la régularité des élections, ou par leur influence fur l'ordre & la tranquillité des raffemblemens qui devoient s'exécuter, à la fois, dans les différentes parties du Royaume.

Le Gouvernement, toujours appelé à être Partie dans les grandes opérations politiques, auroit été facilement accufé d'un efprit de partialité, & l'on auroit cherché cet efprit jufques dans les détails auxquels il n'étoit pas applicable. Le Confeil du Roi devoit d'autant moins se confier à fes feules lumières, que le Parlement de Paris ayant infcrit dans fes Régiftres une réserve en faveur des formes de 1614, cette Cour pouvoit s'y reprendre felon les circonftances & felon le degré d'affiftance que lui donneroit l'opinion publique. Mais où trouver un Corps dans l'Etat & une réunion d'hommes qui préfentaffent à tous les regards un front de confidération fuffifant pour en imposer par leur fentiment?

Et files Miniftres euffent voulu compofer arbitrairement une Affemblée confultative, ils auroient rendu leurs vues fufpectes, ils auroient inspiré de l'ombrage, & tout au moins on se feroit pressé de chercher un rapport entre leurs nominations & le genre d'opinion qu'ils avoient deffein d'accréditer.

Affemblée des Notables.

Au milieu d'un embarras, fortement fenti par tous les Membres du Gouvernement, on confidéra comme une idée heureuse la propofition de raffembler les mêmes Notables qu'on avoit appelés près du Roi l'année précédente. Il étoit hardi peut-être, avec la difpofition des efprits déjà bien connue, de prendre pour Confeil de Direction une Affemblée compofée effentiellement de Princes du Sang, d'Evêques, de Grands Seigneurs & de tous les Chefs des Cours Souve

raines. Et je demande, à cette occafion, fi le rappel d'une telle Affemblée annonçoit de mà part un profond efprit de démocratie, & fi d'aveugles ennemis doivent être crus, lorfque dirigeans les regards vers mon fecond Ministère, ils m'attribuent, dès fon origine, le deffein prémédité de careffer indiftinctement toutes les opinions populaires.

Ce qu'il eût fallu conseiller avec de pareilles vues, c'étoit une Affemblée confultative compofée de Députés choisis par les Pays d'Etats & par les Adminiftrations Provinciales. Le Tiers-Etat alors auroit eu dans les délibérations une influence égale au crédit des deux premiers Ordres; mais, de cette manière, de grands débats fe feroient ouverts prématurément, & le Gouvernement auroit marqué une opinion, au lieu de chercher à s'éclairer.

On ne préfumoit rien en rappelant les anciens Notables, parce qu'ils avoient

été

été choifis dans un autre tems & pour un fujet abfolument étranger aux nouvelles queftions qui devoient être foumises à leur examen. Ils avoient de plus obtenu par leur conduite la confiance de la Nation, & l'on croyoit d'ailleurs avec raifon le Gouvernement que affifté comme il l'étoit alors dans l'opinion, ne recevroit d'aucune Affemblée de fimples avis comme une direction décifive. Ce furent fans-doute ces différens motifs qui rendirent le Public favorable au rappel des anciens Notables, & réunis à Verfailles ils commencèrent leurs travaux fous les plus heureux auspices.

Une multitude de recherches occupèrent leur attention, & ils examinèrent fucceffivement toutes les difpofitions qui devoient précéder la réunion des Députés aux Etats-Généraux; la manière de procéder à la compofition & à la tenue des Affemblées de Bailliages, le genre d'autorité qu'il falloit accorder aux Préfidens, Tome I.

F

les précautions néceffaires pour affurer le maintien de l'ordre, les titres au droit d'élire & à la faculté d'être élu, les diverfes formes propres à conftater les fuffrages & à garantir leur liberté ; enfin les Notables, pour remplir honorablement la tâche qui leur avoit été confiée, parcoururent toutes les dépendances d'un vafte & important fujet; & comparans les anciens usages avec les établissemens postérieurs, avec les circonftances nouvelles, ils jetèrent un grand jour fur toutes les questions effentielles & tracèrent au Gouvernement la marche qu'il devoit fuivre.

On ne pouvoit trop estimer leurs recherches & leurs travaux; & cependant leur plus important service fut l'autorité qu'ils donnèrent à plufieurs innovations absolument néceffaires, & que les Miniftres du Roi n'auroient jamais eu, à eux feuls, le pouvoir de commander.