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pure et de piété. L'Eglise alors s'arma de ses foudres pour les réprimer, et successivement elles furent tout-à-fait abolies par différents conciles, par un grand nombre d'assemblées synodales, et par les ordonnances de nos rois.

Dans quelques pays catholiques, cependant, la danse faisait encore partie, il y a moins d'un siècle, des cérémonies de l'Eglise. En Portugal, en Espagne, dans le Roussillon, on exécute des danses solennelles en représentation de nos mystères et en l'honneur de quelques saints. Le cardinal Ximénès établit dans la cathédrale de Tolède l'ancien usage des messes des Mussarabes, pendant lesquelles on danse dans le chœur et dans la nef. En France même, au milieu du XVIIe siècle, on voyait encore les prêtres et le peuple de Limoges danser en rond dans le chœur de Saint-Léonard. A la fin de chaque pseaume, ils substituaient au Gloria Patre ce verset, qu'ils chantaient avec les plus vifs transports de zèle et de joie :

San Marceau pregas per nous 2

Et nous espingaren per bous (1).

Le P. Ménétrier (2) dit avoir vu de son temps (XVIIe siècle), dans quelques églises, les chanoines et les enfants de chœur qui, le jour de Pâques, se prenaient tout bonnement par la main et dansaient en chantant des hymnes de réjouissance.

Cette joie simple et naïve supposait des mœurs douces et sans fard, que nous avons troquées contre un peu d'esprit (fort contestable, du reste) et beaucoup de corruption.

Les danses baladoires, qui, dès les premiers siècles de l'Eglise, prirent la place des danses sacrées, n'étaient plus qu'un assemblage monstrueux de piété, de débauche et de superstition. Le pape Zacharie fit un décret, en 744, pour les défendre. Dans la suite, les évêques, les rois, les empereurs s'unirent tous à lui pour les proscrire; et la danse sacrée, quelque innocente qu'elle eût été dans son institution primitive, fut jugée dès-lors assez dangereuse pour engager la sagesse du clergé à ne la plus mêler aux autres cérémonies de l'Eglise (3).

(1) « S. Martial, priez pour nous, et nous danserons pour vous (en votre honneur). >>

(2) Préface de son Traité des Ballets anciens et modernes selon les règles du théâtre, 1682. (V. aussi Pierre Bonnet, Histoire générale de la Danse sacrée et profane, etc., 1724; -et de Cahusac, La Danse ancienne et moderne, ou Traité historique de la Danse, 3 vol. in-12.)

(3) Prohibeant sacerdotes ne fiant choreæ maxime in tribus locis: in ecclesiis, in cœmeteriis et processionibus (Conc. synod. d'Odon, évêque de Paris, const. 26).

La danse des Brandons et celle de la Saint-Jean échappèrent néanmoins à la proscription, et on renouvela celle du premier jour de mai. On exécutait la première à la lueur de plusieurs flambeaux de paille, le premier dimanche de Carême, et la seconde autour des feux qu'on allumait dans les rues la veille de la fête de saint Jean.

Nous parlerons ailleurs de ces danses, et nous entrerons à leur sujet dans de curieux détails.

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Durant les premiers siècles de l'Eglise, les chrétiens, qui s'assemblaient les dimanches avant le jour, et qui souvent, à cause des persécutions, étaient contraints de s'assembler dans des lieux obscurs, se trouvaient obligés d'allumer des cierges ou des lampes pour être éclairés. Quelquefois même, selon la coutume des Juifs, ils en redoublaient le nombre, pour une plus grande marque de joie (1); saint Luc dit (2) qu'il y avait un grand nombre de lampes dans l'endroit où saint Paul fit un long discours le premier jour de la semaine, qui a été appelé par saint Jean le jour du Seigneur. De là vient l'usage non-seulement d'alJumer aux offices de la nuit quelques cierges, lorsqu'ils sont nécessaires pour lire, mais encore d'en allumer un grand nombre pour relever la solennité des grandes fêtes (3). Vers l'an 230, Dieu fit un miracle pour ne pas priver l'Eglise de Jérusalem de la joie des illuminations; car, comme le rapporte Eusèbe (4), l'huile ayant manqué, le saint évêque Narcisse fit tirer de l'eau d'un puits voisin pour remplir toutes les lampes, qui brûlèrent mieux que si elles avaient été remplies de la meilleure huile.

Le même Eusèbe nous apprend que, la nuit de Pâques, outre les illuminations des églises, l'empereur Constantin faisait allumer dans toutes les rues de la ville de grands cierges et toutes sortes de lampes, qui rendaient cette nuit plus brillante que le jour le plus clair (5).

