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maximes pompeuses qui ont un mélange de faux et de vrai, et qui donnent à une question, simple en elle-même, un air de profondeur et de mystère politique. L'intérêtdes individus, dit-on, doit céder à l'intérêt public. Mais ici qu'est-ce que cela signifie? Chaque individu n'est-il pas partie du public autant que chaque autre? Cet intérêt public que vous personnifiez n'est qu'un terme abs-' trait il ne réprésente que la masse des intérêts individuels. Il faut les faire tous entrer en ligne de compte, au lieu de considérer les uns comme étant tout, et les autres comme n'étant rien. S'il était bon de sacrifier la fortune d'un individu pour augmenter celle des autres, il serait encore mieux d'en sacrifier: un second, un troisième, jusqu'à cent, jusqu'à mille, sans qu'on puisse assigner aucune limite car, quel que soit le nombre de ceux : que vous avez sacrifiés, vous avez toujours la même raison pour en ajouter un de plus. En un mot, l'intérêt du premier est sacré, ou l'intérêt d'aucun ne peut l'être.

>> Les intérêts individuels sont les seuls intérêts réels. Prenez soin des individus, ne Censeur. TOME IV.

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les molestez jamais, ne souffrez jamais qu'on les moleste; et vous aurez fait assez pour le public...... Dans une foule d'occasions, des hommes qui souffraient par l'opération de quelque loi, n'ont pas osé se faire entendre, ou n'ont pas été écoutés à cause de cette obscure et fausse notion que l'intérêt privé doit céder à l'intérêt public; mais si c'était une question de générosité, à qui convient-il mieux de l'exercer, à tous envers un seul, ou à un seul envers tous?

>> Une famille serait-elle plus riche, parce que le père aurait tout ôté à l'un de ses enfans pour mieux doter les autres? Et même dans ce cas, le dépouillement d'un fils grossirait l'héritage de ses frères; le mal ne serait pas en pure perte, il produirait un bien quelque part. Mais quand il s'agit du public, le profit d'une place supprimée se répartit entre tous, tandis que la perte pèse toute entière sur un seul. Le gain réparti sur la multitude se divise en parties impalpables; la perte est toute sentie par celui qui la supporte à lui seul. Le résultat de l'opération, c'est de ne point enrichir la partie qui gagne et d'appau

vrir celui qui perd. Au lieu d'une place sup primée, supposez en mille, dix mille, cent mille, le désavantage total restera le même. La dépouille prise sur des milliers d'individus doit se répartir entre des millions. Vos places publiques vous présenteront partout des citoyens infortunés que vous aurez plongés dans l'indigence; à peine en verrez-vous un seul qui soit sensiblement plus riche, en vertu de ces opérations cruelles. Les gémissemens de la douleur et les cris du désespoir éclateront de toutes parts; les cris de joie, s'il y en a de tels, ne seront pas l'expression du bonheur, mais de l'antipathie qui jouit du mal de ses victimes. Ministres des rois et des peuples, ce n'est pas par le malheur des individus que vous ferez le bonheur des nations. L'autel du bien public ne demande pas plus de sacrifices barbares que celui de la divinité. Souvenez-vous que les larmes de la douleur sont brûlantes. Vous n'en composerez jamais un breuvage qui désaltère : elles contiennent un poison corrosif qui dévorera vos entrailles. »

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....

« La Vendée n'offrait plus que des champs ra-
vagés, que des bourgades désertes, des moulins
et des fermes incendiés. Cependant tout ce qui
respirait sur ces monceaux de ruines ne vivait
plus que pour la haine et la vengeance. Les
villages, les villes et les châteaux se liguaient
pour s'entr'aider dans le brigandage. Les chouans
se formaient en troupes sous des chefs subor-
donnés entre eux; ils quittaient les armes à
l'approche d'un corps nombreux de républi-
cains; ils commandaient le silence sous peine
d'un supplice inévitable à tous ceux qui auraient
pu les déceler; ils s'avertissaient, par différens
signaux, des troupes qu'il fallait éviter, et de
celles qu'on pouvait surprendre. Dans leurs tra-
vaux champêtres, ils ne perdaient pas l'occa-
'sion d'un meurtre, si un soldat républicain
s'offrait à leurs regards : ils portaient le fusil
en conduisant la charrue, et souvent ils arro
saient de sang le sillon qu'ils creusaient; c'était
sur-tout contre les prêtres assermentés, contre
les acquéreurs de domaines nationaux qu'ils

employaient tous les raffinemens de la barbarie. Ils surprenaient rarement une ville sans ranconner ses habitans; ils égorgeaient tous ceux qui étaient désignés à leur haine; ils connaissaient, par le moyen d'agens qu'ils soudoyaient dans la capitale, les sommes qu'attendait ou qu'envoyait le trésor public; ils sortaient en armes d'une forêt ou d'un château pour attaquer le courrier ou la voiture publique qui portaient Tel était ce plan formi

ces sommes.

......

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dable qui justifiait, appelait, et payait tous.
les crimes
Tous ces chouans sem-
blaient un peuple descendu des flibustiers ».
(Précis historique de la révolution française,
directoire exécutif; par LACRETELLE jeune,
deuxième édition, tome 2, pag. 339 et suivantes.

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On a beaucoup parlé, depuis un mois, du mouvement qui a eu lieu à Rennes, le 10 janvier dernier, à l'occasion des récompenses qu'un maréchal-de-camp, ancien chef de chouans, envoyé par le ministre de la guerre, avait été chargé de distribuer publiquement à ceux de ses anciens compagnons qu'il en jugerait le plus dignes. Nous ne pouvons mieux faire connaître cet événement à nos lecteurs, et les mettre à même

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