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L'ÉDUCATION DE L'IMAGINATION

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LES DIVERSES ESPÈCES D'IMAGINATION

La psychologie a longtemps considéré l'imagination comme une faculté relativement simple. De là, dans la pédagogie basée sur cette psychologie, des méthodes uniformes et nécessairement superficielles développant sans doute l'imagination en bloc mais insuffisamment adaptées à chacune des individualités qu'elles prétendent former.

La psychologie expérimentale a démontré d'irréfutable façon que l'imagination diffère profondément d'un sujet à l'autre, qu'il n'existe pas deux hommes ayant des imaginations identiques.

Les psychologues expérimentateurs étudient l'imagination à deux points de vue ou mieux dans deux états différents l'état dynamique et l'état statique.

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A l'état dynamique l'imagination nous apparaît puisant dans le milieu ambiant les représentations sensibles, à l'état statique elle se confond avec la mémoire sensible contenant l'ensemble des imagessouvenirs. L'état statique est fonction et des états dynamiques antérieurs et de la fidélité de la faculté rétentive.

Est-il nécessaire de noter que par images et imagessouvenirs il faut entendre toutes les représentations sensibles aussi bien auditives, olfactives, tactiles et

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motrices que visuelles? Les idées sont toujours accompagnées d'images. Certains auteurs ont appelé idées sans images, des concepts non liés a certaines espèces de représentations sensibles. Ils oubliaient que sauf les sourds-muets, lesquels pensent en s'aidant d'images des choses, presque tous les hommes usent abondamment d'images verbales; celles-ci ayant chez l'immense majorité des sujets la forme auditive motrice. Si donc on découvre quelques rares individus qui semblent penser sans le concours d'images, on ne saurait tirer de ces cas mal déterminés aucune conclusion.

L'imagination diffère considérablement d'un sujet à un autre sujet. Passons en revue les différences les plus caractéristiques. Elles portent à l'état dynamique et à l'état statique sur la quantité, sur la qualité, sur la vivacite ou intensité, sur la précision ou exactitude, sur la netteté, sur la capacité de combinaison, sur la capacité d'invention, et enfin sur la proportion de passivité et d'activité.

La Quantité

Il convient de l'examiner et à l'état dynamique et à l'état statique. Dire que deux sujets A et B diffèrent d'imagination au point de vue de la quantité, à l'état dynamique, cela revient à affirmer que, toutes les conditions objectives étant strictement pareilles, A puise dans un milieu donné, pendant un temps déterminé, plus d'images que B. Dans le temps que B forme cinquante images, A en forme soixante-quinze, cent, cent-cinquante. A est subjectivement supérieur au point de vue de l'imagination dynamique à B. Or cette supériorité dépend de deux facteurs: 1) l'acuité, la finesse plus grande du ou des organes sensoriels et des centres correspondants qui sont directement impres

sionnés dans le milieu où se trouvent les deux sujets considérés; 2) de l'attention plus intense que A prête aux modifications ambiantes, soit attention voulue, active par conséquent, soit attention attirée, passive.

Pour deux pareils sujets la richesse de l'imagination en action, l'abondance des images puisées dans un milieu croîtra avec la richesse en modifications sensibles de ce milieu, mais elle croîtra plus rapidement chez A que chez B.

Quand on affirme que A et B diffèrent d'abondance d'imagination à l'état statique, cela revient à dire que A, par exemple, possède en bloc plus d'images-souvenirs que B. On conçoit qu'il est bien malaisé d'arriver à mesurer exactement la quantité de deux imaginations à l'état statique. Il faudrait épuiser tout le contenu de la mémoire de A et de la mémoire de B, comparer le total des images-souvenirs de l'un au total des imagessouvenirs de l'autre, pour fixer mathématiquement le rapport entre l'imagination de l'un et celle de l'autre.

