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la fonction des soixante et douze disciples est devenue nulle; ils n'avaient plus à l'annoncer aux lieux où il devait venir quand il ne devait plus venir dans aucun lieu. Il leur aurait fallu une nouvelle mission, de nouveaux pouvoirs, un nouvel objet pour continuer leur ministère, ou plutôt c'eût été un ministère nouveau, un ministère dif

par le titre même de l'institution des soixante et douze disciples, par le texte qui a créé leur ministère, qu'ils n'étaient établis que pour un objet transitoire et pour un temps limité, que par conséquent leur mission n'a pas dû avoir de suite, ni eux de succes

ay annoncer sa prochaine arrivée. Ce ministère fat semblable à celui de S. Jean-Baptiste; il est même probable qu'il le remplaça; le saint précurseur était mort alors, comme on le voit par le chapitre précédent du même Evangile (1). Il est naturel de penser qu'à son défaut J.-C. voulut se faire précéder et Innoncer par d'autres personnes, et que ce fut à cet effet qu'il envoya devant lui préférent qu'on leur eût confié. Il paraît donc, venir de sa prochaine arrivée les lieux où il voulait se rendre. De même donc que le ministère de S. Jean-Baptiste n'était pas permanent, et ne devait pas se perpétuer dans l'Eglise, de même celui des soixante et douze disciples, qui y était semblable, et qui probablement le remplaçait, ne devait pas se continuer après eux. Il est nécessaire de réduire leur mission aux limites dans lesquelles J.-C. l'a circonscrite. L'objet de cette mission, son objet unique était de préparer les peuples à la venue de leur Dieu, et de les disposer à le bien recevoir; elle a dú étre terminée quand l'objet a cessé. Lorsque J.-C. a terminé le cours de ses voyages,

autem pauci. Rogate ergo Dominum messis, uit mittat operarios in messem suam.

3. Ite; ecce ego mitto vos sicut agnos inter lopos. 4. Nolite portare sacculum neque peram, neque calceamenta, et neminem per viam salutaveritis.

5. In quamcumque domum intraveritis, primum dicite: Pax huic domui;

6. Et si ibi fuerit filius pacis, requiescet super illumn pax vestra; sin autem ad vos revertetur.

7. In eadem autem domo manete, edentes et bibentes quæ apud illos sunt: dignus est enim operarius mercede sua. Nolite transire de domo in domum.

8. Et in quamcumque civitatem intraveritis, et susceperint vos, manducate quæ apponuntur vobis.

9. Et curate infirmos, qui in illa sunt, et dicite illis: Appropinquavit in vos regnum Dei.

10. In quamcumque autem civitatem intraveritis, et non susceperint vos, exeuntes in plateas ejus dicite : 11. Etiam pulverem, qui adhæsit nobis de civitate vestra, extergemus in vos; tamen hoc scitote, quia appropinquavit regnum Dei.

12. Dico vobis quia Sodomis in die illa remissius erit quam illi civitati.

13. Væ tibi, Corozain, væ tibi, Bethsaida; quia si in Tyro et Sidone facta fuissent virtutes quæ facte sunt in vobis, olim in cilicio et cinere sedentes pœ

niterent.

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18. Et ait illis: Videbam Satanam sicut fulgur de cœlo cadentem.

19. Ecce, dedi vobis potestatem calcandi supra serpentes, et scorpiones, et super omnem virtutem inimici, et nihil vobis nocebit.

20. Verumtamen in hoc nolite gaudere, quia spiritos vobis subjiciuntur; gaudete autem quod nomina vestra scripta sunt in cœlis (Luc., x, 1-20).

(1) Hæsitabat (Herodes) eo quod diceretur a quibusdam quia Joannes surrexit a mortuis..... Et ait Herodes Joannem ego decollavi (Luc., Ix, 7, 8, 9).

:

seurs.

