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l'Histoire du Bordelais, où il est parlé de la translation de saint Macaire, dont la fête est célébrée à Bordeaux le 1er de mai: il est dit que le jour que son corps fut transféré de la ville, qui depuis a pris son nom, dans la ville de Bordeaux, distante d'environ sept lieues, qu'on alluma quantité de flambeaux autour de la châsse, qui ne s'éteignirent jamais dans tout le chemin, quelque vent et pluie qu'il survînt, éclairant toujours, jusqu'à ce que le corps du saint fût parvenu à l'église métropolitaine. Cette translation fut faite par le soin et le zèle de Guillaume, duc de Guienne, surnommé le Bon.

L'ordre qu'on observe aux processions est que personne n'en est exclu, et que tout sexe et toute condition y a place, suivant le souhait de David Que les jeunes gens et les vierges, les vieillards avec ceux du plus bas áge, louent le nom du Seigneur (1). On fait marcher en tête les jeunes garçons, après eux la croix, et puis le clergé suit; après le clergé, les hommes laïques, et ensuite les femmes, un sexe étant séparé de l'autre, ce qui est très-convenable pour la bienséance. Or, quoique les religieux y puissent assister et qu'ils y assistent assez souvent, pourtant la disposition appartient seulement au clergé, qui y doit paraître en habit de cérémonie, lequel il ne porte pas ordinairement, parce que la procession est un exercice public de religion, dans lequel il est nécessaire d'avoir tout ce qui peut servir à donner des sentiments de dévotion à ceux qui sont présents, comme quand on officie à l'église.

On chante ordinairement aux processions, afin que l'esprit et les oreilles du peuple et du clergé soient toujours sainlement occupés ; j'en ai marqué quelques preuves ci-dessus.

Chacun voit assez qu'il n'y a rien aux processions qui ne nous attire ou ne doive nous attirer à Dieu. Mais, hélas! que notre faiblesse est grande, et avec quelle facilité nous laissons-nous aller à abuser des exercices les plus religieux, avec scandale du public et à la honte de notre profession! Nous allons à la procession comme à la promenade, et, au lieu de parler à Dieu du fond du cœur, ce ne sont qu'entretiens ou profanes ou ridicules, et des égarements des yeux et de l'esprit en mille sortes.

Je ne dirai rien des différends qu'on a pour le pas et pour les rangs, qui tiennent bien peu de l'humilité de la croix qu'on porte devant nos yeux. Bien plus, il y en a qui se parent avec autant d'étude et d'affectation que s'ils devaient paraître dans un bal; et c'est le malheur des

(1) Juvenes et virgines, senes cum junioribus laudent nomen Domini (psalm. 148).

chrétiens, que les actions qui devraient servir à obtenir de Dieu le pardon de nos péchés ne servent plus qu'à augmenter sa colère et à l'irriter davantage.

NOTE 6.

ORIGINE ET RAISONS DE L'ENCENSEMENT.

On ne voit pas dans les premiers Ordres romains qu'on encensât l'autel au commencement de la messe. Il y est dit seulement que l'évêque ou le prêtre, allant de la sacristie à l'autel, était précédé d'un (1), de deux (2), ou de trois encensoirs (3) fumants; et, selon un ancien Missel de Narbonne, on ne l'encensait qu'après l'offertoire. Mais toutes les liturgies grecques, de saint Jacques, de saint Basile et de saint Jean Chrysostôme, font mention de l'encensement et des prières qui l'accompagnent au commencement de la messe. On encensait tout le tour de l'autel. On l'a fait de même depuis sept à huit siècles dans plusieurs églises latines. Il est expressément marqué dans l'Ordinaire de Mont-Cassin, vers l'an 1100, qu'après le Confiteor le prêtre encense le dessus de l'autel, et que le diacre ensuite en encense tout le tour.

Depuis que la disposition des lieux et les ornements qu'on a ajoutés aux autels n'ont pas permis communément d'en faire le tour, la rubrique a marqué qu'on encenserait le fond, le dessus et les trois côtés qui paraissent (4). Nous allons marquer ici l'origine et les raisons de l'encensement.

Quelques liturgistes, dont le naturalisme est poussé aux dernières limites (5), croient que la vraie raison qui a déterminé les anciens chrétiens à se servir d'encens dans l'église a été la même qu'on a, dans les maisons particulières, de brûler de bonnes odeurs pour chasser les mauvaises (6). Cette raison a été imaginée sans fondement. Elle ne se trouve

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(3) Cum thuribulis non amplius ternis (Ord., 2, p. 43).

(4) Quoique le prêtre semble encenser chaque chandelier, quand il y en a six sur l'autel, trois de chaque côté, ce ne sont pas les chandeliers qu'il encense, mais le fond et le derrière de l'autel, autant qu'il lui est possible; et, pour encenser uniformément, il donne trois coups d'encens de chaque côté, suivant l'ordre des chandeliers, qui sont également distribués.

