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là, le satanique Crucificatur. Que ces contradictions ne nous étonnent pas, qu'elles ne soient pas pour nous un objet de scandale; car, comme dit le grand Bossuet: "Il faut nécessairement que la lumière qui éclaire les yeux sains, éblouisse et confonde les yeux malades."

Le R. P. Leneuf a tiré de ce contraste une preuve vraiment originale de la divinité du Rédempteur des hommes. Pascal a dit: "Jésus-Christ a voulu être aimé ; il l'a été, donc il est Dieu; le R. Père est allé plus loin: Jésus-Christ a prophétisé qu'il aurait la haine ; il l'a eue, il l'a encore, donc il est Dieu !

L'annonce d'une telle preuve produisit un étonnement général. Que va dire le R. Père? Comment soutenir un pareil argument? Comment sortir victorieux d'une semblable thèse? Jésus-Christ, roi sacré par l'amour, nous comprenons cela; mais roi sacré par la haine, est-ce possible? est-ce vrai surtout ?-Telles étaient évidemment les idées qu'accusait l'anxiété de tous les regards fixés sur le hardi Missionnaire. Et cependant la victime du Golgotha nous est apparue en effet, le front orné de ces deux couronnes si dissemblables, et l'énergique Orateur a laissé ses auditeurs bien embarrassés de dire laquelle de ces deux couronnes est la plus divine.

Un simple artisan, doux et pacifique, perdu dans un petit village de Palestine, mourant après avoir prêché une doctrine élevée, noble, sainte, sublime, dans un supplice qui aurait dû attendrir toutes les âmes, en disant à douze pauvres artisans comme lui: "Je serai homme, détesté, haï, et vous avec moi; " et de son berceau à Pie IX, obtenant et possédant cette haine ainsi qu'il obtient et possède l'amour, c'est-à-dire comme son bien propre et son privilége exclusif; n'est-ce pas, en effet, renversant pour la raison humaine?.... Quoi! mille fondateurs de religions et de sectes, de Zoroastre à Luther, passent sans ne laisser sur la tombe aucune haine; Néron, Tibère, Domitien, haïs pendant leur vie, ont à peine après leur mort les honneurs du dédain; Voltaire lui-même semble aujourd'hui suffisamment payé par un peu de mépris, tandis que l'humble ouvrier de Nazareth est là, seul, sur le trône des âges, toujours honni, parce qu'il est toujours vainqueur, Christus vincit: toujours haï, parce qu'il est toujours roi, Christus regnat ; toujours exécré parce qu'il oppose toujours aux passions son immuable veto, Christus imperat. Que dis-je, s'écrie l'Orateur, toujours honni, haï, exécré d'une haine d'autant plus gigantesque que ceux qui en font parade ont reçu de lui plus de bienfaits, et l'on ne s'écrierait : Mériter une pareille haine, c'est être Dieu !... Pourquoi Jésus-Christ est-il un objet de haine, a continué le Rév. Père? Ah! c'est que pour les méchants comme pour les bons, Jésus-Christ est le seul porte-étendard de la vérité: voilà pourquoi il sera toujours en butte aux persécutions de l'erreur. Jésus-Christ seul est l'écho toujours vivant des principes éternels de toute ordre social: et voilà pourquoi il sera toujours par nature antipathique aux hommes du désordre. Jésus-Christ

seul est le représentant fidèle, l'image vivante et incorruptible de la vertu et voilà pourquoi l'homme du vice et des passions lui prodigue si largement la haine et les persécutions. Jésus-Christ seul est Dieu, et voilà pourquoi l'impie, se sentant écrasé sous le poids tout puissant de la divinité, a entrepris une guerre à mort, guerre inévitable tant que le bien et le mal seront en présence, guerre dont les clameurs et les insultes, les calomnies et les accusations absurdes qui courent le monde ne sont que l'écho prolongé et le terrible commentaire du cri déicide: Tolle, tolle! Qu'elle disparaisse cette figure dont la vue nous gêne et nous trouble! Elle prêche la soumission à l'autorité divine et humaine, et nous, nous ne voulons obéir qu'à nous-mêmes et à nos passions! Elle est une protestation énergique et vivante contre notre orgueil, nos vices et nos passions! C'est pour nous un remords, une menace de l'enfer, qui nous poursuit et empoisonne notre vie : que cet homme disparaisse : Tolle, tolle eum !

