à se développer. L'époque des Etats-Généraux approchoit, & une agitation univerfelle rappeloit le mouvement & le trouble d'une Armée, la veille du jour où elle doit changer de pofition. Le Roi feul, au milieu de la fermentation des efprits, montra cette férénité qui appartient à des intentions droites & aux fentimens modérés ; & tandis que tout le monde étoit occupé d'acquérir, il faifoit la revue des prérogatives auxquelles il pouvoit renoncer fans affoiblir l'Autorité nécessaire au Gouvernement, & il fe préparoit fans douleur à en faire le facrifice. Il vouloit, il aimoit le bien avec la fimplicité la plus parfaite, & confervant un triste souvenir des traverses qu'il avoit effuyées & des obftacles que l'impéritie de fes Miniftres avoit fouvent apportés à l'accompliffement de fes vues, il fe trouvoit foulagé par la résolution qu'il avoit prise d'appeler à fon aide les Repréfentans de la Nation; & faififfant les efpérances qu'on pouvoit attacher à la réunion des Etats-Généraux, il s'occu- » Et déjà d'Ilion préfageant la conquête, 1 SECTION II. ASSEMBLÉE DES ÉTATS. A Réflexions générales. l'époque des Etats-Généraux, je ne fais fi perfonne avoit encore réfléchi mûrement fur les diverfes conféquences du rétablissement de cet antique ufage, au milieu d'un fiècle nouveau. L'imperfection originaire des Affemblées Nationales, l'incompatibilité, l'incohérence de leur Conftitution avec la fituation des affaires, avec les befoins de la France, avec l'efprit du tems, tous ces grands objets de méditation n'étoient encore apperçus que d'un très - petit nombre d'obfervateurs. On étoit alors séparé, par un long intervalle, des derniers EtatsGénéraux. On n'avoit été préparé, ni Tome I. K " par aucune pensée graduelle, ni par aucune idée riveraine à étudier leur organisation, à en connoître le défaut; & environnés d'un nuage, pour les hommes du tems préfent, ils se présentoient à leurs regards comme ces formes voilées. que l'imagination embellit. Cependant on les vouloit ces Etats-Généraux, on les demandoit, & l'on croyoit, qu'en retournant à d'anciens erremens, on écartoit fimplement les intermédiaires & qu'on ne provoquoit aucun changement. Mais en politique, comme en toute espèce de combinaisons dont les rapports varient, il n'y a plus de continuité lorsqu'on rétablit, pour des circonftances nouvelles, une Ordonnance oubliée, une Législation de vieille date. On peut être alors plus remuant, plus systématique, que fi l'on adaptoit à ces mêmes circonftances un fyftême abfolument inconnu. L'identité de Pays, l'identité de Nation, voilà l'uniformité dont tout le monde eft frappé ; & l'identité de lumières, de mœurs & de richeffes, cette identité que le tems altère fi fortement, cette identité, néanmoins la plus importante de toutes, échappe fouvent à l'attention, parce qu'elle ne s'offre point, de la même manière, au jugement & à la perception de nos fens. TOUTES les anciennes Affemblées d'Etats-Généraux, fi l'on excepte les tems de faction qui fignalèrent la régence de Charles V, toutes ces Affemblées n'avoient jamais été convoquées que du propre mouvement des Monarques François, & ils pouvoient, avec raison, les confidérer comme une forte de Sénat éphémère qu'ils étoient les maîtres de diffoudre à leur volonté. Ils demandoient à ces Etats des fubfides extraordinaires, & en échange ils leur permettoient de composer des doléances, dont les Rois différoient l'examen felon leur bon plaifir; & l'on a vu |