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y en auroit mille, ce mesme expédient y peut suppléer.

Je particularise ces choses, Madame, pour vous faire considérer que vostre humilité ne vous doit point empescher de continuer les bons offices que vous avez déjà rendus à l'Église. Vostre piété et vostre sagesse sont connues et estimées des plus grands; vos exhortations peuvent donner de la chaleur aux bons desseins et faire gaigner du temps. Nous sçavons combien M. de Meaux est scavant et habile. Ainsi, quand son loisir ne luy permettroit pas de vous envoyer un ouvrage aussi ample et aussi travaillé que le premier, son avis sur le poinct capital, appuyé d'un abrégé de ses raisons, nous peut suffire pour sçavoir ce qu'on doit attendre.

Car il faut considérer la brièveté de la vie humaine, et la nature changeante et passagère de l'occasion, dont on s'efforce de profiter quand on a véritablement de bonnes intentions. Toutes les circonstances favorables qui se rencontrent à présent ne se trouveront pas tousjours ensemble pour faire valoir de bons desseins. Car, pour ne rien dire des princes ny de vostre crédit, Madame, auprès des grands, je ne sçay s'il y aura tousjours des prélats de la force de M. de Meaux.

Et quant à ce qui s'est faict chez nous, je vous ay diet, Madame, et le dis encore, que jamais des personnes authorisées de part et d'autre, et surtout parmy les protestans, n'ont faiet des avances si grandes. Et si on n'en profite assez pour faire en sorte que l'affaire puisse prendre racine, je crains que, quand ces personnes ne seront plus, elles ne puissent estre désa

vouées. Et il faudra des siècles pour en retrouver. Pour moy, hormis l'inclination à bien faire, je n'y ay pas le moindre intérest, pas mesme celuy de la gloire, puisqu'il n'y a rien de mon chef. Mais c'est par un zèle tout désintéressé que j'ay pris ces peines; quand elles seroient inutiles, c'est trop peu de chose pour en faire un sacrifice à Dieu. Cependant je suis content, puisque je sçay que Dieu luy mesme est content quand nous faisons nos diligences. Ne cessez pas, Madame, d'en faire où il sera à propos, et soyez persuadée qu'il est difficile que vous puissiez faire quelque chose de plus agréable à Dieu. Je vous recommande à sa protection, et je suis avec beaucoup de zèle, Madame,

Vostre très humble et très obéissant serviteur,

XXII

LEIBNIZ.

MADAME DE BRINON A BOSSUET.

Revu d'après l'original autographe.

Ce 25 juin 1695.

Voilà une lettre, Monseigneur, de M. Leibniz, qui se réveille de temps en temps sur un suject qui devroit l'empescher de dormir. L'objection qu'il fait sur le concile de Trente ne me paroist pas malaisée à résoudre; car les évesques qui ont faict faire l'abjuration à Henri IV pourroient avoir manqué en n'y voulant pas comprendre le concile de Trente pour ne le pas effarouscher: cela ne prouveroit pas qu'il ne fust

pas receu en France sur les dogmes de la foy, comme il ne l'est pas sur quelques poincts de discipline. Ce n'est point à moy, monseigneur, à entamer ces questions ny à respondre à ce que m'en escrit M. Leibniz : cela regarde Vostre Grandeur. Je voudrois pourtant bien voir ce qu'il vous en escrit et ce que vous luy respondrez, pour le lire à madame de Maubuisson, qui est pleine de bonnes lumières et qui voit d'un coup d'œil le bien et le mal des choses.

Je croy, monseigneur, que vous ne sçauriez trop relever les bons desseins de M. de Lokkum, pour l'encourager à poursuivre la réunion et à venir des bonnes paroles aux bons effects. Car escrire et discourir toute la vie sur une chose qui ne peut plus se faire après la mort et de laquelle dépend le salut, c'est ce que je ne puis comprendre, et je doute tousjours qu'il y ait un commencement de foy dans l'âme des personnes qui veulent persuader qu'elles cherchent la vérité, quand tout cela se fait si à loisir et mesme avec quelque indifférence. Mais Vostre Grandeur m'a desjà mandé qu'il falloit faire ce qui pourroit dépendre de nous et attendre de Dieu ce qui dépend de luy, comme en cette réunion, qu'un intérest temporel fait rechercher, selon toutes les apparences; mais Dieu en sçaura bien tirer sa gloire et l'avantage de l'Église, pour laquelle Vostre Grandeur a tant travaillé.

J'avois mandé à mademoiselle de Scudéry que j'avois veu un petit manuscrit que M. Laron auroit bien voulu faire imprimer à la fin de son livre, faict, ou peu s'en faut, sur l'Eucharistie; mais il faudroit auparavant qu'il feust rectifié et qu'on n'y laissast aucun suject de doute. Je l'ay leu lorsque le cher défunct me

l'envoya pour le faire tenir en Allemagne. Autant que je puis m'y connoistre, je le trouvay bien fort. Je prie Dieu, monseigneur, qu'il vous augmente de plus en plus ses divines lumières, et qu'il vous donne la persévérance qui vous est nécessaire pour faire tout seul ce qui avoit paru devoir estre faict avec le pauvre M. Pellisson, dont le mérite se reconnoist de plus en plus. Vous m'avez promis, monseigneur, vostre bienveillance et vos prières; je vous supplie de vous en souvenir et de croire que j'ay pour Vostre Grandeur tout le respect et l'estime que doit avoir vostre très humble et très obéissante servante,

Sr M. DE BRINON.

XXIII

REINERUS VLOSTORFF LEIBNIZIO S. D.

Ex autographo nondum edito quod Hanoveræ in bibliotheca regia inter Irenica asservatur.

Neostadii Austria, 17 octob. 1695.

Prænobilis, consultissime et colendissime Domine, Gratissimis elapsi ad me datis (1) aliud respondendum non occurrit, quam quod omnes scripturæ a defuncto Domino Episcopo, piissimæ memoriæ, re

(1) Leibnizius addidit : « S. A. E. avoit donné ordre qu'on veillast à Vienne à ne pas laisser dissiper les correspondances. Après la mort de Spinola, j'avois suject de veiller afin que ma correspondance ne vinst point entre de mauvaises mains. » Cf. Epistol. ad landgravium Hessiæ, Römmel, tom. II. N. E.

lictæ, ex speciali Augustissimi mandato cista inclusæ, et secreto suæ Majestatis sigillo munitæ, in archivo nostro episcopali etiam nunc bene custodiuntur (1) interea sedulo quæritur subjectum negotio prosequendo sufficiens. Habemus quidem novum Episcopum (2) sedi Pontificis jam tum confirmatum, sed consecrandum prius Viennæ sexta subsequentis proximi novembris. Commendo me constanti favori et gratiæ, et permaneo

Prænobilissimæ et consultissimæ Dominationis vestræ

Obsequentissimus servus,

REINERUS VLOSTORFF.

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Je m'en vais à présent au consistoire. S'il vous plaist de venir voir les papiers concernant † M. l'Évesque de Tina † aujourd'huy, environ deux heures après midy, je vous les monstreray très-volontiers, estant avec beaucoup de sincérité, Monsieur, vostre très-humble et très-obéissant serviteur,

GÉRARD A. L.

(1) Confer epistolam Leibnizii ad landgravium Hessiæ Ernestum : Rommel,

tom. II, p. 196. N. E.

(2) Comes de Puchaim. N. E.

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