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M. le Prof. Van Gehuchten avait alors vingt-six ans. Jeune, enthousiaste, doué par la Providence de facultés extraordinaires d'intelligence et d'énergie, formé à bonne école par des maîtres éminents, il n'avait plus qu'à faire fructifier, par le travail personnel, ses heureuses qualités; il pouvait sans crainte aborder les plus épineux problèmes scientifiques.

Sa première publication date de 1886. C'est une étude sur la structure intime de la cellule musculaire. Elle est tout imprégnée des idées géniales de Carnoy sur le réseau protoplasmatique et l'unité de structure de la cellule, dans quelque organe ou chez quelque être vivant qu'on examine celle-ci. Cette étude fut suivie de plusieurs publications se rapportant aussi à des recherches de biologie générale.

En 1890 paraissent les premières recherches de M. le Prof. Van Gehuchten dans le domaine si spécial de la neurologie où depuis lors il s'est posé en maître. C'est une étude faite, par la méthode de Golgi, sur la muqueuse olfactive des mammifères.

Il faut croire que ce premier contact avec une matière aussi captivante et aussi neuve que l'était alors, et que l'est d'ailleurs encore aujourd'hui, l'étude du système nerveux central, fit une impression profonde sur M. le Prof. Van Gehuchten, puisqu'elle orienta définitivement le sens de toute son activité scientifique; depuis lors, en effet, il ne produit plus que des études de neurologie normale ou pathologique.

Le jeune Maître vient donc de trouver sa voie! Que lui importent maintenant les maigres ressources dont il dispose! Que lui importent l'indigence, l'exiguïté, la nudité de son petit laboratoire : une annexe à la salle de dissection de l'Institut Vésale! Il part, et depuis vingt-deux ans c'est une suite ininterrompue, pressée, de recherches et de publications qui rivalisent d'intérêt ou d'importance. Nous ne savons ce qu'il faut admirer

le plus, ou son inlassable ardeur, son enthousiasme. grandissant, sa prodigieuse facilité de travail, son inépuisable fertilité, sa sévérité et sa scrupuleuse exactitude dans les observations, sa grande réserve et son calme bon sens scientifique, ou encore sa patience de bénédictin s'appliquant à rechercher quelque faisceau de fibres nerveuses perdu dans l'obscur dédale de l'axe cérébro-spinal.

Il est difficile de donner une idée adéquate de l'œuvre scientifique si vaste de M. le Prof. Van Gehuchten: le temps ne me permet d'ailleurs pas d'en faire une analyse détaillée. Je tenterai cependant de résumer son œuvre en un aperçu général aussi compréhensif que possible. Je ne suivrai donc pas l'ordre chronologique des publications, mais je classerai celles-ci en quatre groupes systématiques.

Le premier comprendra les recherches relatives à la signification du neurone et à la structure intime du système nerveux; le second contiendra les études sur l'origine et la terminaison réelles des nerfs périphériques et sur le trajet de certains faisceaux de neurones dans l'axe cérébro-spinal. Je réunirai dans le troisième des publications sur divers points ressortissant à la pathologie nerveuse. Enfin le quatrième groupe se composera de publications magistrales à l'usage des étudiants et du corps médical.

Examinons d'abord le premier groupe se rapportant à l'étude du neurone et de la structure intime du sys

tème nerveux.

De 1890 à 1896, dans une série remarquable de publications portant notamment sur la structure des centres nerveux, sur le bulbe olfactif, sur la structure des lobes optiques, sur l'innervation des poils, sur les cellules nerveuses du sympathique, sur les terminaisons nerveuses intraépidermiques, sur les ganglions

cérébro-spinaux, le jeune professeur de Louvain assoit sur des bases inébranlables la conception du neurone tel que nous le connaissons aujourd'hui. La cellule nerveuse et la fibre nerveuse qui en part ne forment qu'un seul élément biologique, le neurone. Celui-ci comprend un corps cellulaire et des prolongements protoplasmatiques à conduction cellulipète, et un prolongement cylindraxile à conduction cellulifuge. Tous ces prolongements protoplasmatiques ou cylindraxiles se terminent librement; il n'existe donc pas de réseau nerveux comme le croyait Gerlach. Considérée dans le neurone, la conduction nerveuse s'exerce des prolongements protoplasmatiques vers le corps cellulaire et du corps cellulaire vers le cylindraxile. La conduction nerveuse d'un neurone à l'autre se fait par simple contiguïté des dernières ramifications du cylindraxile d'un neurone, avec les prolongements protoplasmatiques du neurone voisin. Sous quelque point de vue qu'on l'envisage, le neurone apparaît comme une unité indépendante et fondamentale, et cette conception est la base solide sur laquelle M. le Prof. Van Gehuchten pourra étayer plus tard toutes ses recherches sur l'origine réelle des nerfs, comme aussi sur le trajet des faisceaux de fibres dans l'axe cérébro-spinal.