IV. Et en effet, il n'est parlé, comme nous l'avons dit des soixante et douze disciples, que dans le seul passage de S. Luc que nous avons rapporté. Les autres évangélistes ne disent pas un seul mot de cette mission donnée à soixante et douze d'entre les disciples de J.-C.; et S. Luc lui-même, après avoir dit qu'ils sont revenus pleins de joie auprès de N.-S., garde dans tout le reste de son Evangile le plus profond silence. Ainsi aussitôl que leur mission est remplie, il n'est plus question d'eux. Cette mission est perdue, il n'en reste aucune trace, elle est comme si elle n'avait jamais existé. Si les soixante et douze eussent formé un ordre permanent de ministres de J.-C. comme les apôtres, quoique dans un état inférieur, ne serait-il pas quelquefois parlé d'eux dans les Evangiles? Ne les verrait-on pas quelquefois auprès de leur divin maître recevant ses ordres et ses instructions? Ne saurait-on pas quelquesuns de leurs noms. Si leur ministère eût subsisté au delà de la vie mortelle du Sauveur, serait-il possible qu'il ne fût pas fait mention d'eux dans le livre sacré qui trace l'histoire des premiers jours de l'Eglise, que les apôtres dans leurs Epitres n'en dissent pas un seul mot? Les diacres, dans ce système, sont inférieurs aux soixante et douze disciples; et cependant, non-seulement leur institution est racontée avec détail, l'objet de leur étamarqué, leurs noms sont rapportés, blissement, qui n'était pas momentané, est mais de plus il est question plusieurs fois d'eux et de leurs actions: et on veut que jamais il Me fut rien dit d'aucun des soixante et douze ? Ce silence absolu des livres saints sur leur compte depuis le moment où ils viennent rendre compte à J.-C. de leur mission, annonce que dès lors leur ministère a été tergée au delà de ce terme, que par conséquent miné, que leur mission ne s'est pas prolonelle ne s'est pas perpétuée dans des successeurs. Cette preuve acquerra une bien plus grande force, quand nous montrerons que le silence sur le ministère des soixante et douze disciples s'est continué pendant les sept premiers siècles de l'Eglise, et que ce n'est qu'au huitième siècle qu'on a imaginé de leur attribuer une mission permanente, successivement perpétuée.

V. Voudrait-on, pour échapper à la force de cette preuve, trouver la trace des soixante

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et douze disciples et la suite de leur mission dans les passages de l'Evangile où il est parlé des disciples en général, et prétendre que par le mot disciples les auteurs sacrés entendent les,soixante et douze que J.-C. avait choisis? Dabord cette assertion pèche en ce qu'elle est gratuite et fondée absolument sur rien. Le mot disciple signifie en général celui qui apprend quelque chose d'un maitre. Ainsi il n'y a pas plus de raison de l'appliquer à ces soixante et douze personnages, qu'à tous les autres qui suivaient N.-S. et qui écoutaient assidûment ses instructions.

Il n'y a rien ni dans le texte sacré, ni dans la tradition, qui restreigne le mot disciple à ceux-là seuls. Il est d'ailleurs facile de montrer la fausseté de cette supposition. Les trois évangélistes qui n'ont pas parlé de l'élection et de l'envoi des soixante et douze, S. Matthieu, S. Marc et S. Jean, ne peuvent pas les avoir eus en vue, quand ils se servent du mot disciples. On ne parle que pour être entendu. Or, en lisant l'Evangile de S. Matthieu, personne ne pourrait entendre que, par le titre de disciple il désignât un ordre de personnes dont il n'a point parlé antérieurement. Quant à l'évangéliste S. Luc, j'observerai en premier lieu, que dans plusieurs passages où il se sert du mot disciples, il est évident qu'il n'entend pas les soixante et douze. Je me contenterai d'en citer deux où le mot disciples a deux significations différentes, mais point celle qu'on voudrait lui donner. Dans l'un, l'auteur sacré rapporte que toutes les troupes des disciples louaient Dieu (1). Certainement, toutes les troupes des disciples signifient un peu plus que soixante et douze personnes. Dans l'autre, le divin Sauveur parle de manger la pâque avec ses disciples (2). Par disciples, il entend évidemment les apôtres qui, seuls, furent admis à manger la pâque avec lui. Ainsi, dans les Evangiles, le mot disciples tantôt comprend tous ceux qui recevaient les leçons de J.-C., tantôt s'applique uniquement à ses apôtres, qui étaient ses principaux disciples. Ce sont les circonstances de chaque texte qui en déterminent la signification précise, mais nulle part on ne voit ce mot désigner spécialement les soixante et douze envoyés du Sauveur. J'observerai en second lieu qu'il est si peu vrai que, dans le cours de son Evangile, S. Luc désigne par le mot de disciples les soixante et douze, que même, dans l'endroit où il parle d'eux formellement, il ne leur donne pas ce titre ; il les appelle dans tout le passage simplement les soixante et douze: Designavit Dominus et alios septuaginta duos..... Reversi sunt autem septuaginta duo cum gaudio. Il n'est donc pas dans le langage ordinaire de cet évangéliste de les désigner par le nom de disciples. Il serait absurde de supposer qu'il ne leur donne pas ce titre dans l'endroit où,

