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AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.

L'ouvrage dont on vient de lire le titre est entièrement inédit et ne saurait être marqué à un plus irrécusable cachet d'authenticité. Le manuscrit en est tout entier tracé ou corrigé de la main même de son illustre auteur. Nous le tenons d'une proche parente du noble cardinal, par l'entremise du plus savant de nos prélats. Parmi les ouvrages, connus, de M. de la Luzerne, beaucoup ont sans doute de l'importance et de l'étendue; mais aucun, sous ce double rapport, ne saurait être comparé, même de loin, à celui qui est ici imprimé pour la première fois. D'autres éditeurs, à qui il avait été offert, demandaient, dit-on, un an pour le reproduire, et voulaient en former douze volumes du prix de 60 fr. Tant de lenteur et d'appétit ne fut point du goût des possesseurs zélés et désintéresses du manuscrit : nous fûmes appelés. Fidèles à notre petite coutume d'agir, notre proposition unique fut d'en faire un seul volume, afin de le mettre à la portée de toutes les bourses, et de le rendre ainsi le manuel de chaque prêtre, conformément aux désirs de notre bienfaiteur inattendu. D'ailleurs, quoi de plus à propos que cette grande diffusion, dans un temps où chambres, journaux et livres prennent comme à tâche de diminuer les droits de l'épiscopat et d'exalter ceux du clergé secondaire ! Porter haut le prix de cet ouvrage, en de telles circonstances, aurait été une espèce de crime; car c'eût été contrarier les vues de la Providence, qui semble en avoir réservé l'apparition pour le moment où il devenait le plus nécessaire.

Ce que Gerdil fut pour l'Italie, et Seiler pour l'Allemagne, de la Luzerne le fut pour ia France: l'évêque le plus zélé, l'écrivain le plus méthodique, le controversiste le plus savant, le théologien le plus exact de la fin du dix-huitième siècle et du commencement du dix-neuvième. Il n'est pas un homme, tant

soit peu versé dans l'histoire ecclésiastique moderne, qui ne sache que, pendant près de cent ans, protestants, jansénistes et bon nombre de magistrats, que l'on peut regarder au moins comme des demi-protestants, ont tout fait des pieds et des mains pour introduire le presbytérianisme dans l'Eglise de France, et que le résultat de ces efforts combinés fut le schisme constitutionnel de 91. Tout ce qui, durant ce long période de temps, avait été dit, enseigné et écrit dans le sens hétérodoxe fut résumé par Maultrot avec toute l'érudition, tout l'art et toute la conviction dont une mauvaise cause est susceptible. De la Luzerne, à son tour, par un travail gigantesque, se nourrit de ce qui avait été dit, enseigné et écrit dans le sens orthodoxe; il s'incorpora l'enseignement d'un siècle, écho des siècles antérieurs sur cette matière, et réfléchit toute une tradition. S'attachant alors à Maultrot, pour ainsi dire corps à corps, il ne laissa pas pierre sur pierre du colossal édifice que le très-érudit magistrat avait élevé avec tant de labeur. On ne saurait croire avec quel succès le célèbre évêque de Langres trace les lignes si délicates où commencent et finissent les devoirs et les droits de chaque membre de la hiérarchie sacrée. Dans sa longue carrière d'écrivain, il n'est qu'un point sur lequel nous ne puissions le louer sans réserve. Semblable à la plupart des évêques issus de grandes familles, il n'eut pas le bonheur de se préserver de certaines doctrines, dites gallicanes, que l'on était alors, pour ainsi dire, forcé de respirer comme l'air. Cependant il sut s'arrêter dans de justes bornes, et l'on ne trouverait pas dans les cinquante volumes dus à sa plume féconde, une seule ligne que la théologie la plus rigoureuse pût condamner comme non catholique. Nous donnerons un jour les œuvres complètes de ce grand homme.

AVERTISSEMENT

DU PRÉLAT QUI NOUS A CONFIÉ LE MANUSCRIT.

L'une des innovations les plus funestes du Protestantisme fut de détruire la hiérarchie ecclésiastique, en proclamant l'égalité de pouvoirs entre tous les ministres de l'Evangile. L'Eglise anglicane fut la seule des sectes

protestantes qui conserva son épiscopat, et se défendit contre les erreurs presbytériennes des divers disciples de Luther et de Calvin.

