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LA

RÉORGANISATION MILITAIRE

DE LA BELGIQUE (1)

(suite)

Parmi les causes qui influent sur l'instrument de guerre d'un pays, les professeurs de stratégie ont l'habitude de citer les facteurs moraux et les facteurs matériels; ces derniers sont : le commandement, le nombre, l'instruction technique, l'armement et le matériel de guerre.

Il nous paraît plus avantageux d'examiner les mesures de réorganisation de l'armée belge en ordonnant notre étude d'après ces divisions théoriques qu'en suivant l'ordre chronologique des décisions ministérielles.

Les facteurs moraux, auxquels Napoléon I accordait une si grande importance, sont fortement influencés par les facteurs matériels. Le nombre, la supériorité du matériel et de l'armement, l'instruction développée sont autant d'éléments qui relèvent le moral d'une troupe et lui font mener la guerre avec plus d'énergie. L'enthousiasme patriotique et la con

(1) Nous avons puisé de nombreux renseignements pour cette étude dans la revue belge, le BULLETIN DE LA PRESSE Et de la BibliogRAPHIE MILITAIRES. Le caractère anonyme des articles de cette revue ne nous permettra pas de citer les auteurs.

III SÉRIE. T. XXIII.

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fiance dans les chefs sont d'autres leviers puissants, qui renversent les obstacles et dégagent la victoire.

A. Le commandement

<< Les enseignements de la guerre montrent que ce sont, avant tout, les qualités intellectuelles et morales des grands généraux, qui leur ont donné la victoire. Leur hardiesse, leur décision, leur audace, leur téna-cité ont usé la capacité d'action de leurs adversaires, et obtenu, de leurs propres troupes, un rendement remarquable» (1).

L'influence des chefs subalternes n'est pas moindre à la guerre; n'a-t-on pas écrit que la campagne de 1866 avait été celle des commandants de compagnie prussiens? I importe que les organisateurs d'une armée se préoccupent des règles d'avancement du corps des officiers, de manière à favoriser les sujets de valeur sans froisser les intérêts légitimes de l'ensemble de la corporation.

Le Rapport au Roi, dont nous avons reproduit la plus grande partie, faisait prévoir une modification prochaine des principes, qui, jusqu'à ce jour, régissaient en Belgique l'avancement des officiers.

Un projet de règlement sur les Inspections, daté du 20 décembre 1912, et appliqué, une première fois, le 27 du même mois, aux nominations et promotions de fin d'année souleva, on se le rappelle, dans le monde des intéressés, une très grosse émotion, qui eut un écho à la Chambre. Il est difficile de traiter la question avec compétence et une absolue impartialité : un militaire est intéressé à la solution adoptée : il est juge et partie; un civil est indépendant, mais n'est pas en

(1) Opinions allemandes sur la guerre moderne, Paris, Berger-Levrault, 1912, 1r fasc., p. 4.

possession de tous les éléments du problème, parce qu'il ne sent pas comme l'officier. Nous n'avons cependant pas le droit d'éluder cette partie de notre sujet. Quelle que soit la manière de voir de chacun, comme l'a très bien dit M. de Broqueville à la Chambre, on ne trouve plus personne qui soutienne sérieusement que les règles de l'avancement doivent se borner au respect de l'ancienneté.

Les officiers n'ont pas tous une même origine; les uns ont été formés à l'école militaire et ils y ont reçu une forte instruction; les autres sont issus des cadres et se ressentent, généralement, du manque de professeurs d'élite. Par la suite il arrive nécessairement qu'une partie travaille à se perfectionner, tandis que l'autre se contente d'assurer le service journalier. Il en résulte qu'il y a un grade qui limite les aspirations de chaque officier, suivant ses capacités et son travail, s'il veut être à la hauteur de sa tâche en temps de

guerre.

Le statut des officiers doit avoir pour objet d'attribuer à chacun, sur le pied de paix, les fonctions qu'il pourrait remplir avec dignité en campagne, d'arrêter les sujets qui sont arrivés à l'apogée de leur rendement et d'écarter ceux qui cessent de convenir pour l'accomplissement de la mission qui leur incombe.

