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Sire,

Depuis le jour où la confiance Royale m'a appelé à la tête du Gouvernement, je me suis fait un devoir d'étudier tout ce qui se rattache à l'établissement militaire du pays et de réaliser immédiatement les mesures dont l'utilité ne pouvait être contestée.

Dans ce dernier ordre d'idées, nous avons développé intensivement nos approvisionnements en vivres et en munitions, de même que les réserves pour le matériel d'artillerie.

Je crois pouvoir dire que nous menons, avec le maximum de célérité, les travaux qui assurent à la position fortifiée d'Anvers une valeur de premier ordre.

L'heure semble venue d'aborder les réformes relatives à l'organisation du ministère de la guerre. L'œuvre serait incomplète si elle ne comprenait toutes les mesures désirables et réalisables dans le cadre des institutions fondamentales du pays.

Ce sont ces réformes que je visais lorsque, le 20 décembre dernier, j'avais Thonneur de m'exprimer devant le Sénat de la façon suivante :

Je pense qu'il convient de donner, bien entendu sous l'absolue responsabilité constitutionnelle du Ministre de la guerre, une plus grande autonomie à ceux qui auront à mener notre armée au danger. Ils doivent avoir une action, une influence, une autorité plus étendues dans diverses matières. Et ici, je vise spécialement et en premier lieu, ce que j'appellerai la confection des plans variés de campagne.

» Il ne faut pas qu'à ce point de vue puisse se produire une dualité quelconque; il faut une unité parfaite et préparée de longue main; j'estime que personne n'est mieux placé pour l'assurer que l'État-Major général de l'armée qui aura à prendre, aux jours mauvais, les responsabilités les plus graves pour le pays.

> Bien entendu, Messieurs, ces plans doivent être élaborés en parfait accord avec le Ministre de la guerre pour la raison bien simple que le Ministre de la guerre a, en ces matières, une responsabilité que, constitutionnellement, aucun autre ne peut assumer. Il faut, d'autre part, que le haut commandement exerce ce que j'appellerai l'indispensable influence sur l'avancement de ceux qui sont appelés à être, à un moment donné, les petits comme les grands chefs.

» Il importe que le haut commandement sache exactement quels sont les hommes qu'il aura entre les mains pour diriger telle et telle unité, depuis la plus faible jusqu'à la plus considérable. Cela me paraît indispensable et ici encore j'estime que l'action du haut commandement doit s'exercer dans toute sa plénitude, mais toujours sous la responsabilité du Ministre de la guerre. » Et de même, Messieurs, si des officiers je passe aux soldats, je dis que l'intervention du haut commandement, dans tout ce qui concerne la formation de la troupe, depuis l'homme jusqu'à l'unité, doit être plus marquante qu'elle ne l'a été jusqu'ici. Pour qu'une armée soit véritablement forte, il faut qu'elle soit formée suivant les vues mêmes de ceux qui seront ses chefs devant l'ennemi. C'est de commun accord avec eux que les règlements et instructions doivent être revisés suivant les vues modernes et adéquates. » De cette façon, nous assurons à l'armée cette unité qui lui est indispen

sable, cette unité qui fait la force militaire et qui a permis à des armées, faibles en apparence, de battre des armées bien supérieures en nombre, mais moins fortement structurées de par leur formation et leur homogénéité.

>> Ce sont ces choses-là que je tiens avant tout à assurer, parce que je considère que rien de sérieux ne peut être fait si à la base même on n'établit des règles parfaitement logiques et rationnelles. Si je suis si affirmatif, c'est parce que ces questions ont été pour moi l'objet de longues études et qu'elles ne relèvent pas, à proprement parler, de l'ordre technique, mais de la réflexion, du bon sens et un peu aussi de la clairvoyance. >>

Votre Majesté ayant bien voulu approuver ces déclarations, j'ai l'honneur de Lui soumettre des projets d'arrêtés relatifs à une part importante de leur application.