Cette partie de sa thèse étant bien développée, le R. Père a attaqué, avec la même force de logique, ce qu'il en a appelé la contrepartie sublime. Après nous avoir parlé de la haine inextinguible vouée à Dieu par les méchants, il a dit que Jésus-Christ a demandé l'amour et qu'il l'a obtenu, et cela constitue une marque éclatante de sa divinité.

Chose étonnante et qui révèle un Dieu, c'est que Dieu exige l'amour de tous les hommes. Cependant quel homme a jamais songé à se faire aimer de tous? L'estime de tous, l'admiration de tous, les applaudissements de tous, à la bonne heure! Mais, l'amour de tous, personne n'a jamais eu cette prétention-là: non, personne, pas même les fondateurs de religion. Aussi, dit l'Orateur, quand je vois Jésus-Christ entrer dans la vie d'une manière tout à fait extraordinaire, ne pas se contenter de l'amour de sa mère, de ses apôtres, de ses rares disciples; quand je le vois demander l'amour de tous les hommes, le moins que je puisse dire, c'est qu'il se présente avec des prétentions uniques, singulières, qui ne sont jamais vues, et je devrais dire immédiatement avec des prétentions qui ne sont pas d'un

homme.

Toutefois, ce n'est rien encore, car Jésus-Christ demande non seulement l'amour de tous, mais il veut que chacun l'aime au-dessus de tout. Il exige l'amour le plus fort, le plus généreux, le plus héroïque; un amour, qui dans certaines circonstances, se traduise par le témoignage du sang; un amour, enfin, qui fasse pâlir tous les autres. Se plaisant à heurter le sens humain, afin de mieux faire éclater sa divinité, Jésus-Christ a dit : Si quelqu'un vient vers moi et me préfère son père ou sa mère, son épouse, ses fils ou ses filles, il ne peut pas être mon disciple.

Ce n'est pas encore tout. Non seulement Jésus-Christ veut être aimé de tous; non seulement il veut être aimé par-dessus tout, mais cet amour si fort, si étrange, si impossible, il annonce qu'il l'obtiendra après sa mort. Quand je serai sur la croix, j'attirerai tout à moi. Eh quoi! il n'a pas

été aimé après sa mort! Quand il était en ce monde et qu'il parcourait la Judée en semant les miracles sous ses pas, il n'a pu se faire aimer! Car enfin, l'amour, c'est le sacrifice; or, qui s'est sacrifié, qui s'est dévoué pour Jésus Christ pendant sa vie, à l'exception de quelques apôtres, et encore ils ne l'accompagnèrent pas jusqu'au Calvaire. Il y est monté à peu près seul, et comme disent les Saintes Ecritures, il cherchait un consolateur, et il ne le trouvait pas. Cependant sa prophétie ne s'est-elle pas réalisée? Est-ce que, à peine mort, l'amour ne s'est pas éveillé sur la tombe de Jésus-Christ? Est-ce que le Christianisme, dès son berceau, n'a pas vu apparaître toute une génération passionnée pour Jésus-Christ, d'hommes enthousiastes d'amour, qui le descendaient pour ainsi dire de sa croix, lui baisaient les pieds et s'écriaient: Qui jamais nous séparera maintenant de la charité de Jésus-Christ? Est-la faim? Est-ce la soif? Est-ce la persécution? Est-ce la mort? Non, non rien jamais n'arrachera de nos cœurs l'amour que Jésus-Christ y a mis.