Paulus..... pro

(1) Baronius, Annales ecclesiastici, ad annum 58, no 70. (2) Una sabbati cum convenissemus ad frangendum panem, traxit sermonem usque in mediam noctem.....; erant autem lampades copiosa in cœnaculo, ubi eramus congregati (Acta Apost., cap. 20, vers. 7 et 8).

(3) Le Concile de Trente.

(4) Eusèbe, Hist. eccles., lib. 6, cap. 7.

(5) In Vita Constantini, lib. 4, cap. 22.

« Si nous nous contentions de raisons vraisemblables, dit le P. Lebrun (1), nous pourrions dire, comme diverses personnes font aujourd'hui, que l'usage d'allumer des cierges à la messe en plein jour vient de ce que les chrétiens, obligés d'en allumer originairement par nécessité, ont continué d'en allumer pendant le jour par coutume. Mais, comme il faut chercher le vrai et s'y arrêter, nous devons reconnaître : 1° qu'on n'a pas toujours allumé des cierges à la messe en plein jour; que les églises d'Orient ont donné l'exemple aux autres d'en allumer à l'évangile et ensuite à toute la messe; 3° qu'on n'a allumé des cierges en plein jour à la messe et à d'autres offices que pour les rendre plus solennels, ou pour des raisons mystérieuses. >>

2o

Quoiqu'au IIIe siècle, vers le temps de saint Cyprien, on dît la messe en plein jour, parce que l'Eglise était souvent en paix, on ne voit pas qu'on allumât des cierges pendant le jour. Cet usage ne fut pas même introduit au commencement du IVe siècle, lorsque l'Eglise jouit d'une profonde paix et qu'elle pouvait exercer avec majesté les cérémonies les plus solennelles. On n'allumait point encore des cierges pendant la messe vers l'an 400, car, lorsque Vigilance eut la hardiesse de reprocher comme une superstition à l'Eglise la dévotion des personnes pieuses qui allumaient en plein jour des cierges aux tombeaux des martyrs, saint Jérôme, qui lui répond avec beaucoup de force et d'indignation, dit en termes précis, par rapport aux offices ecclésiastiques : « Nous n'allumons point de cierges en plein jour, comme tu l'avances faussement. Nous ne les allumons que pour mêler quelque joie avec les ténèbres de la nuit, pour veiller à la lumière, et éviter de nous endormir comme toi dans l'aveuglement et dans les ténèbres » (2).

Personne ne pouvait mieux être informé de ces sortes d'usages que ce saint docteur, qui avait visité toutes les Gaules et parcouru presque tout l'Occident aussi bien que l'Orient, où il résidait. Nous devons donc dire, sur son autorité, en premier lieu, qu'on n'a pas allumé des cierges en plein jour parce qu'on avait coutume d'en allumer pendant la nuit; et, en second lieu, que les églises d'Orient allumaient des cierges en plein jour pour des raisons mystiques. « Dans toutes les églises d'Orient, dit saint Jérôme (3), on allume des cierges en plein jour quand il faut

(1) Explication de la Messe, t. 1, p. 67.

(2) Cereos autem non clara luce accendimus, sicut frustra calumniaris; sed ut noctis tenebras hoc solatio temperemus et vigilemus ad lumen, ne cœci tecum dormiamus in tenebris (Ep. adversus Vigilantium).

(3) Per totas Orientis ecclesias, quando evangelium legendum est, accenduntur luminaria, jam sole rutilante, non utique ad fugandas tenebras, sed ad

lire l'évangile, non pas par conséquent pour voir clair, mais comme un signe de joie et comme un symbole de la divine lumière, dont il est dit dans le Psaume : « Ta parole est la lumière qui éclaire mes pas. »

