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Lettre de

l'empereur

de faire transcrire : il a répondu, lui dit-il, comme fa bienséance l'exigeait,mais d'une manière dilatoire, qu'il avait besoin, pour reprendre la communication, du consentement de S. A. l'Électeur. Il lui expose les raisons en faveur de la reprise : le roi la désire vivement, la cour impériale ne peut qu'y gagner; enfin la différence est moindre entre les idées gallicanes et celles des protestants qu'entre ce parti et celui de Rome; et, bien qu'il n'y ait que peu d'espoir d'une réunion à cette époque, ce sera satisfaire à la charité et à la bonne politique que de montrer ses bonnes intentions, que d'obtenir des déclarations de Rome, de faire naître l'occasion, de voir enfin jusqu'où chaque parti peut aller sans se départir de ses principes.

L'année 1699 s'ouvrait sous de plus favorables et voyage auspices que les années précédentes : une nouvelle Vienne. négociation commencait; le zèle de notre chargé

de Leibniz à

d'affaires à Brunswick, la franchise de Bossuet, la diplomatie même de Leibniz, la tranquillité renaissante, tout conspirait à renouer ce commerce, interrompu par la guerre et la politique. Le duc Antoine-Ulrich entrait dans le dessein de Leibniz, et, en envoyant le cartel de l'évêque de Meaux et son cachet volant, il en exprimait sa joie, témoignait des dispositions favorables d'Helmstadt et de Wittemberg, et se moquait du parti des opposants, qu'il ap pelle les liébistes ou lupistes. Leibniz se concerta avec le prince abbé de Lockum, Molanus, que le duc ménageait beaucoup, et répondit aux importunités d'un

abbé Guidi pour calmer ses craintes. Enfin une lettre autographe de l'empereur Léopold à l'électeur Georges-Louis (1), et un voyage de Leibniz à Vienne, qui en fut la suite, levaient tous les doutes. Le comte de Buchaim avait été à Hanovre en 1698, pour lier de nouvelles conférences avec l'abbé de Lockum; et c'était pour les renouer que l'empereur avait écrit à l'électeur. Le choix de Leibniz était significatif; il passa trois mois à Vienne, au faubourg de Rossau, chez le médecin Garelli. De fréquentes visites aux archives de l'évêché de Neustadt, où il découvrit dans les papiers de Spinola des manuscrits importants par leurs variantes, et d'où il emporta l'amitié de l'official de l'évêque, Vlostorf, avec un grand nombre de copies de pièces curieuses, de fréquents entretiens à Vienne avec le comte de Buchaim et les théologiens les plus estimés du pays, une conférence enfin avec le nonce du pape, le cardinal Doria, dont nous avons retrouvé l'abrégé écrit de sa main, voilà quelle fut pour la Réunion l'aurore du nouveau siècle qui devait plus tard lui être si fatal. Leibniz, après ce long séjour, en partit avec des espérances, mais non sans inquiétudes sur l'horizon politique : « J'espère, écritil à Vlostorf, que l'affaire ira bien et que les événements heureux ou malheureux qui sont arrivés ne seront pas un obstacle. » Il voulait parler de la succession au trône d'Angleterre, événement heureux et même inespéré pour la maison de Hanovre, malheu

(1) Lettre de l'empereur, du 17 mai 1700. Leibniz arriva à Vienne, vers la fin de septembre, en quittant les bains de Teplitz.

Le pare Clément XI

reux pour l'affaire de la Réunion et pour la politique impériale.

Si Leibniz voulait convertir l'empereur d'Autriche fait demander et le roi de France et s'allier aux gallicans, Bossuet,

à Bossuet

ses écrits. de son côté, n'avait pas une moindre ambition: il vou

lait gagner le pape à sa méthode. Clément XI lui avait fait demander ses écrits, c'est l'abbé Ledieu qui nous l'apprend; il est vrai que cette découverte lui a coûté presque autant de peine que le retour des protestants à l'Église en put donner à M. de Meaux. Après un long silence, tout à coup Bossuet se réveille, et l'abbé Ledieu le suit, sans y rien comprendre, à Paris, où il a apporté le fameux portefeuille des écrits des luthériens de Hanovre, pour en conférer avec l'envoyé du duc de Saxe Gotha.

« Les mardy et mercredy, 6 et 7 juillet, il confere, après dîner, chez M. le marquis de Torcy, sur les luthériens d'Allemagne. Le dimanche, 31, à Conflans, pour voir M. le cardinal de Noailles et luy communiquer un autre ouvrage auquel il travaille actuellement. Puis, le 6 aoust 1701, à Germigny, où M. de Meaux luy a donné sa nouvelle lettre à M. de Leibniz pour la faire mettre au net (1) Il apprend en mesme temps que M. de Meaux a communiqué à M. l'abbé Pirot ses dernières lettres escrites à M. de Leibniz sur la canonicité des livres saincts et sur l'authorité du concile de Trente. Ce soir, monseigneur de Noailles, évesque de Châlons, est arrivé pour souper et coucher à Germigny. Il ya passé le dimanche suivant et en est reparti le lundy pour Châlons. Le vendredy, 22 d'aoust 1701, il a vu M. de Meaux travailler toute la matinée à sa Politique, et l'aprèsdînée il a fermé sa lettre pour M. de Leibniz, datée de ce jour et de ce lieu, qu'il a adressée à M. de Torcy, à qui il escrit qu'il aura encore bientost un grand traicté à envoyer au mesme M. de Leibniz, disant qu'il faut espérer que ces instructions auront quelque jour leur effet, si elles ne l'ont pas de ce temps-cy. Le mercredy, 17, il a rendu à M. de Meaux son escrit sur la canonicité des livres saincts, qu'il a signé et daté de Marly, de ce jour, et que luy, Ledieu, a adressé à M. de Leibniz, à Hanovre, après en avoir tiré une copie. Le mardy suivant, séjour à Versailles. Après le diner, M. de Meaux a parlé des luthériens de Hanovre, M. l'abbé Bossuet

(1) Voir cette lettre, tome II, page 382.

et moy seulement présens, et il a dit qu'il faisoit copier l'escrit de M. Molanus, abbé de Loccum; mais il revoyoit aussi le sien, et y ajoutoit une relation en françois de l'estat de l'affaire.