(5) Entre autres D. Claude de Vert, Explication simple, littérale et historique des Cérémonies de l'Eglise, 4 vol. in-8° (première moitié du XVIIIe siècle). V. D. Guéranger, Institutions liturgiques, t. 2, p. 230 à 246.)

(6) D. Claude de Vert, 1. c. sup., t. 1, préface, p. 18, 19 et 20.

pas dans l'antiquité, et nous recherchons ici l'ancien esprit de l'Eglise à l'égard de l'emploi de l'encens dans ses saintes cérémonies.

1o Durant les trois premiers siècles, nous n'apercevons, par aucun témoignage constant, que les chrétiens se soient servis d'encens dans les églises. Tertullien nous dit même clairement qu'on ne s'en servait point du tout: car, aux reproches que les païens faisaient aux chrétiens d'être inutiles au commerce et aux usages de la vie, il répond : « Véritablement, nous n'achetons point d'encens. Si les marchands d'Arabie s'en plaignent, les Sabéens sauront que nous employons plus de leurs aromates et avec plus de profusion à ensevelir les chrétiens, qu'on n'en consume à parfumer vos dieux » (1). L'encens était alors trop profané à l'égard des idoles, pour l'employer dans le culte du vrai Dieu. Il fallait attendre que les assemblées des chrétiens ne fussent plus environnées de tant de parfums idolâtres, et qu'on pût aisément discerner ces encensements détestables d'avec ceux qu'il convient de faire en l'honneur du vrai Dieu dans les saintes solennités. Si l'encens avait dû être employé dans l'église à chasser les mauvaises odeurs, il n'aurait jamais été si nécessaire que dans les siècles de persécution, parce qu'on s'assemblait dans des caves ou dans des lieux fort serrés, et c •que les pauvres composaient la plus grande partie de l'assemblée.

2o An IVe siècle, lorsque les princes donnèrent la paix à l'Eglise et qu'ils devinrent eux-mêmes chrétiens, les mauvaises odeurs n'étaient point à craindre dans les assemblées. On bâtit des églises spacieuses et magnifiques, et elles étaient même plus aérées que celles d'à présent; car, selon la coutume des Orientaux, il n'y avait aux fenêtres que des jalousies ou treillis (2), qui laissaient passer l'air de tous côtés. Dans quelques-unes de ces églises, loin de craindre les mauvaises odeurs, il y en avait toujours d'agréables, parce que la boiserie et les poutres étaient de bois de cèdre, ainsi qu'Eusèbe le dit de celle de Tyr, bâtie en 313 (3). C'est cependant parmi ces magnificences des églises du

(1) Thura plane non emimus. Si Arabi quæruntur, scient Sabæi pluris et carioris suas merces christianis sepeliendis profligari, quam diis fumigandis (Apolog., cap. 42).

(2) Au IVe siècle, les fenêtres de plusieurs églises des Gaules étaient vitrées (Greg. Turon., lib. 6, cap. 10; lib. 8, cap. 29; lib. 1, Mirac., cap. 59). Fortunat loue les vitres de la cathédrale de Paris, bâtie par Childebert (lib. 2, poème 11, De Ecclesia parisiaca); mais cet usage commença plus tard ailleurs. Il n'y eut point de vitres en Angleterre avant le VIIIe siècle. Alors on envoya chercher des ouvriers en France, et l'on vitra les fenêtres de plusieurs églises vers l'an 726 (Bède, lib. 1, cap. 5; -de Wiremont, Monast.; -Acta pontificum Eborac., anno 726).

(3) Hist. eccles., lib. 10, cap. 4.

IV et du Ve siècles que nous trouvons l'encens en usage, par les témoignages constants des Canons apostoliques, de saint Ephrem, de saint Ambroise; des liturgies de saint Jacques, de saint Basile, de saint Chrysostôme, et des éérits de saint Denys-l'Aréopagite (1).

3o Pour chasser les mauvaises odeurs et réjouir l'assemblée par d'agréables parfums, il n'aurait fallu que des cassolettes placées par qui que ce fût, sans cérémonie, autour de l'autel ou en diverses autres parties de l'église. Ici, c'est le pontife, le chef de l'assemblée, qui met l'encens, qui le bénit et qui fait toute la céremonie de l'encensement autour de l'autel, comme le marquent saint Ambroise et saint Denysl'Aréopagite.

