Sayfadaki görseller
PDF
ePub

REVUE

DES RECUEILS PÉRIODIQUES

SYLVICULTURE

La surimposition de la propriété forestière privée en France. Ce sujet déjà ancien, cependant toujours actuel, risque, il est à craindre, de l'être longtemps encore. Le fisc, en tous temps et par tous pays rapace, se refuse obstinément à comprendre que le produit d'une forêt qui se réalise soit tous les 20 ans, soit tous les 120 ans ou tous les 150 ans, n'est pas assimilable au produit d'un champ ou d'un pré qui fournit annuellement sa récolte. En divisant le produit total d'une forêt par 20, par 120 ou par 150, on réalise, en plus du revenu annuel une partie du capital représenté par le matériel sur pied, et le contribuable se trouve imposé tout à la fois sur son revenu et sur son capital.

M'étant suffisamment étendu sur ce point dans le précédent bulletin (juillet 1910), je n'y reviendrai pas aujourd'hui. Mais il est intéressant de signaler de temps à autre les résultats vraiment paradoxaux auxquels conduit, en cette matière, le système du fise français.

Nous en trouvons des exemples dans un rapport fait à l'assemblée générale des Agriculteurs de France (1), par M. Gouget, grand propriétaire de bois en Morvan. Il cite notamment une forêt de 350 hectares, dont le possesseur, depuis nombre d'années, pour faire face aux exigences du fisc, abattait avec son taillis une part de réserves plus forte que ne comportait la pos

(1) Séance du 16 février 1911.

sibilité. Si bien qu'un beau jour, pareille à l'homme entre deux âges de Lafontaine qui se trouva sans cheveux, la forêt se trouva sans arbres de réserve et réduite à un taillis simple ne rapportant plus que 3000 fr. par an. Or, elle est imposée pour 3300 fr. et le propriétaire non seulement ne touchera plus de revenus, mais aura à débourser 300 fr.

Les exemples analogues abondent dans les rapports de M. Gouget. Il fait judicieusement remarquer que, si l'on excepte quelques massifs traités en futaie pure, la forêt privée ne peut plus supporter de telles charges, lesquelles deviennent incomparablement plus écrasantes de l'énormité des droits de mutation par décès.

Ces droits, qui variaient naguère de 1% pour les successions en ligne directe, à 9 % entre personnes non parentes, en sont arrivés aujourd'hui, dans le premier cas, de 2 à 7 1/2 % et dans le dernier, de 18 à 29 % (1). Si l'on prend les moyennes dans les sept degrés de successibilité, on voit que, lorsque naguère cette moyenne était uniformément de 5,86 %, elle varie aujourd'hui de 11,57 à 20,57 %.

La cause permanente et principale des déboisements dont on se plaint et de l'insuffisance des reboisements que l'on déplore, est toute dans cette surcharge inique et injustifiée d'imposition qui pèse sur les forêts privées.

Les forêts et le papier. Autrefois, et dans un passé qui n'est pas encore très lointain, les vieux chiffons provenant de nos défroques, fournissaient à eux seuls toute la matière première nécessaire à la fabrication du papier. Mais la consommation de ce dernier produit progressant démesurément, il a fallu chercher ailleurs, et ce sont les arbres, partant les forêts, qui sont principalement chargés de pourvoir au déficit.

Or, l'augmentation de la consommation et par suite de la fabrication ne cessant de progresser, on est à bon droit effrayé de l'appauvrissement qui finira par en résulter dans les forêts du monde entier. Les seuls États-Unis emploient annuellement 2 730 000 tonnes de papier. Plus modestes l'Allemagne en consomme 937 000 tonnes et l'Angleterre 573 000. La France vient ensuite avec 419 000 tonnes, l'Autriche-Hongrie avec 346 000,

(1) Cf. le BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ FORESTIÈRE DE FRANCHE-COMTÉ ET BELFORT, pp. 158 et suiv. Communication de M. Gouget à l'assemblée générale de la Société, le 7 juillet 1911 à Grenoble.

et l'Italie avec 265 000. Ce qui fait pour ces six pays seulement, un total de 5 270 000 tonnes de papier consommé annuellement. Or, il y a vingt ans, soit vers 1890, la consommation du monde entier n'était guère que de 950 000 tonnes fournies chaque année par 3955 usines à papier.

En rapportant, pour chacun de ces six pays, la quantité de papier produit et consommé à leur population, on a en nombre de kilogrammes par tête et par an, sur les deux années 1890 et 1910, les chiffres suivants :

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Ce qui donnerait, pour l'ensemble de ces six pays en 1890, 3,70 kil. par tète et 14 kil. en 1910, soit un accroissement du quadruple (1).

Encore tout cela se rapporte-t-il au papier à imprimer. Mais en Amérique et au Japon, il s'emploie à bien d'autres usages. Les Yankees font avec du papier des tonneaux, des assiettes, des cuvettes et jusqu'à des chaussures (2). Les Nippons en font des vitres, des cloisons, des rideaux, des mouchoirs de poche, des bâches imperméables, des vêtements.

A Berlin, en pleine Europe, on emploie la pâte à papier à faire de petits cubes pour le pavage des rues (3).

On voit par là qu'il y a urgence à chercher et à trouver des succédanés à la pâte de bois pour la fabrication du papier. Déjà il a été question, non sans résultats encourageants, d'utiliser dans ce but la tourbe si fréquente dans certaines régions et de si faible utilisation (4). On parle aussi de recourir à la cellulose contenue en très forte proportion dans les sarments de vigne secs (5).