Ici l'Orateur cite les noms des Agathe, des Agnès, des Cécile, qui ont aimé Dieu dans la virginité, le sacrifice et le martyre; ceux des Augustin, des Jérôme, des sainte Paule, des Marcella, de tous ces pères de l'Eglise qui ont sillonné le monde, portant, sur leur front et sur les lèvres, le grand amour de Jésus-Christ.

Poursuivant ce magnifique exposé, le Rév. Père prouve que Jésus. Christ a été aimé, autant qu'il l'a voulu, de cet amour puissant qui pousse l'âme à tous les sacrifices, qui l'arrache à tous les plaisirs, à tous les honneurs de la terre. Il fait un tableau saisissant des sacrifices de la vierge qui s'emmure derrière les grilles austères du monastère pour l'amour seul de Jésus-Christ; de l'apôtre, encore au printemps de la vie, qui s'arrache des bras de sa famille éplorée pour aller prêcher au monde l'amour de Jésus-Christ; du martyr qui a scellé cet amour de son sang.

Puis faisant un pas de plus, le Prédicateur démontre que se consacrer à Jésus-Christ comme la vierge, que souffrir pour Jésus-Christ comme l'apôtre, que mourir pour Jésus-Christ comme le martyr; ce n'est pas le comble du sacrifice, ni le sommet de l'amour. Ce sommet, ce serait non, pas de mourir, mais de voir mourir ce qu'on aime. Pour une mère, par exemple, ce ne serait pas de donner se vie à Jésus-Christ, mais donner la vie de son enfant. Les mères l'ont-elles faits? Jésus-Christ l'a demandé, mais l'a-t-il obtenu ?

Pour répondre à cette question, le Rev. Père interroge l'histoire, il fait passer successivement sous les yeux de son auditoire ému les noms de ces femmes héroïques, la mère de St. Symphorien, Ste. Denise, une Félicité, une Symphorose, et tant d'autres faisant le sacrifice de leurs enfants qu'elles exhortent à endurer les plus atroces supplices plutôt que de trahir Jésus

Christ.

Quel est donc celui qui dans un petit coin de la Palestine a osé dire un

jour? Je veux être aimé, aimé par tous, aimé par dessus tout, et qui, l'ayant dit, l'a obtenu à ce point que tout autre amour pâlisse devient le sien, celui-là ce n'est pas un homme, celui-làc'est un Dieu, c'est N. S. J.-C.

Et maintenant, dit le Rév. Père, d'une voix pleine d'émotion et remuant profondément l'auditoire, ma tâche est terminée; et, je dois vous l'avouer, je la termine avec un double sentiment, un sentiment de regret et un sentiment de joie. De regret, car où pourrai-je retrouver un Clergé à l'expérience si éclairée, au cœur si bon, si plein de zèle et de dévouement. Où rencontrerai-je un auditoire si nombreux, si attentif, si intelligent et si sympatique? Et cependant, bien qu'emportant un regret, j'emporte aussi une grande joie. Quand le laboureur à force de sueurs et de travail a jeté le grain dans son champ et que déjà il commence à voir quelques brins d'herbe poindre, il sourit de bonheur et de joie dans l'espérance d'une belle moisson. Eh bien! moi aussi, j'ai jeté la semence divine dans le champ spirituel de vos âmes, et déjà j'ai vu non-seulement quelques brins d'herbe, mais même une certaine moisson. Puisse Dieu faire que la moisson soit complète un jour! Quant à vous, dont l'attention a été si pieuse et si puissamment soutenue, plus qu'un mot. A Rome, dans une des belles églises de cette Capitale, quand l'étranger a fait le tour de l'édifice, sur la porte de sortie il peut lire ces mots: Egredere, sed non omnis; voyageur, sors, mais ne sors pas tout entier, conserve le souvenir des beautés que tu as vues dans ce monument. Je vous adresse la même parole: Egredere, sed non omnis, sortez de ce temple, de ces pieuses réunions, mais n'en sortez pas tout entier. Conservez fidèlement dans vos coeurs quelques souvenirs de ce que vous avez entendu. Emportez les résolutions saintes que vous avez prises; dites à Jésus-Christ que vous voulez être non du camp de la haine, mais du camp de l'amour. Ainsi soit-il.

