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activité parce que nous y sommes incités mécaniquement par les processus qui ont lieu dans notre système nerveux, et si les hommes ne sont pas des esclaves des conditions économiques, l'instinct de l'effort réussi » ou du travail fécond détermine l'orientation de leur activité. La mère aime ses enfants et les soigne, non pas parce que les métaphysiciens ont proclamé que c'est sublime, mais parce que l'instinct des soins de la progéniture est déterminé, probablement par les deux chromosomes sexuels, d'une façon aussi inéluctable que les caractères morphologiques du corps de la femme. Nous aimons la société des hommes parce que nous y sommes poussés par des conditions héréditaires. Nous luttons pour la justice et la vérité et sommes prêts à sacrifier notre vie pour elles, car nous désirons instinctivement voir nos semblables heureux. Notre morale, nous la devons uniquement à nos instincts, qui, exactement comme la forme de notre corps, sont déterminés en nous chimiquement et héréditairement. >>

On croirait entendre les médecins de Molière discutant la vertu dormitive de l'opium.

Le 27 avril 1912, la REVUE SCIENTIFIQUE, Voulant sans doute faire oublier ces menus propos, publiait un nouvel article Sur l'Etat de Vie, dans lequel M. A. Gautier exposait, et dans les mêmes termes, les idées que nous venons d'emprunter à sa Leçon d'adieu. Que cet article fut une réplique à celui de Loeb, la finale ne permet pas d'en douter:

« Si, comme l'a écrit dernièrement dans cette REVUE (1) M. le professeur J. Loeb, de l'Institut Rockefeller, confondant d'ailleurs les actes matériels de l'économie avec les actes de perception ou de concept, « si nous devons notre morale à nos instincts » qui, exactement comme la forme de notre corps, sont déter> minés en nous chimiquement et héréditairement », alors je ne puis comprendre, dans cette hypothèse, que ce même instinct chimique, qui nous porterait, suivant M. Loeb, nécessairement, en vertu d'une réaction matérielle, et par conséquent obligatoire, au sentiment de notre conservation personnelle, soit justement celui qui pousse le vaillant à courir bravement au feu pour défendre son pays, ou celui qui envoie nos missionnaires mourir en pays sauvage pour évangéliser de pauvres inconnus.

» Je conclus donc que s'il est incontestable que nos organes

(1) 9 mars 1912, pp. 289-298.

sont matériels et mettent en jeu l'énergie matérielle proprement dite suivant ses lois ordinaires, les phénomènes de conscience, de pensée, de volonté, qui constituent la vie supérieure, sont des états et non des actes matériels, qui ne répondent à aucune activité ni dépense d'énergie, et ne sont pas de même nature qu'elle. >>

L. R.

NÉCROLOGIE

HENRI DESPLATS

La Société scientifique vient de perdre un de ses membres de la première heure, deux fois son Président, le collaborateur dévoué de ses ANNALES et de sa REVUE, le D' Henri Desplats, professeur de clinique médicale à la Faculté catholique de Médecine de Lille, décédé en cette ville le 31 décembre 1912, dans sa soixante-neuvième année et après une courte maladie. L'impression de cette livraison s'achevait quand cette triste. nouvelle nous est parvenue, trop tard pour pouvoir rappeler ici la carrière si noblement remplie de ce savant chrétien. La IVe Section de notre Société, celle des sciences médicales, dont le Dr H. Desplats dirigea, à plusieurs reprises, les travaux, tiendra à honneur d'accomplir ce pieux devoir auquel la REVUE s'associera de grand cœur dans une prochaine livraison.

Nos offrons à nos collègues de l'Université de Lille et en particulier à M. le D' René Desplats, l'expression de nos chrétiennes condoléances et de notre respectueuse sympathie.

LA RÉDACTION.

LOUIS HENRY

1834-1913

Le 9 mars dernier, la Société scientifique de Bruxelles a eu la douleur de perdre, en la personne de Louis Henry, l'un de ses membres les plus distingués, l'Université de Louvain, un de ses professeurs les plus éminents, la Belgique catholique un de ses fils les plus dévoués.

Louis Henry était membre de l'Académie royale de Belgique, correspondant de l'Institut de France, membre des Académies des sciences de Danemark, de Portugal et de Roumanie, membre aussi de l'Académie pontificale des Nuovi Lincei. Il était grand officier de l'Ordre de Léopold, Grand Croix de l'Ordre de Saint Sylvestre, Commandeur de la Légion d'honneur, etc.

La REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES a rendu compte des deux manifestations dont Louis Henry a été le héros : l'une le 7 juin 1900, à l'occasion du prix décennal des sciences physiques et chimiques qui lui fut décerné par ses pairs pour la période décennale 1889-1898; l'autre à l'occasion de son cinquantenaire professoral en 1909. Des disciples et collègues spécialement compétents, MM. Delacre et Bruylants ont, à cette occasion, fait le tableau de la vie scientifique de M. Henry, dans des pages lumineuses qui ont été publiées dans la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES (juillet 1900, pp. 221-239; octobre 1909, pp. 352-369) Nous y renvoyons nos lecteurs.

Nous en tirons quelques dates de la carrière si féconde de notre regretté confrère.

HI SÉRIE. T. XXIII.

23

Né à Marche, le 26 décembre 1834, Louis Henry entra à l'Université catholique en 1851; il y conquit, en 1853, le diplôme de candidat, en 1855, celui de docteur en sciences naturelles. Il alla ensuite à l'Université de Heidelberg, pour s'y spécialiser en chimie mieux qu'il n'avait pu le faire à Louvain. A son retour d'Allemagne, en 1858, il fut chargé du cours de minéralogie à Louvain, mais dès 1863 il devint titulaire du cours de chimie générale et le resta jusqu'à sa mort, bien qu'à la fin de sa vie il ait dû, pour cause de santé, se faire suppléer par son fils.

Il fut nommé correspondant de la classe des Sciences de l'Académie en 1865, membre titulaire en 1886. Il y avait défendu vaillamment avec Gilbert les droits de la pensée catholique au respect de tous et c'est cela seul qui explique l'écart entre les deux dates que nous venons de rappeler. Maintes autres Académies, comme nous l'avons dit plus haut, entre autres l'Institut de France, se firent un honneur de le compter au nombre de leurs membres.

Il fut l'un des fondateurs de la Société scientifique de Bruxelles, qui l'appela deux fois à être son Président, en 1879-1880 et en 1893-1894. C'est à son initiative que l'on doit l'institution des Concours de la Société et l'organisation du système de subsides destinés à l'encouragement des recherches scientifiques. Dans sa première présidence, aux débuts de la Société, il signala avec beaucoup de perspicacité les écueils qu'elle devait éviter, et indiqua la voie qu'elle devait suivre elle devait toujours être vraiment scientifique et travailler non pour un public restreint, mais s'adresser à l'universalité du monde savant par des recherches originales sérieuses (1).

Il nous en donna l'exemple. Il publia dans nos ANNALES trois ou quatre grands mémoires, notamment

(1) ANNALES DE LA SOC. SCIENT. DE BRUXELLES, t. III, 1878-1879, seconde partie, pp. 397-420.

un travail très important sur la polymérisation des oxydes métalliques, puis une foule de notes substantielles, fruit de ses savantes recherches sur la solidarité fonctionnelle, la volatilité des composés carbonés, les lois de nombre, etc. Ces contributions, signées d'un nom dont l'autorité grandissait d'année en année, assurent à nos ANNALES, dans le domaine de la chimie, une valeur durable.

S'il m'était permis de parler de quelques travaux de Henry, publiés ailleurs, je signalerais son article La Crémation (1875), qu'il suffirait d'abréger pour en faire une excellente étude sur la question; puis ses deux lectures à l'Académie de Belgique sur Stas et la loi des poids (1899-1900). Ce mémoire est un fragment de la Philosophie chimique, que Henry a rêvé d'écrire toute sa vie, sans pouvoir en trouver le temps, sollicité qu'il était sans cesse par des recherches expérimentales nouvelles. Mais pendant un demi-siècle, par ses déterminations numériques exactes, il n'avait cessé de travailler à cette philosophie chimique en prouvant, autant qu'il le pouvait, que les lois de la chimie ne sont pas des lois-limites pour des corps idéaux, comme la loi de Boyle-Mariotte, mais des lois mathématiques exactes où se vérifie la parole biblique dont Berzelius fait l'épigraphe de son traité des Proportions chimiques: Omnia in mensura et numero et pondere disposuisti (Sap., XI, 21).

C'était là une des pensées directrices qui faisait l'admiration du grand savant, du grand chrétien que fut Louis Henry. Il en contemple sans doute l'éternelle vérité dans le royaume de la lumière sans ombre, où nous espérons que la Divine Providence l'a déjà introduit, à cause du bien qu'il a fait à tant de générations d'élèves, par sa science, son culte du devoir et surtout par l'exemple de sa foi.

P. M.

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