(1) Cf. le Cosmos, no 1365 du 25 mars 1911.

(2) Il faut y ajouter des roues de wagons et locomotives.

(3) Cf. le JOURNAL DE GENÈVE.

(4) Cf. le BULLETIN DE SYLVICULTURE de juillet 1909.

(5) Cf. le BULLETIN de juillet 1910.

Mais c'est le bambou qui tiendrait le record des substances propres, en dehors des arbres proprement dits, à fournir une pâte à papier satisfaisante. D'après la REVUE SCIENTIFIQUE (1), une campagne serait activement menée dans les périodiques américains en faveur du papier de bambou. Cette graminée croit abondamment dans l'ile de Porto Rico, dans l'isthme de Panama (comme, du reste, dans tous les pays chauds du globe) et serait facile à cultiver en grand en Louisiane et en Floride. Elle donnerait une pulpe de qualité supérieure à celle des autres végétaux, abondante et d'une extraction comme d'une manipulation faciles et peu coûteuses. On obtiendrait ainsi un papier absolument opaque, presque indéchirable, à épaisseur égale plus léger que tout autre, et que l'on pourrait aujourd'hui blanchir à souhait.

On sait que la végétation du bambou est extrêmement rapide, pouvant atteindre en trois ans une hauteur de 10 à 12 mètres, en sorte que la culture en est promptement rémunératrice. Son bois contiendrait 50 % de fibre solide et souple.

Sur un point opposé de notre hémisphère, au Japon, une compagnie s'est formée pour exploiter, dans l'ile de Formose, 38 000 hectares de massifs de bambou. Une usine a été construite récemment à Kobé pouvant dès à présent produire 300 tonnes de pulpe de bambou par mois, et devant bientôt en produire le double, facilement expédiées de là au Japon (2).

Les déboisements et le desséchement de l'Asie centrale. Un correspondant de la Société forestière de Franche-Comté et Belfort, qui habite Saïgon et qui a parcouru en explorateur toute l'Asie centrale, trace un tableau peu favorable de l'état résultant des déboisements de cette partie du monde. Ces déboisements, réalisés de longue date par la hache, le feu et le pàturage sans règle ni limites, seraient la cause de l'extension des surfaces désertiques qui désolent ces contrées.

Le lac d'Atchik-Koul serait complètement desséché. Les nappes d'eau en ces parages auraient, de 1820 à 1900, diminué de près de 60 p. c. Le lac Balkach et les lacs secondaires Drooungariens », qui ont dù jadis ne former qu'une seule masse d'eau, diminuent progressivement et ne tarderont pas à disparaitre. L'extrémité nord-ouest de la mer d'Aral aurait en cent vingt ans

(1) Septembre 1911.

(2) Cf. le BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ FORESTIÈre de Franche-COMTÉ.

reculé de 70 kilomètres. L'on peut évaluer à près de 230 000 hectares l'étendue désertique ayant remplacé pareille surface de nappes d'eau produisant une évaporation bienfaisante.

Pour les mêmes causes, ce phénomène de desséchement achèverait en Perse sa réalisation, depuis longtemps terminée en Arabie. C'est ainsi que de très vastes espaces, où s'accentue de plus en plus l'aspect du désert, s'établissent définitivement, semble-t-il, par dégradation successive du manteau végétal entre la Méditerranée, la mer Rouge, le golfe Persique, l'Océan indien, les massifs montagneux du Turkestan et la chaîne méridionale des Altaï.

Pour parer à ce danger, ou mieux pour conjurer ce désastre, il ne suffirait pas ici, comme il peut suffire dans des cas moins généraux, de prendre des mesures locales. Que seraient, au regard de telles étendues, quelques milliers d'arbres plantés çà et là dans les campagnes d'Orenbourg, de Samarkand ou de Boukhara? Un verre d'eau pour irriguer une prairie, un mur de pierres sèches pour endiguer la mer.

Il faudrait commencer par protéger, contre l'homme aussi bien que contre le bétail, les broussailles qui restent encore accrochées au fond des ravines dans les vallées ou aux flancs des versants abrupts, de manière à ce que, délivrées de toute atteinte, elles puissent croitre, se développer et s'étendre de proche en proche (1).

Il faudrait pour cela une législation appropriée... et observée. Les plantations faites en plus seraient alors efficaces, sans doute, grâce à l'action rafraichissante sur le climat qu'amènerait la régénération du peu de végétation forestière qui se maintient

encore.

Reboisements effectués par une compagnie de chemin de fer. Ce n'est pas en Europe que ce phénomène est visible, mais au pays des choses extraordinaires, c'est-à-dire aux ÉtatsUnis d'Amérique. Dans ces vastes contrées, les compagnies de chemin de fer possèdent souvent de vastes étendues de terrain. C'est le cas, notamment, en Pensylvanie. Or en Amérique, comme en Europe, les chemins de fer sont de grands consommateurs de bois pour les traverses qu'il faut fréquemment renouveler; et aussi en Amérique comme en Europe, les bois

(1) Cf. le BULLETIN TRIMESTRIEL DE LA SOCIÉTÉ FORESTIÈRE DE FRANCHECOMTÉ ET BELFORT, mars 1911.

« ÖncekiDevam »