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Il faut suivre dans le journal de cet observateur vulgaire et affairé la trace qu'a laissée la Réunion dans la vie de Bossuet pendant cette année 1701. Le journal de l'abbé Ledieu, si insignifiant parfois, prend alors une véritable importance. Cet empressement inaccoutumé, ces allées et venues insolites, ces voyages à Paris, à Versailles, ces visites de Bossuet chez Torcy et chez le cardinal de Noailles, et de Pirot, syndic de Sorbonne, chez M. de Meaux, tiennent en éveil la curiosité bourgeoise de l'abbé Ledieu. Enfin, le 22 septembre, il a le mot de cette énigme. Bossuet, après lui avoir demandé son traité: De ecclesiastica potestate, est ensuite descendu dans le jardin, où il l'a accompagné à la promenade :

~ Alors il m'a dit qu'il y a plus de six mois que le pape luy a faict dire par M. le nonce qu'il désiroit de voir ce qu'il a cy-devant escrit en respondant à M. Molanus, abbé de Loccum, en faveur des luthériens de Hanovre, dont le sainct-père avait ouï parler par les Allemands bien intentionnés qui négocioient à Rome pour préparer leur retour à l'Église. C'est principalement un grand prince d'Allemagne que M. de Meaux ne m'a pas nommé, mais qu'il dit estre très-habile et très-instruict, et qui n'a aucun intérest commun avec les autres protestans qui le retienne dans la communion. Je crois, pour moy, que c'est le prince héritier de Wolfenbuttel. Le premier avis de M. de Meaux avoit esté d'envoyer au Pape son escrit tel qu'il l'a faict pour M. l'abbé de Loccum; mais depuis il a cru qu'il devoit plus tost de cet escrit en faire un nouveau, par manière d'exposition et de conciliation sur tous les articles controversés. C'est à quoy il a travaillé en différens temps, et, aujourd'huy qu'il veut finir ce mémoire, il prend son ancién escrit sur l'authorité de l'Église, parce qu'il juge l'occasion très-importante d'insinuer au pape ce qu'il faut croire et proposer aux protestans à croire sur cette matière, sur l'infaillibilité mesme et sur la déposition des rois; car ce mémoire, destiné pour l'instruction des protestans d'Allemagne, il le veut proposer pour servir à l'instruction mesme du pape et des cardinaux. »

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Or il existe en double à Rome dans les archives du Vatican, et à Hanovre dans la Bibliothèque royale, un écrit qui répond trait pour trait au signalement qui en est donné par l'abbé Ledieu (1). Ce sont bien là les deux belles copies qu'il fit faire à l'évêché, et pour lesquelles il dédaigna les copistes du cabinet du ministre des affaires étrangères. C'est bien cette fameuse Conciliation d'Allemagne qu'il porta lui-même au nonce et qu'il destinait à l'instruction du pape et des cardinaux. Le grand et mystérieux personnage qui avait si heureusement ranimé le zèle de M. de Meaux, et qu'il voulait, je ne dis pas conver

(1) « Le nouvel escrit estant fini et mis entre mes mains au mois de novembre 1701, je l'ay comparé avec le premier que M. de Meaux fit en response à celuy de M. Molanus, et j'ay trouvé que ce dernier escrit est l'abrégé du premier. L'autheur y suit le mesme dessein, les mesmes principes,et il y prend les mesmes moyens de réunion, qui est la conciliation sur tous les points controversés; mais il le fait avec plus de précision, plus de netteté, en escartant davantage ce qui n'a pas de difficulté, et d'une manière bien plus décisive. Ainsi ce dernier escrit contient toute la force du premier, avec cet avantage qu'il est de moitié plus court, et, néanmoins, il renferme tous les passages des saincts Pères du concile de Trente et des confessions de foy des protestans qui sont rapportés dans le premier. Mais l'authorité du pape est icy traictée plus au long et suivant les principes appliqués dans l'Exposition de M. de Meaux. M. de Meaux a ajouté que ce qu'il avoit envoyé en dernier lieu à Hanovre à M. de Leibniz, ou plustost à Wolfenbuttel, sur la canonicité des livres saincts, pour estre communiqué à M. le prince héritier de cette principauté, comme il est dit expressément dans la lettre de M. de Leibniz et dans cette response que M. de Meaux luy a faicte; M. de Meaux, dis-je, m'a ajouté que cet escrit seroit très-utile et très-efficace pour ramener ces protestans; ce qui me fait encore croire davantage que c'est ce prince héritier de Wolfenbuttel qui négocie sa réconciliation à Rome. Le temps nous en esclaircira, et je marqueray avec soin tout ce que je verray là dessus. » Enfin « le samedi, 10 décembre 1701, il a porté à M. le nonce, à Paris, la seconde belle copie qu'il avoit de sa Conciliation d'Allemagne, pour estre par luy envoyée au pape. Il a cru ainsi plus sùr, parce que la copie est bonne, au lieu qu'il avoit à craindre que des copies faictes chez M. le marquis de Torcy ne fussent pleines de fautes dans un ouvrage si important.

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