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de faire dans le fond de la chose, suivant l'engagement de leurs ancestres et de leur confession, ce seroit au pape de faire par après le premier pas en se déclarant avant toute autre chose sur les conditions que ces théologiens ont voulu stipuler comme nécessaires à faire réussir la réunion préalable. Enfin il faut demeurer d'accord qu'il y a encore des difficultés considérables dans la déclaration des théologiens protestans que je viens de représenter, comme particulièrement à l'égard du mariage des évesques, qui ne se practique aujourd'huy, que je sçache, que chez les protestans, et à l'esgard de la validité des ordinations des protestans, que le pape ne sçauroit approuver pour le passé, suivant les principes de l'Église catholique mais il semble que l'Église, qui peut accorder le mariage aux prestres, le pourroit aussi accorder aux évesques, la distinction qu'il y a entre eux, suivant le droict divin, ne paroissant pas avoir lieu à l'esgard du mariage; peut-estre aussi que les protestans s'en désisteroient eux-mesmes. Au reste, et quant au dernier, il semble que, si les protestans obtenoient les autres poincts, et si on ne les obligeoit point dans la réunion préliminaire d'avouer l'invalidité de leurs ordinations, ils se contente: oient peut-estre qu'on renvoyast encore cette question au concile futur; et qu'en attendant et pour l'avenir, après la réunion, on les reconnust pour bien ordonnés, en leur donnant les ordres d'une manière concertée, qui, selon les catholiques, auroit tout ce qui est nécessaire à une véritable ordination, et, selon eux, pourroit estre prise pour une confirmation de ce qu'ils prétendent avoir déjà, jusqu'à

ce que le jugement de l'Église catholique, assemblée dans un concile, y intervienne. Quant aux difficultés de practique qui s'offriroient dans l'exécution de ces projects, j'en reconnois beaucoup, mais je ne les touche point. C'est à ceux qui n'approuvent pas ces desseins d'en faire dénombrement, et à tous les bien intentionnés de contribuer, en tout ce qui dépend d'eux, pour les faire surmonter, aussi bien que s'ils estoient eux-mesmes autheurs ou fauteurs de ces projects. Car on peut dire avec raison que, depuis le colloque de Ratisbonne du siècle passé, où les partis s'estoient assez approchés, jamais rien d'authorisé n'est sorty des mains des protestans, qui apporte plus de facilité au restablissement de l'union de l'Église occidentale que la déclaration que je viens de représenter.

1694.

Nouvelles et pressantes instances de madame de Brinon. — Reprise des négociations avec M. de Meaux. — Expédient proposé par Leibniz à l'évêque de Neustadt, et envoi d'un écrit irénique, qui appelle le Systema theologicum, sous ce titre supposé: Judicium doctoris catholici.

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J'oray toute ma vie toute l'estime que je dois avoir, Monsieur, de vostre mérite et des lumières de vostre esprit naturel. Dieu s'en est servy pour faire escrire à nostre illustre amy feu monsieur Pellisson (1) des choses qui n'avoient jamais esté si bien exposées et si bien desmelées sur le faict de la religion catholique, qu'il l'a faict; mais tout cela, Monsieur, ne servira qu'à la plus grande condamnation de ceux qui n'oront faict qu'un jeu d'esprit des plus solides lumières de la religion. Je suis tousjours estonnée quand

(1) Feu M. Pellisson, donc cette lettre est de 1694.

vous me ditte, Monsieur, que la postérité proffitera de vos démarches sans que vous en proffitiez vousmesme; vostre bel esprit, que nos sçavans admire, vous servira bien peu pour l'éternité sy vous ne travaillez que pour les austres, et que vous vous contentiez d'avoir de la lumière sans zèle et sans chaleur, c'est-à-dire de l'indifférence pour vostre salut, qui est asseurément en grand hazard, puisque il est impossible que vous n'ayez pénétré plus et mieux qu'un austre la cose de nostre séparation, qui devroit estre toute seule un suject de vous réunir de bonne foy à l'Église catholique, sans vouloir attendre après les austres, qui ne voyent pas sy cler que vous et qui sont peut-estre par là moins coupables devant Dieu que vous ne l'este. Une personne de probité qui sçait à quel poinct je désire que la vérité vous arrache à l'herreur et au schisme, m'a dict depuis quelque tems qu'on ne pouvoit faire une bonne et solide réunion tant que l'esprit de l'homme agiroit en philosophe plus qu'en vray chrestien. Y a-t-il tant d'affaire pour se réconcilier avec sa mère, comme j'ay eu l'honneur de vous l'escrire tant de fois? Allez à elle, Monsieur, avec humilité; elle vous recevra avec amour et charité, et vous accordera toutes les choses qui dépendront d'elle, quand cela n'altérera pas les principes de nostre foy. C'est si peu de chose, ce que vous demandez, qu'il me semble que je sacrifierois tout cela sans peine pour vivre dans la vérité. Vous voyez, Monsieur, que, pour estre longtems sans vous escrire, mon affection pour vos véritables intérests ne diminue pas; je voudrois que vous voulussiez vous donner tout entier, un mois durant, à l'examen de

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