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Choix de Versailles pour la tenue
des Etats.

LE Roi fixa le raffemblement des Etats-Généraux à Verfailles, & tout le monde alors approuva fa détermination. C'eft après des événemens, hors de toute attente, qu'on a demandé fi l'on n'auroit pas mieux fait de réunir les Députés des trois Ordres à une distance de Paris beaucoup plus grande. Mais, au commencement de 1789, on craignoit uniquement les difpofitions des Provinces contre les nombreux Créanciers de l'Etat, & l'on ne ceffoit de dire que l'opinion de Paris pouvoit feule servir de fauve-garde à la dette publique. Le Gouvernement témoin de ces inquiétudes devoit-il s'y montrer indifférent ? Etoit-ce d'ailleurs une chofe fimple que de transporter le fiège de l'Administration à cinquante lieues de la capitale, dans un tems où la pénurie du Trésor

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Royal & les fignes alarmans d'une grande difette, exigeoient une affiftance journalière au lieu central des reffources & des gens d'affaires.

Les derniers Etats-Généraux en 1614 s'étoient tenus à Paris (1). Louis XVI devoit-il montrer plus de défiance que Marie de Médicis? Le devoit-il au milieu des profufions d'amour & de reconnoiffance qui lui venoient de la part du TiersEtat? Les lettres adreffées dans ce tems là & au Monarque & à fes Miniftres témoigneroient, encore aujourd'hui, du dévouement fans bornes dont les Villes & les Communautés faifoient alors profeffion & pour le Prince & pour le Gou

vernement.

Je n'ai point oublié qu'à mon retour au Ministère en 1788, le Roi, perfon

(1) Ce fut le féjour de Louis XI & de fon Succeffeur au château du Pleffis-les-Tours qui décida la convocation des Etats dans la ville de Tours, vers la fin du xv. fiècle. Tous les précédens, à une exception près, avoient été raffemblés à Paris.

nellement offenfé de la conduite de la Nobleffe de Bretagne, croyoit devoir fortifier fon autorité de l'attachement du Tiers-Etat. Etoit-ce un fentiment fi nou

veau de la part des Monarques François ? Etoit-ce le Tiers-Etat qui les avoit réduits à être, aux derniers tems de la feconde race, des Rois fans domination & de fimples Seigneurs de Soiffons, de La Fère & de Laon? Etoit-ce le Tiers-Etat qui les avoit obligés, durant trois fiècles, à partager leur Autorité avec tous les feudataires de la Couronne? Et ne devoient-ils pas à l'appui des Communes la reprise de leur Pouvoir & le rétablissement de leurs droits? Cet appui ne leur fut-il pas encore néceffaire, pour réprimer de nouvelles ufurpations, pour étouffer entièrement le germe renaissant de l'ambition des Grands, & pour éteindre une espérance dont on apperçut les derniers veftiges fous Henri IV, lorfque le Duc de Montpenfier vint de

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mander au Roi de rétablir, en faveur des Gouverneurs de Province l'ancienne Conftitution féodale? Louis XI ne difoitil pas fans-ceffe, qu'il préféroit l'attachement des Bourgeois à la foi douteuse des Grands; & ce Prince, qui relevoit en toute occafion le Tiers-Etat, a-t-il laiffé la réputation d'un Monarque inexpert en autorité ? Le principe de la Souveraineté du Peuple, par qui fut-il mis en avant pour la première fois ? Les monumens de l'Histoire n'en accufent pas le TiersEtat, mais les Princes Lorrains, qui vouloient donner de la puiffance au vœu de la Nation, & fe fervir de ce vœu pour commencer une nouvelle Dynastie. Enfin, nous refferrant dans les Etats-Généraux de 1614, eft-ce le Tiers-Etat qu'on y vit occupé de foutenir l'autorité fuprême de l'Eglife & de rendre au Souverain Pontife le droit de difpofer des Couronnes? Non, fans-doute, & tandis que le Clergé propofoit, adoptoit ces principes, tandis que

l'Ordre de la Nobleffe avoit la foibleffe d'y adhérer tacitement, les Députés du Tiers-Etat y oppofoient une résistance inébranlable. Et voici littéralement les maximes mémorables qu'il profeffa dans cette Affemblée Nationale, la dernière de toutes avant 1789.

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« Que pour arrêter le cours de la per»nicieuse doctrine qui s'introduit, depuis quelques années, contre les Rois & » Puiffances Souveraines établies de Dieu, par des efprits féditieux qui ne » tendent qu'à les troubler & fubvertir, » le Roi fera fupplié de faire arrêter en » l'Affemblée de fes Etats, pour loi fon»damentale du Royaume, qu'il foit invio»lable & notoire à tous, que comme il » eft reconnu Souverain en fon Etat, ne » tenant fa Couronne que de Dieu feul, » il n'y a Puiffance en Terre, quelle qu'elle » foit, fpirituelle ou temporelle, qui ait » aucun droit fur fon Royaume, pour en » priver les Perfonnes facrées de nos

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