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IX. Il faut donc remarquer deux ordres dans l'oraison dominicale : l'ordre ascendant, qui a rapport aux vertus; l'ordre descendant, qui a rapport aux dons. Car les dons descendent de haut en bas; d'où ces paroles : « L'esprit de sagesse et d'intelligence se reposera sur lui. » Mais les vertus montent de bas en haut; d'où l'Evangéliste dit : « Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux leur appartient. Bienheureux ceux qui sont doux, etc. » Car le Seigneur, dans l'oraison même, a suivi un ordre artificiel de prééminence, en descendant du plus au moins; mais les docteurs, dans l'explication de l'oraison, suivent un ordre naturel de temps, c'està-dire en allant du moins au plus, en parlant des choses du temps pour s'élever aux choses de l'éternité. Or, c'est ce dernier ordre que nous conserverons dans notre explication. Et ici a lieu la ligue des sept demandes, des sept vertus, des sept dons du Saint-Eprit et des sept béatitudes, contre les sept péchés capitaux opposés aux sept vertus. Car on obtient les dons par les prières, les vertus par les dons, et les béatitudes par les vertus. Les sept dons sont : la sagesse, l'intelligence, le conseil, la force, la science, la miséricorde et la crainte. Au sujet de ces dons, le Prophète dit : « Sur lui se reposera l'esprit de sagesse et d'intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit de science et de miséricorde, et il sera rempli de l'esprit de la crainte du Seigneur. »

X. Or, voici les sept vertus : la pauvreté d'esprit, la mansuétude, les larmes, la faim de la justice, la miséricorde, la pureté du cœur et la paix.

XI. Les sept béatitudes sont le royaume des cieux, la possession de la terre, la consolation, le rassasiement, la soif de la miséricorde, la vision de Dieu, la filiation divine. De ces vertus et de ces béatitudes réunies, le Seigneur dit de la première vertu «< Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux. » De la seconde : << Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu'ils possèderont la terre. »

De la troisième : « Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés. » De la quatrième : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu'ils seront rassasiés. » De la cinquième : « Bienheureux les miséricordieux, parce qu'ils obtiendront miséricorde. » De la sixième: «Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. » De la septième : << Bienheureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés les enfants de Dieu. >>

XII. Or, les sept péchés capitaux sont : la vaine gloire ou l'orgueil, la colère, l'envie, la paresse (acidia) (a), l'avarice, la gourmandise, la luxure, qui furent symbolisés dans les sept peuples qui possédaient la terre promise à Israël, à savoir : l'Ethéen, le Gergézéen, l'Amorrhéen, le Chananéen, le Ferezéen, l'Enéen et le Jébuséen. L'homme donc est-il malade, Dieu est son médecin : les vices sont les langueurs, les demandes sont les plaintes, les dons sont les antidotes, les vertus sont la santé, les béatitudes sont les félicités et les joies. Ces sept vices

(d) Selon Cassien (lib. 10, De Cœnob. Instit., cap. 1, et collat. 5, cap. 2, 9), on doit entendre par acedia, accidia, acidia, « l'ennui et l'angoisse du cœur qui s'emparent des anachorètes et des moines dispersés dans la solitude. » Selon S. Jérôme (ep. 4), c'est une espèce de mélancolie qui s'attaque surtout aux moines, et que le grand docteur définit ainsi : Sunt qui humore cellarum, immoderatisque jejuniis tædio solitudinis, ac nimia lectione, dum diebus ac noctibus uuribus suis personant, vertuntur in melancholiam, et Hippocratis magis fomentis, quam nostris monitis indigent. - S. Althelme, dans son poème

latin Des huit principaux vices, dit (no 6), en parlant de l'accidia:

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Césaire d'Heisterbac (lib. 4, cap. 27) définit l'acedia et donne l'étymologie de ce mot en ces termes : Acedia est ex confusione mentis nata tristitia, sive tædium et amaritudo animi immoderata, qua jucunditas spiritalis extinguitur, et quodam desperationis præcipitio mens in semetipsa subvertitur; dicitur autem cedia, quasi acida, eo quod opera spiritualia nobis acida redat et insipida.

Le vieux traité de morale manuscrit qui a pour titre le Miroir, dit: Liquars pechié de Pereche, con apele en clerkois, accide.

sont mis en fuite par les sept demandes de l'oraison, comme on le montrera plus bas. Mais venons à l'explication de l'oraison elle-même; et remarque que dans certaines églises, pendant que les sept demandes ont lieu, le diacre se tient incliné, attendant la communion; en quoi il symbolise les apôtres, qui, après la mort du Christ, pendant sept semaines, attendirent la confirmation de l'Esprit. Or, le sous-diacre ne dit rien, parce que les saintes femmes, le jour du sabbat, qui est le septième de la semaine, gardèrent le silence.

CHAPITRE XLVIII.

DE L'EXPLICATION OU EXPOSITION DE L'ORAISON

DOMINICALE.

