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voir fait de son cœur intrépide comme un ta bernacle à l'unité de la foi.

Au cinquième siècle, tout le vieux monde romain et toute l'Église chrétienne sont sous les flots pressés de l'invasion. « Il n'y a que deux sortes de barbares, dit alors Salvien, les barbares païens et les barbares hérétiques. Duo enim genera in omni gente omnium barbarorum sunt: id est· aut hæreticorum aut paganorum 1. » Avec les païens nul accord possible: il faut donc s'entendre avec les Ariens. Mais il est visible qu'il n'y a rien à faire avec eux si l'on ne cède un peu de la doctrine. Quel moyen de prêcher l'Évangile au paganisme barbare, si l'on commence par condamner, parmi les nouveaux maîtres du monde, tous ceux qui ont quelque idée chrétienne? Il faut évidemment les gagner à tout prix par des concessions; le salut de la foi, le salut du monde en dépendent. Plusieurs le pensent et le disent. Mais qu'en pensent les vrais apôtres de ces terribles jours? Avec eux qu'en pense l'Église ? Elle ne faiblit pas. Elle condamne l'arianisme des barbares, comme elle avait condamné celui de Constantinople et des empereurs. Elle s'avance, in

Salv., de Gub. Dei, I. IV, 3.

flexible, au-devant de ces farouches catéchumènes auxquels il faut apprendre ou qu'ils ne connaissent rien du vrai Dieu, ou qu'ils connaissent mal Jésus-Christ. Elle souffre, elle gémit, elle travaille. Les Goths, les Vandales, recommencent pour le compte de l'arianisme les interrogatoires et les supplices des premiers jours; elle donne son sang. Peu à peu l'invasion s'organise et s'apaise. Les conquérants de l'Europe ne peuvent résister à l'intrépide patience de la prédication catholique; une seconde fois le monde est conquis par l'Eglise, et quand le moyen âge commence, on peut voir qu'elle a tout gagné à l'Évangile sans rien perdre de l'unité.

Au seizième siècle la tentation reparaît; une immense agitation religieuse s'est emparée de l'Europe. Bientôt le mouvement se dessine, et des contrées entières sont arrachées à l'unité. Quelle perte que celle de la plus grande partie de l'Allemagne! Quelle perte que celle de l'Angleterre ! et quelles menaces du côté de la France! On peut encore conjurer les derniers malheurs ou les réparer en transigeant. Que l'Église abolisse le célibat religieux et la confession : l'Allemagne pourra entendre à la paix ; qu'elle laisse dans l'équivoque ou parmi les opinions la doctrine calviniste sur

la présence réelle la France ne passera point aux huguenots; il en faut moins encore pour l'Angleterre qu'elle autorise seulement le divorce d'Henri VIII avec Catherine d'Aragon, qu'elle permette à ce fidèle défenseur de la foi, à cet apologiste royal, à cet évéque du dehors, qu'elle lui permette d'épouser Anne Boleyn, puis ensuite, ou mieux encore tout à la fois, Jeanne Seymour, Anne de Clèves, Catherine Howard, Catherine Parr..... le sultan anglais ne se séparera point de l'Église, et continuera d'écrire des traités théologiques contre Luther et la réforme d'Allemagne. Qu'en pense l'Église ? C'est le concile de Trente qui va répondre. L'Église n'a pas été instituée pour ménager la faveur de Luther, consoler les rêveries de Mélanchthon, satisfaire les rudesses de Calvin, complaire à Henri VIII qui veut divorcer sans motif, ni au landgrave de Hesse qui se plaint de n'avoir qu'une seule femme. Ce n'est pas pour accommoder le seizième siècle qu'elle est en ce monde, ni pour se plier aux caprices français, anglais ou allemands. Du haut de ses destinées éternelles, elle écoute tristement, mais sans crainte, se heurter à ses pieds les flots confus de tant de passions contraires. Elle se borne à maintenir au-dessus d'eux l'unité de la doctrine. Le

génie de Leibnitz n'y pourra rien lui-même; Bossuet lui répond qu'il n'y a rien à espérer de ce côté-là, et le monde apprend une fois de plus que l'Église aime mieux perdre un royaume qu'un principe.

Grands spectacles, auxquels je ne soupçonne point une âme noble de demeurer indifférente!

Au milieu de l'effroyable inconstance qui mène la terre, quel repos pour la conscience humaine dans cette unité doctrinale contre laquelle ni siecles, ni empires, ni révolutions, ni hérésies ne peuvent jamais rien !

Oui, grande force de l'immutabilité de la foi catholique! Force vraiment supérieure à l'homme, donnée de Dieu!

V

Que l'unité de la fol n'est nullement incompatible dans l'Église catholique avec un légitime progrès de la doctrine. saint Vincent de Lérins.

Règle de

Grande faiblesse aussi, dira-t-on peut être. Car tout marche dans le monde, tout avance, tout progresse : les sciences, l'industrie, les arts,

l'agriculture, l'exploitation scientifique et industrielle du globe.

L'homme n'est pas aujourd'hui ce qu'il était au quatrième ou au treizième siècle; comment Iui présentez-vous une doctrine religieuse incompatible avec tout changement, ennemie de tout progrès? Le progrès est la loi essentielle qui commande son histoire : loi souvent violée, contredite, interrompue par de honteuses et cruelles chutes certaine cependant, et qui règle tout le développement des destinées humaines.

si

Comment donc espérez-vous que l'homme fier de ce développement, si jaloux de s'entendre dire qu'il grandit et qu'il avance, s'accommodera d'une doctrine immuable et comme pétrifiée ? On compare souvent l'Église au rocher battu par la tempête. Belle comparaison, si l'on veut : mais l'humanité ne veut pas vivre en naufragée sur ce rocher immobile. Lancée qu'elle est par la main de Dieu sur l'océan des âges, ce n'est pas le rocher qu'il lui faut, c'est le navire : le navire voguant à pleines voiles, fendant rapidement et hardiment les ondes à la recherche de ses destinées, poursuivant, dans une marche majestueuse, tous les progrès de la vérité du bien et du bonheur !

L'Église est-elle le rocher, ou est-elle le na

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