Le plan général de la réorganisation peut être ramené à ces trois pensées maîtresses:

1o Décentralisation aussi large que possible;

2o Autonomie adéquate à la responsabilité, afin de donner à celle-ci un caractère effectif et équitable;

3o Action sans cesse renouvelée de la vie active sur la vie administrative de l'armée.

La décentralisation qui va s'opérer dans le sens d'une large autonomie, attribuée à l'État-Major général, aux inspections générales, comme aux divers chefs d'unités, va distraire du ministère de la guerre un grand nombre de ses bureaux, dont plusieurs d'ailleurs faisaient double emploi avec des organismes existant déjà. Il importe, cependant, d'assurer tout à la fois l'unité administrative comme l'unité de vues dans l'exécution journalière des mesures de principe adoptées.

La création d'un secrétariat général, d'ordre essentiellement administratif, est née de la première de ces nécessités ; l'institution d'un conseil habituel du département est issue de la seconde.

Sous la présidence du Ministre, ce conseil, composé du chef de l'État-Major, des inspecteurs généraux, du secrétaire général, d'un officier général d'infanterie et de cavalerie, de l'intendant en chef, se réunira fréquemment pour veiller à l'harmonieuse exécution des décisions d'ordre général, comme au perfectionnement de tous les points d'ordre secondaire,

Les questions se rattachant à la défense nationale forment un tout où l'intérêt supérieur du pays commande de faire régner l'esprit de méthode et de suite.

Il m'a donc paru désirable de mettre, dans une légitime mesure, ces problèmes vitaux à l'abri des vicissitudes des carrières ministérielles. De là, l'institution, sous la présidence du Roi, d'un conseil supérieur de la défense nationale, qui comptera dans son sein les éléments investis des responsabilités les plus élevées en matière de commandement ou d'administration.

Le Ministre a le droit de saisir le conseil de toutes les grandes questions de principe intéressant la défense nationale.

Dans le cadre des lois existantes, chaque membre du conseil exerce le même droit.

Parmi les objets qui retiendront l'attention du conseil se trouvera, je n'en doute pas, la question des meilleures méthodes à suivre pour mener en temps utile les éléments les plus capables aux commandements supérieurs de nos forces militaires. C'est là une question d'une importance capitale et, par le fait, de nature à faire l'objet d'un débat approfondi.

Il appartient au Roi de réunir le conseil périodiquement ou autrement. Il est incontestable qu'une revision organique, comme celle que j'ai l'honneur de soumettre à Votre Majesté, ne peut être réalisée instantanément, par le seul fait de la publication de l'arrêté royal la décrétant.

A côté de l'arrêté formulant les principes, il y a une série de mesures d'exécution à prendre ; la plupart d'entre elles relèvent de l'arrêté ministériel. Ces mesures doivent être bien mûries et fixées d'accord avec les autorités, désormais responsables vis-à-vis du Ministre.

Je crois répondre à l'intérêt de l'armée en proposant à Votre Majesté de ne pas conserver plus de cinq ans dans les bureaux les militaires en activité de service; la limite actuelle de dix ans me parait excessive.

Sans vouloir adresser à qui que ce soit une critique quelconque, j'estime préférable que les bureaux ne perdent jamais le contact de la vie et des besoins réels de l'armée active.

Le rapprochement constant des deux éléments constitue une source de lumière et de progrès.

La confiance de l'armée dans les bureaux chargés de pourvoir aux nécessités de la défense nationale ne peut que s'accroître dans le régime nouveau. En même temps que le premier arrêté, j'ai l'honneur d'en soumettre au Roi un second portant revision des traitements des officiers.

Sire,

Les principes qui consacrent les projets d'arrêtés royaux ont été accueillis avec faveur par les mandataires de la Nation.

Ils sont en quelque sorte la conséquence des déclarations franches et loyales que j'ai cru de mon devoir de faire au Parlement, dès le début de cette session. Assurément les transformations décidées apporteront quelque trouble dans les usages reçus ; elles heurteront peut-être les habitudes de tel ou tel bénéficiaire du régime antérieur.

