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Ce changement est du même genre, au physique et au moral, que celui qui s'opère de l'enfance à la puberté, de l'àge adulte à l'âge mûr, de ce dernier à la vieillesse 27, et sans nul doute il est plus facile.

Sans la chute, il y aurait donc eu mort pour l'humanité; mort, c'est à-dire, sortie de ce monde, sortie du milieu de la nature accordée au genre humain 28; mais, évidemment, cette sortie eût été fort différente pour l'homme sans le mal moral, et sans son corollaire le mal physique 29.

Maintenant, il y a souffrance à naître, à vivre, à mourir, parce que le monde dans lequel ces faits individuels se passent, la nature à laquelle ces faits nous associent, ou dont le dernier des trois, la mort, nous délivre et nous sépare, ce monde et cette nature, disons-nous, ont éprouvé le contre-coup du mal moral. Ce contre-coup s'est nécessairement étendu à travers toute cette phase, de son commencement à sa fin; l'entrée, le séjour, la sortie, tout a été compromis; le mal ne pouvait être partiel. Ne vous étonnez donc point que la naissance et la mort soient des souffrances, que sur le seuil même de la vie le mal nous attende, et qu'il nous accompagne jusqu'à son extrême limite; ne vous étonnez pas que le premier cri et le dernier adieu soient des douleurs. Dans une atmosphère chargée de miasmes impurs, on les aspire et au premier souffle de vie et au dernier soupir.

Plus loin que la mort, qu'y a-t-il au premier moment? La résurrection; dans le sens spirituel, elle n'est que l'entrée dans la phase de progrès qui suit, et au physique, que la prise de possession de l'organisme nouveau dont cette phase a besoin 30.

La résurrection touche à la mort et la suit immédiatement, puisque l'activité est continue. Il n'y a rien, ni silence, ni sommeil, ni intervalle, entre cette vie et l'autre 31. La résurrection nous trouve et nous prend où la mort

nous met, en voie de progrès ou en voie de chute 32. Comme la résurrection ne fait point partie de la phase actuelle de progrès et qu'elle appartient à une autre, elle n'est point fatalement accompagnée de souffrance comme la naissance, la vie et la mort.

CHAPITRE XXIV.

Fin du Monde.

Les mêmes principes expliquent ce qu'il faut entendre par les expressions et les images: fin du monde, consommation des siècles 33. Ces manières de parler désignent le terme collectif d'une phase de progrès. Ce que la mort est individuellement, la fin du monde l'est donc pour l'espèce.

La fin d'un monde n'est que la clôture des progrès possibles dans un certain milieu et au sein d'une certaine nature; d'où il suit que la fin d'un monde ne peut venir qu'à l'épuisement des moyens de progrès qu'il fournit. Tous les mondes finiront donc, chacun à son tour. Le nôtre est loin encore de son terme. Cependant, à mesure que l'humanité avance dans les âges dont Dieu lui permet de disposer, on remarque que, de plus en plus, l'esprit s'assujettit la matière ; toute découverte n'est qu'un assujettissement de la nature à l'humanité, qui s'en sert comme d'un instrument de progrès, et l'on entrevoit confusément dans le lointain le moment où toutes les forces et les richesses de la nature seront domptées et employées; l'humanité n'aurait plus ici-bas de conquête à tenter, de travail à entreprendre; tout sera connu,

tout sera appliqué; alors la nature actuelle s'éclipsera devant les moyens d'une nouvelle phase de progrès.

Cette notion de la fin du monde explique comment l'époque en est si complétement inconnue, comment ce secret de l'avenir est si bien gardé 34. Pour savoir quand le monde finira, il faudrait prévoir tous les progrès que l'humanité accomplira encore, tous les usages que l'humanité fera de la nature; les prévoir, ce serait les devancer 35.

La fin du monde n'arrivera donc qu'au moment de la dernière victoire de l'esprit sur la matière, de l'homme sur la nature; et comme le vainqueur est nécessairement présent à sa victoire, il suit que toute une génération humaine sera témoin de la clôture de nos siècles d'apprentissage, de la liquidation générale de nos affaires terrestres.