La conception du neurone est attachée intimement à la méthode de coloration des éléments nerveux par les sels d'argent ou méthode de Golgi : elle colore d'une façon extraordinairement nette le corps cellulaire, les prolongements et leurs dernières ramifications; elle paraît ainsi comme une méthode de dissection anatomique appliquée, avec un rare bonheur, aux plus fragiles éléments du système nerveux. Mais, à d'autres points de vue, elle est plutôt grossière, car elle ne laisse apparaître aucun détail de la structure intime de la cellule nerveuse. Cette admirable structure, avec les modifications qui s'y produisent, M. le

Prof. Van Gehuchten va l'étudier désormais par la méthode de Nissl au bleu de méthylène, méthode aussi simple dans sa pratique qu'admirable dans les déductions qu'elle autorise.

Cette longue et fructueuse série de recherches au bleu de méthylène s'ouvre en 1897 par un magistral rapport au Congrès international de médecine de Moscou sur l'anatomie fine de la cellule nerveuse, et elle se clôture, vers l'année 1900, par les ingénieuses découvertes sur la nature des lésions de la rage. Elles sont toutes fondées sur le phénomène de la chromatolyse, phénomène extrêmement captivant et qui permet de saisir sur le vif les moindres réactions défensives de la cellule nerveuse vis-à-vis d'agents nocifs qui viennent troubler sa vitalité. M. le Prof. Van Gehuchten y a consacré de nombreux mémoires, et, pendant des années, lui-même et ses élèves ont dépensé le meilleur de leur temps et de leur science à étudier les diverses conditions de sa production, soit sous l'influence de traumatismes variés atteignant directement le nerf périphérique, soit sous l'influence de causes générales troubles circulatoires, intoxications, infections, etc.

Ces recherches, pour être d'une nature absolument spéciale, n'en sont pas moins d'un grand intérêt pratique. Comme nous le verrons tantôt, elles sont la base des études faites sur l'origine réelle des nerfs moteurs. Elles ont aussi suscité de nombreux travaux de pathologie nerveuse, et furent même appliquées à l'étude, encore si complexe, des lésions organiques dans les affections mentales, notamment dans la démence précoce. Elles ont amené M. le Prof. Van Gehuchten à ses fameuses recherches et à ses découvertes intéressantes sur l'anatomie pathologique de la rage.

Grâce à ses travaux et à ceux de son distingué

collaborateur, M. le Dr Nelis, nous savons que le processus pathologique de la rage affecte une électivité spéciale pour les ganglions sympathiques, spinaux et cérébraux, et qu'il produit, dans les cellules nerveuses de ces ganglions, des modifications primaires de nature chromolytique, comme aussi des modifications. secondaires dues à la prolifération active de la capsule endothéliale de la cellule nerveuse. Cette prolifération. amène la destruction de la cellule nerveuse et la formation de nodules rabiques caractéristiques. Ces lésions sont constantes chez l'homme et chez l'animal morts de la rage due au virus de la rue; la constatation de ces lésions peut donc avoir une importance décisive pour le diagnostic et le traitement de cas de rage.

Par tout ce qui précède, nous voyons que M. le Prof. Van Gehuchten a contribué d'une façon aussi brillante que décisive aux travaux qui ont permis à la science moderne de fonder sur une base solide nos connaissances relatives à la cellule nerveuse et à la structure intime de l'axe cérébro-spinal. Ce résultat définitivement acquis et il devait être le premier en date pour permettre l'étude ultérieure des diverses parties composant le système nerveux-M. le Prof. Van Gehuchten aborda d'autres problèmes, dont nous parlerons tantôt. La biologie nerveuse continue sans doute à l'intéresser, comme le démontrent les travaux de ses élèves et collaborateurs au NÉVRAXE; mais cette étude n'a plus d'intérêt aussi immédiat. Si, de temps à autre, le Maître y revient lui-même, c'est pour défendre, avec un sens critique judicieux, la théorie de la polarisation dynamique des prolongements de la cellule nerveuse et la conception du neurone, contre les thèses hasardeuses de Bethe, d'Apathy et de Nissl.

Abordons maintenant le deuxième groupe de recherches, à savoir celles se rapportant à l'origine

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