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se chargèrent de soutenir la cause de la religion nationale contre l'agresseur. Sous les coups répétés des Brahmes Pesch was, leurs chefs, l'empire mongol s'écroule, et sur ses ruines les armes anglaises bâtiront la puissance britannique. Désormais l'Islam ne joue plus qu'un rôle politique très effacé. Relégué au second plan, il boude de se voir supplanté par l'idolâtrie et tente en vain un suprême effort, à la révolte des Cipayes, pour reconquérir le trône de Delhi. Enfin réconcilié peu à peu avec le maître anglais qui trouve, d'ailleurs, son compte à gagner sa faveur, il se voit appelé à un nouveau rôle en proportion avec l'importance de son passé.

On pardonnera l'aridité de cet exposé historique qui a paru nécessaire pour expliquer ce qui va suivre. Il s'agit, en effet, de constater ce que l'Islam a fait pour l'Inde au cours de longs siècles de domination, de l'influence qu'il a pu exercer sur les races indigènes, sur leur vie religieuse, sociale, économique. Et ici je me permets de faire miennes les paroles de Newman dans son esquisse historique, si suggestive, sur les Turcs :

« Vous voudrez bien ne pas supposer que je m'en vais faire l'éloge d'une imposture religieuse (il est superflu d'ajouter que dans l'état actuel de la science, cette appellation demanderait un qualificatif), mais, continue Newman, aucun catholique n'a raison de désavouer la supériorité de l'Islam sur le paganisme. Le paganisme est sans norme pour le bien et le mal, sans juge souverain et immuable, sans révélation intelligible, sans dogme précis quelconque. D'autre part, l'unité de Dieu, d'un Dieu qui se révèle, qui est fidèle à ses promesses, l'éternité de la loi morale, la certitude d'une rétribution à venir, tout cela ce sont des emprunts que Mahomet fit à l'Eglise, que ses sectateurs retiennent avec attachement. Une bonne partie de l'enseignement du faux prophète porte sur des vérités maté

riellement vraies et objectivement importantes » (1). C'est précisément cet élément de vérité qui a permis à l'Islam de jouer un rôle parfois heureux dans les destinées de l'Inde.

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S'il était besoin d'exemple pour démontrer l'influence du moral sur le physique, nous en trouverions un concluant dans l'élément musulman de la population indienne. Cet élément est presque dans sa totalité de même race que l'élément païen. Sur les 70 millions de Musulmans indiens, on n'en compte que 6 ou 7 millions qui soient de race étrangère : Pathans, Afghans, Mongols ou Persans. Or, rien de plus frappant que la différence entre le type musulman et le type païen d'une même race. Il est vrai qu'un sang étranger est parfois venu se mêler à celui des disciples de l'Islam. Mais dans bien des cas, l'infusion a été fort légère, si légère qu'elle est négligeable. Au Bengale, il y avait en 1901 (2) plus de 27 millions de Mahométans dont la majorité se trouve au Bengale Oriental. Presque tous sont des convertis. Ils appartiennent à la même race que leurs compatriotes païens, si tant est qu'il y ait quelques gouttes de sang mongol dans leurs veines. Cependant quel contraste entre ceux-ci et ceux-là ! L'IMPERIAL GAZETTEER OF INDIA décrit en ces termes le paysan hindou du Bengale : « petit, faible et timide »,

(1) Newman, Historical sketches, v. I, p. 87, London 1878.

«You will not suppose I am going to praise a religious imposture but no Catholic need deny that it is, considered in itself a great improvement upon Paganism. Paganism has no rule of right and wrong, no supreme and immutable judge, no intelligible revelation, no fixed dogma whatever; on the other hand, the being of one God, the fact of His revelation, His faithfulness to the promises, the eternity of the moral law, the certainty of future retribution were borrowed by Mahomet from the Church and are steadfastly held by his followers. The false prophet taught much which is materially true and objectively important ».

(2) « The small, weak and timid Hindu peasant of Bengal », v. I, p. 445. « The native of India is with a few marked exceptions of slighter build and weaker frame than the European... he is deficient in energy and in capacity for sustained hard labour ».

et des indigènes en général, il dit qu'ils sont, à quelques exceptions près, moins solidement bâtis et plus faibles que l'Européen ; qu'ils manquent d'énergie et sont incapables d'un travail dur et soutenu; et ceci s'applique a fortiori au Bengali, plus affaibli par un climat debilitant entre tous. Comparons ce portrait à celui de son compatriote musulman: il est, lui, de structure plus vigoureuse, d'énergie plus grande (1). Comment expliquer cette différence, qui fait deux peuples d'une même race vivant côte à côte et dans les mêmes conditions?

