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certaines précautions que l'on avait cru d'abord voir négliger.»

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Attentif à la suite des phénomènes, il soumettait aux mesures les plus délicates le moindre d'entre eux, comme il l'avait fait si souvent sur les instantes recommandations de Plateau. « Recommençons, disait-il, recommençons, aucun soin n'est trop grand, aucune méthode trop précise. Encore, pour réussir, fallait-il joindre, comme lui, aux qualités d'un manipulateur habile, le coup d'œil d'un observateur sagace et la critique minutieuse d'un esprit judicieux.

Et quand enfin les expériences avaient livré leur secret, avec quelle habileté il savait rattacher les faits les plus variés aux mêmes principes, et mettre ainsi en belle lumière la fécondité des idées directrices qui lui ont permis d'élargir le fleuve dont il avait vu jaillir la source.

Les mérites du professeur ne le cédaient pas à ceux de l'expérimentateur et, ici encore, le disciple s'inspirait du maître.

On admirait chez J. Plateau, pendant la durée, trop courte hélas! de son enseignement à l'Université de Gand, l'ordre et la clarté des leçons, la précision du langage alliée à l'art d'imposer l'attention en donnant aux idées générales de larges ouvertures, et le don plus précieux encore de la bonté bienveillante et dévouée à la jeunesse studieuse.

Ce sont précisément les qualités que M. Merlin rappelait avec reconnaissance dans son discours du 24 octobre aux funérailles de son ancien maître :

« Avec quelle autorité persuasive, avec quelle élégance, quel rare talent, M. Gustave Van der Mensbrugghe venait exposer à ses élèves les principes de physique mathématique !... Ses leçons, véritables causeries, étaient pleines de charmes. L'affabilité du

Maître y appelait la sincérité des élèves. Nul point ne restait dans l'ombre. Nous étions heureux d'avancer en pleine lumière et, dans le regard ravi du professeur, on pouvait lire tout le bonheur qu'il ressentait à voir se développer en nous le goût de la science qu'il enseignait...

» Des voix plus compétentes nous ont dit toute la valeur de l'éminent physicien, l'importance et le nombre de ses travaux scientifiques. Aussi, étions-nous fiers de posséder un maître aussi brillant. Que de fois n'avons-nous pas été frappé d'admiration par la puissance de son talent d'observation, par son esprit critique, fin, délicat, qui savait déduire d'une hypothèse très simple l'explication claire, la cause vraie de phénomènes parfois très compliqués.

>> Tous ces dons intellectuels étaient mis à profit dans ses leçons et contribuaient à l'élévation et à la fécondité de celles-ci. Dans l'enseignement de cette science qui exige à la fois un physicien averti et un profond analyste, il savait modérer le zèle du mathématicien emporté par la beauté des développements analytiques, pour interpréter physiquement les résultats successifs. Avec quel art il illustrait ensuite les conséquences d'expériences concluantes, souvent observables dans la vie de tous les jours. Car c'était là une de ses grandes préoccupations: rendre plus accessible la vérification des lois physiques, afin de répandre largement les connaissances apportées par une science qu'il affectionnait avec passion...

» Vous dirai-je tout le bonheur que réservait l'accueil plein de bonté, de courtoisie et de discrétion de celui dont nous pleurons la perte? Pour tous, ces moments sont restés inoubliables. Jamais l'entretien ne dégénérait en vaines banalités. On y parlait science, soit que le maître décrivit quelque expérience nouvelle dont il cherchait l'explication, soit qu'il exprimât sa

joie d'avoir éclairci quelque paradoxe par une de ces raisons simples dont il avait le secret, soit qu'il s'intéressât aux recherches de son interlocuteur. Aussi, le rencontrer était une bonne fortune. Non seulement les connaissances s'étaient accrues de quelque côté, mais l'exemple du chercheur infatigable communiquait une ardeur nouvelle au travail.

Toujours prêt à soutenir les premiers pas des jeunes, il encourageait leurs efforts et les aidait de sa science profonde. Ami de ses élèves, il les préparaît à la lutte pour l'existence en leur prodiguant ses sages conseils, avec le tact le plus délicat... ».

Ce n'est pas seulement sur le terrain de la recherche scientifique que s'accordent le maître et le disciple : J. Plateau et Van der Mensbrugghe ont vécu la même vie laborieuse et simple, partagée entre la fidélité aux devoirs et le culte de la science. Captifs de leurs chères études, ils n'aspiraient à d'autres jouissances que celles qu'apporte le travail et ne recherchaient d'autres délassements que les joies fortifiantes du foyer.

