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Christophe Colomb, de grosses marées s'élevaient, deux fois par jour, à certains endroits de cette ile, jusqu'à une hauteur de 25 ou de 26 brasses (1)!

Avec quelle île ou quelle terre faut-il identifier la Tile de Colomb?

Sans se préoccuper des erreurs de longitude et de latitude commises par l'amiral, parce qu'il était incapable de faire le moindre calcul exact, la plupart des critiques admettent que c'est l'Islande qui est visée par Colomb, l'Islande, la seule grande île de la région, la Thulé d'Eratosthène, l'Ultima Thule des anciens. Cette dernière n'est-elle pas l'île Jean Mayen, située à cent lieues de l'Islande ?

Les divers détails que nous venons d'emprunter à Christophe Colomb ne prouvent pas qu'il s'aventura dans les mers arctiques. Aussi les critiques émettentils des doutes au sujet de ce voyage. Ils ne savent pas admettre une telle exploration au cours de l'hiver, et les marées de vingt-cinq ou de vingt-six brasses, qu'il aurait pu fort aisément mesurer s'il avait abordé à Tile, leur mettent le sourire aux lèvres. Quel aurait d'ailleurs pu être l'objet d'une telle navigation? Des observations climatologiques ou nautiques? Une enquête sur les anciennes découvertes des Scandinaves? La recherche par le Nord-Est de la route aux côtes du Cathay? Des entreprises de pêche ou de commerce ? Nous sommes en 1477! Colomb, âgé de 26 ans, avait à peine effleuré l'onde marine!

Une fois de plus l'ambitieux et vantard Génois nous a induits en erreur. « Son expédition de Thulé n'est pas plus vraie que les campagnes qu'il aurait faites pour le roi René, que les croisières pendant lesquelles il aurait accompagné ces deux Colomb qui étaient

(1) Note sur les cinq zones habitables. Cf. Vignaud, Études critiques sur la vie de Colomb, p. 375.

<< de son nom et de sa famille », et que les longues courses maritimes qui l'auraient conduit dans toutes les mers jusqu'aux extrémités du monde. Chercher l'influence que ces prétendues navigations ont pu avoir sur la formation du dessein qu'il mit à exécution, ce n'est pas seulement se livrer à une recherche chimerique, c'est aussi être la dupe d'une supercherie qui paraît avoir eu précisément pour but de faire croire à la lente préparation de ce dessein (1). »

(La fin prochainement).

FERN. VAN ORTROY.

(1) Vignaud. Études critiques sur la vie de Colomb, p. 420.

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LA PARTHÉNOGÉNÈSE

M. Yves Delage vient de faire le relevé de nos connaissances sur la parthénogénèse naturelle et expérimentale (1). Personne n'était plus autorisé que lui à entreprendre cette tâche et, difficilement, elle eût été mieux remplie.

Une excursion biologique dans ce domaine, en compagnie d'un tel guide, nous a paru pleine d'intérêt et de profit. Ce sera l'objet de cet article. Chemin faisant cependant, il nous arrivera de nous arrêter à quelques points de vue d'où les faits et les théories nous apparaîtront sous un angle différent de celui sous lequel le savant naturaliste les a envisagés.

I

LA PARTHÉNOGÉNÈSE NATURELLE

I. Aperçu historique, extension, signification biologique

L'étymologie donne le sens général et suffisamment approché du mot parthenogenèse reproduction virginale, génération sans fécondation. Ce terme créé par Owen, en 1849, pour désigner la reproduction

(1) Y. Delage et M. Goldsmith. La Parthenogénèse naturelle et expérimentale. Paris, Flammarion, 1913.

asexuelle dans la génération alternante, fut appliqué en 1856 par Siebold à la reproduction ovipare sans fécondation. Aujourd'hui on entend par parthénogénèse une déviation de la fécondation normale dans laquelle un gamète (1), mâle ou femelle, effectue seul le développement embryonnaire, sans s'être fusionné à un gamète de l'autre sexe.

