» J'ai fait construire d'abord, en vraie grandeur, les modèles en bois de chacun de ces instruments. Ils ont été de la plus grande utilité et le seront encore plus tard, la sphère céleste surtout, à laquelle j'ai déjà dépensé environ 50 000 pièces d'argent chinois, ou taes, prises toutes au trésor royal.

Dans la confection du support ou pied, j'ai cherché avant tout à obtenir une ferme et bonne adhésion au sol, de manière à supprimer toute trépidation des instruments. J'ai évité ensuite les masses et les saillies pouvant gêner l'œil de l'observateur, l'empêcher d'approcher, entraver en quelque manière le libre champ visuel vers l'un ou l'autre point du ciel. Enfin il m'a semblé nécessaire d'avoir égard à l'ornementation et à l'élégance. Le dragon, par sa forme, m'a paru le mieux répondre à ce but. Ces instruments sont des instruments royaux et en portent le nom; il est donc convenable de les munir du principal emblème de ce royaume. Ajoutez surtout ici l'exemple des anciens artistes et l'esprit si conservateur des chinois, toujours épris de leurs vieilles traditions. D'ailleurs les autres animaux, tels le lion, l'éléphant, etc., par la forme encombrante de leur corps empêchent l'astronome d'approcher à l'aise des instruments. Ils n'ont pas la flexibilité, ni pour ainsi parler la poésie du corps du dragon, qu'on peut allonger et modifier à volonté (FIG. 7).

» Les pieds de tous les instruments sont munis de vis, pour les régler avec facilité suivant la verticale, par haussement et abaissement.

Afin de pouvoir élever aisément le globe stellaire à la hauteur du pôle des divers royaumes et des provinces chinoises, j'ai fait entailler, en forme de crémaillère à multiples dents, la partie inférieure du méridien qui passe par le pôle austral et le nord de l'horizon, c'est-à-dire, celui qui est égal au complément

Compendium, Liber Organicus, figura 5.

Grand quadrant en bronze de 6 pieds de rayon, mobile autour d'un axe vertical. Le limbe était gradué, à l'européenne, en degrés et minutes, puis de 10 en 10 secondes. Un dragon replié et entouré de nuages allait saisir en de nombreux points les bords de l'instrument, pour en maintenir toutes les parties dans le même plan. Un poids d'une livre, suspendu à un long fil de cuivre donnait la verticale. Un tube mettait ce fil à l'abri du vent, et assurait son immobilité.

Compendium, Liber organicus, figura 6a.

(Cliché des MISSIONS BELGES).

Sextant en bronze de plus de 6 pieds de rayon, pouvant prendre toutes les positions; mobile autour d'un pivot vertical et d'un axe qui s'inclinait lui-même plus ou moins sur le pivot, comme le montre la figure. Divers systèmes de moufles et de poulies mouvaient, et équilibraient au besoin, l'appareil.