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De Musset pleura beaucoup. Il a ressenti les douleurs qu'il a chantées. A partir de 1848, les maladies fondirent sur lui avec acharnement: une fluxion de poitrine, une pleurésie, la maladie de cœur qui devait l'emporter, puis des crises de nerfs et des accès de fièvre avec délire.

Pendant cette longue agonie, de près de quinze ans, il sentit peu શે peu s' en aller la santé du corps et les forces de l'âme.

La mort fut pour lui une véritable délivrance.

Le 2 mai 1857, vers une heure du matin, il sentit que c'en était fait de lui. Il murmura: « Dormir!... enfin je vais dormir...! » et il ferma les yeux pour jamais.

Quelle lassitude et quelle douleur renferment ces quelques mots!

La renommée de De Musset atteignit son zenith sous le second empire. Elle fut alors éblouissante. On ne se contenta pas de le placer à côté de Lamartine et de V. Hugo: ses fidèles le placèrent même un peu plus en avant, en tête des

trois. Mais quand la postérité fera le triage. de ses œuvres, et examinera les feuillets où l'âme de toute une époque frémit et pleure avec lui, elle dira avec Taine: « C'était plus qu'un poète, c'était un hom—

me. »

CONCLUSION.

On a dit souvent que le pessimisme est une maladie qui a fait sa première apparition dans notre siècle, et que la cause principale de son origine est l' affaiblissement des croyances religieuses et des principes moraux qui formaient la vie de nos pères. Même des écrivains les plus cultivés ont eu cette croyance.

Mais après des études sévères, faites sur les manifestations poétiques et philosophiques des époques passées, on a vu que la peste du pessimisme, comme le disent quelques-uns avec une exagération évi– dente, existait déjà du temps des anciens, dans les ouvrages d'un grand nombre de poètes et de philosophes illustres.

Certes, on ne peut nier que dans la littérature contemporaine cette maladie ne soit arrivée à l'état aigu, par le grand nombre de maux qu'on rencontre dans

la vie, bien supérieur à celui des plaisirs, qui sont, du reste, toujours éphémères et fugitifs.

Nous laisserons de côté Arthur Schopenhauer, car nous ne nous sommes pas imposé le devoir de faire des recherches sur la pensée philosophique, ce qui est aussi d'une grande importance sociale.

Nous parlerons seulement des deux poètes que nous venons d' examiner à la hâte, et qui présentent deux symptômes fort marqués de cette, maladie qui ne semble pas diminuer; bien que notre civilisation soit dans un progrès continuel, et qu'elle nous offre, de plus en plus, de nombreux moyens pour rendre plus supportable et moins odieuse notre misérable existence.

Jacques Leopardi et Alfred de Musset, deux des plus grandes individualités artistiques de notre époque, ont fait passer dans leurs poésies deux espèces bien différentes de pessimisme, dues à leur manière spéciale de considérer la vie, à leur diversité d'esprit, de caractère et d'études, et aux vicissitudes qu'ils rencontrèrent ici-bas.

Ce qui rend sublime l'œuvre poétique

du grand recanatais, c'est ce caractère d'universalité que nous y avons déjà remarqué.

Ses sentiments sur la vie et ses pensées sur la destinée des hommes ressemblent à des sentences d'un juge sévère, à des jugements d'un esprit supérieur.

Leopardi n'est ni Werther, ni lacopo Ortis, ni Sara, ni René.

Il ne fait pas étalage de ses misères: s'il évoque ses émotions intimes, c'est pour les généraliser.

Quiconque lit le Chant nocturne d'un pasteur nomade de l'Asie, ou Amour et Mort, ou quelque autre poésie de caractère pessimiste fort marqué, se sent plongé dans une atmosphère pénible, il sent que la douleur se glisse dans son âme et que tout le monde qui l' environne exhale une détresse mortelle. C'est parce qu'il comprend que les douleurs chantées par Leopardi peuvent être aussi les siennes, et qu'on les trouve en tous les hommes, du moins à l'état de germe.

Dans la poésie de De Musset, au contraire, on remarque d'autres caractères moins frappants, car son pessimisme a des

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