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s'associèrent pour faire les frais de l'entreprise. Le prospectus fut lancé : il avait été écrit par Diderot, qui indiquait à grands traits l'objet et le but de la publication. L'ouvrage était intitulé: Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société de gens de lettres.

C'était en 1750. Le premier volume devait paraître l'année suivante.

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ÉTAT POLITIQUE et moral de la france Au

MOMENT OU ELLE PARUT.

La France, vers le milieu du dix-huitième siècle, ne ressemblait guère à ce qu'elle avait été dans la seconde moitié du siècle précédent. Un grand changement s'était accompli; tout était transformé : les idées, les croyances, les mœurs et plus encore la littérature, qui est toujours, comme on l'a dit, l'expression plus ou moins fidèle de la société. Les institutions, il est vrai, étaient encore les mêmes; c'est que les institutions ne meurent pas en un jour et qu'elles restent longtemps

debout, lors même que la vie s'est retirée d'elles, à moins que quelque violente secousse ne les déracine brusquement du sol et ne disperse au loin leurs débris.

On sait ce que fut le règne de Louis XIV, qui a été si vanté et si décrié tour à tour : une imposante et formidable discipline au profit de la religion et de la royauté, liées l'une à l'autre, comme deux branches du même arbre, et vivant, pour ainsi dire, de la même vie. Cette discipline avait pénétré partout; elle avait envahi toutes les parties du corps social; et, comme elle avait su revêtir une forme brillante, elle donnait une sorte de grandeur à la servitude universelle des esprits et des caractères. On eut ainsi une double dictature, politique et religieuse, qui courbait à la fois toutes les volontés.

Les lettres qui devraient être si fières, mais qui, depuis Virgile jusqu'à nos jours, n'ont été trop souvent que les complaisantes d'Auguste et les servantes de sa fortune, pliaient sous la loi commune et ne jouissaient d'aucune indépendance. Elles se contentaient de faire partie de la suite royale. C'était comme un ap

pendice de Versailles, une sorte de nouveau palais bâti à la gloire du maître. D'ailleurs, satisfaites de la perfection qu'elles s'étaient donnée, en faisant du patois informe de Villon un des plus beaux instruments de la pensée humaine, elles vivaient, tranquilles et sereines, dans la contemplation du présent. Si elles en sortaient quelquefois, ce n'était guère que pour faire des excursions dans l'antiquité, qui leur avait fourni de si beaux modèles. Elles n'avaient aucune idée, aucun pressentiment de l'avenir, ou du moins elles ne s'en inquiétaient pas. La Salente de Fénelon, ce doux et charmant esprit, n'était qu'un rêve solitaire, tourné d'ailleurs vers l'antiquité. Les idées de Bois-Guillebert et de Vauban avaient un caractère plus moderne, mais elles se renfermaient dans des questions spéciales et elles ne devaient trouver aucun écho.

Il y avait, pour parler la langue de nos jours, une force autrement révolutionnaire dans la Méthode de Descartes, ce chef de conjurés (1), comme l'appelle si heureusement

(1) Encyclop., Discours préliminaire.

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