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guer (1) et Walchius (2)? C'est là cependant que Leibniz trouvait ses principales autorités pour concilier cette question de la grâce et de la prédestination, si controversée même entre les protestants, pour adoucir le sens de Calvin qui ne pouvait plus être toléré, pour faire ranger enfin cette controverse et les erreurs des protestants sur la grâce parmi les moins fondamentales minimè fundamentales.

:

Nous voyons, dans ses lettres à ces deux théolo

Leibniz

favorable

et à la liberté.

giens d'Helmstadt, la contre-partie et comme le des- à la tolérance sous des cartes; tout ce qu'il ne veut pas dire à ses correspondants de France, il le dit à ceux d'Helmstadt. C'est ainsi que, dans une lettre de 1697 à Fabricius, il se laisse aller à un épanchement intime : « Et moy aussi, lui dit-il, j'ay beaucoup travaillé à arranger les controverses de religion; mais j'ay reconnu bientost que la conciliation des doctrines estoit une œuvre vaine. Alors j'ay imaginé une sorte de trêve de Dieu : inducias tantum sacras excogitare volui, et j'ay introduict l'idée de tolérance déjà impliquée par la paix de Westphalie. » Dans une autre lettre de 1698, il lui tient le même langage : « J'ay surtout travaillé à la tolérance civile: car, pour l'ecclésiastique, on n'obtiendra jamais que les docteurs des deux partis ne se condamnent pas mutuellement. Qu'ils se condamnent donc tant qu'ils voudront, mais sans injures, sans imputations malveillantes. Si les An

(1) Hottinguer, In dissert. Esslingæ recusa. 1723.

י

(2) Walchius Georg., In introductione in præcipuas religionis controversias.

glois acceptoient cette espèce de trêve de Dieu, ils ne brûleroient plus, chaque année, l'image du pape en grande pompe. Qu'ils renoncent aux persécutions, aux inquisitions, aux coups, aux violences; qu'ils accordent à chacun l'exercice de sa religion en particulier privatim exercitium concedant; qu'ils refrènent la licence de certains escrits. Je me soucie médiocrement des doctrines: j'ay tousjours pensé que c'estoit affaire de politiques bien plus que de théologiens; car on leur laisseroit leurs mœurs et leurs usages pour obtenir la paix et l'égalité entre les différentes communions. » Dans des lettres de la même époque adressées à Ludolfi, à Cuneaux, à Bauval, il tient le même langage et ne cache pas son peu d'espoir de voir la réunion projetée. Il écrit à Ludolfi le 26 juin 1698 : « Il faut avouer que nos espérances d'une paix religieuse sont bien éloignées ; et pourtant il suffiroit de la volonté de cinq ou six hommes pour l'achever. Supposez que le pape, l'empereur et le roy de France, d'une part, et quelques grands princes, de l'autre, voulussent la chose sérieusement, elle seroit faicte. Or les cœurs des princes sont dans la main de Dieu; mais ce bonheur n'est point réservé à nostre siècle. Le sera-t-il au siècle suivant, dont aucun de nous ne lira l'histoire ? » Leibniz, on le voit, ne se faisait aucune illusion. On sent plutôt, à le lire, je ne sais quelle lassitude voisine du découragement, la fatigue du génie étreignant un problème insoluble, et comme un appel aux temps modernes et à des principes nouveaux de tolérance

et de liberté qui se chargeront de le venger ou du moins de l'absoudre. L'idée d'étendre la trêve de Dieu des violences homicides d'un autre âge aux discordes intellectuelles de son temps, est une idée sublime et vraiment digne de son génie.

article la paix

de Rywyk.