Le Jansénisme, qu'on a appelé à si juste titre un protestantisme mitigé, s'efforça, nou

pas de détruire, mais d'abaisser l'épiscopat. Plusieurs membres des parlements, un certain nombre de jurisconsultes et quelques prêtres appelants, imbus des préjugés de cette secte, attaquèrent les droits des évêques, les uns par leurs sentences, les autres par leurs écrits.

Ces écrits, presque tous oubliés aujourd'hui, se multiplièrent surtout pendant la seconde moitié du dix-huitième siècle; ils furent une préparation très-efficace à la constitution civile du clergé, un secours puis sant pour aider le triomphe momentané de l'Eglise nouvelle qui, par ses excès, devint le tombeau du presbytérianisme français.

Peu de temps avant notre grande révolution, les arguments produits en faveur de celle triste cause, avaient été résumés dans les écrits de Maultrot, son plus savant et son plus habile défenseur.

Un grand théologien, le cardinal de la Lu

zerne, a de son côté réuni les monuments les plus certains de la tradition et les arguments les plus péremptoires produits par ses devanciers en faveur du droit des évêques Tout le monde connaît la clarté, l'exactitude, la logique sévère et l'érudition de cet écrivain éminent.

L'ouvrage que nous publions était encore inédit; mais il ne pouvait être livré à l'oubli, et nous sommes heureux, grâce à la confiance de madame la marquise de Vibraye, de pouvoir le publier. Les circonstances lui donnent tout l'intérêt d'une controverse qui préoccupe vivement les esprits; mais il n'en serait pas moins sans cela un ouvrage digne de l'attention de tous les théologiens instruits. Dans nul autre ils ne trouveront un exposé plus complet, plus méthodique de toutes les questions qui se rattachent aux droits des évêques et des prêtres.

BIOGRAPHIE DE MAULTROT.

MAULTROT (Gabriel-Nicolas), jurisconsulte, né à Paris, en 1714, mort le 12 mars 1803, fut reçu avocat au parlement, en 1733. Quoique versé dans les questions de droit civil, il s'attacha presque tout entier au droit canon, et se dévoua au parti appelant. Le spectacle de la révolution le ramena à d'autres sentiments. Cet avocat zélé du second ordre devint tout à coup un ardent défenseur des droits de l'épiscopat, et fut un de ceux de son parti qui se prononcèrent avec le plus de force contre la constitution civile du clergé. On a lieu d'être surpris du nombre de ses ouvrages, d'autant plus qu'il en composa une grande partie dans un état de cécité dont il avait été frappé à l'âge de 50 ans. Maultrot aurait pu être utile à l'Eglise, s'il avait écrit dans un autre sens.

Il a laissé :

Apologie des Jugements rendus en France contre le schisme, par les tribunaux séculiers. Paris, 1752, 2 vol. in-12. - Nouvelle édition, augm., 1753, 2 vol. in-12. La première partie est de l'abbé Mey, et la seconde de Maultrot. — Approbation (1) des Confesseurs introduite par le concile de Trente, 1783, 2 vol. in-12.-Autorité (l') de l'Eglise et de ses ministres, défendue contre l'ouvrage de M. Larrière, intitulé: Suite du Préservatif contre le Schisme. Paris, Dufresne et Lallemant, 1792, in-8 de 257 pag. Comparaison de la constitution de l'Eglise catholique avec la constitution de la nouvelle Eglise de France. In-8 de 301 pages.- Comparaison de la réforme de France avec celle d'Angleterre sous Henri VIII. In-8 de 73 pages. -Constitution (la) de l'Eglise, vengée contre la réponse de l'évêque de Pistoie, et contre les nouvelles erreurs de l'autorité du Préservatif contre le Schisme. In-8 de 97 pag. - Consultation pour les curés du diocèse de Lizieux con're des mandements de leur évêque. 1774, in-12. Elle est signée, outre Maultrot, par les avocats Vancquetin, Viard et Camus, et fut supprimée par un arrêt du Conseil du Roi, di 26 nov. 1775.—Consultation pour MM. de la Chalotais. (13 juin) 1778, in-4. — Consultation sur la compétence de la puissance temporelle relativement à l'érection et supHession des sièges épiscopaux. 1791, in-8 de 28 pag. –