Voyons la solution du règlement provisoire belge: En principe tout officier doit être considéré comme méritant l'avancement au choix; s'il ne fait l'objet d'aucune proposition, il avance, naturellement, à son numéro de classement.

En dehors de ce cas général, il peut faire l'objet d'une proposition d'avancement hors ligne en raison d'un mérite supérieur; d'avancement au grand choix en raison d'un mérite spécial; d'avancement à l'ancienneté de renonciation à l'avancement; de non avancement en raison d'âge ou en raison d'insuffisance;

de mise en non activité ou à la retraite, pour la perte du grade.

Les officiers qui font l'objet d'une proposition pour l'avancement hors ligne doivent avoir fourni la preuve évidente d'aptitudes professionnelles remarquables, d'une instruction militaire étendue, de valeur intellectuelle, de jugement et de caractère, soit dans l'exercice ou commandement ou de fonctions spéciales, soit dans l'accomplissement de travaux militaires particuliers, imposés ou volontairement exécutés » (1).

Quand une armée a l'heureuse chance de posséder des sujets exceptionnels, l'intérêt supérieur commande de les pousser vers le haut commandement à grandes. étapes, de manière que leur influence se fasse sentir plus vite et le plus longtemps possible. Le règlement prévoit qu'on pourra faire gagner deux années d'ancienneté dans chaque grade à partir de celui de capitaine en second.

Aux yeux des auteurs du règlement sur les Inspections, les sujets qui sont dignes de l'avancement au grand choix sont les officiers brevetés d'État-major qui, après avoir complété leur savoir dans des stages d'armes et d'état-major, continuent à accroître leurs connaissances générales et militaires et ne cessent de développer, par leur travail, les aptitudes, capacités et qualités militaires dont ils ont fait preuve. Le fait d'être détaché dans un état-major constitue ipso facto, un droit à l'avancement au grand choix, et fait bénéficier d'une avance d'ancienneté de un à quatre trimestres dans chaque grade à partir de celui de capitaine.

Les officiers qui font l'objet des autres propositions citées plus haut, ne sont pas dignes d'un intérêt qui retienne particulièrement l'attention.

Le mérite des intéressés, ainsi que les propositions.

(1) Règlement sur les inspections. Art. 29.

les

dont ils font l'objet, sont soumis à l'examen des comités d'avancement: comités de division, de position fortifiée ou de gendarmerie d'une part, pour les officiers du grade de capitaine-commandant au maximum décisions sont présentées sous l'entière responsabilité des généraux commandants de grande unité qui les président comité d'armée d'autre part, qui se prononce sur le mérite de tous les officiers à partir du grade de major, sur les propositions d'avancement hors ligne, de renonciation à l'avancement, de non avancement ou de mise à la retraite d'office.

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Le ministre de la guerre, éclairé par les délibérations du comité d'armée, est seul responsable des propositions à soumettre au Roi.

« Le chef qui, par ses propositions ou par son abstention de proposer, est cause de la nomination à un grade supérieur d'un sous-ordre insuffisant, ou de maintien en fonctions d'un incapable, au point de vue physique, intellectuel ou moral; ou le chef qui ne signale pas spécialement à l'autorité hiérarchique un officier de mérite supérieur, ne répond pas à la confiance que l'autorité supérieure a placée en lui, et il manque à un de ses devoirs essentiels » (1).

On voit donc que le règlement belge consacre le principe prééminent de la responsabilité des chefs. Quelles que soient ses qualités, il a soulevé, surtout avant les commentaires de M. de Broqueville à la Chambre, de nombreuses objections qu'il serait partial d'éliminer de cette étude, d'autant plus qu'il s'agit d'un règlement provisoire dont les promoteurs ont décidé d'améliorer les parties reconnues défectueuses.

Nous allons résumer les critiques en écartant celles qui sont nées des passions politiques, parce qu'elles ne résistent pas à un examen minutieux.

(1) Règlement sur les inspections. Art. 16.

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