I. Pater noster, etc., « Notre Père. » Comme nous l'avons déjà dit en expliquant l'oraison dominicale, nous procèderons dans l'ordre du temps, en commençant par la fin et nous dirigeant ainsi vers le commencement, en suivant un ordre rétrograde. En effet, l'homme, environné d'un grand nombre de misères, demande d'abord à être délivré du mal, parce que la vie de l'homme sur la terre n'est pas exempte de tentation. C'est pourquoi, une fois délivré du mal, il demande à ne pas être induit en tentation; et, comme il se trouve toujours en quelque péché tant qu'il est dans cette vie, car si nous disons qu'il n'y a pas de péché en nous nous mentons, il demande que ses dettes, c'est-à-dire ses péchés, lui soient remises. Mais lorsqu'il a été délivré du mal, lorsqu'il a vaincu les tentations et que ses dettes lui ont été remises, comme il ne peut se soutenir par lui-même, l'esprit de force lui est nécessaire afin qu'il ne tombe pas en défaillance en attendant la récompense. C'est pourquoi il demande que le pain quotidien lui

soit donné. Ensuite, quand il a été délivré du mal et fortifié dans le bien, il demande que la volonté divine s'accomplisse sur la terre ainsi qu'elle s'accomplit dans le ciel. Et, comme dans cette vie les biens dont nous avons parlé ne peuvent lui arriver d'une manière parfaite, il demande que le règne de Dieu arrive, règne dans lequel le nom du Père soit sanctifié dans les cieux, afin que jamais, dans la suite, il ne puisse être privé de la grâce de la sanctification. Puisque nous avons exposé plus haut la série des demandes, nous allons continuer par leur explication détaillée.

II. Il faut remarquer d'avance, cependant, que l'introduction de l'oraison, c'est-à-dire « Notre Père qui es dans les cieux, » est un moyen de capter la bienveillance, comme nous le dirons tout-à-l'heure. En effet, père en grec se dit πητηρ, et genitor en latin, et en hébreu abba; et Dieu est appelé père, de patrando ou perficiendo (faire, achever), parce que par lui toutes choses ont été faites. Or, Dieu est appelé Père d'une manière générale, d'une manière spéciale et d'une manière unique. D'une manière générale, par la création de toutes choses; d'une manière spéciale, par l'adoption des justes; d'une manière unique, par la génération du Christ. Par la création, comme dans ce passage: « Je fléchis les genoux devant toi, ô Dieu! Père tout-puissant, de qui toute paternité reçoit son nom dans le ciel comme sur la terre. » Par adoption, comme en cet endroit : « Or, si vous, bien que vous soyez mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père céleste ne vous donnera-t-il pas un bon esprit, quand vous le prierez? » Par génération, comme en cet endroit : « Personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père, ni le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils a voulu le révéler. » Le prêtre, en disant : « Notre Père qui es dans les cieux, » nous détourne de deux choses, c'est-à-dire de l'orgueil, car nous ne disons pas Pater mi, « Mon Père, » en considérant comme notre père particulier Celui qui

est le Père commun de la nature; et de l'indignité, afin que nous ne nous rendions pas indignes d'un Père si grand, qui réside dans les cieux. Car Dieu est le Père, par nature, du Christ seul, à qui seul il convient de dire : « Mon Père. » Or, il est, par sa grâce, le Père des fidèles, à qui il appartient de dire « Notre Père. » Le Christ dit : « Mon Père, s'il est possible, fais que ce calice s'éloigne de moi; » et nous, nous disons «Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié. » Le Christ dit de lui-même : « Je vais à mon Père et à votre Père, » à mon Père par nature, à votre Père par la grâce. Par ces paroles, il nous exhorte encore à deux choses, savoir à conserver la grâce d'adoption, en disant Pater, et l'union de la fraternité, lorsqu'il dit noster. De plus, en ce qu'il dit Pater, qui est un nom pieux, on remarque sa bonté et la dévotion de l'Eglise qui l'appelle aussi Père. Ce mot noster indique la dilatation de la charité; par ce mot in cœlis, c'està-dire parmi les saints, dont la demeure a été éloignée de la lie de ce monde, on désigne la miséricorde de Dieu.

III. Or donc, comme on commence, dans cette oraison, par une captation de bienveillance, il faut savoir que l'on capte la bienveillance par le concours de trois personnes, c'est-à-dire du juge, du demandeur et de l'assesseur. Le juge, c'est Dieu; le demandeur, c'est l'homme; et l'assesseur, c'est l'ange. Le prêtre capte la bienveillance du juge, quand il dit: Pater; du demandeur, lorsqu'il dit : noster; de l'assesseur, en disant: qui es in cœlis, c'est-à-dire parmi les anges ou les saints, dont le Psalmiste parle ainsi : « Les cieux célèbrent la gloire de Dieu;>> par où nous avons l'espoir qu'il nous rendra saints; ou bien dans les cieux, c'est-à-dire dans le secret de la majesté divine, ce qui nous donne la confiance d'obtenir les biens cachés que l'œil n'a pas vus, que l'oreille n'a pas entendus, et que le cœur de l'homme n'a pas sentis. Il nous inspire donc la confiance d'obtenir ces biens; aussi ne disons-nous pas : « Seigneur [toi] que l'on sert avec crainte,» mais: « Notre Père [toi] que

l'on

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