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mystique. Saint Germain dit que l'encensoir marque l'humanité de Jésus-Christ, le feu sa divinité, et la vapeur du parfum sa grâce. L'auteur des homélies sur l'Apocalypse, attribuées à saint Augustin (1), regarde aussi l'encensoir dont parle saint Jean comme le corps de JésusChrist, et l'encens comme ce même corps offert en sacrifice pour le salut du monde, et reçu comme un doux parfum par le Père céleste. En un mot, tous les anciens auteurs ecclésiastiques ne regardent l'encensement fait à l'autel que comme le signe d'un culte spirituel et religieux.

Les chrétiens regardaient autrefois avec tant de vénération l'encens qu'on brûlait dans les églises, qu'ils tâchaient d'en porter l'odeur avec la main à la bouche et au nez, en disant ce que le prêtre dit encore :. « Que le Seigneur allume en nous le feu de son amour et la flamme de l'éternelle charité » (2).

3o L'encens a toujours été pris pour une vive expression des prières que nous adressons à Dieu et du désir que nous avons qu'elles s'élèvent vers lui comme ce doux parfum s'élève en haut. Dans les liturgies de saint Jean Chrysostôme et de saint Basile, le prêtre, prenant l'encensoir, dit (3): « O Jésus-Christ qui es Dieu! nous t'offrons cet encens en odeur d'un parfum spirituel, afin que tu daignes le recevoir en ton saint et sublime autel, d'où nous attendons les effets de ta miséricorde » (4). C'est sans doute pour se conformer à cet esprit de l'Eglise, qu'en 526, à Césarée en Palestine, le saint prêtre Zozimas, dans le moment que la ville d'Antioche fut abîmée, fondant en larmes, fit apporter l'encensoir dans le choeur, y alluma de l'encens, se prosterna par terre, et joignit à la fumée de cet encens ses soupirs et ses prières, pour tâcher d'apaiser la colère de Dieu (5). L'encens n'a donc été regardé que comme

(1) Ipse enim Dominus factus est thuribulum ex quo Deus odorem suavitatis accepit, et propitius factus est mundo (homil. 6 in Apocalyps., t. 3, S. Aug., app., 167).

(2) Voyez la Messe de Du Tillet, dans le P. Menard, p. 271, et le Pontifical de Séez, vers l'an 1045, où on lit qu'en recevant l'encens chacun doit dire : Accendat in nobis Dominus ignem sui amoris et flammam æternæ caritatis. (3) Euchol. græc. du P. Goard, p. 52.

(4) Selon lá liturgie des Ethiopiens, qui furent convertis par les soins de S. Athanase, et qui ont toujours suivi les rits de l'Eglise d'Alexandrie, l'encens est offert à la sainte Trinité, et on dit, en encensant : « Louange à Dieu Père, louange à Dieu Fils, louange à Dieu Saint-Esprit. » Plusieurs anciens Missels de France et d'Allemagne ont aussi fait dire cette prière en offrant l'encens : Suscipe, sancta Trinitas, hanc oblationem incensi hujus de manibus meis, et per hanc oblationem dimitte nobis delicta nostra, et tribue nobis misericordiam tuam (Missale senonense, ann. 1556, 1575 et 1715).

(5) Evagre, Hist eccles., lib. 4, cap. 7.

une image de nos dispositions intérieures. « Nous composons un bon encens d'aromate, dit saint Grégoire (1), lorsque nous apportons à l'autel la bonne odeur des vertus, qui est d'autant plus suave que ces vertus sont plus grandes et en plus grand nombre. »

Les prêtres latins font presque la même prière que les grecs : « Que cet encens, disons-nous, que tu as béni, Seigneur, monte vers toi, etc. » (2). Ce n'est pas une fumée matérielle, mais un parfum spirituel qui peut monter au trône céleste; et le prêtre exprime encore plus distinctement que la fumée de l'encens n'est qu'une image de nos prières, en disant, pendant l'encensement : « Que ma prière, Seigneur, s'élève vers toi comme cet encens » (3).

« Il n'est pas possible de trouver un symbole qui pût nous mieux marquer quelles doivent être nos prières. L'encens ne s'élève en haut que par l'activité que le feu lui donne; et nos prières, qui ne sont réellement que les désirs de notre cœur, ne peuvent aller jusqu'à Dieu qu'étant animées par le feu de l'amour divin. Ce qui s'élève de l'encens est de bonne odeur, et nous devons demander à Dieu qu'il prépare de telle manière notre cœur, qu'il ne s'en élève rien qu'il ne reçoive agréablement. Tout l'encens est consumé, il ne reste aucune partie qui ne s'élève en vapeur, et tous les désirs de notre cœur doivent tendre vers Dieu, sans qu'aucun s'attache à la terre » (4).

Enfin, en quatrième lieu, si ce parfum spirituel, dont parlent les Liturgies, signifie nos prières, il marque encore plus expressément celles des saints, puisqu'elles ne sont représentées dans l'Ecriture que comme un parfum qui est offert à Dieu (5). On ne pouvait mieux placer le premier encensement qu'immédiatement après la prière Oramus te, Domine, dans laquelle nous demandons à Dieu d'avoir égard aux mérites et aux prières des saints pour nous faire miséricorde.

