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>> modérant un peu les fureurs de Genséric, les » papes furent regardés comme les génies tuté»laires de Rome, et comme la seule ressource » contre les Barbares. Ils jouissoient donc déjà » d'une autorité à peu près absolue. Les Ro» mains, satisfaits de ce gouvernement paternel, >> redoutoient celui des Lombards, dont la plu» part étoient Ariens. Le pape Etienne, trop » foible pour résister à ce peuple puissant, implora le secours de Pepin, qui s'étoit rendu » maître de la France. Pepin passa les Alpes, » défit Astolphe, roi des Lombards, l'an 774, et » l'obligea de céder au Pape l'exarchat de Ra» venue. Nous demandons quelle infidélité ce » pape a commise envers l'empereur d'Orient. » Celui-ci ne voulant plus être le protecteur de » Rome, le Pape en chercha un autre. Ce n'est » pas cette ville qui s'est soustraite à la domi» nation des empereurs, ce sont eux qui l'ont » abandonnée à son malheureux sort.

>> Didier, successeur d'Astolphe, reprit l'exar» chat de Ravenne, et saccagea les environs de >> Rome. Charlemagne vola au secours du pape >> Adrien, vainquit Didier, le fit prisonnier, et » détruisit ainsi le royaume des Lombards. Cou» ronné empereur l'an 800, à Rome, il fit le

Pape son premier magistrat. A la décadence » de la maison de Charlemagne, le Pape imita » les autres grands vassaux, et les seigneurs d'Ita» lie; il se rendit indépendant (1) ».

- C'est bien quelque chose qu'une possession de dix siècles! Quel souverain en Europe règne à des titres plus respectables?

Etoit-il possible qu'au milieu de l'Europe chrétienne, le chef de la Religion restât étranger au mouvement général, et ne se ressentît pas des changemens politiques qui s'opéroient autour de lui? La prééminence spirituelle du saint Siége, le respect que lui portoit toute la chrétienté, les vertus ou les lumières dont il brilloit, les services qu'il avoit rendus; devoient naturellement amener pour lui cet agrandissement temporel qui commença à prendre tant de consistance sous Charlemagne : dans tout cela la Providence avoit ses vues. La constante pauvreté des papes n'auroit pas empêché la chute de l'empire romain, ·les dévastations des Barbares, les ténèbres et les vices du moyen âge; mais on peut dire que Pélévation temporelle des Papes a contribué puissamment à guérir tous ces maux. Que de saintes entre

(1) Bergier, Dict. de Théol. art. Pape.``

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prises formées par eux pour la propagation de > l'Evangile ! que d'encouragemens donnés aux lettres, aut sciences, aux arts ! que d'établissemens précieux pour en favoriser les progrès! que d'efforts constamment suivis pour éclairer l'Europe! Or, pour tout cela la piété ne suffisoit pas; il falloit que l'Eglise romaine fût riche et puissante.

Et combien n'étoit-il pas convenable que le père commun des princes comme des peuples, ne fût le sujet d'aucun d'eux? Fleury n'est pas soupçonné d'avoir flatté les papes; il n'aimoit pas à voir réunies, à une certaine époque, la principauté spirituelle et la temporelle dans les mains des évêques. Après s'en être expliqué, il ajoute (1): « Je ne vois que l'Eglise romaine où >> l'on pût trouver une raison singulière d'unir les >> deux puissances. Tant que l'empire romain a » subsisté, il renfermoit dans sa vaste étendue » presque toute la chrétienté mais depuis que >> l'Europe est divisée entre plusieurs princes in>> dépendans les uns des autres, si le Pape eût été >> sujet de l'un d'eux, il eût été à craindre que >> les autres n'eussent eu peine à le reconnoître

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(1) IV. Disc. n°. 10.

:

pas

pour père commun, et que les schismes n'eussent » été fréquens. On peut donc croire que c'est >> par un effet particulier de la Providence que le » Pape s'est trouvé indépendant, et maître d'un »Etat assez puissant pour n'être aisément op» primé par les autres souverains, afin qu'il fût » libre dans l'exercice de sa puissance spiri»tuelle, et qu'il pût contenir plus facilement tous » les autres évêques dans leur devoir. C'est la » pensée d'un grand évêque de notre temps ».

Ce grand évêque dont vient de parler Fleury, c'étoit Bossuet, dont voici les paroles: (1) « Dieu » qui vouloit que cette Eglise, la mère commune » de tous les royaumes, dans la suite ne fût dé >> pendante d'aucuu royaume dans le temporel, >> et que le siége où tous les fidèles devoient gar» der l'unité, à la fin fùt mis au-dessus des par» tialités que les divers intérêts et les jalousies >> d'Etat pourroient causer, jeta les fondemens de >> ce grand dessein par Pepin et par Charlemagne. >> C'est par une heureuse suite de leur libéralité » que l'Eglise, indépendante dans son chef de >> toutes les puissances temporelles, se voit en état » d'exercer plus librement, pour le bien commun

(1) Disc. sur l'Unité, part. 2.

» et sous la commune protection des rois chré» tiens, cette puissance céleste de régir les ames; >> et que tenant en main la balance droite au milieu » de tant d'empires souvent ennemis, elle entre>> tient l'unité dans tout le corps, tantôt par d'iu» flexibles décrets, et tantôt par de sages tem>>> péramens ».

J'ai déjà cité plusieurs fois, et je citerai encore, le discours de l'évêque de Meaux sur l'Unité; c'est que ce discours ayant été fait pour une circonstance très-importante pour l'ouverture de l'assemblée du clergé de 1682, il y a déployé tout ce qu'il avoit de savoir et de force de raison, pour ne dire que des choses précises et convenables, et accorder au saint Siége tout ce qui lui est dû, sans blesser nos maximes gallicanes.

Ce discours a d'autant plus d'autorité, que l'assemblée générale, devant laquelle il fut prononcé, l'a comme sanctionné, en l'appelant pieux, savant et éloquent, dans ses lettres aux évêques de France, pour leur donner connoissance de ses opérations.

Le sentiment de Fleury et de Bossuet a été aussi celui du président Hénault, et pour les mêmes raisons; seulement je trouve de plus chez lui cette considération générale: Tout doit changer en même temps dans le monde, si l'on veut que

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