Sayfadaki görseller
PDF
ePub

sous l'exagération des idées anti-localisatrices?... On n'en saurait douter, quand on entend Bergson, par exemple, cité par Ferrand (1), formuler cette étrange et sommaire condamnation : « L'idée que le corps conserve des souvenirs sous forme de dispositifs cérébraux, que les pertes et les diminutions de la mémoire consistent dans la destruction plus ou moins complète de ces mécanismes, l'exaltation de la mémoire et l'hallucination au contraire dans une exagération de leur activité, n'est donc confirmée ni par le raisonnement, ni par les faits ». Ce jugement est radicalement faux. Le « raisonnement » et les « faits » établissent que « le corps » est le siège de fonctions intrinsèquement inorganiques et de fonctions intrinsèquement organiques; que celles-ci comprennent, avec des processus purement physico-chimiques et physiologiques, des processus psycho-moteurs, psycho-sensoriels et psycho-physiologiques; que les processus psycho-sensoriels et psychophysiologiques se subdivisent en phénomènes provoqués par la présence même de l'objet, et en phénomènes dont il faut chercher la cause, en l'absence de l'objet, dans le souvenir qui en persiste dans nos organes sous forme d'images sensorielles. Par suite, une lésion des organes doit déterminer un trouble des fonctions, et les faits démontrent qu'il en est ainsi. La science sérieuse, pas plus que la saine philosophie n'a donc, sur ce point, rien à gagner à trop s'inspirer des théories bergsoniennes. Et quant à l'apologétique, si le désir lui vient de prendre part à la discussion, ce qu'elle a de mieux à faire, c'est de se borner à démontrer que les localisations cérébrales, telles que la science les admettait avant la controverse actuelle, exception faite de la localisation intrinsèquement organique des facultés

(1) Les localisations cérébrales, p. 76.

supérieures, dont l'existence n'a jamais été démontrée, ne se prêtent en aucune façon aux conclusions antispiritualistes que certains veulent en tirer. Elle aura établi ainsi une fois de plus que tenter d'opposer la science à la foi, c'est faire oeuvre absolument vaine.

L. BOULE, S. J.

LE R. P. JOSEPH VAN DEN GHEYN

Le R. P. J. Van den Gheyn, S. J., pieusement décédé à Bruxelles le 29 janvier dernier, était l'un des plus anciens membres de la Société scientifique. S'il n'appartient pas au petit groupe des ouvriers de la première heure, il fut l'un des plus actifs et des plus méritants parmi les collaborateurs qui apportèrent leur généreux concours à la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES encore à ses débuts. Il aida fort heureusement à lui créer une partie des amitiés qu'elle a conquises et conservées.

Né à Gand le 25 mai 1854, entré dans la Compagnie de Jésus le 27 septembre 1871 après de fortes études, Joseph Van den Gheyn ne tarda pas à s'y distinguer autant par la souple facilité de son talent que par son allègre application au travail. Aux riches qualités de son esprit, il joignait une ardeur entreprenante et confiante, qui le poussait à s'attaquer joyeusement aux tâches les plus ardues et, pour son bonheur, le préservait d'en mesurer d'abord l'immensité désespérante. Son esprit ingénieux et prompt se portait avec assurance sur les objets les plus divers et de tous il retenait, peu ou beaucoup, suivant les cas, avec une étonnante. faculté d'assimilation. Tout ce qu'il recueillait ainsi au passage ou butinait le long du chemin s'agençait, comme de soi-même, dans sa mémoire et y devenait la première assise d'une étude qu'il saurait, le moment venu, compléter méthodiquement. Remarquablement organisé pour apprendre, il s'entendait mieux encore à tirer parti de ses connaissances variées et les faisait

valoir par un talent d'exposition abondant et fluide qui jamais ne trahissait le moindre effort. Sa plume se jouait à l'aise dans les sujets les plus arides; il se sentait la vocation de s'en servir et, plutôt que de laisser passer l'heure de faire ce difficile apprentissage, il préféra la devancer. Pour juger ses premiers essais, il faut se rappeler qu'il les entreprit, le plus souvent, sans autre maître que lui-même, sans autre loisir que les heures courtes et rares qu'il sut épargner au cours de ses études régulières et durant les cinq années qu'il passa dans l'enseignement des humanités classiques à Turnhout d'abord, puis à Anvers et enfin au collège Saint-Michel à Bruxelles.

Sa curiosité qui se répandait sur beaucoup de questions, revenait toujours avec une prédilection marquée vers les lointains mystérieux où se cache la préhistoire des races et des langues. Ethnographie, géographie ancienne, linguistique, grammaire et mythologie comparées, folk-lore des peuples primitifs, philologie indienne et iranienne, le jeune érudit essayait de tout et ne s'effrayait de rien. Plusieurs de ces sciences, aujourd'hui en possession de leur méthode, la cherchaient encore en ce temps-là. Elles se risquaient volontiers à construire de vastes synthèses et à compléter, par des inductions hardies, leurs observations à peine ébauchées. Ces fragiles systèmes avaient au moins le mérite de poser devant les esprits, sous une forme saisissante, des problèmes qu'ils avaient l'ambition de résoudre et de forcer le regard à mesurer les espaces inexplorés par delà lesquels ils se dressaient. Mais à tout cela, se mêlait fort innocemment une certaine part de trompe-l'oeil. D'illustres maîtres avaient payé tribut à ces confiantes illusions et leurs disciples s'enhardissaient à leur exemple. A la condition de reposer sur des informations consciencieuses, toutes les hypothèses avaient alors le

champ libre. Il n'en manque pas, et d'assez audacieuses, dans les premiers articles du P. Van den Gheyn. Ces articles publiés à partir de 1878 dans différentes revues de Belgique et de l'étranger, furent en 1885 réunis par leur auteur en un volume intitulé: Essais de mythologie et de philologie comparées (in-8°, xiv-421 pp., Bruxelles-Gand). Bien qu'ils aient abouti, en somme, à peu de résultats définitifs, il est impossible de ne pas admirer l'érudition étendue et toute personnelle dont ils témoignent. C'est à ce titre surtout que ces œuvres de jeunesse méritaient d'être rappelées ici avec honneur.

Durant son séjour au collège de Bruxelles en 1882-1883, le P. Van den Gheyn avait été distingué par le P. Carbonnelle, qui devina en lui un collaborateur précieux. Dès cette date, il commença à prendre une part active aux travaux de la Société scientifique. Il donna, à la REVUE et aux ANNALES, une suite variée de notes et de mémoires développés, dont quelques-uns furent remarqués. La REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES garda toujours un rang privilégié dans la nombreuse série des publications périodiques et des recueils savants qui se disputèrent la collaboration du P.Van den Gheyn. Même après que de nouveaux devoirs l'eurent orienté dans une autre direction, il ne cessa jamais de lui marquer ses actives sympathies. Elle lui servait d'organe, quand, par intervalles, il revenait aux études de sa jeunesse. Outre de fréquentes contributions à la partie bibliographique, il demeura le rédacteur ordinaire du bulletin d'anthropologie. Il reprit cette charge avec une persévérance fidèle, après plusieurs interruptions forcées. Ce n'est qu'en l'année 1911 que les initiales J. G. disparaissent de la place qu'elles avaient honorablement tenue durant si longtemps.

L'année 1888 marqua un tournant dans la carrière du P. Van den Gheyn. Il avait alors 34 ans, il se

« ÖncekiDevam »