(1) Cœperunt omnes turbæ discipulorum gaudentes laudare Deum (Luc, xix, 37).

(2) Ub pascha cum discipulis manducem (Luc XXII, 11).

parlant spécialement d'eux, on entendrait clairement que ce sont eux qu'il a en vue ; mais qu'il les désigne ainsi par une qualification générale dans les autres passages où rien n'indique que c'est d'eux qu'il parle ; c'est donc une assertion d'une part sans fondement, de l'autre contraire et aux règles du discours et au langage ordinaire des auteurs sacrés, de prétendre que, par le mot général disciples, on doit entendre les soixante et douze. Il est clair par conséquent qu'il n'y a dans les saintes Ecritures aucune trace des soixante et douze disciples au delà de leur mission et du compte qu'ils en rendent. Il est en conséquence certain que celle mission n'a pas eu de suite et a été terminée au moment où ils sont venus en rendre compte. Suivons le fil de nos raisonnements, et rapprochant les soixante et douze disciples de ceux qu'on leur donne pour successeurs, voyons si les uns et les autres ont un même ministère et les mêmes fonctions : sont-ce tous les prêtres, sont-ce les seuls curés, qui ont succédé aux soixante et douze disciples? Ni l'une ni l'autre de ces asser

tions n'est soutenable.

VI. Si on dit que ce sont tous les prêtres, c'est leur qualité de prêtres, c'est leur prétrise qui est le titre de cette succession. II faut donc, dans ce cas, soutenir que les soixante et douze disciples étaient prêtres : il serait absurde de prétendre que c'est comme prêtres qu'on leur succède, et que cependant on n'était pas prêtre. La chose dans laquelle on succède doit être la même dans le prédécesseur et dans le successeur. Ainsi, dès que c'est la qualité de prêtre qui forme la succession des soixante et douze disciples, il est de toute nécessité qu'ils aient eu cette qualité; ils n'ont pas pu la transmettre à des successeurs s'ils ne l'avaient pas. Or il est certain que les soixante et douze disciples n'ont pas reçu le sacerdoce de Notre-Seigneur, qui n'a fait prêtres que les apôtres, que depuis il a fait évêques. J'ai déjà prouvé cette vérité (1); mais il n'est pas inutile de rappeler la preuve que j'en ai donnée. Dans quel temps veut-on que les soixante et douze disciples aient été faits prêtres par J.-C.? Ce ne peut pas être lorsqu'il donna la mission rapportée dans le dixième chapitre de S. Luc, puisque l'ordre de prêtrise n'était pas établi. Ce n'est pas dans la dernière cène où fut institué ce sacrement, puisqu'il n'y avait à la cène que les apôtres. Ce n'est pas entre cette institution et la mort de J.-C., puisque toutes les actions du Sauveur, dans cet intervalle, sont connues, et qu'il n'a pas pu, dans le cours de sa passion, ordonner des prêtres. Enfin, ce n'est pas après sa résurrection et avant son ascension, parce qu'il n'est question dans l'histoire sacrée pendant ce temps, ni des soixante et douze disciples, ni de la création de nouveaux prêtres. Il n'y a rien ni dans l'histoire sacrée, ni dans aucun monument de l'antiquité qui l'annonce. S. Epi