Il est de tradition, et M. Delage n'y a pas manqué, de faire remonter à Aristote l'honneur d'avoir le premier signalé la naissance parthénogénétique des mâles chez les abeilles. Le philosophe n'y voyait évidemment aucune objection de principe, puisqu'il admettait que certains insectes se reproduisent sans accouplement, ou peuvent même provenir de matières en putréfaction (2).

Pour le cas particulier des abeilles, voici l'opinion du Stagyrite. Après avoir écarté les différentes hypothèses apportées pour expliquer l'origine du couvain et des trois sortes d'individus qui s'y trouvent, il déclare qu'il n'y a pas de mâles chez les abeilles. Les reines s'engendrent elles-mêmes; elles engendrent les ouvrières; celles-ci à leur tour donnent naissance aux bourdons qui sont stériles (3).

(1) On appelle gamètes les cellules sexuelles normalement destinées à se fusiouner dans la fécondation ou la conjugaison. Si les gamètes sont des cellules semblables (chez beaucoup d'algues vertes, par exemple), la fusion se nomme isogamie; lorsque les gamètes sont dissemblables, on parle d'hétérogamie. Quand les deux gamètes sont mobiles l'un et l'autre et ne different que par la taille, on les distingue par les appellations de macrogamètes et microgamètes. Dans les cas où le macrogamète est immobile, la fécondation s'appelle ovogamie (Métazoaires et toutes les plantes supérieures), le gamète femelle étant l'oeuf pour les animaux, l'oosphère pour les végétaux et le gamète mâle s'appelant spermatozoïde ou spermie dans le règne animal et anthérozoïde dans le règne végétal, lorsque le gamète est mobile. Les cellules homologues des anthérozoïdes sont désignées sous le nom de cellules génératives ou spermatiques chez les phanérogames.

(2) Pour l'exposé historique de la parthénogénèse nous faisons de nonbreux emprunts à Henneguy (Les Insectes, 1904). Nous lui devons aussi la division de la parthénogénèse naturelle et de nombreux exemples de reproduction agame chez les insectes.

(3) De generatione animalium, I, 16.

Si donc Aristote conclut à la parthénogénèse, c'est en partant d'une erreur de fait l'absence de mâles ; et il n'arrive à déduire la production agame des bourdons qu'en intercalant une seconde inexactitude, la fécondité normale des ouvrières. Mais ce grand observateur de la nature se rend lui-même fort bien compte de l'incertitude de la solution qu'il propose, car il ajoute: << Voilà ce que le raisonnement et les faits observés sur les abeilles nous apprennent de leur génération. Mais on n'a pas encore assez bien observé les faits et, quand on les aura tous recueillis, il vaudra toujours mieux se rapporter à l'observation qu'au raisonnement; on ne devra ajouter foi aux théories que si elles sont d'accord avec les faits observés. »

Obéissant à un avis si sage, voyons d'abord les faits établis sur la parthénogénèse; nous pourrons ainsi nous appuyer sur une base solide dans la critique des hypothèses explicatives.

Il fallut attendre longtemps la découverte des premiers cas indiscutables de génération solitaire. En 1667, Goedart, ayant élevé une chenille d'Orgyia gonostigma obtint une femelle qui, sans accouplement, donna des ceufs féconds. Blanchard et Hannemann, en 1696, observèrent la reproduction asexuée chez l'araignée, mais ils conclurent à l'hermaphrodisme. Bonnet, en 1745, isola un puceron dès sa naissance; celui-ci se reproduisit sans fécondation et, pendant plusieurs générations, aucun mâle n'apparut dans sa descendance.

Malgré ces faits bien établis, beaucoup de savants du XVIIIe siècle hésitaient à admettre la possibilité de la génération sans fécondation. Réaumur répondait à Constant de Castellet, qui lui écrivait avoir vu des œufs non fécondés de ver à soie se développer: Ex nihilo

(1) De generatione animalium, III, 10. Henneguy, op. cit., p. 7.

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