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Consultation sur remploi de l'argent en effets royaux payables à terme. 1789, in-8. Défense de la Véritable, idée du Schisme, contre l'auteur des anciennes Nouvelles ecclésiastiques. 1791, in-8. de 127 pag. - Défense de Richer, ou Réfutation d'un ouvrage intitulé : Découverte importante sur le vrai système de la constitution du clergé, par 'abbé Bonnaud. 1790, 2 part. in-8. La Biographie universelle ttribue à tort cette Découverte à l'abbé Barruel. Barb. - Défense du droit des Prêtres dans le synode, ou Concile diocésain contre les Conférences ecclésiastiques sur les synodes. 1789, in-12.-Défense du second ordre contre es Conférences d'Angers. 1787, 3 vol. in-12.- Discipline (la) de l'Eglise sur le mariage des prêtres (contre l'onvrage de l'abbé Gaudin, intitulé: Inconvénients du célibat des Prêtres). Paris, Leclerc, 1790, in-8. - Dissertation sur l'approbation des Confesseurs. 1784, in-12. - Dissertation sur l'approbation des Prédicateurs. 1782, 2 vol. in12. Dissertation sur le Formulaire, dans laquelle on établit qu'il est irrégulier, abusif, inutile, dangereux, et que la signature n'en est ordonnée par aucune loi qui soit actuellement en vigueur dans le royaume. Utrecht, Schelling, 1775, in-12. - Dissertation sur les dispenses matrimoniales. 1789, in-12. Dissertation sur les interdits arbitraires de la célébration de la messe, aux prêtres qui ne sont pas du diocèse. 1781, in-12. - Doctrine de saint Cy prien sur l'unité de l'Eglise et sur le schisme, appliquée au temps présent. In-8 de 111 pag. - Droit (le) des prêtres dans le synode, ou Concile diocésain, avec un recueil de synodes de toutes les églises du monde, qui prouve que le synode est un véritable concile où les prêtres délibèrent et jugent avec l'évêque. Sans nom de ville, ni d'imprimeur. 1779, 2 vol. in-12. - Droits (les) de la puissance temporelle, défendue contre la seconde partie des Actes de l'assemblée du clergé de 1765, concernant la Religion. 1777, in-12.- Droits (les) du second ordre défendus contre les apologistes de la domination épiscopale. 1779, in-12. — Eclaircissement d'un fait tiré de la Vie de saint Jean Chrysostome. 1791, in-8 de 69 pag. Attribué à Maultrot, non sans quelque doute. Barb.- Examen de l'écrit intitulé : l'Ultimatum à M. l'évêque de Nancy. 1791, 3 part. in-8 de 296 pag. Examen des décrets du concile de Trente, et de la juridiction française sur le mariage. En France, 1788, 2 vol. in-12.-Examen des principes du Pastoral de Paris