Les causes qui produisent de pareilles différences sont, outre celles que nous avons signalées tantôt — finesse des organes sensoriels et des centres, puissance de l'attention la fidélité de la mémoire. Et ici on peut à la rigueur supposer qu'un sujet à organes affinés et attention puissante, mais possédant une mémoire faible, arrive à un résultat sensiblement analogue à celui d'un sujet à organes sensoriels obtus et à attention fuyante, mais doué d'une mémoire tenace. Nous disons à la rigueur » ; car un semblable cas d'égalité obtenue par compensation sera toujours une rareté. En général un sujet à organes sensoriels affinés et attention puissante forme des images intenses, partant profondément imprimées dans le sensorium, et se conservant en raison même de la profondeur de cette empreinte.

L'abondance des images-souvenirs d'un sujet donné

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se révèle par le nombre des images associées qu'évoque instantanément un texte choisi. Toute image actuelle pénétrant dans la conscience y ressuscite une foule d'images-souvenirs reliées à l'image actuelle de quelque façon. Et l'abondance des images-souvenirs associées que le heurt d'une image actuelle fait se lever dans le champ conscient, est en rapport avec la richesse des dépôts antérieurement formés. Un bâton plongé dans deux vases inégalement remplis de liquide se mouille d'autant plus haut que le récipient est plus rempli.

La Qualité

Quand on dit que l'imagination à l'état dynamique diffère qualitativement chez les sujets A et B, cela revient à affirmer que dans un milieu déterminé identique pour les deux sujets considérés, pendant un temps strictement égal, le sujet A puise dans ce milieu et pendant ce temps un ensemble d'images dans lesquelles les diverses sortes de représentations sensibles sont inégalement représentées. Supposons que A puise dans les conditions données 50 images et B également 50 images; leurs imaginations seraient par hypothèse quantitativement égales. Supposons chez A les 50 images se répartissant en 20 visuelles, 10 auditives, 10 motrices, 5 tactiles et 5 gustatives. Admettons chez B la décomposition du total de 50 images en: 5 visuelles, 25 auditives, 5 motrices, 10 tactiles et 5 gustatives. Ces deux sujets ont des imaginations pareilles au point de vue de l'étendue ou de la quantité, mais différentes au point de vue de la qualité. Le premier est plus visuel, le second plus auditif. Supposons maintenant A et B différents aussi au point de vue quantitatif. A et B puiseraient par exemple dans un milieu identique observé durant un temps déterminé, le premier 50 images, le second

40 images. Or les 50 images du premier se décomposant comme il a été dit en 20 visuelles, 10 auditives, 10 motrices, 5 tactiles et 5 gustatives; les 40 images du second comprendraient, par hypothèse également 20 visuelles, mais 5 auditives, 5 motrices, 5 tactiles et 5 gustatives. Le second sujet B, dont l'imagination prise en bloc apparaîtrait moins riche que celle de A, serait plus visuel que A, puisque la moitié de ses images totales seraient visuelles tandis que chez A la proportion des images prédominantes ne serait que 2 des du total.

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Ceci montre la complexité de la question : qu'est-ce qu'un type plus visuel qu'un autre type? est-ce celui qui dans les mêmes conditions puise en même temps dans le même milieu un total supérieur d'images visuelles, ou bien celui qui dans l'ensemble de ses représentations sensibles arrive à la plus grande proportion d'images de cette espèce? En d'autres termes, A, formant 20 images visuelles sur 50, est-il également ou moins visuel que B, formant 20 images sur 40? Nous pensons que c'est B qui l'emporte. Mais à la rigueur on pourrait défendre l'opinion de ceux qui prétendent que dans ce cas A et B sont visuellement égaux.

D'où dépendent ces différences qualitatives de l'imagination considérée à l'état dynamique ?

Elles sont la conséquence de trois conditions surtout, elles dépendent de trois facteurs principaux qui sont ; d'abord l'inégalité de finesse des divers organes sensoriels impressionnés dans les milieux considérés; en second lieu l'intensité de l'attention que le sujet porte volontairement sur les modifications sensibles du milieu exploré; enfin la nature de ce milieu lui-même.

Dans les travaux psychologiques des vingt dernières années on a beaucoup exagéré l'importance des différences congénitales de développement des organes sen

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