par l'ingénieux assemblage des pièces de bois, dont les unes portent de fond et les autres sont en décharge. Deux poutres ou entraits, du plus fort équarrissage, traversent diagonalement le centre de la croisée, et servent d'empatement à un poinçon taillé en forme de pilastre gothique, sur lequel s'élevoit l'aiguille du clocher. On a remarqué jusqu'à présent que la plupart des charpentes construites en châtaignier, n'étoient point sujettes aux araignées ni aux autres insectes qui s'attachent ordinairement aux bois d'une autre espèce; «< ce qu'on pourroit attribuer, dit M. Quatremère de Quincy, à une odeur assez forte dont on s'aperçoit lorsqu'on entre dans une charpente construite avec ce bois (1) ». Si cette opinion ne paroît pas assez plausible pour devoir être adoptée, on peut, ce me semble, attribuer cette particularité à une cause absolument étrangère à la nature du châtaignier, et dont voici vraisemblablement la raison: il n'y a point, ou il ou il y a peu de mouches qui s'élèvent à plus de cent pieds; ce seroit donc en vain

(1) Encyclopédie méthodique, architecture, au mot CHATAIGNIER.

que les araignées y tendroient leurs filets: elles n'y trouveroient aucun aliment.

En visitant l'intérieur du grand comble de cette Eglise, on verra avec satisfaction que rien ne porte sur les voûtes, et que leur isolement de la charpente n'a pas peu contribué à leur état de conservation, malgré le peu d'épaisseur de plusieurs parties de ces voûtes, qui n'ont pas plus de trois ou quatre pouces.

COUVERTURE.

La couverture du grand comble de l'édifice est totalement en plomb. Le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, prélat aussi recommandable par sa piété que par sa munificence envers l'Eglise Notre-Dame, fit rétablir à neuf la totalité des plombs de la couverture,

en

1726. Il fut aidé dans cette entreprise par l'abbé de la Croix, chanoine et archidiacre de Paris (1). Le Chapitre, animé par un tel exemple, fit achever ce qui restoit à faire; nous remarquerons toutefois qu'il refusa à ce généreux prélat la faculté de faire peindre ses armes sur la couverture.

(1) CHARPENTIER, Description historique et chrono❤ logique de l'Église de Paris, page 17.

On y employa mille deux cent trente-six tables de plomb de trois pieds de hauteur, sur dix pieds de longueur chaque table pèse trois cent quarante livres, ce qui fait en totalité quatre cent vingt mille deux cent quarante livres de plomb (1).

Cette grande réparation, le fruit des économies du vertueux cardinal de Noailles, fut suivie de celle des galeries extérieures, des terrasses, des arcs-boutans; il fit de plus établir, pour faciliter l'écoulement des eaux, des tuyaux de descente en plomb et en fonte, chose qui n'avoit pas été faite avant lui. On supprima alors la plupart des gargouilles en pierre dont la saillie menaçante devenoit d'autant plus dangereuse pour la voie publique, que plusieurs de ces gargouilles étoient déjà tombées de vétusté; elles furent remplacées par des gouttières en plomb.

Le pignon du grand comble, situé entre les

(1) Toute la partie méridionale de la couverture en plomb, qui, par rapport au mauvais état des chevrons, s'étoit considérablement affaissée, a été réparée dans le cours des années 1817, 1818, 1819, et la presque totalité des chevrons renouvelée.

deux tours, est surmonté de la statue d'un ange, tenant entre ses mains une trompette à laquelle le sculpteur a donné la forme d'un instrument connu, dans l'histoire de notre ancienne musique, sous le nom de cornet. Cet instrument servit pendant long-temps pour soutenir les voix dans les églises, avant l'invention du serpent (1). On a pratiqué un petit escalier le long du rampant du pignon, pour faciliter l'exécution des travaux ; les deux extrémités du comble, au-dessus de la croisée, sont l'une et l'autre accompagnées de semblables escaliers. Le pignon du côté du midi est surmonté d'une statue représentant saint Etienne (2). Nous avons déjà dit que toutes les sculp

(1) Ce fut vers l'an 1590, qu'un chanoine de la cathédrale d'Auxerre, nommé Edme Guillaume, trouva le secret de tourner un cornet en forme de serpent; on s'en servit d'abord pour les concerts que l'on exécutoit chez lui; puis cet instrument, ayant été perfectionné, devint commun dans les grandes églises. LEBEUF, Mẻmoires pour servir à l'Histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre, tome 1, page 643.

(2) La tête de saint Etienne étoit tombée depuis longtemps, lorsqu'en travaillant, en 1781, aux réparations du pignon, on en substitua une en fer battu.

tures qui décorent le portail méridional avoient pour but principal de rappeler l'existence de l'ancienne église, dédiée à ce saint; c'est pour le même motif que l'on a placé sa statue sur la pointe du pignon. Celle qui surmontoit le pignon du côté du septentrion, est tombée de vétusté depuis long-temps. Ces deux pignons sont accompagnés chacun de deux tourelles octogones, soutenues sur des colonnes engagées, d'un travail délicat, et surmontées par des pyramides évidées à jour.

A l'extrémité du comble, au-dessus du rond-point du choeur, il existoit autrefois une grande croix en fer, surmontée d'une fleur de lis et d'un coq; le croisillon étoit également terminé par des fleurs de lis : cette croix avoit vingt pieds de hauteur y compris la boule et le piédouche.

Feu Brongniart, architecte des temples, avoit été chargé, par M. le préfet de la Seine, de la rétablir. Cette croix devoit avoir vingtcinq pieds de hauteur : la partie centrale de la croix auroit été décorée de la représentation en bronze doré de la sainte couronne d'épines, afin de rappeler que l'Eglise métropolitaine est dépositaire de cette précieuse relique.