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publié par M. de Juigné, sur le sacrement de l'Ordre. In12 de 158 pag. Sur le ministre du sacrement de Pénitence et son pouvoir. In-12 de 128 pag.-Sur les censures et les cas réservés. In-12 de 236 pag. - Sur le sacrement de Mariage. In-12 de 243 pag. Sur les dispenses de mariages. In-12 de 128 pag. - Nouvel Examen des principes du Pastoral de Paris sur le sacrement de mariage, et Récit de la dispute qui subsiste entre les cours de Rome et de Naples, sur une question matrimoniale. In-12 de 348 pag. - Examen des principes sur l'intrusion, posés par M. Larrière dans la Suite du Préservatif contre le Schisme. Paris, 1792, in-8 de 259 pag. — Examen des principes sur le schisme, posés par Larrière, et nouvelle Défense de la Véritable idée du Schisme. 1792, in-8 de 246 pag. — Examen du décret du Concile de Trente, sur l'approbation des confesseurs. 1784, 2 vol. in-12.- Explication du Canon XVII du concile de Chalcédoine. 1791, in-8 de 66 pag Quoique cet opuscule soit attribué à Maultrot, il fest encore douteux qu'il soit de lui. Barb. - Exposition des droits des souverains sur les empêchements dirimants du mariage et sur leurs dispenses. 1787, in-12. - Histoire de saint Ignace, patriarche de Constantinople, et de Photius, usurpateur de son siége. 1791, in-8 de 97 pag. Histoire du schisme de l'Eglise d'Antioche. Paris, 1791, in-8 de 237 pag. Incompétence (l') de la puissance civile dans l'érection des métropoles et des évèchés, démontrée de nouveau par un capitulaire de Charlemagne. In-8.- Indépendance (l') de la puissance spirituelle défendue contre le Préservatif (de M. Larrière). Paris, 1791, in-8 de 136 på. Institution (l') divine des curés, et leur droit au gouvernement général de l'Eglise, ou Dissertation sur le 28 verset du vingtième chapitre des Actes des Apôtres. Paris, 1778, 2 vol. in-12. Juridiction ordinaire immédiate sur les paroisses, etc. 1784, 2 vol. in-12. — Lettre d'un homme de loi à M. Herluison, réconciliateur de la théologie et du patriotisme. 1791, in-8. Lettre, du 15 novembre 1774, à M. de Beauvais, sur son Oraison funèbre de Louis XV. 1775, in-12.-Lettres (quatre) à M. Charrier de la Roche, auteur des Questions sur les affaires présentes, etc. Paris, Dufresne, 1791, in-8. Attribuées à Maultrot, sans certitude. — Lettres (deux) à M. Faure, avocat, sur sa consultation. 1791, in-8 de 123 pag. (La consultation de M. Faure était relative à la compétence de la puissance temporelle, et en faveur de la constitution civile du clergé.)

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Lettres (trois) à un ami, sur l'opinion de M. Treilhard, relativement à l'organisation du clergé. 1790, in-8.— Lettres (deux) à un ami, sur le rappport fait par M. Martineau sur la constitution du clergé. 1791, in-8 de 48 et 96 pag. Publiées l'une après l'autre.- Lettres (deux) de M. M*** a M. J. Jabineau, sur l'écrit intitulé: Opinion de M. Camus, touchant la constitution du clergé. 1791, in-8 de 155 pag.

Maximes du Droit français, tirées des capitulaires, des ordonnances du royaume, et des autres monuments de l'histoire de France. Amsterdam, MM. Rey, 1775, 2 vol. in-, et 6 vol. in-12. L'ouvrage a été fait d'abord en com. mun par Mey, Maultrot, Aubry, membres d'une société de jurisconsultes, parmi lesquels M. Dupin avait été admis. Meytenait la plume; de là est résultée la première édition (en France, 1772, 2 vol. in-12). Ensuite Maultrot a fait beaucoup d'additions, qu'il envoyait à Blonde, alors fugitif en Hollande; et de là la seconde édition. Ni Michau de Montblin, ni Lauraguals n'y ont eu part, comme quelques bibliographes l'ont avancé. Mémoire sur la nature et l'autorité des assemblées du clergé de France. Paris, 1777, in-12.- Mémoire sur le refus des sacrements à la mort, qu'on fait à ceux qui n'acceptent pas la constitution. 1750

in-12 de xu et 69 pag.

