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l'action navale du 21 août 1485, dont l'annaliste Sabellicus donne la plus ancienne version.

Si Fernand Colomb ne date pas son récit, ce qui permet de le placer en 1476 aussi bien qu'en 1485, en revanche, il témoigne que son père quitta le Portugal en 1484! Christophe Colomb n'a donc pas assisté à la rencontre navale de 1485, ni servi à cette occasion sous les ordres de Colombo-le-Jeune, avec lequel d'ailleurs, nous l'avons déjà dit, il lui a été impossible de naviguer pendant de longues années.

Comment faut-il interpréter dès lors l'exposé de Fernand Colomb? L'a-t-il inventé pour mettre en vedette la prétendue parenté de son père avec les Coullon, et montrer de quelle gloire il s'est couvert dès le début de sa carrière ?

Ou a-t-il confondu, avec le combat naval rapporté par Sabellicus, une autre action à laquelle Christophe Colomb a pu prendre ou a pris réellement part?

Cette dernière hypothèse seule, d'après les trois récits que nous venons de détailler, semble vraie et « exonère ... le fils de Colomb non pas seulement de toute intention frauduleuse, mais même de toute erreur » (1).

La seconde partie de l'exposé de Fernand Colomb incendie des vaisseaux et salut de l'équipage dù à la nage, est un résumé de plusieurs passages donnant les dernières phases de la bataille du 13 août 1476. Dès lors la conclusion ne s'impose-t-elle pas que Fernand Colomb a mal interprété les récits plus ou moins confus, voire même la pensée et la parole de son père, à l'actif duquel il n'a jamais voulu mettre une lutte fratricide contre ses compatriotes des galéasses génoises, et qu'il aurait dû substituer à la première partie de son récit, la partie équivalente de celui du combat naval du 13 août 1476, tel que nous l'avons reproduit?

(1) Vignaud, Études critiques sur la vie de Colomb, p. 349.

Si nous sommes parvenus à rectifier logiquement le récit de Fernand Colomb, nous devons cependant faire ressortir, de façon particulière, qu'on ne rencontre que chez lui, un détail de très grande importance, la présence de son père au combat du 13 août 1476. De qui ou d'où tenait-il cette particularité intéressante ? Ce ne peut guère être que de Colomb lui-même.

Ce témoignage nous ayant induits plusieurs fois en erreur, est-il prudent de s'y fier pour les circonstances actuelles? Peut-être bien, car nous ne voyons pas les motifs qui pourraient avoir déterminé Christophe Colomb à « dissimuler la vérité sur l'époque de son arrivée en Portugal; en tous cas ce motif, s'il a existé, n'apparaît pas.

Ce point étant établi, demandons-nous si l'amiral a réellement assisté à l'action navale de 1476, et s'il a abordé au Portugal en cette année, et à la suite de cette rencontre tragique.

Pour Sophus Ruge, la réponse doit être négative (1); il suppose que l'amiral était déjà dans ce pays en 1476, et que c'est par pure vantardise qu'il a signalé dans ses papiers sa participation à la bataille du Cap Saint-Vincent.

A vrai dire, aucun document, même parmi ceux récemment découverts, ne vient infirmer la façon de voir du sagace critique allemand. Mais que de présomptions sont défavorables à sa thèse !

Toute trace authentique de la présence de Colomb en Italie disparaît, dès la fin d'août 1473; le fait est incontestable. Mais ne semble-t-il pas établi (2) qu'il fit un voyage, si pas un séjour, à Chio, en 1474 ou 1475, et n'est-il pas légitime de présumer que Colomb prit place à bord d'un des navires appartenant à Gio

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vanni-Antonio di Negro et à Nicola Spinola, et qu'il ne pouvait donc pas séjourner déjà au Portugal ?

Les galères de ces mêmes navigateurs, et celle de Gofredo Spinola ont formé en août 1476 les éléments de la flotte commerciale, qui appareilla de Gênes et de Savone, avec le concours de la Seigneurie de Gênes. N'est-il pas légitime aussi de conclure que Colomb se trouvait là, et que c'est alors seulement qu'il foula du pied pour la première fois le sol de la péninsule ibérique? Nous sommes d'autant plus porté à le croire que Colomb semble s'être rendu en Angleterre, on le verra bientôt, avec les Spinola et les di Negro, au moins dès le commencement de l'année 1477; que c'est avec eux qu'il rentra au Portugal, où ils s'établirent, et que c'est de Lisbonne que l'amiral a été envoyé, en 1478, à l'île Madère, par Paolo di Negro, le frère de Antonio di Negro, pour y faire un achat de sucre (1), enfin que dans un codicille olographe date du 25 août 1505, au testament de Colomb de 1502 aujourd'hui perdu (2), figurent parmi les légataires Paolo di Negro, que la République de Gênes envoya au secours des navires génois, et Battista Spinola, fils de Nicolas.