(1) Voyez 1re dissert., c. 3, art. 1, nos 1 et suiv.

phane avance même un fait qui contredit cette assertion: il dit que les sept diacres ordonnés après l'ascension du Sauveur furent choisis parmi les soixante et douze disciples (1). S'ils furent faits diacres, il est évident qu'ils n'étaient pas prêtres. Il est donc certain que J.-C. n'avait pas ordonné prêtres les soixante et douze disciples, d'où il résulte que tous les prêtres ne leur succèdent pas. Je dis qu'ils n'ont pas été faits prêtres par J.-C., car c'est là uniquement ce dont il s'agit. Il est possible que, parmi ceux à qui les apôtres conférèrent le sacerdoce, il y ait eu plusieurs des soixante et douze disciples. Il est même assez probable, quoique aucun monument ancien ne l'annonce, qu'ils préférèrent pour ce ministère ceux que leur divin Maître avait honorés d'une fonction spéciale, à qui il avait attribué le don des miracles, à qui il avait dit que leurs noms étaient inscrits dans les cieux. Mais de ce que quelques-uns d'entre eux auraient reçu, postérieurement à l'ascension de J.-C., la prêtrise, il ne s'ensuit pas que l'ordre de prêtres succède à l'ordre des soixante et douze disciples. S. Epiphane dit que S. Mathias, qui remplaça Judas dans le collége apostolique; que S. Marc, S. Luc, S. Barnabé, qui étaient certainement évêques, avaient été aussi pris parmi les soixante et douze disciples; et il est probable qu'on aura tiré de leur nombre des évêques aussi bien que des prêtres. En concluera-t-on que les évêques soient les successeurs des soixante et douze disciples? Non sans doute, On ne peut pas davantage l'inférer de ce que quelques-uns d'entre eux ont pu être faits prêtres. Ce n'était pas sans doute une exclusion pour devenir diacre, ou prêtre, ou évêque, que d'avoir été choisi par Notre-Seigneur pour une mission; mais cette mission ne conférait pas l'ordre sacré, et J.-C. qui les avait appelés à un ministère, n'a pas institué dans leurs personnes l'ordre sacerdotal.

VII. Veut-on que ce soient les seuls curés qui succèdent à l'état des soixante et douze disciples? Au lieu de diminuer la difficulté, on ne fait que l'aggraver. Un curé est un prêtre chargé dans une paroisse des fonctions pastorales. Or, soit comme prêtres, soit comme chargés du ministère pastoral dans des paroisses, les curés ne succèdent point aux soixante et douze disciples. 1° Dès qu'ils n'étaient pas prêtres, les curés, dont l'état est d'être prêtres, et dont les fonctions exigent essentiellement le sacerdoce, ne peuvent pas descendre d'eux. Dès qu'ils n'étaient pas prêtres, ils ne pouvaient pas être revêtus d'un ministère pour lequel il est néces

(1) Dimisit porro et alios septuaginta duos ad prædicandum ex quorum numero fuerunt septem viduis præfecti Stephanus, Philippus, Prochorus, Nicanor, Timon, Parmenas et Nicolaus. Ante hos vero Mathias qui Judæ loco connumeratus est inter apostolos. Post hos autem septem et Mathiam, ante ipsos Marcum, Lucam, Justum Barnabam et Apellem, Rufum, Nigorem et alios septuaginta duos (S. Epiphanius, læres. xx).

