Antwort auf das Schreibeu der Secretaire der Protestantischen Gesellschaft Peltat und Wilks London d. 1o. Dec. 1815 abgefaßt von dem Waldensischen Prediger zu Latour Herrn Bert.

1

Messieurs!

J'ai reçu en son

tems la circulaire

que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser, et qui vu son contenu et la teneur de l'adresse même feroit supposer que vous croyez encore les Eglises Protestantes du ci devant Departement du Pò incorporées avec les Eglises de France, si vous ne sa viez d'ailleurs que par le Traité de Páris de 1814 le Piemont a été rendu au Roi de Sardaigne, dont nous sommes ainsi redevenus les fideles sujets. Je ne regarde pas moins la reception de cette precieuse lettre, comme un bienfait de la Providence, qui m'ouvre, en repondant a' vos intentions expresses, une voye legitime pour faire connoitre a' votre Genereuse Societé, la situation d'un petit peuple qui malheureusement n'a que trop de rapports avec les Protestants de France, quoiqu'il ne fasse plus partie de ce pays.

L'Eglise de la Tour dont j'ai l'honneur d'être Pasteur, est une de ces Eglises Vaudoises du Piemont trop connues dans l'histoire des siecles passés par les longues, et cruelles persecutions que la Cour de Rome alors si puissante, et si intolérante, forçait en quelque sorte les Princes de sa Communion a' exercer contre tous ceux qui refusoient de se soumettre a' son Joug

Dés le 9me Siecle, les Vaudois repandus dans une grande Partie du Piémont et ailleurs, et confondus avec les Chretiens de lEglise universelle, sortirent de l'obscurité, en soutenant les protestations courageuses de l'Eveque Claude de Turin contre les innovations, et les erreurs progressives, introduites par les Papes: de lá des croisades et des proscriptions plus ou moins continuelles, qui diminuerent le nombre des Eglises Vaudoises, mais ne les aneantirent point.!relessl

Dans les Siecles suivants les Ducs de Savoje devenus maîtres du Pièmont durent suivre le S Sy steme ordonné par la Cour de' Rome: dela encore: l'Etablissement des inquisitions pour la destruction des pretendus hérétiques: delà des Edits severes, des massacres, et la restriction successive des pauvres Eglises Vaudoises, malgré fidelité, et leurs bonnes mœurs, recconnues mêmes par leurs Ennemis..

C'est à travers tant d'épreuves, et de maux que les Vaudois se maintinrent dans la purété de Doctrine, et de Culte Evangelique: La Réformation éclata à la fin, et leur suscita de puissants Protecteurs: Cromwel surtout somma notre Duc d'arrêter ses persecutions, et les Vaudois obtinrent un repit. Malheureusement les Intêrets politiques des Cours influerent sur les dispositions de notre Prince, et Louis XIV en révoquant l'Edit

de Nantes, entraina le Duc a' l'imiter au sujet des Vaudois. Geux-ci périrent par milliers, ou s'expatrierent. Mais que ne peut le desespoir dirigè par l'Amour du sol natal? Neufcent d'entr'eux se rassemblerent en Suisse, et en traversant la Savoye entrerent à mains armées dans leurs foyers, sous la conduite d'Henri Arnaud, l'un de leurs Pasteurs. Ils eussent néanmoins succombé sous les forces reunies de Louis, et du Duc, si une heureuse rupture survenue entre ces deux Princes. :. Guillaume III de glorieuse memoire, les Etats de Hollande, et les louables Gantons Evangeliques-Suisses, intercederent efficacement auprés du Duc pour les Vaudois, et ils rentrerent en foule dans leurs vallées. Ce ne fut pourtant qu' à des conditions rigoureuses. Des limites etroites leur furent prescrites, et ils se virent renfermés dans les vallons de Luserne de Perouse, et de S. Martin avec les Communes adjacentes de Pravustin, et de Rocheplate.