Observations sur le projet de supprimer, en France, un grand nombre d'évêchés. 1791, in-8 de 92 pag. Origine et étendue de la puissance temporelle, suivant les livres saints et la tradition. Paris, Leclerc, 1789-1790, 3 vol. in-12. Prêtres (les) juges dans les conciles avec les évêques, ou Réfutation du Traité des Conciles, de l'abbé Ladvocat. 1780, 3 vol. in-12.-Prêtres (les) juges de la foi, òu Résutation du Mémoire dogmatique et historique, de l'abbé Corgne, touchant les juges de la foi. 1780, 2 vol. in-12. Preuve de l'incompétence de la puissance temporelle dans l'établissement de la constitu tion civile du clergé. 1791, in-8 de 64 pag. - Preuves (nouvelles) de l'incompétence de la puissance temporelle. 1791, in-8 de 12 pag.-Preuves de l'intrusion des pasteurs constitutionnels. 1791, in-8 de 30 pag. Attribué à Maultrot sans beaucoup de certitude. · Questions sur la tolérance, où l'on examine si les maximes de la persécution ne sont pas contraires au droit des gens, à la religion, à la morale, à l'intérêt du souverain et du clergé. Genève, Gosse, 1758, 2 part. in-8. Avec l'abbé Tailhé. Cet ouvrage a été reproduit sous le titre d'Essai sur la tolerance chrétienne, divisé en deux parties. En France, Paris, 1760, in-8. Il est aisé de reconnaître que les titres ont été changés, et que les premières pages de la première et de la seconde parties ont été réimprimées. — Réflexions sommaires sur le serment civique. In-8. — Réplique à M. Charrier de La Roche, sur le décret du 13 avril 1790, concernant la religion. 1791, in-8.-Réplique au Développement de Camus. In-8 de 58 pag. Traité de la confession des moniales (ou religieuses). 1786, 2 vol. in-12. Traité des cas réservés au Pape. 1785, 2 vol. in-12. -Traité des cas réservés aux évêques. 1786, 2 vol. in-12. — Usure (l') considérée relativement au droit naturel, etc. Paris, Morin, 1787, 4 vol. in-12 (avec l'abbé Jabineau), ouvrage dirigé principalement contre celui de l'abbé Gouttes, mort évêque d'Autun. Maultrot soutient, dans le sien, que l'intérêt du prêt de commerce est contraire, non-seulement à la religion et à la morale, mais même au droit naturel. - Vaius efforts des défenseurs du serment, ou Réplique à M. l'abbé Baillet. In-8 de 47 pag.-Véritable idée du schisme, contre les faux principes de M. Camus et des pasteurs constitutionnels. 1791, in-8 de 80 pag.- Véritable nature du mariage, droit exclusif des princes d'y apporter des empêchements dirimants. 1788, 2 vol. in-12.— Vrais (les) principes de l'Eglise, de la morale et de la raison, sur la constitution civile du clergé, renversés par les faux évêques des départements, membres de l'Assemblée nationale, prétendue constituante. In-8 de 182 pag. C'est une réponse à l'Accord des vrais principes qu'avaient publié dix-huit évêques constitutionnels. On doit encore à Maultrot: 1o une Lettre aux ministres de la ci-devant Eglise constitutionnelle, qui fait la cinquième de celles publiées, en 1795, par le P. Lambert; 2 un Recueil d'ordonnances contre l'usure, imprimé avec le Défenseur de l'usure confondu, par l'abbé de La Porte, 1782, un vol. in-12, et dont il forma la deuxième partie. Il a concouru, avec Jabineau et Blonde, ses confrères, à la rédaction des Nouvelles ecclésiastiques (1791) et à celle des Mémoires pour servir à l'histoire de la constitution civile du clergé, depuis le 6 janvier au 4 août 1792. Maultrot a été, en outre, l'éditeur de la Dissertation canonique et historique sur l'autorité du Saint-Siége, pat l'abbé Duhamel (1779). Il y a lien de croire, dit la Bibliographie universellc (notice de M. Picot), qu'il fut adé, dans ses nombreuses productions, pur ses amis Jabineau, Blonde, Meunier et Mey, qui partageaient Ses opinions

DU CARDINAL

DE LA LUZERNE.

Huitième partie.
THÉOLOGIE CANONIQUE.

DISSERTATIONS SUR LES DROITS RESPECTIFS DES ÉVÊQUES

ET DES PRÈTRES DANS L'ÉGLISE.

PRÉAMBULE.

Entre les maux dont l'Eglise de France est affligée, un des plus douloureux, et qui est même une des causes de tous les autres, est l'esprit de division que l'on s'est efforcé et que l'on n'a malheureusement que trop réussi à établir entre les pasteurs du premier et du second ordre. C'est le produit funeste des erreurs du dernier siècle. Condamnés par l'autorité réunie du souverain pontife et des évéques, les novateurs ont cherché, dans le second ordre des ministres de l'Eglise, un appui contre les censures dont ils avaient été frappés. Ne pouvant nier l'unanimité du corps épiscopal réuni à son chef, ils ont imaginé, pour se soustraire à ses anathèmes, d'invoquer l'autorité du corps sacerdotal, et de prétendre que les jugements des évêques étaient sans force, s'ils n'étaient munis du concours des prêtres. Telle est la cause et l'origine du syslème du gouvernement de l'Eglise en commun: système aussi dangereux que faux, par lequel on est parvenu à susciter les prêtres contre leurs éréques, et à introduire le presbytéranisme dans l'Eglise de France. Les auteurs de cette nouvelle opinion, voulant paraître catholiques, n'ont pas osé, comme Aérius, Wiclefet Calvin, nier absolument la primauté et la juridiction des évêques sur les prêtres; mais ils ont essayé de réduire à rien, par le fait, ce qu'ils désespéraient d'anéantir de vive force. Ils crient à la calomnie quand on les accuse de méconnaitre la supériorité épiscopale: mais en même temps ils prétendent que les évêques ne peuvent exercer leur juridiction, gouverner l'Eglise et leurs diocèses que conjointement avec les prêtres, et par des délibérations prises en commun avec eux. C'est la tournure ordinaire que prennent d'aDE LA LUZERNE. V.

