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cependant tout le succès de l'affaire pourra dépendre du choix des personnes. Le plus seur seroit, en cas qu'on veuille faire revivre la négotiation, d'explo. rer les gens, tant les ecclésiastiques que les autres,

par

des conversations adroites avant le choix et avant qu'on s'embarque avec eux: autrement on risque d'échouer, et il vaut mieux laisser l'affaire en suspens que de la gaster. Ainsi, pour se bien déterminer là-dessus, puisque c'est tout le commencement et la moitié de l'ouvrage, il faudroit faire un tour en France. J'avois ce dessein, en effect, après la paix ; mais je ne sçay quand je pourray satisfaire présentement à mon désir. Il faut laisser le tout à la direction de Dieu et se contenter d'avoir fait son devoir.

Voilà donc l'estat de l'affaire, Monseigneur, avec mon petit avis que j'y ai joinct pour satisfaire aux or- ' dres de V. A. S. Elle sçait ménager les choses comme il faut sans que j'aye besoin de le luy recommander, et estant aussi zélée et aussi éclairée qu'Elle est, je ne doute point qu'Elle ne sçache prendre le tour le plus propre à faire ce qui sera faisable présentement avec l'aide de Dieu. Ce qu'on doit ménager le plus, c'est le temps; car on ne trouve pas tousjours des personnes et des conjonctures propres à ces sortes de desseins.

Je suis avec dévotion, Monseigneur, de V. A. S., le très humble et très obéissant serviteur,

LEIBNIZ.

que je regarde comme l'œuvre de feu M. l'Électeur et de Vostre Altesse Électorale, que j'espère qui ne se repentira jamais d'avoir faict valoir le mérite de nostre chère princesse de Brunswick, puisqu'il coule de source et que je ne vois rien en elle qui ne me fasse espérer que ses bonnes qualités brilleront plus que sa couronne, et qu'elle remplira parfaictement les devoirs de la royauté. Je la connois de plante et de racine, et, dès l'âge de huict ou dix ans, lorsque la raison a commencé à délibérer, je ne luy ay jamais veu prendre un mauvais party, et j'estois tousjours surprise de la voir pleine de sagesse, dans un temps où l'on compte pour quelque chose de ne point faire et de ne point dire de sottises. Mais avec tout cela, Madame, je n'aurois jamais deviné, dans la situation où estoit madame sa mère, qu'elle eust peu par. venir à une royauté, qu'elle méritoit, mais dont tous les chemins paroissoient inaccessibles, quoyqu'elle fust, cette aimable princesse, d'assez bonne maison pour y parvenir. Mais Dieu, qui est le maistre des couronnes, les donne assez souvent dans sa colère, quand il veut punir son peuple, ou comme un effect de sa bonté, quand sa miséricorde le veut favoriser. Je n'oserois douter, Madame, qu'elle ne fasse beaucoup de bien, cette chère princesse, si personne n'y fait d'obstacle, et je ne doute pas non plus que l'humilité profonde de madame de Maubuisson n'attire sur son illustre famille tout ce qu'elle foule à ses pieds pour l'amour de Jésus-Christ; car, comme elle a l'esprit et le cœur au-dessus des grandeurs de la terre, son élévation se fera dans le ciel, où j'espère tousjours que Vostre Altesse Électorale verra la

LXXXIV

LEIBNIZ AU DUC ANTOINE ULRICH.

Original autographe inédit de la bibliothèque royale de Hanovre.

Hanovre, 8 décembre 1698.

Monseigneur, j'ay escrit à M. Ludecke, conseiller privé de V. A. S., touchant l'Académie, et à M. Hertel, touchant la principauté fabuleuse; ils en auront faict rapport apparemment, et j'en attends

response.

Maintenant je prends la liberté de dire que j'ay appris de France qu'on y travaille fort à un nouveau règlement touchant les religionnaires. Ainsi, si V. A. S. a le dessein qu'elle me tesmoigna, il importeroit qu'il fust mis sur le tapis avant que ce règlement s'achève. Je suis avec dévotion, monseigneur, de V. A. S. le très humble et très obéissant serviteur,

LEIBNIZ.