Théodore de Cantorbéry, au VII° siècle, dit qu'il faut offrir de l'encens aux fêtes des saints, parce que leurs actions ont été devant Dieu comme des lys d'une agréable odeur (6).

(1) Thymiama ex aromatibus compositum facimus, cum in altari boni operis virtutum multiplicitate redolemus. Quod mixtum et purum fit, quia quanto virtuti jungitur, tanto incensum boni operis sincerius exhibeatur (Moral, lib. 1, caput 19).

(2) Incensum istud a te benedictum ascendat ad te, Domine, et descendat super nos misericordia tua (Ordo Missæ).

(3) Dirigatur, Domine, oratio mea sicut incensum in conspectu tuo, etc. Ibid., ex psalmo 140).

(4) Le P. Lebrun, 1. c. sup., t. 1, p. 154 et 155.

(5) Apocalypse, chap. 5, verset 8; id., chap. 3.

(6) Incensum Domini incendatur in natali sanctorum pro reverentia diei, quia

NOTE 7.

REMARQUES HISTORIQUES SUR LA RÉCITATION DU KYRIE ELEYSON.

On n'a pas toujours dit le Kyrie au milieu de l'autel; on l'a dit autrefois au côté de l'épître les Chartreux, les Carmes et les Dominicains le disent encore en cet endroit, où ils ont dit l'Introit; ce qui s'observe généralement à Rome et ailleurs, aux grandes messes.

L'ordre et le nombre des Kyrie n'ont pas aussi toujours été les mêmes. Au temps de saint Grégoire, on disait autant de fois Christe que Kyrie (1). Dans le rit ambrosien, on dit trois fois Kyrie après le Gloria in excelsis (2); et durant plusieurs siècles, lorsque le Pape disait la messe, on lui demandait s'il voulait changer le nombre des Kyrie, et les chantres continuaient jusqu'à ce qu'il fît signe de cesser (3). L'usage actuel, qu'on suit depuis plusieurs siècles, est très-pieux. On dit neuf fois Kyrie ou Christe, pour imiter le chant des anges, qui composent neuf chœurs; et l'on dit trois fois Kyrie au Père, trois fois Christe au Fils, et trois fois Kyrie au Saint-Esprit, pour adorer également les trois personnes de la très-sainte Trinité.

Kyrie eleison sont deux mots grecs, qui signifient: Seigneur, aies pitié; et il est clair par là que cette prière a commencé en Orient.

Dans les Constitutions apostoliques, qui contiennent les rits de la plupart des églises grecques des quatre premiers siècles, on voit que cette prière se faisait premièrement pour les catéchumènes (4). Un diacre criait : « Catéchumènes, priez; que les fidèles prient pour eux, et qu'ils disent Kyrie eleison. » Le diacre récitait tout haut diverses demandes pour les catéchumènes : Qu'il plût à Dieu de les éclairer des lumières de l'Evangile, de les remplir de sa crainte et de son amour, de les disposer au sacrement de la régénération pour les laver de toute tache, et d'en faire une demeure où il daignât habiter, pour les préserver de tout mal. A toutes ces prières, les enfants, qui composaient un chœur, disaient Kyrie eleison, et tout le peuple répétait ces paroles.

ipsi sicut lilia dederunt odorem suavitatis (Pœnit., cap. 1, apud d'Achéry, Spicileg.).

(1) Epist. S. Gregorii, lib. 7, ep. 64.

(2) Missale Ambros., 1492, 1548 et 1669.

(3) Ut ei annuat, si vult mutuare numerum litaniæ ( Ordo rom., 1, p. 9: Paris, De crassis in carem.).

(4) Lib. 8, cap. 6.

On faisait aussi des prières pour les pénitents. Toute l'Eglise disait de même pour eux Kyrie eleison; et l'on a retenu dans la suite cette prière pour tous les fidèles. Dans la Conférence entre Pascentius, arien, et saint Augustin, dont Vigile de Tapse est apparemment l'auteur, il est dit que les églises latines gardaient des mots grecs et barbares, afin qu'on invoquât également la divine miséricorde dans les langues étrangères aussi bien que dans la latine (1).

Cette prière: Aie pitié, qui est le commencement des supplications de la messe, est la plus ancienne (2), la plus commune parmi les nations, et la plus répétée dans l'Evangile (3).

Cette prière a toujours paru si belle et si touchante, que les églises des Gaules, qui ne la disaient pas encore à la messe en 529, ordonnèrent, au second Concile de Vaison, qu'on la dirait à l'avenir, non-seulement à la messe, mais aussi à matines et à vêpres (4).