bord les ennemis de l'autorité, pour parvenir par degrés à la détruire. Ils distinguent lo principe de l'exercice, et paraissent respecter l'un pour attaquer l'autre impunément. C'est ainsi que nous avons vu, dans nos malheureux états généraux de 1789, ceux qui cherchaient à abattre la puissance royale, commencer par lui rendre hommage et la reconnaître dans le droit; mais l'assujettir à ne s'exercer que conjointement avec celle du peuple, jusqu'à ce que, devenus plus forts, ils pussent enfin lut porter leurs derniers et abominables coups Ils en ont usé de même envers l'autorité que J.-C. a établie pour le gouvernement de son Eglise. Ils ont d'abord, dans ce qu'ils appelaient la constitution civile du clergé, reconnu l'existence, la supériorité, la juridiction de l'épiscopat; mais ils ont assujetti les évêques qu'ils avaient créés à n'agir que de concert avec le conseil de leurs prêtres, jusqu'à ce qu'ils pussent enfin, au gré de leur rage impie, anéantir l'épiscopat, le sacerdoce, l'Eglise, toute religion. Cette monstrueuse_constitution du clergé avait été préparée en France par les nombreux écrits des novateurs, et c'est une conformité de plus avec la destruction opérée dans l'ordre civil. Les cruels auteurs de nos maux avaient puisé leurs principes antimonarchiques dans les productions soidisant philosophiques de Jean-Jacques, de Raynal et de quelques autres semblables apôtres de la révolte, comme dans l'ordre religieux ils ont exécuté ce qu'avaient enseigné les Drapier, les Legros, les Travers, les Maul

trot.

Rendons cependant justice à ce dernier écrivain. Il a détesté avec tous les catholi ques la constitution dite civile du clergé. Il (Une.)

s'est élevé contre elle avec un zèle infiniment estimable, et ses derniers ouvrages sont au nombre de ceux qui ont le plus contribué à affermir les vérités fondamentales de l'Eglise catholique. Mais peut-il se dissimuler combien ses précédentes productions, de même que celles des autres auteurs de son parti, ont influé sur nos malheurs, combien elles ont contribué à cette funeste division qui a produit tant de maux dans nos derniers états généraux. Peutil se cacher à lui-même que les décrets de la constitution du clergé relatifs au conseil des évêques ne sont que l'exécution des principes qu'il avait établis dans ses précédents ouvrages. Et quelle a dû être sa douleur, quand il s'est vu citer par un des principaux auteurs du schisme, à l'appui de cette constitution qu'il a depuis si vivement et si victorieusement combattue. Espérons que les fruits amers qu'ont fait éclore ses opinions, lui en ont fait sentir le vice, et que ses yeux, dessillés par les excès où ont conduit ses maximes, ont vu enfin combien elles étaient funestes.

Le danger de ces productions presbytériennes étant maintenant démontré par leurs effets, il est temps certainement d'en montrer les erreurs, de ramener ceux qu'elles ont égarés, de prémunir ceux qu'elles pourraient séduire, et d'opposer à ce système nouveau les maximes antiques et constantes de l'Eglise catholique. Il a pu, dans certain temps, être de la prudence d'éviter la discussion de ces sortes de questions. Il est quelquefois dangereux de sonder les fondements de l'autorité, et indiscret de vouloir établir les principes même les plus incontestables sur cette matière délicate. En la discutant à contre-temps, on court risque de développer des germes d'opposition, et de donner aux esprits inquiets l'occasion de produire leurs idées séditieuses toujours trop séduisantes. Quand la soumission est pleinement établie, ou n'est que faiblement et sourdement troublée, il vaut presque toujours mieux ne point en discuter les motifs. Le respect religieux pour l'autorité est la base la plus solide de l'obéissance et de la tranquillité publique. Il est infiniment préférable à l'établissement même le plus lumineux, le plus incontestable des vrais principes de l'autorité. Mais quand l'insubordination a été mise en système dans des écrits qu'on s'est efforcé de répandre pour soulever les esprits, quand surtout ce système, réduit en pratique, a produit les effets que nous déplorons dans l'Eglise de France, est-il possible de le laisser s'affermir en ne le combattant pas ? Le silence que garderaient les sentinelles d'Israël ne livrerait-il pas le camp du Seigneur à ses ennemis ? Le moment est arrivé où se taire serait connivence, et où la prudence même commande la fin des ménagements.