Nul plus que moi ne regrette tout désagrément causé à autrui ; mais devant l'honneur et la sécurité du pays, il n'y a place que pour un sentiment: celui du devoir.

Après avoir consciencieusement cherché à éclairer mon jugement, je crois pouvoir soumettre en toute confiance les arrêtés à la Sanction Royale.

Bien que la réforme d'un organisme aussi compliqué que l'armée ne puisse se faire sans créer des frottements, les mesures de décentralisation se sont succédé, donnant aux différents chefs militaires une plus grande responsabilité et aussi plus d'autorité.

En abandonnant aux chefs de corps une partie de ses prérogatives, le département de la guerre a détruit d'un seul coup l'influence débilitante pour la discipline de certains solliciteurs politiciens.

Nous étions en retard sur les puissances voisines, dans l'organisation de l'aviation militaire. Si notre

École d'aviation date de 1911, c'est l'année dernière seulement qu'elle fut pourvue des engins indispensables, et tout fait présager que 1913 marquera une étape nouvelle pour cette arme de l'avenir.

Une saine organisation fortifie l'armée, mais elle ne saurait suffire à tout le nombre est un des facteurs prépondérants du succès sur le champ de bataille.

Après avoir passé le portefeuille de la guerre au général Michel, M. de Broqueville l'a repris en novembre dernier pour achever l'oeuvre de rénovation militaire qu'il avait entreprise depuis que le Roi avait daigné le placer à la tête du Gouvernement.

La guerre d'Orient et la crainte d'un conflit européen créaient une atmosphère favorable aux décisions énergiques; la loi belge de 1913 constituera l'effort militaire le plus considérable obtenu de la Belgique depuis qu'elle existe.

Jusqu'à présent, la crainte d'un refus répondant aux demandes de nouveaux crédits pour l'amélioration de l'armée et la défense du pays, avait conduit l'administration militaire à déguiser ses desiderata; elle présentait ses projets par parties tellement combinées qu'une première concession entraînait fatalement la suivante. C'est ainsi, par exemple, qu'on demandait le crédit nécessaire à un nouveau matériel, puis, ultérieurement, les hommes indispensables à son emploi : tel fut le cas des canons à tir rapide, tel aurait été celui des nouveaux forts d'Anvers.

Nous entrons aujourd'hui dans une autre voie la loi de 1913 n'est pas une loi d'embûches; elle envisage franchement les sacrifices qui s'imposent à un peuple jaloux de son indépendance et auquel les tracas d'une vie industrielle intense et prospère ne font pas perdre de vue les intérêts supérieurs de la Patrie.

(A suivre)

JEAN NELUSEY.

L'ÉVOLUTION DE LA CHIMIE PHYSIQUE (1)

On réunit aujourd'hui sous le nom de chimie physique un ensemble de données fournies tant par l'expérience que par la théorie et touchant à la fois à la chimie et à la physique. C'est dire que les limites de cette branche nouvelle de la science sont quelque peu incertaines et arbitraires. Nous les restreindrons ici aux questions qui ont pris le plus de développement et qui intéressent plus spécialement les chimistes. C'est l'expérience qui est la base de toutes ces acquisitions nouvelles elle doit toujours le rester, malgré l'aide des considérations théoriques dans des questions qui établissent un lien entre les sciences expérimentales et les sciences mathématiques; lien qu'était loin de soupçonner le caractère empirique de la chimie d'autrefois.

Cet aspect nouveau de la chimie s'accorde bien avec le développement général des connaissances humaines formulė par Ampère d'abord un simple ensemble d'observations et d'expériences; ensuite une science rationnelle les reliant entre elles et les expliquant enfin, une science plus précise, allant jusqu'à coordonner mathématiquement les détails des faits observés et par là même pouvant en prévoir de nouveaux.

La branche nouvelle de la chimie ainsi constituée s'est tellement développée qu'elle a aujourd'hui des revues périodiques spéciales en allemand, le ZEIT

(1) Reproduction d'un article publié dans la REVUE SCIENTIFIQUE, du 30 novembre 1912; quelques rares additions y ont été faites par l'auteur.

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