Si le Bengali musulman est mieux bâti et résiste davantage à un climat énervant, c'est que sa religion ne lui défend pas l'usage de la viande; c'est qu'elle ne lui impose pas ces mariages prématurés si désastreux au développement normal de la race. L'Hindou au contraire, forcé par des sanctions religieuses et sociales à mettre de côté les mesures élémentaires de prudence, s'expose à un affaiblissement et à un épuisement relativement prompts pour les deux sexes. Il doit nécessairement rester inférieur au Musulman. Chez lui, la natalité est beaucoup plus faible, la mortalité beaucoup plus forte; conséquence, l'augmentation mahométane au Bengale est double de celle des Hindous (2). Le census de 1901, le prouve péremptoirement. Et cependant les Mahometans appartiennent à la classe la plus pauvre du pays. Mais ils sont mieux armés pour le struggle for life si terrible dans un pays sujet à de constantes épidémies. Aussi dans la période décennale 1891-1901, alors que la moyenne de l'augmentation pour l'Inde entière a été de 2 1/2 p. c., celle des Mahometans dans toute l'Inde était de 9 p. c. (3).

(1) Of sturdier frame, of greater energy ».

(2)

The Mahometan rate of increase is double of that of the Hindus ». Cf. H. H. Risley, The People of India, 1908, p. 237.

(3) I. G. of India, v. I, p. 430.

Il est donc parfaitement vrai de dire que l'Islam augmente non pas tant par conversions directes que par sa propre vitalité. Son concept plus sain de la vie, fait qu'il y ajoute plus de prix que l'Hindou rendu assez indifférent à son sort par la pensée que cette vie n'est qu'une unité négligeable dans une série indéfinie : de là, sa résignation bien connue en face de la mort, mais c'est une résignation fatale à la vie d'un peuple (1).

L'influence de l'Islam sur le physique n'a pas été sans son contrecoup sur le moral. Etre affaibli, à la vie diminuée, l'Hindou traduit cette faiblesse jusque dans son caractère. L'épithète de mild Hindu est devenue proverbiale. Toutefois elle suggère non la douceur de l'homme fort qui a conscience de ce qu'il peut, mais celle de l'être sans défense qui trouve en elle son unique refuge. L'historien Elphinstone dit que le grand défaut des Hindous « est le manque de virilité». De là, ce caractère timide, ondoyant, presque craintif qui se peint fidèlement dans leur physionomie, dans leur démarche, dans leur manière de parler que certains accusent de manquer de sincérité. Voyez par contre leurs compatriotes inusulmans. Hier encore ilotes de la société indienne et maintenant transformés en des êtres nouveaux.

L'Islam a fait pour eux ce qu'il fit jadis pour les Tartares « Il y a en effet, écrit Newman à propos de ceux-ci, des éléments dans l'Islam qui tendent à opérer ce changement de caractère chez les Tartares. Son austérité, sa froideur, son fatalisme; même les vérités empruntées à la révélation, mais séparées des vérités

(1) « A want of manliness ». A ce propos la réponse caractéristique d'un élève païen à son professeur chrétien montrera à quel point la mentalité populaire est imprégnée de ce dogme de la transmigration. Le professeur en question reprochait à l'élève de perdre son temps : « Oh, c'est bien pour vous, chrétiens, qui n'avez qu'une vie! » Tout Européen, qui a été aux Indes, sait que l'adage anglais « Time is money » n'a pas encore cours chez les indigènes. Cela explique en partie leur pauvreté.

que le Coran rejette, son monothéisme qu'aucun mẻdiateur ne tempère, sa doctrine sévère sur les attributs. divins, sur la loi et sur la certitude d'une sanction future mirent quelque chose de sombre dans leur vie et les améliorèrent en même temps... de quelque manière que cette transformation se soit produite, c'est certainement à leur nouvelle religion que des observateurs compétents l'attribuent » et plus loin Newman cite le lieutenant Wood à l'appui. Celui-ci, parlant de ses voyages dans l'Asie Centrale, remarque que « toutes les classes inférieures ont un self-respect instinctif et une gravité de conduite qui diffère autant de la souplesse de l'Hindou que de la gauche rusticité d'un manoeuvre anglais » (1). Une transformation analogue semble s'être opérée chez les fils du Prophète aux Indes. A les voir passer le front haut, le regard assuré, le buste droit, on ne se douterait pas qu'ils sont les frères des êtres craintifs qu'ils coudoient dans la rue. Aussi l'Anglais choisit-il plus volontiers ses serviteurs et ses soldats parmi les Musulmans. Il a su donner ainsi un dérivatif à cette force qui dégénérait parfois en violence fanatique. Tels les Moplahs du Malabar, dont la furie sauvage se jetait sur les baïonnettes britanniques. Le gouvernement impérial a trouvé l'excellente combinaison d'utiliser leur excessive énergie en formant deux bataillons Moplahs.

Outre la force de caractère, la dignité personnelle

(1) Historical Sketches, v. I, p. 72: « There are evidently elements, which would tend to change them (the Tartars) from one temperament to the other. Its sternness, its coldness, its doctrine of fatalism; even the truths which it borrowed from revelation when separated from the truths it rejected, its monotheism untempered by mediation, its severe view of the divine attributes, of the law and of a sure retribution to come, wrought both a gloom and also an improvement in the barbarian... whatever was the mode of operation certainly it is to their religion that this peculiarity is ascribed by competent judges... all the inferior classes possess an innate self-respect and a natural gravity of deportment which differs as far from the suppleness of the Hindustani as from the awkward rusticity of an English clown ».

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