Dans un pareil milieu, la science est chez elle; tous s'empressent autour d'elle et lui font fête. Oh ! l'heureux temps pour J. Plateau et son collaborateur que celui où toute observation dévoile une merveille, soulève des problèmes à résoudre, provoque de nouvelles expériences! Tous y prêtent leur concours, et le succès fait la joie de tous. Plus tard encore, au soir de sa vie, quelle jouissance intime pour l'illustre physicien aveugle d'assister à son foyer même au développement de son œuvre, et quel bonheur pour notre collègue, devenu maître à son tour, de pouvoir lui offrir l'hommage d'un secret de plus arraché à la nature !

Et quand le maître eut disparu, rien ne fut changé à cette vie à la fois active et recueillie que protégeait

son souvenir et qu'animait le désir d'accroître et d'embellir l'édifice qu'il avait élevé.

Et quand sonna pour notre ami l'heure de la retraite, rien encore une fois ne fut changé il se souvenait toujours et, dans un coin de laboratoire improvisé, il poursuivait avec la même ardeur la tâche entreprise.

Cette conformité de vie, d'idées et de sentiments s'est étendue à ce qu'il y a de plus profond et de plus intime dans l'âme humaine, les convictions religieuses.

<< Plateau, a écrit Van der Mensbrugghe, était un chrétien convaincu; il se désolait chaque fois qu'un savant se prévalait des progrès merveilleux de ce siècle pour avancer des doctrines matérialistes ou antireligieuses; « la religion, disait-il, est un baume céleste » pour toutes les souffrances morales ou physiques, et » c'est un crime de lèse-humanité que de chercher à » en priver les malheureux ici-bas. » Quant à lui, plus il avait approfondi les secrets de la nature, plus il s'inclinait devant les mystères de l'ordre surnaturel (1). »

Ces paroles s'appliquent aux sentiments de celui qui les a écrites. Comme J. Plateau, notre collègue y joignait la pratique fidèle de ses devoirs religieux : << j'attribue la persévérance avec laquelle je suis demeuré catholique depuis mon enfance, écrit-il à un ami, à la pratique jamais interrompue de la prière... Dieu est notre père; quoi de plus naturel, de plus doux que de le reconnaitre partout et toujours comme tel? »

Membre dévoué de la Commission administrative des prisons, il aimait à visiter les prisonniers, à les consoler, à les encourager au bien, et prenait à cœur le sort de ceux qui se montraient dociles à ses exhortations.

Avec un tact délicat, il savait exprimer sa désappro

(1) Notice sur J.-A.-F. Plateau, p. 72 du tiré à part; Bruxelles, Hayez, 1884.

bation quand il entendait proclamer inconciliables la science et la foi, la liberté du savant et l'humble soumission du chrétien. Ne vivait-il pas cet accord? Ne l'avait-il pas constaté dans les exemples de son maître et de tant de savants aussi sincères dans leurs convictions religieuses que riches de connaissances scientifiques? N'y trouvait-il pas ce que Plateau y avait trouvé un stimulant dans la recherche de la vérité, un réconfort dans les plus cruelles épreuves de la vie, le bonheur ici-bas et d'immortelles espérances?

:

La mort a respecté l'intimité de ces deux amis ils reposent aujourd'hui côte à côte, dans la même tombe, à l'ombre de la même croix, et nous avons la consolation de penser que Dieu, le maître des sciences, Deus scientiarum Dominus, a réuni leurs âmes, si proches dans la recherche du vrai et la pratique du bien, dans la possession de l'éternelle béatitude.

II

LES TRAVAUX

Les publications de notre collègue sont très nombreuses. La plupart ont pour objet les propriétés des liquides étudiées à la lumière d'un même principe dont la fécondité est attestée par la multiplicité et la variété des résultats qu'il fournit. Mais avant d'aborder l'analyse des recherches expérimentales et des vues théoriques que comprend cette étude, disons un mot de quelques travaux étrangers à cet ensemble (1).

Au début de sa carrière, J. Plateau avait publié une

(1) Les nombres imprimés en chiffres gras dans le corps du texte, renvoient à la bibliographie qui termine cette notice.

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