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nom même de chrétien n'est plus qu'un vain mot, puisqu'on ne reconnoît plus Jésus-Christ comme Dieu. Ainsi les ministres de Genève ont franchi la borne immuable; ils ont donné la main aux déistes, ils ont rompu avec la grande société chrétienne. Que viennent-ils nous parler, après cela, d'opinions surannées, d'obscurantisme, d'exagération, de vieille théologie? Avec un tel langage, on les poussera jusqu'à l'athéisme, et de réforme en réforme, il se trouvera qu'ils auront tout réformé. Déjà la chose est fort avancée; l'exiguité de leur symbole est un sujet de scandale dans leur propre communion. Ils rougissent de faire mention du péché originel, sans lequel l'Incarnation n'est plus nécessaire, et ils atténuent tout ce qui, dans la Bible, tient du miracle ou du mystère. On donne à cette conduite le nom d'un systême plus libéral : cela s'appelle marcher avec le siècle; ce qui est plus à la mode, sans doute, que de marcher avec Jésus-Christ. On se félicite de sa modération et de sa tolérance, comme si la modération consistoit à renoncer à sa foi, et la tolérance à adopter positivement l'erreur. On qualifie de puritains, de méthodistes, de dissidens, ceux qui troublent la fausse paix où l'on veut s'endormir, et nous sommes réduits à demander où est le christianisme dans cette église, qui se vantoit de l'avoir épuré.

Ce qui ajoute encore au scandale de ce refus obstiné de s'expliquer catégoriquement sur la divinité de JésusChrist, c'est le ton léger avec lequel le ministre, auteur des doux Lettres à un ami, s'est expliqué sur un sujet si grave. Jadis un des plus illustres pères de l'Eglise ne vouloit pas qu'on souffrit patiemment le soupçon d'hérésie. Le ministre est bien plus accommodant. Il trouve à s'égayer sur une accusation si sérieuse, et loin de la dissiper, il en plaisante. Un théologien auroit cru devoir faire ici une confession de foi bien précise; le ministre aime mieux emprunter le langage du théâtre. Il cite tour à tour Molière, Boileau et Gresset; il met en scène les Femmes savantes et les Visitandines, Jean

not Lapin et Sganarelle; il appelle à son secours Annibal et Montaigne, Bérose et Buffon. Il rit même de saint Calvin, et de sa douce et petite chimère de la prédestination. Enfin, ce ministre musqué saisit admirablement le ton des boudoirs, répond à des argumens par des vers de comédie, badine agréablement sur le dogme, et fait de l'esprit quand on le somme de dire 's'il est chrétien ou non. Cette manière de se tirer d'affaire est leste et cavalière pour un docteur, et elle prouve que messieurs de Genève ont bien secoué la poussière de l'école, et sont au niveau des lumières du siècle. Combien Calvin seroit étonné d'avoir dé tels disciples, et combien ce chef austere seroit humilié de voir qu'on rougit de sa doctrine, et qu'on a substitué à la dureté de sa théologie, tout ce que les idées libérales ont de plus attrayant et de plus commode!

Mais en signalant la défection de ce parti, la nullité de sa foi et la frivolité de ses défenses, il faut avouer que,' de l'autre côté, on n'est pas non plus exempt de reproches. M. Empaytaz ne s'est garanti de l'indifférence de ses confrères que pour se jeter dans la route de l'enthousiasme, et pour suivre une prophétesse égarée par son imagination, M. Mallan et ses partisans se perdent dans leurs idées exagérées sur la prédestination et sur la foi sans les œuvres. Ils usent de termes abstraits, ils affectent une religion mystérieuse et sublime, ils recherchent des voies exfraordinaires. Pauvre église, où on ne se sauve de l'incrédulité que par des illusions, et où le défaut d'autorité fait qu'on n'évite un excès que pour tomber dans un autre.! Dans quel abîme d'erreurs se sont précipités ces hommes qui se sont une fois écartés du sentier de la vérité, et peut-on dire qu'il reste quelque ombre du christianisme dans ce corps de pasteurs, où l'on ne connoît plus Jésus Christ, et où l'on défend même d'expliquer en public ce qu'il est ? Quel nom donner å ce simulacre de religion, où l'on ne voit plus qu'une luctuation d'idées, de systêmes, d'opinions que chacun

est libre de rejeter et d'admettre? Ce n'est plus là la société fondée par Jésus-Christ, et assise sur la pierre; c'est la tour de Babel, et la confusion des langues.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le prince héréditaire de Bavière est arrivé à Rome, le 26 octobre, et a fait le lendemain visites a saint Père. S. A. R. a gardé l'incognito, et est repartie pour Naples, d'où elle passera en Sicile.

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M. Charles Zen, archevêque de Calcédoine, et nommé nonce en France, est arrivé de Suisse, où il remplissoit les mêmes fonctions.

- La fête de saint Denis a été célébrée dans la maison royale de ce nom, par les dames Ursulines françoises qui l'habitent. Les élèves ont exécuté à la messe et au salut un chant nouveau pour le Roi et la famille royale.

