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qu'il ne faut que du courage pour s'y sous

traire.

Si les Français ne sentaient pas aujourd'hui toutes les obligations qu'ils ont aux membres du conseil de guerre, ils ne peuvent manquer de les sentir un jour; et c'est l'espérance que nous en avons qui nous détermine à rapporter ici les noms des braves qui, en sacrifiant l'espoir de la faveur au maintien des droits de leurs concitoyens, ont acquis tant de droits à la reconnaissance publique.

MM. le comte d'Erlon, président, et les barons Teste et Dubreton, lieutenans-généraux; Bignon, colonel du 4. régiment d'infanterie de ligne ; les chevaliers Pernet, colonel, Larrey et Thiroing, juges; Prevost, vicomte de Gagemont, chef de bataillon, rapporteur; et Bavant, capitaine, procureur

du roi.

ENTERREMENT

DE Mle. RAUCOURT.

LES journaux ont annoncé la mort de ma demoiselle Rancourt; mais, d'après la li berté de la presse ministériellement garantie, ils ont gardé le plus profond silence sur la scène aussi scandaleuse que remarquable qui s'est passée à Saint-Roch, au sujet de cette célèbre comédienne.

Mademoiselle. Raucourt était une actrice d'un ordre supérieur; elle jouissait de l'estime générale. On rendait justice à ses talens, à sa probité et à la noblesse de ses sentimens. Depuis plusieurs années, elle avait pris un goût très-décidé pour la religion. On l'avait vue plus d'une fois abaisser sa dignité de reine tragique jusqu'au modeste rôle de quêteuse, solliciter avec une grâce irrésistible la bienfaisance des fidèles, et rapporter en

triomphe à son curé la bourse écclésiastique gonflée de charitables tributs. La cérémonie dispendieuse du pain béni n'étonnait point sa pieuse munificence, et souvent elle ajouta de ses propres deniers aux fonds destinés au soulagement des pauvres, et à l'entretien de l'autel et de ses ministres. Dans ces grandes occasions, elle était traitée avec une juste considération par le clergé de sa paroisse. Il n'y avait point de marguillier, si orgueilleux qu'il fût de sa dignité, qui ne tînt à honneur de lui présenter galamment la main, et de la conduire, précédée des bedeaux en grand uniforme, au banc des quêteuses. Elle y représentait avec une majesté dont la fabriqué de St.-Roch gardera long-temps la mémoire.

Le curé lui-même, le redoutable M. Marduel, s'humanisait en sa faveur, dînait quel quefois chez elle, et l'honorait de ses visites sur-tout aux époques solennelles. Le premier jour de l'an 1815, il avait apporté sa carte chez mademoiselle Raucourt; et celle-ci, suivant son usage, avait répondu par l'enyoi de soixante-quinze francs, somme destinée aux indigens de la paroisse.

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Cependant la mort qui promène partout sa faux, et ne montre pas plus de respect pour les reines de théâtre que pour les plus humbles confidentes; la mort est prête à frapper mademoiselle Raucourt. On demande au curé de Saint-Roch un prêtre pour l'assister à ses derniers momens. Le pasteur, informé que son ouaille, autrefois si chérie, n'a que peu d'instans à vivre, déclare que, l'agonisante étant excommuniće, il lui refuse son ministère, ainsi que celui de ses vicaires. Le lendemain, les amis de mademoiselle Raucourt vont informer de son décès le curé de Saint-Roch, et lui demander ses ordres pour la cérémonie de l'église; il répond, sans s'émouvoir, que la défunte étant niorte sans avoir abjuré sa profession de comédienne entre les mains d'un prêtre, il ne peut accorder à ses restes l'entrée du temple des chrétiens, ni permettre qu'aucune cérémonie religieuse soit faite à son

enterrement.

Les amis insistent; le curé signe son refus en s'appuyant d'une défense du chapitre métropolitain, et en ajoutant avec candeur qu'il

n'est qu'une sentinelle perdue..... On prend alors, pour éviter tout scandale, la résolution de faire passer mademoiselle Raucourt pour une protestante, et de porter son corps directement au lieu de la sépulture.

Le 17 janvier, toutes les personnes invitées au convoi se réunissent à la maison de mademoiselle Raucourt pour lui rendre les derniers devoirs. On leur rend compte de ce qui s'est passé la veille et de la détermination qui a été prise. Cette nouvelle révolte le bon sens de l'assemblée. Cette tentative imprudente de l'intolérance cléricale excite une juste indignation. « Sommes-nous donc >> revenus, disait-on, aux préjugés gothiques » du treizième siècle; et y a-t-il en France >> une autorité supérieure à celle des lois? On » nous parle d'excommunication, comme >> si des peines prononcées, dans des siècles » de barbarie, contre des bateleurs et des >> histrions sans avcu, pouvaient s'appliquer >> aux acteurs du Théâtre-Français, qui » jouissent de tous les droits de citoyens, » dont la plupart sont aussi recommandables >> par leurs qualités personnelles que par Censeur. TOME IV.

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