Le troisième canon de ce concile nous apprend que cette prière était déjà en usage à Rome, en Italie et dans toutes les provinces d'Orient, au commencement du VIe siècle; de sorte que plusieurs auteurs se sont trompés, quand ils ont dit que saint Grégoire l'avait introduite à Rome, puisque ce saint pape n'a occupé le saint-siége que plus de soixante ans après le Concile de Vaison. Quelques personnes éloignées de Rome s'étaient trompées sur ce point, au temps même de ce saint pontife. C'est ce qui l'obligea de répondre à des Siciliens qu'il n'avait pris des Grecs ni le Kyrie eleison, ni les autres rits dont on parlait; qu'ils avaient été établis avant lui; qu'il y avait même en ce point de la différence entre l'usage des Grecs et celui des Romains; que les Grecs chantaient tous ensemble le Kyrie; que, dans l'Eglise de Rome, les clercs commençaient et le peuple répondait; qu'on y disait Christe eleison autant de fois que Kyrie, ce qui ne se faisait pas ainsi chez les Grecs; et que, dans les messes de chaque jour, c'est-à-dire des jours ouvriers, où l'on omettait diverses prières, on y retenait toujours le Kyrie et le Christe éleison comme une prière qui intéressait davantage tous les fidèles (5).

(1) Una rogatur ut misereatur a cunctis Latinis et Barbaris unius Dei natura, ut a laudibus Dei unius, nec ipsa lingua barbara fit ullatenus aliena. Latine enim dicitur: Domine, miserere (S. August., t. 2, app., p. 44 ).

(2) Isaïe, chap. 33, vers. 2; Baruch, III, 2. (3) S. Math., xx, 30; — id., xv, 22; S. Luc, xvII, 13; S. Marc, x, 48. (4). Et quia tam in sede apostolica quam etiam per totas orientales atque italicas provincias dulcis et nimium salutaris consuetudo est intromissa, ut Kyrie eleison frequentius cum grandi affectu et compunctione dicatur, placuit etiam nobis ut in omnibus ecclesiis nostris ista tam sancta consuetudo et ad matutinum, et ad missas, et ad vesperam Deo propitio intromittatur (canon 3).

(5) Cui ego respondi: Quia in nullo eorum aliam ecclesiam secreti su

NOTE 8.

ANTIQUITÉ DU GLORIA IN EXCELSIS.

SON AUTEUR.
ON LE DIT A LA MESSE.

DEPUIS QUAND

1. Le Gloria in excelsis a été dit pendant longtemps aux prières publiques et particulières des fidèles, avant qu'on l'ait chanté ou récité à la messe. Saint Athanase (1) veut qu'après avoir dit, dès le grand matin, le psaume et le cantique que nous disons encore à laudes, Deus Deus meus et Benedicite, les vierges chrétiennes récitent cette hymne (2): Gloria in excelsis Deo, etc. Cette même hymne (à quelques variétés près) est tout entière dans les Constitutions apostoliques (3), sous ce titre : Prière du matin, suivant l'usage des églises orientales. Parmi les Latins, on a dit aussi en beaucoup d'églises cette hymne à l'office du matin, du moins le dimanche, depuis un temps immémorial. Elle se trouve dans les Psautiers et dans les anciens livres d'églises écrits en France et en Angleterre depuis neuf ou dix siècles, où on lit en quelques-uns ce titre : Hymne du dimanche à matines, c'est-à-dire laudes (4).

2. Plusieurs auteurs latins (5) ont cru que saint Hilaire était l'auteur de cette hymne. Mais le seul témoignage de saint Athanase, contemporain de saint Hilaire, fait voir qu'ils se trompaient, puisque de son temps les femmes d'Orient la savaient communément par cœur. Elle doit être beaucoup plus ancienne, et il y a apparence que c'est une de

mus..... Kyrie eleison autem nos neque diximus, neque dicimus sicut a Græcis dicitur, quia in Græcis simul omnes dicunt; apud nos autem a clericis dicitur, et a populo respondetur, et totidem vicibus etiam Christe eleison dicitur, quod apud Græcos nullo modo dicitur. In quotidianis autem missis, alia quæ dici solent tacemus, tantummodo Kyrie eleison et Christe eleison dicimus, ut in his deprecationis vocibus paulo diutius immoremur (lib. 7., ep. 64). (1) De Virginitate, vers. fin.

(2) Hymne est un cantique de louange en l'honneur de Dieu: Hymnus ergo tria ista comprehendit, et canticum, et laudem, et Dei... (S. Augustin in ps. 148;

S. Isidore, Orig., lib. 6, cap. 19;- Platon, lib. 3 De Legibus).-Le Gloria in excelsis est l'hymne que les Grecs appellent la grande doxologie, pour la distinguer du Gloria Patri, qui est la petite.

(3) Lib. 7, cap. 47.

(4) Dans Durand, on lit souvent: Matutinæ laudes, confondant ainsi les deux offices de matines et de laudes, qui constituaient ce qu'on appelait autrefois nocturne.

(5) Remy d'Auxerre, Expositio Missæ; -Alcuin, cap. 40; - Robert Paululus; - Honorius; -Jean Beleth, etc.

TOME II.

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