saire d'être prêtre. Ce n'est donc pas le même ministère qui a passé d'eux aux curés. On ne peut se former l'idée d'un curé exerçant son ministère sans le supposer prêtre, puisque les fonctions pastorales ne peuvent être exercées que par un prêtre. Donc des hommes qui n'étaient pas prêtres ne peuvent pas avoir été les prédécesseurs des curés. 2° Il est certain comme je l'ai prouvé dans la seconde dissertation, et nos adversaires en conviennent, que l'érection des paroisses n'est pas de la première antiquité dans l'Eglise. Ceux qui la font remonter le plus haut, en trouvent quelques traces dans le troisième siècle. S'il n'y a pas eu de paroisses dans les deux premiers siècles, il n'a pas pu y avoir de curés, car le curé étant le pasteur d'une paroisse, l'idée de paroisse et celle de curé sont inséparables. Aussi voiton que dans les commencements de l'Eglise, et même pendant assez longtemps, aucun prêtre n'était attaché à un lieu particulier. Tous étaient attachés à l'église cathédrale. Tous résidaient auprès de leur évêque, qui, lorsqu'il y avait une fonction à exercer qu'il ne pouvait aller remplir lui-même, envoyait tantôt l'un tantôt l'autre, mais transitoirement et sans fixer aucun d'eux spécialement dans un endroit. Or, si pendant deux siècles au moins il n'y a pas eu de paroisses et par conséquent pas de curés, comment veut-on que les curés aient succédé aux soixante et douze disciples? Il faut convenir que cette succession aurait été bien longtemps vacante. Quoi! on veut que J.-C. ait institué dans la personne de soixante et douze de ses disciples le ministère paroissial, et que cependant au moins deux siècles se soient écoulés sans qu'on ait vu ce ministère exercé dans l'Eglise ? Ce que J.C. a institué personnellement et à perpétuité a dû toujours exister. Un ministère qu'il a formé n'a pas dû cesser un seul moment. Si donc le ministère des curés a été établi par lui, il a dû se perpétuer continuellement et successivement depuis lui. S'il a créé des curés, il n'a pas dû y avoir d'interruption entre ceux qu'il a faits et ceux qui ont existé depuis. Dès que l'on voit au contraire que ce ministère a été des siècles entiers sans exister dans l'Eglise, il est clair qu'il n'est pas d'institution divine. Les soixante et douze disciples n'ayant été revêtus ni de l'ordre de prêtrise, ni du ministère paroissial, il est certain que sous aucun rapport les curés ne leur ont succédé.

VIII. En comparant ce que l'Ecriture nous apprend des apôtres avec ce qu'elle nous dit des disciples, on y voit une grande différence. On voit dans tous les Evangiles leur histoire continuellement liée à celle de J.-C. Tous les évangélistes font mention de leur vocation. Trois d'entre eux la racontent et rapportent tous leurs noms (1); si le qua

(1) 1. Et convocatis duodecim discipulis suis, dedit illis potestatem spirituum immundorum ut ejicerent eos et curarent omnem languorem et omnem infirmitatem. 2. Duodecim autem apostolorum nomina hæc sunt: primus Simon, qui dicitur Petrus, et Andreas, frater ejus;

trième ne ia raconte pas formellement, il la

3. Jacobus Zebedæi et Joannes frater ejus, Philippus et Bartholomæus, Thomas et Mathæus publicacanus, Jacobus Alphæi, et Thaddaeus ;

4. Simon Chananææus, et Judas Iscariotes, qui et tradidit eum.

5. Hos duodecim misit Jesus; præcipiens eis dicens: In viam gentium ne abieritis, et in civitates Samaritanorum ne intraveritis.

6. Sed potius ite ad oves, quæ perierunt domus Israel.

7. Euntes autem prædicate dicentes : quia appropinquavit regnum cœlorum.

8. Infirmos curate, mortuos suscitate, leprosos mundate, dæmones ejicite: gratis accepistis, gratis date.

9. Nolite possiderc aurum neque argentum, neque pecuniam in zonis vestris.

10. Non peram in via, neque duas tunicas, neque calceamenta, neque virgam; dignus enim est operarius cibo suo.

11. In quamcumque autem civitatem aut castellum intraveritis, interrogate quis in ea dignus sit, et ibi manete donec exeatis.

12. Intrantes autem in domum salutate eam, dicentes: Pax huie domui.

13. Et si quidem fuerit domus illa digna, veniet pax vestra super eam; si autem non fuerit digna, pax vestra revertetur ad vos.