4o Ce saint Denys nous dit, dans sa Hiérarchie ecclésiastique (2), qu'à la cérémonie solennelle de la consécration du saint chrême le pontife commence par encenser le tour de l'autel, comme à la synaxe ou assemblée du sacrifice. Eh! quelle mauvaise odeur y aurait-il eu alors lieu de craindre? Toute l'Eglise était déjà embaumée, car, parmi les les Grecs, depuis un temps immémorial, le saint chrême n'a pas été simplement composé d'huile et de baume, comme à présent dans l'Eglise latine; les Grecs y ont joint tout ce qu'il y a de plus odoriférant (3). Le mélange de toutes ces agréables odeurs, bien plus exquises que l'encens, se préparait sur le feu, dans l'église, dès le Lundi saint, c'est-àdire durant trois jours avant la consécration. Rien donc alors de plus inutile que l'encensement, s'il avait été fait pour chasser les mauvaises odeurs. L'Eglise avait certainement des vues plus élevées; et ces odeurs mêmes si suaves, qui entraient dans la composition du saint chrême, n'étaient recherchées et préparées avec tant de soin que pour représenter, autant qu'il est possible, la douceur et le plaisir que produisent la grâce de Jésus-Christ et les opérations du Saint-Esprit dans toutes les facultés d'une ame bien disposée; car ce ne sont là que des

(1) Voyez les œuvres de S. Denys-l'Aréopagite, traduites du grec en français, précédées d'une Introduction où l'on prouve l'authenticité de ces livres et où l'on montre la haute portée des doctrines qu'ils renferment, par l'abbé Darboy; un vol. in-8°. — M. l'abbé Fayon, le savant sulpicien auquel on doit déjà la réhabilitation de sainte Madeleine, de sainte Marthe et de saint Lazare comme apôtres de la Provence, se prépare à publier un travail considérable, à l'effet de prouver que le premier apôtre et évêque de Paris a été S. Denys-l'Areopagite, celui-là même qui dut sa conversion à S. Paul.

(2) Cap. 4.

(3) De Materia et Consecratione sacri unguenti, Euch. græc. du P. Goar, p. 637 et suiv.

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symboles, comme l'exposent bien au long le même saint Denys (1) et ses commentateurs, saint Maxime (2) et Pachymère.

Ces observations, auxquelles nous nous bornons, sont décisives. L'antiquité n'est nullement favorable aux conjectures des liturgistes naturalistes et matérialistes du XVIIe siècle, tels que le trop fameux D. Claude de Vert. Elle est, au contraire, toute pleine de vues spirituelles et mystiques, que nons réduirons à quatre :

1° L'encens est brûlé à l'autel pour marquer dans ce lieu saint que les créatures doivent être employées et consumées pour son service et pour sa gloire. En effet, Dieu avait ordonné à Moïse (3) qu'on lui offrît de l'encens sur l'autel d'or. Le ive canon apostolique (4) met l'encens au nombre des choses qu'il convenait d'offrir pendant la sainte oblation. Saint Ephrem suppose qu'on brûle l'encens dans l'Eglise en l'honneur de Dieu, lorsqu'il dit, dans son testament: «Ne m'ensevelissez pas avec des aromates, offrez-les à Dieu » (5); et saint Ambroise était persuadé que l'encensement de nos autels était une cérémonie religieuse, et qu'un ange présidait à nos encensements, comme autrefois à ceux du temple. Ce qui lui fait dire, à l'occasion de l'apparition de l'ange au saint patriarche Zacharie, père de saint Jean-Baptiste : « Plaise à Dieu qu'un ange soit présent, ou plutôt qu'il se rende visible, lorsque nous encensons les autels et que nous offrons le sacrifice! » (6). L'Eglise grecque fait aussi clairement connaître que l'encensement de l'autel se fait en l'honneur de Dieu, puisqu'elle fait dire en même temps par le célébrant : « Gloire à la très-sainte, consubstantielle et vivifiante Trinité, maintenant, toujours, et dans tous les siècles des siècles » (7).

2o On voit dans l'antiquité que l'encens qu'on brûle autour de l'autel, d'où le parfum se répand dans l'église, a été regardé comme une marque de la bonne odeur de Jésus-Christ, qui se répand de l'autel dans l'ame des fidèles. Saint Denys (8), saint Germain de Constantinople au VIII siècle (9), et Siméon de Thessalonique (10), nous ont marqué ce sens

(1) L. c. sup., cap. 4.

(2) Tome 2, p. 324.

(3) Exode.

(4) Can. Apost., 3 et 4. Le 3o et le 4e canons n'en font qu'un dans quelques anciens manuscrits.

(5) Me orationibus vestris comitamini, et aromata Deo offerte.

(6) Atque utinam nobis quoque adolentibus altaria, sacrificium deferentibus assistat angelus, imo præbeat se videndum (S. Ambroise, Comment. in Evangelium Luc, lib. 1, cap. 1, vers. 11 et 12).

(7) Ordo sacri ministerii, Euchol. græc. du P. Goar, p. 2.

(8) L. c. sup., cap. 3 et 4.

(9 Rerum ecclesiastic. Theoria.

(10) De Templo.

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