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Cette seconde hypothèse doit nous arrêter un peu plus, car elle n'est pas au premier abord aussi invraisemblable que la précédente.

On admettrait un nombre aussi considérable qu'il le faudrait de réalités capables d'agir sur nous de façon à déterminer nos sensations telles que la conscience les expérimente, mais on ne concéderait à ces réalités extrasubjectives aucune étendue réelle. Elles ne seraient donc pas distantes spatialement les unes des autres; l'étendue serait une forme subjective de nature exclusivement psychique, qui correspondrait dans le monde phénoménal à une propriété parfaitement inconnue des réalités extrasubjectives.

Pour faire comprendre l'absurdité de cette hypothèse, il suffit de considérer quelques cas concrets. Reprenons d'abord l'exemple que nous avons utilisé plus haut.

Considérons les séries de sensations m1, Mag Mz; V 19 V2, V3; A, A2, A3 correspondantes à l'exécution et à l'audition d'un morceau de piano.

Admettons qu'à chaque sensation de chaque série corresponde un agent particulier (1).

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Je désignerai par M1, M2, M, ceux qui correspondent aux sensations musculaires; par V1, V2, V3 les agents donnant lieu aux sensations visuelles et par A1, A2, A3 ceux qui fournissent la série des sensations auditives.

Pour avoir la raison suffisante de la coordination de toutes ces sensations, il faudrait supposer que, de par leur nature, tous ces agents sont réglés de manière à agir synergiquement sur moi, et dans un ordre de succession temporelle déterminé. Ce que je représente par le schéma suivant :

(1) Le raisonnement serait identique si, au lieu d'agents distincts, on considérait des modes d'action distincts d'un même agent.

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2

M1 Vi A1 M2 V2 A2 M3 V3 A3 etc.

Dans le temps t, par exemple, il faudrait que les agents M2 V2 A, agissent en même temps pour me donner le groupe de sensations m. v, a,; au moment suivant ce seraient les agents M3 V3 A3, qui devraient entrer en jeu pour me procurer m3 v3 a3, etc.

Je dis que cette supposition est absurde.

Si la nature des agents réglait leur action synergique, il serait impossible que la série des agents A entrât en fonction sans que la série des agents И fût également en activité.

Mais l'expérience prouve que je puis avoir toute la série des sensations auditives a, a, as, etc., sans qu'il y ait de sensations musculaires correspondantes, par exemple, quand j'entends le même air exécuté par une autre personne. L'action des agents A1, A2, A3 n'est donc pas invariablement liée à celle des agents M1, M2, Ms.

Tout au contraire s'explique de la manière la plus simple et la plus satisfaisante pour l'esprit, si l'on admet que les doigts, réellement étendus, se meuvent sur un clavier réel et déterminent au moyen de cordes réelles des ondulations sonores réelles, etc..., en un mot, si l'on admet en dehors du sujet doué de psychisme des réalités formellement étendues.

Les coordinations temporelles des données immédiates de la conscience exigent donc une coordination spatiale réelle des objets corporels.

D'autres coordinations psychiques aussi évidentes que les coordinations temporelles nous amèneraient

d'une manière convergente à la même conclusion. J'en choisis encore une dans le domaine des sensations auditives.

Faisons vibrer une corde de contrebasse donnant le LA, puis une corde de violon donnant le la. Nous éprouvons deux sensations auditives qui diffèrent qualitativement. Trois octaves séparent les deux sons entendus. Après cela faisons parler un tuyau d'orgue de 16 pieds donnant le LA., puis un tuyau de 8 pieds donnant le la. Nous aurons deux nouvelles sensations auditives comparables aux deux précédentes au point de vue de la hauteur des sons entendus. La sensation déterminée par le tuyau de 16 pieds sera à rapprocher de celle qu'a causée la corde de contrebasse et la sensation produite par le tuyau de 8 pieds sera de même hauteur que celle que déterminait la corde de violon.

Si nous nous plaçons dans l'hypothèse réaliste, il n'y a rien que de très facilement explicable dans ces coordinations. La hauteur des sons entendus est fonction du nombre des vibrations sonores. La contrebasse et le tuyau de 16 pieds déterminent des sensations semblables, parce qu'ils produisent réellement le même nombre de vibrations dans l'unité de temps.

Mettons-nous au contraire dans l'hypothèse idéaliste. Supprimons les instruments réellement étendus, les vibrations se propageant dans l'air etc. Nous restons devant une coordination de sensations absolument inexplicable.

Pourquoi la sensation auditive associée aux sensations représentant la mise en vibration de la corde de violon, ne serait-elle pas qualitativement semblable à la sensation qui est liée aux phénomènes psychiques correspondant à la mise en vibration du tuyau de 16 pieds? On ne le voit pas.

Un petit nombre de faits de même ordre que ceux

que je viens de citer suffiraient, je crois, pour démontrer la fausseté de l'idéalisme à tout esprit non prévenu.

On sait, en effet, que des probabilités convergentes permettent quelquefois d'établir la vérité d'une proposition avec une pleine évidence : il en est ainsi lorsque la vérité de la proposition en question est la seule raison suffisante de la convergence des probabilités considérées.

Corrélativement, des invraisemblances ou improbabilités convergentes peuvent permettre d'acquérir une certitude métaphysique sur la fausseté d'une hypothèse. Or la théorie idéaliste niant la réalité de l'étendue formelle voit s'accumuler sur elle, de quelque côté que nous l'envisagions, un tel nombre d'invraisemblances qu'elle ne peut en aucune manière être considérée comme probable.

Intentionnellement, j'ai laissé à cette longue série de raisonnements leur forme syllogistique et schématique. J'espère que les lecteurs me pardonneront l'inélégance de ce procédé qui leur permettra peut-être de faire plus aisément la critique de mon travail.

ROBERT DE SINĖTY, S. J.

CHRISTOPHE COLOMB

Les diverses Phases de sa vie d'après la Légende et l'Histoire (1)

(Suite)

N'ayant fréquenté que l'école primaire, Colomb n'avait pas un lourd bagage littéraire et scientifique. D'autre part sa connaissance du latin était élémentaire et c'est même, parce qu'il ne la possédait guère, qu'il couchait rarement ses idées sur le papier, dans sa langue maternelle.

A croire l'amiral, il s'est initié à l'art de naviguer avec l'aide de Dieu.

De plus il savait, grâce à sa dextérité et à son intelligence, tracer exactement les cartes, et il possédait des notions suffisantes d'astrologie, de géométrie et d'arithmétique.

Il est fâcheux qu'un homme si bien doué ne soit pas parvenu à déterminer, fût-ce approximativement, la latitude du fort de Saint Georges de la Mine (golfe de Guinée), qu'il visita deux fois; or ce fort se trouve non sous la ligne, mais à cinq degrés plus au Nord que Colomb ne l'indique; de même la latitude d'Española (Haïti) et de l'Islande est exacte, mais à quatorze ou à dix degrés près.

Pour disculper l'amiral, on estime que ces erreurs, passablement grossières, étaient inhérentes à l'époque.

(1) Cf. REV. DES QUEST. SCIENT., oct. 1912, p. 506.

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