14. Et quicumque non receperit vos, neque audierit sermones vestros; exeuntes foras de domo vel civitate, excutite pulverem de pedibus vestris.

15. Amen dico vobis: tolerabilius erit terræ Sodomorum et Gomorrhæorum in die judicii, quam illi civitati.

16. Ecce ego mitto vos sicut oves in medio luporum. Estote ergo prudentes sicut serpentes, et simplices sicut columbæ.

17. Cavete antem ab hominibus, Tradent enim vos in conciliis et in synagogis suis flagellabunt vos. 18. Et ad præsides et ad reges ducemini propter me, in testimonium illis et gentibus.

19. Cum autem tradent vos, nolite cogitare quomodo aut quid loquamini : dabitur enim vobis in illa hora quid loquamini.

20. Non enim vos estis qui loquimini, sed spiritus Patris vestri, qui loquitur in vobis.

21. Tradet autem frater fratrem in mortem et pater filium, et insurgent filii in parentes, et morte eos afficient.

22. El eritis odio omnibus propter nomen meum; qui autem perseveraverit usque in finem, hic salvus erit.

23. Cum autem persequentur vos in civitate ista, fugite in aliam. Amen dico vobis, non consummabi❤ tis civitates Israel donec veniat filius hominis.

24. Non est discipulus super magistrum, nec servus super dominum suum.

25. Sufficit discipulo, ut sit sicut magister ejus; et servo sicut dominus ejus. Si patremfamilias Beelzebub vocaverunt, quanto magis domesticos ejus?

26. Ne ergo timueritis eos. Nihil enim est operium quod non revelabitur, et occultum quod non scietur. 27. Quod dico vobis in tenebris, dicite in lumine, et quod in aure auditis, prædicate super tecta, etc. (Math., x, 1-27).

14. Et fecit ut essent duodecim cum illo, ct ut mitteret eos prædicare.

15. Et dedit illis potestatem curandi infirmitates, et ejiciendi dæmonia.

16. Et imposuit Simoni nomen Petrus.

17. Et Jacobum Zebedei, et Joannem fratrem Jacobi, et imposuit eis nomina Boanerges, quod est filii tonitrui.

18. Et Andraam et Philippum, et Bartholomæum, et Matheum, et Thomam, et Jacobum Alphæi, ei Thaddaeum, et Simonem Chananæum.

rappelle (1). J.-C. leur donne le nom d'apotres qui signifie envoyés, comme pour marquer qu'ils ont une mission durable et non transitoire. Ils sont continuellement aux côtés du Sauveur, lui parlant, le servant, témoins de toutes ses actions, y coopérant souvent, Ce n'est pas tout d'un coup et par un seul acte de sa volonté divine que les apôtres ont reçu leurs différents pouvoirs. J.-C. les a élevés par degrés à la dignité des premiers de ses ministres, et de chefs de sa religion. Il est essentiel de remarquer les différents états par lesquels les apôtres ont passé. J.-C. en les choisissant leur a d'abord donné une première mission. Nous avons rapporté ce qu'en disent les évangélistes, S. Matthieu est celui qui la rapporte avec le plus de détail. Elle est semblable en beaucoup de points à celle des soixante et douze disciples, mais elle en diffère en d'autres essentiels. Elle n'est pas bornée comme l'autre aux lieux où le divin Sauveur devait porter ses pas. Ils sont envoyés à toute la nation juive, ad oves quæ perierunt domus Irael. Ils sont chargés comme les soixante et douze d'annoncer que le royaume de Dieu, c'est-à-dire son envoyé est proche, mais leur mission est plus générale. J.-C. leur prédit ensuite les persécutions qu'ils éprouveront pour lui, ce qui a évidemment rapport à celles qu'ils souffrirent dans la suite, et par laquelle ils terminèrent leur carrière évangélique. Cette prédiction, qu'il ne fait pas aux soixante et douze disciples, annonce la suite qu'a eue le ministère des apôtres même après le retour du Sauveur dans les cieux. Le précepte qu'il leur donne, et qui n'est pas non plus commun aux soixante et douze, de répéter au grand jour ce qu'ils ont entendu dans les ténèbres, et de prêcher sur les toits ce qu'il leur a dit à l'oreille, a aussi un rapport évident à la prédication générale dont ils ont été chargés dans la suite. Les ressemblances entre cette première mission des apôtres et celle des soixante et douze disciples sont ce qui a égaré beaucoup de théologiens, et ce qui leur a fait chercher des successeurs aux uns, comme les autres en ont eus. Pour montrer leur erreur, il faut suivre la marche des pouvoirs et des ministères conférés depuis ce temps aux apôtres.

