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« Au

un compilateur des lois ecclésiastiques. » huitième siècle, dit ce canoniste (1), la ma»jesté du saint siége et la juridiction sacerdo» tale étaient méprisées dans les Gaules et dans » l'Allemagne, en Espagne, et même en Italie : » pour les relever, un pieux fidèle a imaginé » des épîtres ou décrétales qu'il a décorées des » noms des plus anciens évêques romains. »>

de

O la rare piété, l'édifiante fidélité, que renverser les règles établies par de respectables conciles, d'abolir l'ancien droit des églises, d'altérer le sacerdoce institué par Jésus-Christ, et d'oser attacher aux innovations les plus pernicieuses des noms antiques et révérés ! Loin de louer ou même d'excuser de tels mensonges, les auteurs de l'histoire littéraire de la France (2) appellent cette collection un ouvrage de ténèbres, qui a servi dans la suite, nonseulement à obscurcir, mais encore à renverser entièrement la science du droit canon.

En moins d'un siècle, l'autorité des décréta les d'Isidore fut établie dans l'église. Nicolas Ier., en 865, écrivait aux évêques de France, pour les leur faire accepter. Les Français réclamaient le maintien des lois primitives, qu'ils ne cessèrent

(1) Christ. Lupus.

(2) Tome IV, page 28.

d'invoquer après la mort de Nicolas. A la fin pourtant, l'église gallicane partagea sur ces épîtres l'erreur générale: un concile de Reims tenu à la fin du dixième siècle, daigna les citer; et, depuis ce temps, elles ont été insérées, soit entières, soit tronquées, dans plusieurs recueils de canons, par exemple, dans celui d'Ives et dans le décret de Gratien. Dès le neuvième siècle, Réginon de Prun et Burchard de Worms en avaient fait le même usage, et les avaient accréditées en Allemagne.

Cependant, l'unique résultat des fausses décrétales était de transformer la primauté de l'évêque de Rome en une suprématie universelle, et de lui attribuer sur toutes les églises de la chrétienté une juridiction souveraine. Le pouvoir des papes sur les rois restait à fonder; et cette entreprise était si peu avancée en 1073, que l'honneur en doit être pleinement réservé à Grégoire VII. Exposons d'abord les vingt-sept maximes qui portent son nom, et qu'il a, sinon écrites, du moins professées et pratiquées :

L'ÉGLISE ROMAINE est la seule que Dieu ait fondée.

Le titre d'universel n'appartient qu'au pontife romain.

Lui seul peut déposer et absoudre les évêques.
Son légat préside tous les évêques dans tout

concile, et peut porter contre eux une sentence de déposition.

Le

pape peut déposer les absens.

On ne doit point habiter avec ceux qu'il a excommuniés.

Il peut, selon le besoin des circonstances faire de nouvelles lois, créer de nouvelles églises, transformer un chapitre en abbaye, et partager en deux un riche évêché, ou réunir deux évêchés pauvres.

Lui seul peut se revêtir des attributs de l'empire.

Tous les princes lui baisent les pieds. Son nom est le seul à prononcer dans les églises.

C'est l'unique nom dans le monde.

Il lui est permis de déposer les empereurs. Il lui est permis de transférer les évêques d'un siége à l'autre.

Il peut, dans toute église, ordonner un clerc.

Celui qu'il a ordonné peut gouverner une autre église, et ne peut recevoir d'aucun évêque particulier un grade supérieur.

Aucun concile ne peut se qualifier général que par l'ordre du pape.

Aucun chapitre, aucun livre, n'est regardé comme canonique sans son autorité.

Personne ne peut infirmer ses sentences; il peut abroger celles de tout le monde.

Il ne doit être jugé par personne.

Défense à qui que ce soit d'oser condamner celui qui appelle au siége apostolique.

A ce siége doivent être déférées les causes majeures de toutes les églises.

L'église romaine ne s'est jamais trompée et ne tombera jamais dans l'erreur.

Tout pontife romain, canoniquement ordonné, devient saint.

Il est permis d'accuser quand il le permet ou quand il l'ordonne.

Il peut, sans synode, déposer et absoudre les évêques.

N'est pas catholique qui n'est point uni à l'église romaine.

Le pape peut dégager les sujets des mauvais princes, de tout serment de fidélité.

La même doctrine se retrouve dans les épîtres de Grégoire VII, épîtres depuis long-temps imprimées d'après le registre original qui en existait aux archives du Vatican, et qui est aujourd'hui déposé aux archives de France. Nous ne citerons entre ces lettres que la vingt-unième du chapitre VIII. Elle est adressée à Hériman, évêque de Metz, et nous y lisons ces paroles :

« Vous désirez être prémuni contre le sys

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» tème insensé de ceux qui prétendent que le >> roi Henri, rebelle à la loi chrétienne, des»tructeur des églises et de l'empire, complice » des hérétiques, n'a pu être excommunié par » le saint siége, et qu'on n'a pas dû délier ses sujets du serment de fidélité. Mais, quand >> Jésus-Christ dit à saint Pierre Ce que tu » lieras sur la terre, sera lié dans le ciel, et ce » que tu auras délié ici-bas, le sera dans les » cieux aussi, les rois sont-ils exceptés, et ne » sont-ils pas au nombre des brebis que le fils >> de Dieu confie au prince des apôtres ? Qui >> peut se croire affranchi de cette souveraineté » universelle, de ce pouvoir de tout lier, de tout » délier sur toute la surface de la terre? La sainte >> église romaine n'est-elle pas la mère et la sou» veraine des églises? Instituée pour déterminer >> ce qu'il faut croire et ce qu'il faut pratiquer, » ne l'est-elle pas aussi pour juger les doctrines » et les actions? N'est-ce pas à elle, comme à >> une mère et comme à une reine, qu'on doit >> appeler de toutes les causes; et peut-il être » permis à qui que ce soit de méconnaître l'ir» réfragable autorité de ses décisions? >>

A l'appui de ce système, Grégoire VII cite des passages dont quelques-uns sont tirés des fausses décrétales. Il y joint ses propres réflexions. « Comment, dit-il, ne pas subordon

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