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l'opinion Nationale s'étoit emparée. Et comme cette même queftion étoit un fujet de conflit entre les trois Ordres l'Affemblée des Notables, composée prefqu'en entier de Prélats, de Grands Seigneurs & de Nobles, ne pouvoit pas donner à fa décifion le refpectable fceau de l'impartialité (1).

Enfin, il étoit connu que le premier Bureau des Notables avoit été favorable au vœu du Tiers-Etat; que plufieurs perfonnes encore, & des plus diftinguées par leur leur naiffance,

rang

& par

avoient fait partie de la minorité dans d'autres Bureaux; & l'on citoit par-tout

(1) Cette Affemblée étoit compofée de

7 Princes du Sang,

15 Archevêques ou Evêques,

38 Hommes titrés,

12 anciens Miniftres ou Confeillers d'Etat,

38 Membres des Cours Souveraines,

16 Députés des Pays d'Etats. Tous, un ou deux exceptés, Eccléfiaftiques, Gentilshommes & Anoblis.

1 Le Lieutenant Civil,

25 Chefs Municipaux des Villes. Tous, à quatre ou cinq près, Nobles ou Anoblis.

152 Tome I.

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que MONSIEUR, frère du Roi, avoit déclaré dans son avis, qu'il croyoit juste & raifonnable d'accorder au Tiers-Etat autant de Députés qu'aux deux premiers Ordres réunis.

Que pouvoient fignifier près de ces circonftances & le compte des voix & le calcul des fuffrages? Un résultat en majorité, dans une Affemblée de cent cinquante perfonnes, n'étoit visiblement d'aucun poids, mis en balance avec cette masse formidable d'opinions & de volontés qui prenoit chaque jour un nouvel accroiffement (1).

(1) On remarqua dans le tems, que, malgré la compofition toute Nobiliaire des Notables, dix voix tournées auroient fuffi pour donner à l'avis de MONSIEUR autant de Bureaux qu'à l'opinion contraire. Le calcul eft facile à faire. Il y avoit fix Bureaux: le premier, celui de MONSIEUR, fe montra favorable au Tiers-Etat, & aux deux fuivans la minorité dans chacun fut de huit contre feize.

Qu'eût-ce été fi l'Affemblée des Notables eût été compofée, au tiers feulement, d'hommes choifis dans les Communes?

LES Notables fe féparèrent avant d'avoir pu connoître l'efpèce d'explosion que produifit leur avis, relativement au nombre des Députés des trois Ordres ; & probablement elle eût fait furieux la même fenfation que fur le Parlement de Paris, s'ils en avoient été les témoins. Je doute même, & avec de bonnes raifons, que la majorité des Notables eût été contraire au vœu du Tiers-Etat, fi le Gouvernement avoit cherché à travailler leur opinion; mais le Roi voulut qu'on s'en abftînt: il me le témoigna du moins, & je fais connoître ici, pour la premiere fois, le motif de la réserve que j'observai conftamment avec les Notables; réserve dont les uns me faifoient un tort, & les autres un mérite. J'ajouterai feulement, que la recommandation du Roi ne me parut pas contraire à fes intérêts. On fe donnoit le tems de voir le cours de l'opinion publique, d'observer ses progrès & de juger de fa force; & le Confeil laiffant agir les

Notables, fans s'affocier à leurs délibérations, ménageoit au Roi l'occasion de faire un peu plus qu'eux en faveur du Tiers-Etat, & d'acquérir ainfi, s'il le vouloit, s'il y étoit appelé par les circonftances, un titre plus formel à la reconnoiffance de la plus grande partie de la Nation.

pas

ON a demandé pourquoi le Gouvernement, en s'écartant de l'avis des Notables fur le nombre des Députés du Tiers-Etat, a refpecté leurs autres confeils, & n'a impofé, contre leur opinion, la néceffité d'une propriété & d'une propriété importante aux Représentans des trois Ordres; condition qui auroit éloigné les Curés des Etats-Généraux & qui auroit obligé les Communes du Royaume à dépofer leurs intérêts en de meilleures mains ? On ajoute, mais par fimple préfomption, que les Notables n'auroient pas rejeté, cette condition, n'auroient pas détourné

le Confeil de l'adopter, s'ils euffent imaginé que le nombre des Députés du TiersEtat, feroit mis en parité avec le nombre des Députés des deux premiers Ordres. Tout eft fiction dans cette présomption. Les Notables n'ont point uni ensemble, n'ont point examiné d'une manière parallèle, les questions relatives au nombre refpectif des Députés des trois Ordres & aux conditions qu'on pouvoit imposer à la Représentation Nationale; mais ils l'euffent fait, qu'une telle marche de leur part n'auroit ni changé ni dû changer les mefures adoptées par le Gouvernement.

Le Roi pouvoit fans inconvénient s'écarter de l'avis des Notables, dans une question où leur avis étoit en oppofition avec le vœu National.

Il ne le pouvoit pas, dans une question où leur avis étoit conforme à ce vœu.. Jamais on n'avoit impofé la preuve d'une propriété aux Députés du TiersEtat & aux Députés de l'Eglife, & les

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