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genre humain sa dignité. Non, non, le dixhuitième siècle n'est pas seulement une grande époque pour un grand peuple; il s'élève au milieu des peuples et des âges, comme une immense colonne de lumière, sur laquelle sont écrits tous les triomphes de la vérité sur l'ignorance, le fanatisme et les superstitions ; inévitable talisman devant lequel viendront se résoudre et se précipiter en limons grossiers tous les systèmes fondés sur de mysté rieuses erreurs, sur l'intervention des puissances fantastiques, et toutes ces théories politiques qui abrutissent l'homme sous un double servage, dont l'un lui interdit l'usage de la raison, l'autre l'usage de sa personne.

<< On put pressentir dès-lors toutes les inquiétudes, toutes les précautions de la tyrannie; mais on s'attendait peu à cette loiréglementaire qui, bientôt après, tournant en dérision le droit de penser et d'écrire, imposa au savant, au littérateur, la chaîne d'une inquisition insidieuse et fiscale. On vit un ministère, entouré d'une légion de censeurs, autorisant l'impression d'un livre, l'ar'rêtant, le confiscant avant la publication, dressant des procès-verbaux comme un ́im

pitoyable douanier, traitant comme une mar chandise de contrebande la plus sacrée des propriétés, et les auteurs comme des marchands qui n'ont pas payé la patente. . . . »

Mais il faudrait tout citer dans cet ouvrage. Partout on voit même force de raison et de style; finesse dans les aperçus, pensées profondes, et cette raison lumineuse qui enchaîne la conviction, qui élève l'ame du lecteur. M. P... n'est point de ces écrivains partiaux qui refusent tout mérite, qui blâment tout dans les actions de Bonaparte. S'il déplore les maux désastreux qu'ont produits son ambition extravagante, sa passion pour la vaine gloire, les moyens criminels qu'il a employés pourles satisfaire ; il rend justice à ses talens, à son génie et à son étonnante fortune. Après avoir soumis au tribunal de sa censure les principaux actes du règne de Napoléon, et en avoir tiré d'utiles leçons, il dit, en terminant son ouvrage : « Que manquera-t-il désormais à la nation française, libre sous l'empire des lois, exerçant les arts, jouissant du droit de penser et d'écrire, s'abandonnantà son industrieux génie? Rien, si nous savons jouir des biens dont la naturė

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nous comble et qu'une administration éclai rée nous garantira. Après une si longue période d'erreurs et de crimes, de tempêtes et de bouleversemens, sous quel abri la civilisation, la morale, la religion, tous les droits enfin devront-ils être placés?..... Cet abri, c'est une constitution libérale, légalement délibérée, librement acceptée, etc. » Quelques lecteurs mal disposés, en comparant l'état actuel des choses avec les expressions des vœux et des espérances de l'auteur, croiront trouver dans ces mots jouissant du droit de penser et d'écrire ; et dans ceux-ci : une constitution libérale, légalement délibérée, librement acceptée, des intentions épigrammatiques ; ils se tromperont. L'épigramme n'est point dans le caractère de cet ouvrage. C'est avant l'apparition subite de la constitution; c'est lorsque le gouvernement actuel répandait avec une généreuse profusion les espérances, que ces phrases ont été écrites. Si le trait frappe et blesse, ce n'est point l'auteur qui l'a lancé ; mais ce sont ces espérances trompées qui ont converti des expressions simples et louables en une ironie piquante.

RÉFLEXIONS

SUR

L'INTÉRÊT GÉNÉRAL DE L'EUROPE,

SUIVIES de quelques considérations sur la noblesse; par M. DE BONALD.

M.DE BONALD veut faire voir dans cet écrit par quels moyens le congrès de Vienne pourrait interrompre le cours des révolutions et des guerres qui, depuis trois siècles, n'ont pas cessé d'agiter l'Europe, et fonder sur des bases durables la paix intérieure des états et les rapports d'amitié entre les peuples. On voit que son objet ne manque ui de grandeur ni d'intérêt. Nous allons examiner jusqu'à quel point les moyens d'exécution répondent à la beauté du dessein.

Voici à peu près de quelle manière M. de

Bonald établit l'état de la grande question qu'il s'est proposé de résoudre.

Jusqu'au 15° siècle, dit-il, la chrétienté avait vécu sur deux principes, la religion et la monarchie. A la faveur de ce double lien qui unissait étroitement les peuples aux monarques, et les peuples et les monarques aux chefs de l'église, l'Europe ne formait qu'une grande famille, au sein de laquelle régnaient l'ordre et la tranquillité. Si cet heureux état de paix était quelquefois troublé par des guerres entre voisins, ces luttes passagères ne servaient qu'à développer les forces des états sans compromettre leur indépendance, et elles résistaient rarement à l'intervention du chef de l'église, père commun des peuples chrétiens et lien universel de la société europénne.

La réformation de Luther vint renverser cet ordre de choses. La moitié de l'Europe brisa les liens qui l'attachaient au Saint-Siége, et bientôt, parmi les peuples séparés de Rome, on établit en principe qu'il était des bornes à l'obéissance qu'on devait aux princes. La cour de Rome voulut défendre sa suprématie; la plupart des rois restés catho

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