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IV. PARTIE.

BULLETIN.

FRANCE.

7 Janvier. -1° Mars 1815.

POLITIQUE EUROPÉENNE.

Tous les regards sont tournés vers le congrès de Vienne, vers ce sénat de rois qui devaient, par , par leur sagesse et leur modération, faire le bonheur des peuples, assurer leur indépendance, et préparer à l'Europe un long avenir de paix et de prospérité. On sait que les négociations, les conférences diplomatiques sont très-actives; mais jusqu'ici les

résultats n'ont pas répondu aux espérances qu'on avait conçues. La chronique du congrès nous a fait connaître dans le plus grand détail les parties de plaisirs, les bals, les eourses de traîneaux qui ont amusé les loisirs des hautes puissances alliées; mais les résolutions politiques, les décisions importantes sont toujours couvertes d'un nuage épais. Il semble qu'on redoute le moment où elles seront entièrement dévoilées au public.

Une seule chose est bien connue, c'est la violation de tous les principes à l'égard de l'état de Gênes. Cette république, délivrée du joug de Napoléon, se réjouissait d'avoir recouvré son antique liberté. Une perspective flatteuse s'ouvrait pour elle dans l'avenir. Elle espérait voir revivre ces temps où son industrie fleurissait à l'abri des lois, et où son pavillon indépendant protégeait son commerce et sa prospérité. Tandis que les Génois se berçaient de ce doux espoir, les hautes puissances décidaient de leur sort. Une résolution du congrès les soumet au pouvoir du roi de Sardaigne, et les prive de tous leurs

droits. C'est en vain qu'ils les ont réclamés dans une protestation pleine de force et d'éloquence; c'est en vain qu'ils ont invoqué la justice et les premières maximes de la morale; c'est en vain qu'ils ont rappelé aux membres du congrès leurs promesses et leurs déclarations solennelles. Leurs demandes, leurs prières, leurs protestations, ont été rejetées. Malheureusement ils n'ont pas deux cent mille hommes sur pied pour appuyer leurs justes réclamations; et comme, dans ce siècle de lumière, la force paraît être la mesure du droit, la république de Gênes gémira sous un joug odieux, jusqu'à ce que de nouvelles, circonstances lui permettent de reconquérir sa liberté.

Comment se fait-il que les journaux français qui ont publié les protestations des Polonais pour la conservation de leur indépendance, et les vœux des Saxons en faveur de leur légitime souverain, aient gardé le silence sur les réclamations des malheureux Génois? Que signifie cette politique tortueuse et malhabile qui cherche à dérober à la connaissance du public ce qui pourrait l'éclairer sur la situa

tion réelle de l'Europe et sur les projets des puissances prépondérantes? A-t-on oublié qué ce silence des journaux était l'un des reproches les plus justes et les plus amers que l'on adressait à Bonaparte? Sommes-nous donc destinés à tourner sans cesse dans le même cercle de folie et d'erreur, et l'exil`de la raison sera-t-il éternel?

Voici cette note importante du gouvernement de Gênes adressée aux puissances. étrangères, et remise à leurs agens le 26 décembre 1814. Cette pièce historique doit être lue avec attention. Elle dévoile toute la politique du congrès, et prouve que la justice et l'intérêt des peuples sont des élémens étrangers au système des puissances alliées. Elle est conçue en ces termes :

« L'espoir de rendre à notre chère patrie sa splendeur primitive, nous avait fait accepter les rênes du gouvernement. Tout paraissait justifier notre attente; les proclamations d'un général anglais, trop généreux pour mettre en avant le droit douteux de conquête; les prérogatives imprescriptibles d'un peuple dont l'indépendance se rattache au

commencement de son histoire, et forme une des bases de l'équilibre de l'Italie, ga+ ranti dans le dernier traité d'Aix-la-Chapelle ; l'évidente nullité de sa réunion à un empire oppresseur, puisque l'on y admit le principe

que

le consentement des habitans était indispensable, et que l'on compta néanmoins comme ayant donné leur voix favorable tous ceux qui n'avaient point voté la dissolution de cet empire; et par dessus tout, la garantie des hautes puissances alliées, déclarant, à la face de l'univers attentif et reconnaissant, qu'il était temps que les gouvernemens respectassent leur indépendance réciproque, et qu'un traité solennel, une paix générale allaient assurer les droits, la liberté de tous rétablir l'ancien équilibre en Europe, garanti r le repos et la liberté des peuples, et prévenir les envahissemens qui, depuis tant d'années ont désolé le monde.

» Après ces déclarations mémorables; après une administration assez heureuse pour r'ouvrir les premières sources de la prospérité nationale; après que l'état a repris, sans obstacle, toutes les marques de la souveraineté,

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