On leur permit l'exercice de leur Culte; mais leurs Temples ayant été dèmolis, il y eut des Communes à qui il fut défendu d'en rébatir des nouveaux: Celle de S. Jean en particulier qui en avoit un à peu prés au centre encore en 1704, dut en contraire un autre, a prés d'une heure de distance sur la Commune d'Angrogne, de même que le Presbytére, et une Ecole pour les enfants de la dite Commune de S. Jean. Défense fut faite au Pasteur de cette Eglise d'y remplir aucune fonction de son ministere, a' la resérve des visites aux malades, et les enfants devoient être transportés sur Angrogne pour y recevoir les S. Baptéme: de plus ce Pasteur ne pouvoit jamais passer la nuit, ou coucher dans cette Commune, et nous pouvons citer l'exemple du Pasteur Appia, qui sur

1

pris par le mauvais tems dans une métairie de S. Jean, qui lui appartenoit fut obligé de passer la nuit sur une Chaise: encore le lendemain fut il accusé par le Fisc, et dut il prouver qu'il n'avoit pas enfreint la loi a). 2 no

f

les

Ces entraves, il est vrai étoient particulieres à la Commune de S. Jean a), mais il y en avoit des Communes a tous les Vaudois. Les vallées de Laserne, Perouse," et S. Martin formées par torrents Pelis, Cluson, et Germanasque, n'é toient pas en entier la retraité des Evangeliques: T'habitation et la possession étoient interdites aux Vaudois dans les chefs- lieux et le territoire de plusieurs Communes de ces vallées. Nulle part aux emplois civils, même chez eux. Ils ne poul voient être ni Secretaires de Communes, ni Juges, ni Avocats, ni Medecins! Quelques places de Notaires furent accordées par faveur et encore à condition qu'ils ne fissent d'actes que pour les Religionnaires. L'administration des Communes Vaudoises respiroit le même Esprit. Les Catholiques devoient toujours composer les ou les des conseils - municipaux, et comme dans plusieurs de ces Communes il n'y avoit pas des Catholiques on on les empruntoit des Communes voisines, ou on élisoit des mendians, et des gens sans bien, ni aveu. Cet état de choses a' duré jusqu'a l'envahissement du Piemont par les Français en 1798. Les Ducs de Savoie en permettant aux Vaudois l'exercice de leur Religion dans leurs limites, avoient crû faire assez, et pourvurent point au maintien de ce Culte. Les Vaudois etoient trop pauvres pour y subvenir. L'Angleterre, et la Hollande y pourvurent. La Reine Marie, d'heureuse memoire, Femme du Roi Guillaume, fonda le Subside Royal pour le traitement des Pasteurs, et des Règens.

ગ્

L

Les Synodes Wallons établirent un Comité chargè d'envoyer annuellement un subside pour les Pauvres, les Veuves de Pasteurs, et Etablissement plus solide des Ecoles, Les Cantons Evangeliques, et la republique de Geneve, fixerent des pensions pour sept Etudiants, qui se voueroient au ministere b). Ce sont ces secours qui ont maintenu les Eglises Vaudoises jusqu'a' nos jours; secours dignes d'une éternelle reconnoissance, et qui furent même augmentés en Angleterre par la fondation du Subside National formé de la rente d'une Collecte génerale faite autour des années 1770. et 1772.

D

Pendant la durée, du 18. siecle, et à l'aide des protections effectives dont nous venons de parler, les Vaudois ont joui assez tranquillement de la tolérance religieuse qui leur étoit accordée par leurs Princes, abstraction faite de génes plus, ou moins sensibles, et locales, et qui tenoient a' l'arbitre de quelques Curés, ou Superieurs civils, fanatiques, ou mal intentionnés: abstraction faite encore de l'enlevement de quelques enfants, et d'un bon nombre de filles Vaudoises, que leurs, parens ont vainement reclamés.

A

Durant cette periode, les Vaudois fideles, autant que zelés pour leur Souverain ont servi avec distinction dans les guerres qu'il a soutenues;" mais comme si leur nom, seul devoit être un obstacle éternel a' leur avancement militaire, le maxi-, mum de cet avancement n'a jamais été pour eux, que celui de porte- enseigne dans les Troupes de ligne, tandis que, des Francois, et des Suisses protestants parvenoient aux grades de Colonels, etc., Enfin dans la derniere guerre occasionnée par la révolution de France en 1792, les Vaudois ont encore fait preuve de leur inviolable Fidelité au

་ ་ ་