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ciennes institutions, des anciennes habitudes et des préjugés qu'on ne saurait détruire toutà-coup sans porter atteinte à la civilisation.

Ce qui a prolongé les troubles de la France, c'est l'impossibilité de l'établissement de la pairie dès le commencement de la révolulution. Sous Louis XVI, les possesseurs de grandes fortunes et de grands noms étaient opposés aux changemens du gouvernement et ne pouvaient pas être employés à arrêter la tendance de la royauté vers le despotisme; ils lui auraient au contraire donné de nouvelles forces; et, avec une telle pairie, la liberté de la nation n'aurait pu s'établir. La chambre des pairs a donc dù manquer à nos premières institutions; et, par cela seul, la partie démocratique du gouvernement a dû culbuter la partie royale. La France se trouve aujourd'hui dans une meilleure position. Le cours de notre révolution a mis en évidence des noms ignorés autrefois, et de nouvelles réputations acquises à juste titre qui peuvent fournir les élémens de la pairie. Quelques noms fameux dans l'ancienne monarchie peuvent être mêlés dans cette institution avec.

les nouveaux ; mais si la balance n'est

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pas en faveur de ceux-ci, la pairie penchera trop vers la royauté et cherchera à culbuter la partie démocratique ; ainsi le but serait manqué, et nous tomberions dans le despotisme, ou nous serions entraînés dans de nouvelles révolutions.

En rapprochant la révolution d'Angleterre de la révolution Française, on s'aperçoit que l'Angleterre a été mieux servie que nous par le hasard. Les nobles et le peuple étaient réunis contre la royauté; ainsi les Anglais eurent de suite les élémens propres à former leur pairie; et si leur révolution s'est prolongée si long-temps, c'est que la royauté ne voulut pas se tenir dans les limites de son pouvoir ; sa lutte opiniâtre fit chasser les Stuart et appeler sur le trône le prince d'Orange, qui, étranger à tous les partis, laissa à chaque chambre ses pouvoirs, et sut se contenir dans les limites de la royauté parlementaire ; c'est lui qui consolida le gouvernement anglais, qui fait aujourd'hui notre envie, et qui a porté cette nation au plus haut degré de gloire et de prospérité. L'histoire du passé

peut faire naître bien des réflexions; et la France devrait profiter des leçons de l'expérience que nous fournit celle d'un peuple voisin. Nous n'avons pas à craindre de retomber sous le despotisme : l'opinion prononcée de la nation et celle de tous les peuples de l'Europe qui tendent à améliorer leurs gouvernemens nous en donnent une garantie assurée; mais nous pouvons avoir encore de nouvelles secousses qui prolongeraient nos malheurs, et probablement elles n'amèneraient aucun changement dans nos institutions; elles ne feraient que déplacer les élémens nuisibles à la marche du gouvernement parlementaire qui nous paraît avoir fixé les vœux de la nation.

DES MARCHES RÉTROGRADES.

Quin'a pas l'esprit de son age, dit Voltaire, de son áge a tout le malheur. Cette maxime que Voltaire applique aux individus, peut également s'appliquer aux peuples. Il est certain que les lois, les institutions, les gouvernemens qui leur conviennent dans un temps, peuvent fort bien ne pas leur convenir dans un autre. Le désir et le besoin des innovations est l'effet naturel de ce défaut d'harmonie entre les anciennes lois, les anciennes institutions, et l'état actuel des mœurs, des opinions, des habitudes. Persévérer alors dans les vieilles formes, les vieilles routines; s'opposer au torrent irrésistible qui les entraîne; les rappeler, sous le prétexte qu'elles ont été bonnes dans d'autres temps, c'est n'avoir pas l'esprit de son âge, c'est en avoir tout le malheur.

Un écrivain qui, le premier, a cherché à

prouver, d'après les documens historiques, que le monde ne va pas toujours en empirant, comme le prétendent quelques esprits moroses; cet écrivain, disons-nous, examine jusqu'à quel point est fondée la doctrine de Machiavel, qui dit que, pour qu'un état subsiste long-temps, il est nécessaire de le rappeler souvent au principe de son institution. « Il me semble, dit-il, que presque » tous les états ayant été établis dans des cir> constances opposées à celles où ils se trou>> vent ensuite par le laps de le laps de temps, il serait >> inutile et même nuisible de recourir à » un pareil remède. C'est que tout change>ment dans un état n'est pas la marque cer»taine de la corruption du peuple c'est » que toutes les variations qu'éprouvent les >> circonstances, peuvent et doivent même >> influer beaucoup sur le gouvernement. » Une nation barbare et féroce peut deve» nirt commerçante et agricole, tandis qu'une >> nation commerçante deviendra guerrière : » il faut donc bien distinguer dans les chan» gemens de gouvernement ce qui appar» tient à la nature des choses, et ce qui ap

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