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rait d'offrir de l'intérêt. Un siècle nous sépare de ces hommes et de ces noms, qu'il serait difficile de rajeunir et de faire revivre pour nos contemporains. D'ailleurs, et c'est là surtout ce qui importe, le lecteur maintenant doit rester convaincu qu'en dehors même des grands écrivains ou des écrivains secondaires qui se groupèrent autour de d'Alembert et de Diderot pour les aider dans leur entreprise, il y eut dans tous les rangs et dans toutes les classes une foule d'hommes spéciaux, et par là même des plus compétents, qui apportèrent généreusement à l'Encyclopédie le tribut de leurs connaissances.

La plupart des rédacteurs ne signaient point leurs articles. On trouve au bas des sujets que Voltaire a traités : Monsieur de Voltaire; et il en est ainsi de quelques autres qui n'avaient pas en général les mêmes droits à l'attention du public. Les articles de d'Alembert et de Rousseau sont suivis d'une lettre de l'alphabet qui ne répond pas à l'initiale de leur nom, mais dont on trouve la clef au commencement du premier volume. Ceux qui ne portent aucune indication doivent être attribués,

sinon en entier, du moins en partie à Diderot; la plupart furent écrits par lui; quant aux autres, i les retoucha ou il en prit la responsabilité. Il faut remarquer cependant que les articles fournis par Turgot ne portent ni signature ni indication d'aucun genre.

Quelques-uns de ces écrivains étaient déjà très-âgés quand la publication commença. Le plus vieux était Lenglet-Dufresnoy, qui était né en 1674. Condorcet fut le plus jeune : il ne remontait qu'à 1743. Plusieurs moururent avant la fin de la publication, Lenglet-Dufresnoy entre autrês, Montesquieu et Dumarsais, pour ne parler que des noms les plus connus. Mais à peine un vide s'ouvrait-il dans leurs rangs qu'il était rempli. Morellet est le seul des Encyclopédistes qui ait vécu jusqu'à nos jours. Il n'est mort qu'en 1819, à l'âge de quatre-vingt-douze ans.

C'était, comme on vient de le voir, un vaste concert des forces intellectuelles de la France, une sorte de conjuration scientifique et littéraire, qui fut provoquée par l'amour de la vérité, et à laquelle prirent part les meilleurs esprits de l'époque. « Pour étendre l'empire

des sciences et des lettres, avait dit Bacon, il serait à souhaiter que des rapports s'établissent entre les gens instruits de chaque classe. Leur concours jetterait une lumière éclatante sur le monde des sciences et des lettres. Oh! la merveilleuse conspiration! Il viendra un temps où les philosophes s'inspireront de cette idée et prendront cet essor. » Le jour entrevu par Bacon était arrivé.

V

OBJET ET PLAN DE L'ENCYCLOPÉDIE

L'Encyclopédie, dans la pensée de ses fondateurs et des écrivains qui s'associèrent à leur entreprise, avait un double objet devait d'abord, comme s'exprime d'Alembert,

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elle

exposer, autant que possible, l'ordre et l'enchaînement des connaissances humaines; "> elle devait ensuite, comme d'Alembert dit encore, contenir sur chaque science et sur chaque art, soit libéral, soit mécanique, les principes généraux qui en sont la base, et les détails les plus essentiels qui en font le corps et la substance. »

C'était le seul moyen de répondre au double titre du livre et à l'idée qui l'avait conçu.

On trouve dans le discours qui sert de préface à l'ouvrage, et qui en est l'un des plus beaux ornements, la généalogie et la filiation de nos connaissances. D'Alembert y divise toutes les notions en deux classes, les notions directes qui nous viennent par les sens et qui entrent dans l'âme sans aucune intervention de la volonté, et les notions réfléchies que l'esprit acquiert en opérant, par un mouvement interne, sur les notions directes, qui sont comme les matières ou l'étoffe de toutes nos conceptions ultérieures.

Il s'agissait de retrouver cet ordre et cet enchaînement dans le cours même de l'ou

vrage.

Rien de plus facile, si les auteurs avaient fait de chaque art et de chaque science un dictionnaire particulier. Mais cette méthode présentait des inconvénients qu'ils voulurent éviter elle entraînait des répétitions plus ou moins fastidieuses, et elle devait être moins commode pour le lecteur qui, voulant faire des recherches, serait moins exposé à s'égarer s'il

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