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truire lui-même par les excès auxquels il se livre. Louis XIV savait donner à ses plaisirs et même à ses vices un certain air de grandeur, qui sauvait la majesté du souverain. Il n'en est pas ainsi de Louis XV, dont l'âme est moins haute et moins fière, et qui se contente de jeter un vernis d'élégance sur ses voluptés. C'est assez pour le rendre aimable, plus aimable que son prédécesseur, ce qui n'était pas bien difficile; mais la royauté y perd plus qu'elle n'y gagne; elle va d'ailleurs s'avilir bientôt par des débauches dont elle n'avait pas encore donné l'exemple, et se compromettre saus retour aux yeux de la nation.

Cet affaiblissement de l'autorité politique et religieuse ne peut que favoriser l'émancipation des esprits tenus si longtemps sous le joug. Des idées nouvelles commencent à se montrer, et la littérature les répand dans toute la France.

Les lettrés ont subi aussi une véritable transformation: elles n'ont plus la grandeur sereine qu'elles avaient au dernier siècle, elles ont perdu de leur beauté; mais en s'éloignant de Versailles, où elles faisaient la cour

au roi, pour se rapprocher de la foule, elles ont conquis une liberté et une indépendance d'allures qui leur manquaient : elles sont déjà une puissance, ou du moins elles ne tarderont pas à le devenir. On parle des gens de lettres, nom encore tout nouveau, comme d'un des ordres de l'État. Le moment n'est pas éloigné où d'Alembert et Diderot, s'adressant au marquis d'Argenson, se serviront de ce terme ambitieux, mais que les événements semblent justifier chaque jour: la nation des gens de lettres (1).

Ce rôle social de la littérature, qui n'avait été jusqu'alors qu'une sorte de spectacle pompeux destiné aux plaisirs des grands, prépare et seconde l'avénement d'une opinion. publique avec laquelle il faudra compter. L'infériorité des formes littéraires par rapport à celles du siècle précédent, qui sont plus correctes et plus achevées, contribue à rendre ce mouvement plus prompt et plus facile. Le livre est moins grave, moins solennel et moins. parfait, il dégénère souvent en pamphlet;

(1) Encyclop., v. la Dédicace.

mais aussi sa marche est plus vive et plus rapide c'est un meilleur messager des idées. L'art, d'ailleurs, n'a pas autant disparu qu'on pourrait le croire; seulement il s'est transformé, afin d'agir davantage sur les esprits. Quels merveilleux écrivains que Voltaire et Montesquieu, par exemple, sans parler de tant d'autres qui marchent à leur suite, s'ils ne les égalent pas! Et comme ils s'emparent du public, justement séduit par tant de charmes!

Voilà le milieu où l'Encyclopédie va se produire. Elle doit y rencontrer naturellement des obstacles de toute sorte, parce qu'elle va s'attaquer à des passions, à des idées ou à des intérêts de castes et de sectes, qui se sentent menacés et qui ne veulent pas se laisser abattre. Mais qu'importent ces obstacles? Ils ne sauraient l'arrêter. Le temps lui est favorable, et le terrain semble avoir été préparé tout exprès pour elle.

III

HISTOIRE DE SA PUBLICATION

C'est en 1751 que parut le premier volume de l'Encyclopédie; le dernier ne fut publié qu'en 1771, c'est-à-dire vingt ans après. La publication fut interrompue deux fois. Suspendue d'abord en 1757, elle ne fut reprise que l'année suivante. Frappée de nouveau en 1657, elle dut attendre près de huit ans pour pouvoir reparaître. Il fallut, pour la mener à terme, toute la persévérance de Diderot, soutenu et secondé par de puissantes influences. Toutes les mesures avaient été prises pour

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