Et il est d'autant plus nécessaire de s'élever contre ce nouveau presbytéranisme, qu'en énervant le gouvernement de l'Eglise, il tendrait de plus à affaiblir l'autorité même de l'Eglise, et à altérer le titre précieux de sa visibilité. Nous confondons toutes les sectes qui se séparent de l'Eglise catholique, en leur montrant qu'il doit exister,'indépendamment

des discussions réservées aux savants, un moyen facile et qui soit à la portée des simples, de reconnaître où réside l'autorité suprême chargée de fixer les dogmes de la foi. Il faut donc que cette autorité soit visible à tous: et elle ne peut l'être que par son exercice. Or c'est un fait certain et manifeste à tout le monde, que dans l'état présent, ce sont, dans l'Eglise catholique, les premiers pasteurs seuls qui ont la possession de décider les questions de foi, et que, dans la discipline actuelle, les ecclésiastiques du second ordre ne sont point admis à les juger avec les évêques. Cette vérité n'a pas besoin d'être prouvée. Elle est formellement reconnue par les auteurs que nous combattons. Tous leurs écrits sont remplis de plaintes, de lamentations, d'invectives contre ce qu'ils appellent l'usurpation des évêques. Ainsi, selon eux, l'autorité de juger les questions de foi est passée du corps entier des pasteurs à une seule partie de ce corps. Et dès lors, que devient la visibilité, ce caractère si essentiel à la puissance que J.-C. a chargée de régir et d'éclairer son Eglise, si son pouvoir a pu être ainsi déplacé et transporté, si cette puissance elle-même a pu pendant un temps disparaître et s'éclipser à tous les yeux, comment pourrons-nous la montrer à nos frères errants et leur prouver son existence, sa perpétuité, son autorité? Ainsi la question que nous allons examiner tient intimement aux principes fondamentaux de la religion catholique. En défendant l'autorité qui régit l'Eglise, nous affermissons l'autorité même de l'Eglise. En montrant que l'Eglise a toujours été gouvernée par la succession des mêmes pasteurs, nous démontrons son inaltérable perpétuité, et nous la vengeons des reproches de variations que lui ont si injustement intentés tous ses ennemis, jusqu'à ceux que nous combattons.

Entre les auteurs de cette démocratie ecclésiastique, aussi funeste au royaume de J.-C. que l'a été la démocratie civile au royaume de France, il en est un que je m'attache plus particulièrement à réfuter, parce qu'il a traité cette matière avec plus d'étendue, de profondeur et d'érudition que les autres. C'est M. Maultrot, ancien et célèbre avocat au parlement de Paris. Comme il a écrit le dernier il a recueilli tout ce qui était répandu dans les ouvrages de ses devanciers, s'est enrichi de leurs recherches, s'est fortifié de leurs raisonnements; si je parviens à le réfuter, j'aurai par là même répondu aux écrits de tous les

autres.

L'objet direct de cet ouvrage est de montrer la fausseté du système nouveau qui associe les prêtres aux évêques dans le gouvernement de l'Eglise, et qui prétend que J.-C. l'a confié en commun aux uns et aux autres. Mais cette question générale étant d'une grande étendue, et donnant lieu à beaucoup de questions particulières, j'ai cru devoir diviser cet ouvrage en plusieurs dissertations. L'établis, dans la première, la prééminence et la juridiction des évêques sur les prêtres. Quoique cette vérité ne soit pas formellement contestée par nos adversaires, il m'a paru nécessaire de la

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