir le détrôner. Héraclius envoya une flotte, sous le commandement de son fils, qui portait le même nom que son père. Phocas ne fut instruit du complot que quand la flotte fut près de Constantinople. Il prit des mesures pour se défendre; mais son gendre Crispus, en feignant de le seconder, rompait secrètement toutes ses mesures. La flotte, après un combat sanglant, parut sous les murs de la capitale. C'était le dimanche quatre octobre 610. Le lendemain matin, un sénateur dont Phocas avait déshonoré la femme, courut au palais avec une troupe de soldats. On saisit Phocas, on le dépouille de la pourpre, on lui lie les mains derrière le dos, et, à travers la ville et la flotte, on le conduit au jeune Héraclius, qui était encore sur son vaisseau. Malheureux! lui dit Héraclius, est-ce donc ainsi que tu as gouverné l'empire? Et toi, répliqua Phocas, le gouverneras-tu mieux? Hé– raclius, en colère, lui donna des coups de pieds et lui fit couper les mains, les pieds, les parties viriles et enfin la tête, à la vue d'un peuple innombrable qui bordait le rivage. La tête et les autres membres, plantés sur des piques, furent portés à travers la ville, et le reste du cadavre traîné dans les rues, et le tout livré ensuite aux flammes. C'est ainsi que, parini les Grecs de Constantinople, presque tous les empereurs se succéderont désormais l'un à l'autre. Héraclius descendit alors sur le rivage, accompagné de Crispus, le gendre de Phocas, qu'il pressait d'accepter la pourpre impépériale, disant qu'il n'était pas venu pour s'en revêtir, mais pour venger Maurice et ses enfants. Sur le refus de Crispus, Héraclius voulut bien se laisser couronner empereur par le patriarche Sergius, qui avait succédé à Thomas dès le dix-huit avril de cette année. Crispus fut nommé gouverneur de Cappadoce; mais, quelques années après, ayant été convaincu de n'avoir pas été plus fidèle à Héraclius qu'il ne l'avait été à Phocas, son beau-père, il

« ÖncekiDevam »