Ce dernier fait implique des liens d'amitié entre Colomb et des membres des familles Spinola et di Negro. On admettait généralement que cette amitié avait été contractée à Lisbonne, et que Colomb avait couché ses intimes sur son testament, pour reconnaître des obligations d'un caractère commercial. Sans renoncer à cette version, on peut se rallier, semble-t-il, à l'opinion que les Spinola et les di Negro lui prêtèrent aide et assistance, lorsqu'il se rendit avec eux à Chio,

(1) Ugo Assereto, loc. cit.,

p. 12.

(2) Vignaud, Études critiques sur la vie de Colomb, pp, 330, note 74 et 360,

note 127.

et se trouva à leurs côtés, dans la lutte qu'ils soutin rent contre le corsaire français, Guillaume de Cazenove.

Fernand Colomb, dont nous n'avons pas de raisons de suspecter le récit ni les intentions, déclare que son père se sauva à la nage, lors de la rencontre navale du Cap Saint-Vincent de 1476 (1). Il peut aussi avoir été recueilli par « les barques portugaises qui, de la côte de Lagos, avaient assisté à ce long combat » (2).

Le point où Colomb aborda n'étant pas très éloignė de Lisbonne, qu'habitaient, à sa connaissance, bon nombre de Génois, il s'y rendit le plus tôt possible. Ils l'accueillirent avec affabilité et courtoisie et l'aidèrent à s'y fixer. Il ne tarda pas à prendre du crédit et à mettre ses affaires sur un pied convenable (3).

D'après M. Vignaud (4), l'amiral peut s'être rendu dans la capitale portugaise « en gagnant par exemple, le navire de Goffredo Spinola ou celui de Antonio di Negro, qui échappèrent au désastre de Saint-Vincent et se réfugièrent à Cadix, d'où ils repartirent pour leur destination originelle et s'arrêtèrent à Lisbonne, où l'on constate leur présence à la date du 12 décembre 1476. »

« Comme la destination des navires génois était l'Angleterre, ainsi que nous l'apprend Palavicini, il est à croire que les navires de Goffredo Spinola et de di Negro ne séjournèrent pas longtemps à Lisbonne, et qu'ils reprirent leur voyage »,interrompu par l'attaque de Coullon. On perd ici de vue ces deux Génois, qui s'établirent ultérieurement, mais à une époque indéterminée, au Portugal (5).

(1) Est-ce miraculeusement qu'il a été sauvé, ou est-ce miraculeusement qu'il a échoué en Espagne ? Nous pensons que cette dernière version seule est à retenir. Cf. Vignaud. Ibidem, p. 362.

(2) Vignaud. Ibidem, p. 362, note 132.

(3) Vignaud. Ibidem, p. 364, note 137.

(4) Vignaud. Ibidem, p. 363; - Salvagnini, loc. cit., Documenti, p. 211, n° 69.

(5) Viguaud, Ibidem, p. 363.

Pendant quelques mois aussi, on ignore ce que devint Colomb. Resta-t-il à Lisbonne, ou en Portugal, comme nous l'avons indiqué, ou accompagna-t-il en Angleterre ses compatriotes et amis?

Ce dernier fait paraît vraisemblable. D'après les propres indications de Christophe Colomb, il se rendit en Angleterre qui est sur la route du Nord (1). Au cours de son séjour, qui ne se prolongea guère, car il était encore à Lisbonne en décembre 1476, l'amiral visita Galway, en Irlande, où il vit des naufragės originaires de Cathay (2); puis en février 1477, done en plein hiver, il navigua, en partant d'un port, impossible à déterminer, mais qui n'est peut-être que Bristol, jusqu'à cent lieues, soit jusqu'au 78° lat. N environ, au delà de l'île de Tile, où il aborda. Elle est aussi grande que l'Angleterre, et trafique avec Bristol notamment.

La pointe Sud de l'ile se trouve à 73 degrés de l'équateur, et sa longitude à l'ouest du méridien qui limite l'occident chez Ptolémée, ce qui doit signifier son premier méridien, passant par les îles Canaries (3).

D'une façon générale, Colomb déclare que l'océan septentrional n'est pas pris par les glaces, ni impropre à la navigation (4), mais à une journée de Tile, les eaux sont congelées (5). A l'époque du passage de

(1) Que dize por yr al camino de septentrión que es Inglaterra. Diario [JOURNAL DE BORD], 21 décembre 1492. Navarrete, Viajes, t. I, p. 101; RACCOLTA COLOMBIANA, 1re partie, t. I, p. 71.

(2) [N]os vidimus multa notabilia, et [specialiter in Galvei Ibernie virum et [uxorem in duobus lignis areptis ex mirabili [persona. Postille alla Historia rerum ubique gestarum di Pio II, no 10 (livre conservé à la Colombine, à Séville). RACCOLTA, Scritti, t. II, p. 292.

(3) Note sur les cinq zones habitables. Cf. Vignaud. Ibidem, pp. 374-376. (4) Apud (ou ad) oceanum septtentrionalem non est gelatum neque innavigabile.

(5) RACCOLTA COLOMBIANA, 1re partie, t. III, Autografi di Colombo, série B, n° 10. Il est utile de signaler que ce même détail : « A une journée de navigation au delà de Thile,... la mer est congelée », se rencontre dans Adami, Gesta Hammaburgensis, 1876, p. 187.

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