Le couvent de Sainte-Claire, à Carpi, a été rouvert, le 4 octobre, jour de la fête de saint François d'Assise. Vingt-deux religieuses ont repris leur habit. Cette cérémonie, qui s'est faite avec pompe, a été présidée par M. Bernardi, vicaire général du diocèse. Les habitans de Carpi ont vu avec joie cette restauration, qui est due à la piété du duc de Modène.

PARIS. On dit que l'archevêque titulaire de Lyon ayant refusé persévéramment sa démission, quoiqu'il ne puisse plus résider en France, le souverain Pontife l'a déclaré suspens de sa juridiction, et a donné à M. de Bernis, ancien archevêque d'Albi, des lettres d'administrateur pour ce siége. On espère donc que ce prélat pourra prendre en main l'administration de ce grand siége, en même temps que les trente-un évêques, institués dans le consistoire du 1er octobre, prendront possession de leurs siéges respectifs.

Nous sommes invités à annoncer que M. d'Astros, évêque d'Orange, qui avoit été nommé, l'année dernière, membre de la commission formée sur l'enseigne

ment mutuel, s'est retiré entièrement, et depuis longtemps, de cette commission, et qu'il n'a pris aucune part à ses opérations. Les deux autres ecclésiastiques, qu'on avoit aussi invités à entrer dans cette commissiou, et qui sont aujourd'hui évêques, se sont également abstenus d'assister aux séances de la cominission.

- M. Dubourg, évêque de la Louisiane, qui s'étoit embarqué, à Bordeaux, au mois de juin dernier, pour son diocèse, est arrivé à Annapolis, le 5 septembre. Il a été transporté, ainsi que ses missionnaires, sur un bâtiment de S. M., et a rendu cette longue traversée utile à l'équipage. Sa piété, sa douceur attrayante et ses instructions ont ramené à Dieu des hommes qui avoient oublié les pratiques de la religion. Il les a préparés par de fréquens exercices au sacrement de la réconciliation, et en a admis cinquante à la communion. Dans ce nombre il y avoit dix premières communionis. Le prélat a donné la confirmation à quarante personnes. C'est ainsi qu'il a préludé à ses travaux apostoliques dans les vastes contrées qui lui sont confiées. On a appris avec peine qu'un bâtiment qui portoit la plus grande partie des effets de ce prélat et des missionnaires a fait naufrage sur les côtes d'Angleterre.

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Des journaux ont annoncé que M. de Broglie, évêque de Gand, avoit été condamné, le 8 novembre, la déportation, par la cour supérieure de Bruxelles. Nous aimons encore à croire que cette nouvelle est hasardée.

-Lundi prochain, 17 novembre, il sera célébré, à dix heures précises du matin, dans l'église de l'hôpital royal des Quinze-Vingts, une messe solennelle en musique, et un Te Deum, à grand orchestre, de la composition de M. l'abbé Roze, exécutés par les aveugles, en actions de grâces pour l'anniversaire de la naissance du Roi.

TOULOUSE. Le 28 octobre, vingt-deux sous-officiers et soldats de la légion des Deux-Sèvres firent leur première communion dans l'église paroissiale de Saint-Ser

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min. Avant la messe, ils allèrent aux fonts baptismaux, où ils renouvelèrent les promesses de leur baptême, et promirent de vivre et de mourir dans l'amour et le service de Jésus-Christ. A la comthunion, M. le curé leur adressa des paroles de piété propres à les faire entrer dans les sentimens que ce moment devoit leur inspirer. Tout leur extérieur annonçoit en effet qu'ils n'avoient pas été sourds à la voix de la grâce. M. le curé donna des éloges au zèle avec lequel le colonel et les officiers avoient secondé l'instruction des jeunes Vendéens. Toute la légion assistoit à la cérémonie, à l'issue de laquelle les vingt-deux communians furent conduits au séminaire, où on avoit préparé un repas pour eux. Ils passèrent le reste du jour dans la compagnie de pieux ecclésiastiques qui les fortifièrent dans leurs bonnes résolutions, et qui les reconduisirent le soir à la caserne. AVIGNON. Il existoit dans l'ancien diocèse de Carpentras une maison de retraite appelée Sainte-Garde-desChamps, élevée par les soins et les bienfaits de M. de Bertet, supérieur d'une congrégation qui se consacroit à l'oeuvre des missions, et à l'instruction des jeunes ecclésiastiques. Elle avoit tiré son nom de ce même établissement, où ces vertueux ministres venoient se dém lasser de leurs travaux apostoliques, et puiser de nouvelles forces, pour reprendre l'exercice de leurs fonctions. Il fleurissoit depuis une soixantaine d'années, lorsqu'une foi spoliatrice ordonna la vente des propriétés du clergé, ainsi que de toutes celles des associations pieuses. Cette maison fut possédée par différens acquéreurs, dont le dernier convertit l'église en un atelier de verrerie. De dignes ecclésiastiques, de vertueux pasteurs, de zélés missionnaires, et d'honnêtes citoyens, voulant rendre à la religion un monument qui lui avoit été particulièrement consacré, ont pris la résolution de le racheter, et de le rétablir. Le projet a été presqu'aussitôt exéculé que formé, les souscriptions ont été remplies, et de pauvres curés de campagne ont trouvé dans leur

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