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vostre estat et de vostre religion, que vous employassiez vostre esprit et vos lumières à connoistre les solides vérités de la religion vous vous guéririez de la pensée que tout le monde se peut sauver dans celle où l'on est né. La vérité ne se partage point; ou vous vous trompez, ou nous nous trompons : le dernier ne sçauroit estre, puisque nous n'avons pas rompu l'union et que nous sommes demeurés attachés au gros de l'arbre. Si vous estiez catholique, vous convertiriez toute l'Allemagne par les aides que vostre esprit, conduict par celuy de Dieu, vous trouveroit. Je vous asseure, Monsieur, que je demande souvent les grâces qui vous sont nécessaires pour vous convertir. Ce que vous me ditte dans vostre dernière lettre est d'une grande subtilité, mais cela ne me rasseure pas sur vostre salut. Celuy qui veut qu'on renonce à tout pour le suivre ne vous excusera pas à son jugement, quand vous voudrez faire tomber la faute de vostre estat sur des sujects estrangers. Revenez à vous-mesme en simplicité de cœur, et vous verrez, Monsieur, que perdre son âme en attendant des formalités qui ne dépendent pas de vous n'est pas une philosophie qui vous puisse mettre à couvert au jugement de Dieu. Madame la duchesse sera asseurément de mon advis. Nous ne dogmatisons pas avec vous, Monsieur; ce n'est pas nostre affaire mais nous raisonnons simplement sur la vérité. Je prie Dieu qu'il vous la fasse connoistre d'une manière où vous ne puissiez résister, qu'il touche vostre cœur et qu'il confonde les lumières de l'orgueil humain, qui ne veut jamais avoir tort. Dès que M. l'évesque de Maux m'ora faict tenir la response qu'il a promis de faire

à M. l'abbé de Loccum, je seray ponctuelle à vous la faire tenir. Mais n'attendez point après cela, Monsieur; la vie est incertaine, et celuy qui promet de nous recevoir quand nous revenons à luy de bonne foy ne nous promet pas d'attendre jusques au lendemain. Je suis tousjours surprise, je vous l'ay dict bien des fois, Monsieur, du peu de cas que je remarque que les hérétiques font de la religion, qu'ils donneroient la plus part tout entierre pour une fortune passagère : c'est où conduit cette mauvaise maxime, qu'on peut se sauver dans toutes les religions. J'advoue que les catholiques ne sont pas dans leurs mœurs plus réglés que les luthériens, quand ils ne suivent pas la morale de l'Évangile ; mais il est très rare qu'un catholique abandonne sa religion dans les choses de droict, quand il en est instruit, pour faire sa fortune, quelque méchant qu'il soit d'ailleurs, ce que j'attribue à la force de la vérité, qui le retient malgré la licence des vices où il peut estre suject. Voilà, Monsieur, une longue lettre, qui vous sera peut-estre bien inutile; mais scachez-moy du moins bon gré de mes bonnes intentions et du désir que j'orois de vous voir un bon catholique. Madame de Maubuisson fait beaucoup prier Dieu pour la conversion de madame l'Électrice sa sœur pleust à Dieu que ces vœux fussent efficaces! Je n'ay point receu la lettre de M. d'Hozier : pour celle de feu nostre illustre amy, je l'ay envoyée à mademoiselle de Scudéry, pour qu'elle la fasse tenir à M. l'abbé Férier, qui n'est point à Paris. Je vous remercie cependant de l'honneur que vous faite à la mémoire d'un homme qui le mérite tant, et qui est mort plein d'estime pour vous et de désir de vous

voir dans le chemin qu'il a embrassé si généreusement et si constamment. Mademoiselle de Scudéry sera bien aise de retrouver de si loin une preuve de l'estime d'un si parfaict amy. Toute cette lettre vous marque, Monsieur, le peu de soin que j'ay de ma réputassion auprès de vous, par ma manière d'escrire si négligée que vous y trouverez, si vous l'examinez, des fautes partout, dont je vous fais mes excuse (1) il me suffira que vous y remarquiez la persévérance de mon zèle pour vostre salut.

ST M. DE BRINON.

MADAME DE BRINON A LEIBNIZ

Extrait d'après l'original autographe inédit de Hanovre.

Sans date.