IX. Nous avons déjà remarqué,d'après toute la tradition et tous les théologiens, et confor mément à la doctrine du concile de Trente, que c'est dans sa dernière cène que J.-C. a élevé ses apôtres au sacerdoce, lorsque, établissant le sacrifice de nos autels, il leur or

19. Et Judam Iscariotem, qui et tradidit illum (Marc., c. 3, vers. 14-19).

13. Et cum dies factus esset, vocavit discipulos suos; et elegit duodecim ex ipsis, quos et apostolus nominavit.

14. Simonem quem cognominavit Petrum, et Andræam fratrem ejus, Jacobum et Joannem, Philippum et Bartholomæum,

15. Mathæum et Thomam, Jacobum Alphæi, et Simonem, qui vocatur Zelotes.

16. El Judam Jacobi, et Judam Iscariotem, qui fuit proditor (Luc, c. vi, vers. 13-16).

(1) Nonne ego vos duodecim elegi? (Joan., vi, 10.)

donna de continuer à l'offrir. Les mots hoc facite in meam commemorationem sont regardés unanimement par tous les docteurs comme l'institution du sacrement de l'ordre (1).

X. Après sa résurrection, J.-C. se manifesta plusieurs fois à ses apôtres, et il faut bien se garder de confondre ces diverses apparitions. Il faut surtout remarquer deux circonstances différentes dans lesquelles il leur donna des pouvoirs nouveaux. La première est rapportée par S. Jean (2). Le Šauveur donna à ses apôtres, qu'il avait faits prétres comme nous l'avons vu, le pouvoir de remettre et de retenir les péchés. Aussi il leur confia encore un nouveau ministère; mais la juridiction intérieure qu'il leur conféra dans cette occasion n'était encore qu'un pouvoir sacerdotal. On a toujours tenu dans l'Eglise que l'absolution des péchés pouvait être donnée par des prêtres, et que la puissance d'ordre nécessaire pour les remettre était celle de l'ordre de prêtrise et n'exigeait pas l'épiscopat. J.-C. ne créa donc pas ses apôtres évêques par ces paroles, puisque le ministère qu'il leur conféra était seulement sacerdotal. Il amplifia celui qu'il leur avait donné en les faisant prêtres, et leur donna à eux et à tous les prêtres qui seraient ordonnés par la suite la puissance de l'absolution. S.Thomas était absent quand Notre-Seigneur prononça ces paroles. Il eut cependant part à leur effet. J.-C. ne créait point un nouvel ordre. Il altachait seulement un nouveau pouvoir à l'ordre de prêtrise qu'il avait institué. Et S. Thomas, qui avait reçu la prétrise dans la cène, dut participer à la nouvelle fonction que J.-C. confiait aux prêtres.

XI. La seconde circonstance, qu'il ne faut pas confondre avec la première, et qui lui est postérieure, puisqu'elle eut lieu au moment où J.-C. allait remonter dans les cieux, est celle dans laquelle nous avons dit que les apolres furent faits évêques. Nous avons rapporté les textes de S. Mathieu, de S. Marc et de S. Luc qui nous l'apprennent (3). Nous avons vu que c'était un ministère nouveau que le Sauveur confiait à ses apôtres, mais un ministère bien plus étendu que ceux dont il avait chargé soit eux, soit les soixante et douze disciples. Il ne s'agit plus d'annoncer uniquement que le royaume de Dieu est proche. Il ne s'agit plus d'aller publier cette vérité seulement dans les lieux où J.-C. devait aller,

(i) Voyez 1re Dissert., c. 3, art. 1, no 1.