L'usage des lumières à la messe en plein jour vient donc des églises d'Orient; et si l'on veut savoir d'où ces églises ont pris cet usage, il y a lieu de croire qu'elles l'ont tiré des Juifs. Il est constant que dans ces églises on a pratiqué, durant les trois premiers siècles, quelques rits judaïques, tel qu'était celui de célébrer la Pâque le quatorzième de la lune, sans attendre le dimanche; et l'on peut bien avoir voulu imiter en quelque manière, par rapport à l'Evangile, ce que les Juifs ont pratiqué par rapport au livre de la Loi. Or, les Juifs ont fait et font encore brûler continuellement une lampe devant le livre de la loi de Moïse; et il convenait bien mieux que l'Evangile, annoncé solennellement, fût précédé par des lumières qui marquassent le respect dû au saint livre qui porte la lumière dans les obscurités de l'ancienne loi. Ce qui s'était observé dans les églises d'Orient, et qui s'y pratiquait constamment au IVe siècle, fut imité par les autres églises après le temps de saint Jérôme. On y alluma des cierges pour lire l'évangile, et on les éteignait dès qu'il était lu, ainsi qu'il est marqué dans les anciens Ordres romains et dans Amalaire. Ordinairement les pratiques édifiantes se répandent au voisinage, et les causes de leur origine leur font faire du progrès. La même raison mystique qui avait fait allumer des cierges pendant l'évangile détermina bientôt après à en allumer pendant l'action du sacrifice, où Jésus-Christ, notre vraie lumière, est réellement présent. Saint Isidore, vers l'an 600, dit que les acolytes sont appelés en latin ceroferarii (céroféraires), à cause des cierges qu'ils portent quand on lit l'évangile ou qu'on offre le sacrifice; car alors ils allument et portent des luminaires non pour chasser les ténèbres, puisque le soleil luit, mais comme un signe de joie, afin que cette lumière corporelle représente la lumière dont il est dit dans l'Evangile : « Il était la vraie lumière » (1).

Jusqu'alors on n'allumait des cierges que pendant l'évangile et pendant l'action du sacrifice, et ces cierges étaient tenus à la main par des acolytes. Enfin, depuis ce temps-là, on en a allumé dès le commence

signum lætitiæ demonstrandum..., ut sub typo luminis corporalis illa lux ostendatur, de qua in Psalterio legimus: Lucerna pedibus meis verbum tuum, Domine, et lumen semitis meis (Id., ibid.).

(1) Acolyti græce, latine ceroferarii dicuntur a deportandis cereis, quando evangelium legendum est aut sacrificium offerendum. Tunc enim accenduntur luminaria ab eis, et deportantur, etc. (Orig., 1. 7, cap. 12).

ment de la messe, et pendant quelques offices divins, par les mêmes raisons mystiques, c'est-à-dire pour faire paraître un signe de joie dans les offices qu'on a voulu rendre plus solennels, et pour faire plus sensiblement connaître au peuple assemblé qu'il devait penser à Jésus-Christ, qui est la vraie lumière.

L'Eglise a toujours goûté et approuvé ces sortes de symboles mystiques, qui sont autant d'instructions courtes et édifiantes pour le peuple. Rien de plus ancien que la coutume de faire tenir aux nouveaux baptisés un cierge à la main; et saint Cyrille de Jérusalem leur dit, vers l'an 350 (1), que « ces cierges qu'ils allument sont les symboles de la foi qu'ils doivent conserver avec soin. » L'usage d'allumer des cierges au baptême fit appeler en divers endroits l'Epiphanie la fête des saintes lumières, parce qu'on y honorait le baptême de Jésus-Christ et qu'on y baptisait. Saint Grégoire de Nazianze a fait deux fort beaux discours sur cette fête des lumières, où il représente en cent manières différentes la lumière corporelle comme un symbole de la divine lumière qui doit remplir nos esprits (2).

Il y a plus de 1300 ans qu'on bénit et qu'on allume solennellement le cierge pascal, non simplement pour éclairer pendant la nuit de Pâques, puisque l'église était alors illuminée par un nombre de cierges et de lampes incomparablement plus grand qu'elle ne l'était à toutes les autres veilles de l'année; mais on l'a fait pour des raisons mystiques. Le quatrième Concile de Tolède, en 633, blâme les églises où l'on n'observait pas cette cérémonie et qui demandaient pour quelle raison on le faisait. C'est, dit le concile, « afin que la bénédiction de ce luminaire nous fasse contempler le sacré mystère de la résurrection, » c'est-à-dire l'éclat lumineux de la nouvelle vie « de Jésus-Christ » (3).

C'est encore par des raisons mystiques qu'on a allumé des cierges à la fête de la Présentation de Jésus-Christ au Temple, ou de la Purification de la Vierge, pour prendre part à la joie qu'eut le saint vieillard Siméon, de tenir ce divin enfant entre ses bras, et pour exprimer plus vivement qu'il était la lumière des nations (lumen ad revelationem gentium).

Dès le IVe siècle, les corps des fidèles qui étaient morts avec les mar

(1) Catéchèse 1.

(2) In sancta lumina oratio 39 et 40.

(3) Lucerna et cereus in prævigiliis Paschæ apud quasdam ecclesias non benedicuntur, et cur a nobis benedicantur inquirunt. Propter gloriosum enim noctis istius sacramentum solemniter hæc benedicimus, ut sacræ resurrectionis Christi mysterium, quod tempore hujus votivæ noctis advenit, in benedictione sanctificati luminis suscipiamus (canon 9).

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