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M. l'évesque de Meaux attend la réponse de Loccum, et est bien aise de sçavoir qu'il se porte assez bien pour l'achever bientost. On ne vous demandera jamais de dire le rosaire et le chapelet ni aucun culte contraire à la vérité, à la saincteté et à la majesté de Dieu, que tous les vrais fidèles adorent en esprit et en vérité. — Elle ne voudroit pas abandonner sa mère parce qu'elle auroit des enfants rebelles et désobéissans - Est-il possible, Monsieur, qu'un aussi grand esprit que le vostre puisse estre arresté par des toiles d'araignée? — Elle a vu une lettre de Madame l'électrice par madame de Maubuisson. — Elle est bien au-dessus de ces petites difficultés du culte, et souffriroit avec patience qu'une religieuse parast un autel, ou fist des vœux à un sainct au nom de Jésus-Christ. · Elle a vu madame la duchesse de Brunswick, et lui a faict ses condoléances sur la maladie de Leibniz que l'électrice a faict sçavoir à Maubuisson. - Elle espère en Dieu et en luy.

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(1) Madame de Brinon s'accusant elle-même, nous pouvions dire: Habemus confitentem ream, et nous ne devions point pallier des fautes qu'elle avoue. Ç'eut été, par une vaine recherche de l'orthographe, lui enlever le mérite de l'humilité. N. E.

M. de Meaux est charmé de sa foy et le trouve si catholique et si raisonnable dans tous ses sentimens qu'il croit penser comme luy, hors le concile de Trente.

IV

MADAME DE BRINON A LEIBNIZ.

Extrait d'après l'original autographe inédit de la bibliothèque royale de Hanovre.

Ce 14 avril 1694.

Voilà un livre de Bossuet. Il fait solliciter une réponse de l'abbé de Loccum par l'abbesse, qui vous prie de persévérer. « Les secrets de vostre dynamique, quelque distinction qu'ils vous puissent donner parmy les sçavans, n'approchent en rien du mérite que vous peut donner l'ouvrage de la réunion, que tous les bons chrestiens doivent souhetter ardemment pour entrer dans l'esprit de l'Évangile. M. l'abbé de Férier (1) m'a envoyé deux exemplaires du beau livre sur lequel nostre cher amy M. Pellisson a expiré, l'un pour Madame l'électrice de Brunswick et l'autre pour vous. Je les ay envoyés, il y a déjà plus de quinze jours, à M. Brosseau. »

V

LEIBNIZ A MADAME LA DUCHESSE DOUAIRIÈRE DE HANOVRE.

Original autographe inédit de la bibliothèque de Hanovre.

Wolfenbuttel, 30 may 1694.

J'espère que V. A. S. me pardonnera la liberté que je prends de recourir à Elle dans une matière que je sçay qu'elle affectionne. Je responds à madame de Brinon de la manière que V. A. S. verra par la lettre cy joincte, si elle y jette les yeux; et je supplie V. A. S. qu'en la faisant tenir elle veuille appuyer nos souhaits tant par l'entremise de ma

(1) Cousin germain de cet illustre mort.

LEIBNIZ A Mme LA Dsse DOUAIRIÈRE DE HANOVRE. 29. dame de Maubuisson qu'ailleurs où elle le trouvera à propos, afin que M. l'évesque de Meaux ait la bonté de s'ouvrir d'une manière conforme à sa modération et franchise ordinaires; car jusqu'icy il a parlé avec beaucoup de réserve, sans toucher ce que nous demandons, quoyque d'autres théologiens considérables de son party, et particulièrement M. l'évesque de Neustadt, n'ayent point fait de difficultés sur ce poinct, sans lequel ils voyoient bien què la convocation des théologiens protestans, qui fut appelée sur cela, ne pourroit pas entrer en matière avec eux. M. de Neustadt, qu'on appeloit encore l'évesque de Thina, vint dans ce pays au temps de feu monseigneur le duc Jean-Frédéric, de glorieuse mémoire; mais il ne fit alors que sonder les esprits. Il revint quelques années après, et trouva dans son successeur d'une autre communion les mesmes dispositions à favoriser la paix de l'Église que ce grand prince faict paroistre pour conserver ou pour restablir la paix publique. On alla mesme plus avant, et on convoqua de fameux théologiens du pays pour se déclarer sur des projects que M. de Neustadt avoit communiqués. La response fut si favorable qu'il jugea de s'en pouvoir contenter pour ce coup là. Et j'ose dire que jamais théologiens protestans n'ont faict une démarche si grande et si formelle, depuis le commencement de la réforme jusqu'à nous. Mais, avant que de pouvoir aller plus avant, ils ont jugé qu'il falloit quelque pas réciproque du party romain. M. l'évesque de Meaux, qui en avoit sceu quelque chose autrefois, et apprenoit que l'affaire pourroit avoir quelque suite, fut bien aise d'en sçavoir davantage; ce qu'on

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