(2) 19. Cum ergo sero esset die illo, uno sabbatorum et fores essent clausæ, ubi erant discipuli congregati propter metum Judæorum; venit Jesus, et stetit in medio et dixit eis : Pax vobis.

20. Et cum hoc dixisset, ostendit eis manus et latns. Gavisi sunt ergo discipuli, viso Domino.

21. Dixit ergo eis iterum: Pax vobis. Sicut misit me Pater, et ego mitto vos.

22. Hæc cum dixisset, insufflavit, et dixit eis: Accipite Spiritum sanctum.

23. Quorum remiseritis peccata, remittuntur eis, el quorum retinueritis, retenta sunt.

24. Thomas autem unus ex duodecim, qui dicitur Didymus, non erat cum eis, quando venit Jesus (Joan., XX, 19-94).

(3) Voyez 1re Dissert., c. 3, art. 1, n° 2.

ou parmi les brebis égarées de la maison d'Israël. Cette mission est universelle, et pour les lieux et pour les personnes. C'est l'univers entier que les apôtres doivent instruire. C'est la totalité des préceptes; c'est l'Evangile entier qu'ils doivent prêcher aux nations. Euntes in mundum universum prædicate Evangelium omni creatura; docete omnes gentes, docentes eos servare omnia quæcumque mandavi vobis. Mais c'est aussi une mission durable. L'Eglise catholique a constamment confondu les schismes et les hérésies de tous les siècles par les paroles du Sauveur qui promettent aux apôtres son assistance tous les jours et jusqu'à la consommation des sièeles, c'est-à-dire qui leur garantissent que le ministère dont il les revêt n'aura ni fin, ni interruption. Elle a prouvé par cet oracle précieux que ce ministère ne devant jamais cesser, quoique les apôtres dussent mourir, il était nécessaire qu'il se continuât dans leurs successeurs. Ainsi cette dernière mission donnée par J.-C. à ses apôtres est évidemment une mission permanente, une mission perpétuelle, qui devait non-seulement subsister après l'ascension de N.-S., mais survivre aux apôtres eux-mêmes, et se prolonger dans toute l'étendue des siècles.

XII. Il faut donc distinguer soigneusement les époques où les apôtres ont reçu leurs différents pouvoirs, et surtout se garder de confondre la première mission que rapporte S. Mathieu au chapitre X, avec la dernière les apôtres ne reçurent aucun pouvoir ni dont nous venons de parler. Dans la première sacerdotal, ni épiscopal, puisque ni le sacerdoce, ni l'épiscopat n'étaient institués. Ils étaient simplement envoyés dans la Judée pour annoncer l'arrivée du Messie. Cette mission avait beaucoup de rapport avec celle des soixante et douze disciples, quoiqu'il y eût, comme nous l'avons remarqué, quelques différences. Le don des miracles que J.-C. y l'Eglise, ne suppose aucune juridiction. Ce avait joint ne tient à aucun pouvoir dans n'est point un ministère qui donne rang dans la hiérarchie. C'est une grâce particulière que Dieu a quelquefois accordée à des laïques, J.-C. l'avait conférée à ses apôtres. Il l'avait de même donnée aux soixante et douze disciples pour assurer la légitimité de leur mission, et pour que ceux à qui ils annonceraient sa venue eussent un motif de croyance. Ce ne fût pas la première de leurs missions, ce fut la dernière que les apôtres remplirent après le retour de leur maître dans les cieux. Ils ne se contentèrent pas d'annoncer que le royaume de Dieu s'approchait, ils publièrent toutes les vérités dont J.-C. les avait rendus dépositaires. Ils ne bornèrent plus leurs courses et leurs travaux à la Judée. Ils se répandirent dans tout l'univers, et leur zèle embrassa toutes les nations.

XIII. C'est aussi dans cette dernière mission que les évêques sont leurs successeurs. C'est ce ministère que J.-C. leur avait conféré en quittant le monde, qu'ils ont transmis aux évêques en les établissant dans les diverses Eglises. Que les évêques aient suc

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