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qu'à Sainte-Hélène qu'il put tenir la parole qu'il avait donnée à Fontainebleau.

Trop actif pour retarder d'un instant l'exécution d'un projet arrêté, il n'attendit pas qu'il fût arrivé sur le rocher de l'exil; à bord même du navire qui l'y transportait, il commença la rédaction de ses Mémoires.

Il a employé les six années de sa captivité à écrire la relation des vingt années de sa vie politique. Ce fut tellement son occupation constante, que l'énumération des travaux que ces Mémoires lui ont coûtés, serait presque l'histoire de sa vie à SainteHélène.

Il écrivait rarement lui-même ; il s'impatientait de ce que sa plume se refusait à suivre la rapidité de sa pensée.

Lorsqu'il voulait écrire la relation d'un évènement, il faisait faire des recherches par les généraux qui l'entouraient; et lorsque tous les matériaux étaient rassemblés, il leur dictait d'improvisation.

Napoléon relisait ce travail et le corrigeait de sa propre main; souvent il le dictait de nouveau; plus souvent encore, il recommençait toute une page dans la marge.

Ces manuscrits, recouverts de son écriture, ont été conservés avec soin, parce que rien de ce qui vient d'un homme si extraordinaire ne sera indifférent aux yeux de la postérité, et que d'ailleurs ces manuscrits précieux sont une preuve irrécusable d'authenticité.

Napoléon avait demandé qu'on lui fît venir de France tous les ouvrages nouveaux ; quelques-uns lui parvinrent.

Il les lisait avec avidité : et surtout ceux qui étaient publiés contre lui. Les injures et les libelles n'obtenaient qu'un sourire de mépris; mais, lorsqu'il rencontrait dans des ouvrages importants des passages où sa politique avait été mal comprise ou mal interprétée, il se récriait avec sa vivacité ordinaire. Il relisait plusieurs fois le passage ; puis, croisant les bras et se promenant avec plus ou moins de rapidité, selon l'agitation de ses pensées, il dictait une réponse; mais emporté par la force de son imagination, il arrivait presque toujours qu'au bout de quelques phrases, il oubliait l'auteur et le livre, pour ne plus s'occuper que du fait dont il était question.

Napoléon regardait ces notes comme des matériaux qui devaient servir à ses Mémoires; elles sont d'autant plus intéressantes, qu'étant le jet d'une improvisation naïve, la pensée de l'auteur y est à découvert; et qu'elles jettent une vive lumière sur des évènements dont les détails ont été inconnus jusqu'à ce jour : nous en faisons l'objet d'une collection particulière.

Comme César et Frédéric, Napoléon a écrit à la troisième personne; il ne mettait pas une grande importance à son style : la véracité des faits et le besoin de faire connaître à ses contemporains et à la postérité les motifs qui ont déterminé ses actions, tel est le but qu'il semble avoir voulu atteindre.

En publiant ces Mémoires, nous ne craignons pas qu'on nous assimile à ces éditeurs d'ouvrages destinés à réveiller la haine et à irriter les partis. Ici, tout porte le caractère sévère de l'histoire; et, de tout ce qu'on pourra publier sur notre mémorable époque, les Mémoires de Napoléon seront les pièces les plus importantes et les plus remarquables: monument honorable pour la

gloire française, et plus propre à calmer les passions qu'à les exciter.

Cet ouvrage est écrit avec l'impartialité qu'exige l'histoire; mais comme il serait possible que, privé de matériaux, l'illustre historien se fût trompé quelquefois, nous pensons remplir ses intentions, en ouvrant carrière aux réclamations. Nous nous ferons un devoir de les accueillir, et nous les publierons toutes les fois qu'elles seront de quelque importance historique, et appuyées de pièces irrécusables.

Nous préparons une grande édition qui, par son luxe typographique, sera plus convenable à l'importance de ces Mémoires et des grands évènements qu'ils retracent.

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