Et maintenant que notre tâche finit avec la sienne, aujourd'hui que l'heure du départ a sonné pour le Missionnaire qui nous a tenu pendant cinq semaines, sous le charme de ses vigoureuses argumentations et de ses pressants appels au bien, que le R. P. Leneuf nous permette de nous faire l'interprête de tous ces cœurs dont il a si bien su trouver le chemin, et de lui dire vos regrets et votre joie nous les partageons tous: vos regrets, parcequ'il nous faut dire adieu à ces pieuses réunions où tant de fois votre éloquence a impressionné si vivement nos âmes; parceque vous avez été l'instrument béni de retours nombreux et de conversions qui ont édifié notre Cité en ces jours de régénération et de salut. Fidèles à ce que vous nous disiez en terminant, nous ne sortirons pas tout entier du temple où nous avons goûté de douces, d'impérissables joies, nous y laisserons notre cœur, sous la garde de Jésus et de Marie; mais vous, bon Père, vous vous appliquerez aussi ces fécondes paroles: vous ne sortirez pas tout entier de Notre-Dame de Montréal, où vous avez goûté la joie la plus douce du Missionnaire, celle de sauver des âmes; vous y laisserez un peu de votre cœur, et, bien que vous ne soyiez plus au milieu de nous, nous vivrons encore unis par la prière et par le souvenir!.......

Inutile d'ajouter que, plus que tout autre, nous nous associons à ces sentiments de reconnaissance et que notre cœur est rempli des mêmes pensées et des mêmes désirs.

INSTITUT DES ARTISANS.

ENTRETIEN SUR LES ARTS INDUSTRIELS.

Dans l'industrie il coûte moins cher de bien faire que de mal faire.-M. de MONTALEMBERT, Discours à la Chambre des Pairs du 27 juillet 1847.

MESDAMES ET MESSIEURS,

Je suis heureux de me trouver dans une réunion dont le but répond à mes plus vives sympathies. Vous avez fondé cette Société pour répandre l'instruction et en particulier l'étude des Beaux Arts parmi les Ouvriers. C'est ainsi que vous les rendrez dignes de ce titre si noble d'Artisans qui veut dire Artistes de l'industrie.

Aux meilleurs temps de la civilisation des temps passés, les arts et l'industrie se donnaient la main. C'est ce que nous pouvons remarquer lorsque nous voyons les œuvres de l'industrie antique, où les objets même les plus vulgaires, les vases, les amphores, les armes et les outils ont une forme noble, élégante, qui rend témoignage du goût et de la délicatesse de ceux qui les employaient et qui en excitaient la production.

Après les bouleversements accomplis par les barbares, quand la Société recommença à s'établir sur des bases plus fermes et plus durables, on vit naître de nouveau des industries élevées au niveau de l'art, et ce que l'on désigne actuellement sous ce nom d'Arts industriels, remplissait de leurs produits admirables non-seulement les églises, les palais, les châteaux, mais même les couvents les plus pauvres et les maisons les plus simples.

Ainsi, dans les temps bien réglés, on n'a jamais cru devoir séparer ce qui est beau de ce qui est utile. Les Artistes aimaient à consacrer leur talent, avant tout, à la glorification de la religion, du bien et de la vérité, tandis que les artisans même des objets les plus communs cherchaient à leur donner une forme pure, noble, que l'on peut admirer maintenant dans les grandes collections recueillies à Londres, à Paris, à Munich et dans presque toutes les capitales de l'Europe.

Les révolutions et les bouleversements ont recommencé de nos jours; l'on a assisté à ce que quelques-uns ont appelé une nouvelle invasion de barbares et ceux-ci, dans leur enthousiasme de renouvellement, ont commencé par briser beaucoup de merveilles que bien des siècles de restaura

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