Une génération y sera présente, non une famille, un couple, un individu. L'humanité a pu commencer par un couple; elle ne peut finir que par une génération au grand complet de ses membres. Deux faciles considérations le démontrent.

Il faut toute une génération pour tenir la nature assujettie jusqu'à la fin.

Si l'humanité finissait sur la terre par épuisement, si la force génératrice allait s'amoindrissant, de telle sorte qu'aux derniers temps, l'humanité fût réduite rapidement en nombre et diminuât au point de ne plus former qu'une tribu, puis une famille, puis un couple, et qu'enfin un seul homme survécût à l'humanité, les derniers des humains auraient une destinée en contradiction avec les tendances humaines, et leur progrès serait violemment entravé et suspendu.

La mort n'étant autre chose que la porte de sortie du monde et de la nature qui servent à la phase actuelle de progrès, il résulte de ce qui précède qu'elle doit, par la nature même des choses, tenir l'humanité sous son joug jusqu'à l'avant-dernière génération, et que la dernière n'aura

pas à mourir. La mort est un phénomène de la nature qui nous sert durant cette phase, et la nature finissant, la mort finit avec elle 36.

La dernière génération, sans passer par une mort, passera par une résurrection, c'est-à-dire, qu'elle devra échanger l'organisme devenu inutile de la phase actuelle de progrès contre l'organisme meilleur de la phase prochaine 37. Toute cette théorie de la fin du monde conduit à cette pensée remarquable, que loin d'être un sujet de tristesse et de terreur, ce grand jour est le point culminant des destinées terrestres de l'humanité; une joie, et non une affliction; un triomphe, et non un désastre; notre dégagement de la matière, notre assomption vers le ciel 38.

CHAPITRE XXV.

De la Prière.

Le principe du progrès, le système qui n'admet dans les départements de l'univers, où règnent la liberté et les tendances qu'elle suppose, d'autre modèle que Dieu, d'autre travail que de s'efforcer de s'en approcher, et d'autre bonheur, d'autre récompense, d'autre gloire que de s'en approcher de plus près, ce principe, ce système, résout, en outre, un des plus grands et des plus saints problèmes de la religion, celui de la prière.

Il y a deux sortes de prières : celles où il s'agit de Dieu, celles où il s'agit de nous.

Les prières où il s'agit de Dieu sont des louanges; celles où il s'agit de l'homme sont des vœux.

Les premières sont de simples élans de l'âme vers l'infini, un recueillement intérieur, des manifestations de religiosité, des expressions de la pensée religieuse qui rend gloire ou qui rend grâce, c'est-à-dire, qui se livre à des effusions ou d'admiration ou d'amour.

Ces prières n'ajoutent aucun mystère, aucun problème aux questions religieuses, parce que la providence de Dieu et la liberté de l'homme n'y sont point en présence.

Les difficultés sont soulevées par les prières qui nous concernent plus spécialement, et qui sont des vœux.

En effet, dans l'idée vulgaire, prier, c'est surtout demander.

Quel peut être l'objet de ces demandes?

Est-ce demander que Dieu cesse d'être immuable, que Dieu change de volonté, que Dieu bouleverse à tout moment le gouvernement de l'univers et interrompe l'action des lois qu'il a données, le jeu des forces qu'il a établies?

Est-ce demander que la Providence devienne nôtre et se conforme à nos idées, à nos désirs et à nos regrets? De pareilles prières ne se rachètent du blasphème qu'à force de naïveté dans leur imprudence, à force de sincérité dans leur erreur.

C'est prier Dieu comme on prie l'homme; c'est un pur anthropomorphisme.

Par exemple, demandera-t-on, dans l'ordre physique, que la tour de Siloé ne s'écroule point sur les dix-huit Israélites dont l'Évangile rappelle la mort funeste? C'est vouloir que les lois de la gravitation universelle, qui maintiennent les soleils à leur place, soient suspendues à notre profit.

Demandera-t-on, dans l'ordre spirituel, les forces suffisantes et les occasions opportunes pour l'accomplissement de sa tâche? Comment s'imaginer que jamais Dieu les re

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