LXXXV

MADAME DE BRINON A MADAME LA DUCHESSE DE HANOVRE SOPHIE, ÉLECTRICE DE BRUNSWICK.

Autographe inédit tiré du British Museum, fonds Egerton.

De Maubuisson, 18 décembre 1698.

Souffrez, s'il vous plaist, Madame, que j'aye l'honneur de me resjouir avec vous de ce grand mariage,

que je regarde comme l'œuvre de feu M. l'Électeur et de Vostre Altesse Électorale, que j'espère qui ne se repentira jamais d'avoir faict valoir le mérite de nostre chère princesse de Brunswick, puisqu'il coule de source et que je ne vois rien en elle qui ne me fasse espérer que ses bonnes qualités brilleront plus que sa couronne, et qu'elle remplira parfaictement les devoirs de la royauté. Je la connois de plante et de racine, et, dès l'âge de huict ou dix ans, lorsque la raison a commencé à délibérer, je ne luy ay jamais veu prendre un mauvais party, et j'estois tousjours surprise de la voir pleine de sagesse, dans un temps où l'on compte pour quelque chose de ne point faire et de ne point dire de sottises. Mais avec tout cela, Madame, je n'aurois jamais deviné, dans la situation où estoit madame sa mère, qu'elle eust peu par. venir à une royauté, qu'elle méritoit, mais dont tous les chemins paroissoient inaccessibles, quoyqu'elle fust, cette aimable princesse, d'assez bonne maison pour y parvenir. Mais Dieu, qui est le maistre des couronnes, les donne assez souvent dans sa colère, quand il veut punir son peuple, ou comme un effect de sa bonté, quand sa miséricorde le veut favoriser. Je n'oserois douter, Madame, qu'elle ne fasse beaucoup de bien, cette chère princesse, si personne n'y fait d'obstacle, et je ne doute pas non plus que l'humilité profonde de madame de Maubuisson n'attire sur son illustre famille tout ce qu'elle foule à ses pieds pour l'amour de Jésus-Christ; car, comme elle a l'esprit et le cœur au-dessus des grandeurs de la terre, son élévation se fera dans le ciel, où j'espère tousjours que Vostre Altesse Électorale verra la

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gloire et l'avantage que sa saincte sœur tirera de sa vertu. J'ay tousjours, Madame, un désir ardent de vous sçavoir catholique; car, quoyque Vostre Altesse Électorale paroisse dans un profond repos sur son salut, cela ne le rend pas plus certain, puisque sainct Paul, qui avoit tout faict pour le sien et pour celuy de ses frères, nous a laissé des témoignages de sa crainte, quand il nous dit, dans une de ses épistres, que, quoyque sa conscience ne luy reproche rien, il ignore cependant s'il est digne d'amour ou de haine. Si Vostre Altesse Électorale vouloit un peu s'aider elle-mesme, la grâce et les lumières du Sainct-Esprit viendroient à son secours, et elle verroit alors que toute la pénétration de son bel esprit n'a point atteinct la vérité, et qu'il se trompe quand elle s'appuye sur la raison, puisqu'il n'y a de certitude que dans la foy, et que tout le reste nous trompe. Vous voyez, Madame, que je ne me rebute pas, et que je ne puis m'empescher, quand j'ay l'honneur de vous escrire, de frapper tousjours quelque coup à la porte de vostre cœur, après avoir prié Dieu avec persévérance qu'il dissipe les ténèbres de vostre esprit, et qu'il ne permette pas qu'une princesse à laquelle il a communiqué tant de grâces naturelles en puisse manquer pour assurer son salut. Je meurs de peur que les disputes sur le quiétisme ne vous fournissent une response, qui ne sauroit estre solide si elle n'est appuyée sur la foy.

Je viens d'apprendre que Vostre Altesse Électorale vient de mander à madame de Maubuisson ce qui se passe à Vienne au suject de nostre chère reine. Il semble que Dieu prenne plaisir à faire éclater la

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