Des difficultés sérieuses existaient en 1697. La paix Le quatrième de Ryswyk avait fait une nouvelle position aux protestants d'Allemagne. L'article IV, plusieurs fois cité par Leibniz, fut regardé par eux comme une atteinte directe au traité de Westphalie. Quel était donc cet article dont Leibniz se plaint dans deux lettres, l'une de 1699, et l'autre de 1700:

L'estat présent des affaires publiques et les divisions que le quatrième article de la paix de Ryswyk a faict naistre dans l'empire, qui a réveillé extrêmement les jalousies des partis, font qu'on est extraordinairement réservé sur ces matières. » L'article IV portait: Que la religion catholique serait maintenue dans tous les pays cédés à l'empereur et qui formaient une partie de l'Alsace, de la forêt Noire et du Brisgau; et qu'elle y resterait sur le pied qu'elle se trouvait alors. « Cette condition, dit Reboulet, fit beaucoup de peine aux protestants, en ce qu'elle réglait leurs intérêts par rapport à leur religion, différemment de ce qui avait été déterminé par les anciennes pacifications de l'empire, et en particulier par le traité de Passau, conclu pour terminer les différends des religions, et par lequel il est défini que tous ceux de la confession d'Augsbourg jouiraient paisiblement de tous les biens ecclésiasti

ques dont ils étaient en possession, et par le traité de Westphalie, qui, selon les préliminaires posés par la France, devait servir de base au nouveau traité (1). »

C'était une sorte de révocation de l'édit de Nantes à l'extérieur, et, afin de bien marquer que son intention était de détruire le protestantisme au dedans et au dehors, le traité rappelle et renouvelle en cas de besoin les peines édictées contre les protestants par l'acte de révocation. Louis XIV nous paraît ici sous un jour plus complet, dans toute l'âpreté de cette unique pensée, intrépidement suivie, à travers trente années de guerres qui ont appauvri et dépeuplé la France, et fait peser sur l'Europe des maux incalculables. Cette pensée, qui liguait contre lui toute l'Allemagne, et qui réveillait, comme le dit si bien Leibniz, toutes les jalousies des partis, mais dont il poursuivit l'exécution jusqu'au bout, par tous les moyens permis et défendus, per fas et nefas, c'était la ruine du protestantisme, dans lequel il avait vu le pire ennemi de son pouvoir et un obstacle insurmontable à la monarchie universelle qu'il affectait en Allemagne, et que Leibniz combattait énergiquement. Avec Louis XIV pour arbitre des destinées de l'Europe chrétienne, Bossuet pour principal ministre de la pacification religieuse et le traité de Ryswyk pour base du droit public et religieux des peuples, Leibniz avait raison de dire que la réunion

(1) Histoire du règne de Louis XIV, t. II, p. 577.

n'avait que peu de chances. Elle devenait presque impossible. Mais pourquoi l'affaire fut-elle reprise, au moment même où il y avait si peu d'espoir de la conduire à bien? c'est ce qu'il reste à expliquer en peu de mots.

Clrich

de Wolfenbuttel.

Un prince dont Pellisson nous vante le grand mé- Antoinerite, et qui avait une légitime action sur l'université d'Helmstadt, allait exercer une réelle influence sur la reprise des négociations. C'était le duc Antoine-Ulrich, de la branche aînée de la maison de Brunswick, prince éclairé, ami des lettres, à qui l'Allemagne doit ses premiers romans et de fort beaux lieder. Il partageait la régence de Wolfenbuttel avec son frère aîné Rodolphe-Auguste. La maison de Brunswick se divisait en deux branches, l'une représentée par ErnestAuguste et le duc de Celle, l'autre, la branche aînée, par les ducs Rodolphe-Auguste et Antoine-Ulrich de Brunswick-Wolfenbuttel, toutes deux alliées, mais rivales, depuis surtout que la création d'un neuvième électorat, pour l'illustre et puissant représentant de la branche cadette, avait accru les jalousies et ravivé les susceptibilités déjà trop excitées par le mariage du prince héréditaire avec la princesse de Celle. Leibniz avait pu, sans négliger les intérêts de ses maîtres, conquérir l'estime et l'affection des ducs de Wolfenbuttel, qui lui avaient confié leur trésor, cette étonnante bibliothèque de Wolfenbuttel, si riche en manuscrits des premiers siècles et peut-être unique dans le monde. Vers 1698, son crédit était grand et croissait même à Wolfenbuttel, à mesure qu'il décli

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